Émile PELLETIER1865 - 1930
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1955
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1891 - 1930 (Mandalay)
Biographie
PELLETIER Emile, Marie, naquit à Sceaux-sur-Huisne, dans le diocèse du Mans, le 31 mars 1865, d'une famille aisée et très considérée dans la région. Nous n'avons aucun détail sur ses premières années. Après de bonnes études, il hésita sur le chemin à suivre. Les hautes mathématiques l'attiraient. Mais en fin de compte, il entra au Séminaire de Saint Sulpice à Paris, où il demeura jusqu'au diaconat. De Saint Sulpice, le jeune diacre passa à la rue du Bac où il entra le 18 mars 1890. Il fut ordonné prêtre le 21 février 1891 et partit le 2 septembre 1891 pour la Birmanie septentrionale (Mandalay).
Sa vie missionnaire se lit en deux étapes. Tout d'abord, le Père Pelletier fut envoyé par Mgr. Simon dans le district de Kyauksé, district encore à peu près païen. Il se mit tout d'abord à l'étude de la langue et bientôt, le Père Pelletier se trouva seul à la tête du district.
La tâche était difficile, car tout était à créer. Il fallait avoir des chrétiens, et pour en avoir, il fallait en faire, et pour en faire, il fallait se faire connaître et prêcher la Bonne Nouvelle. C'est ce que fit le Père Pelletier, aidé en cela par un prêtre du pays. Bientôt les premières recrues arrivèrent. Mais il était de toute nécessité de fonder des villages nouveaux pour ces nouveaux chrétiens afin de les séparer des païens. Le Père Pelletier lui-même a raconté dans une brochure la formation de ces nouveaux villages. En une quinzaine d'années, le Père avait fondé de toutes pièces près de 15 villages.
Pour mener à bien ces apostolats, une partie de la journée était consacrée au catéchisme et à sa préparation, l'autre partie le Père s'occupait des affaires matérielles. Ainsi, pendant les 28 années qu'il eut la direction du district, il en fut ainsi, sauf si la fièvre ou la dysentrie venait le déranger. Un reproche peut lui être fait : le Père était exigeant. Mais après coup...
Après avoir passé 28 ans dans ce district au milieu de nouveaux convertis, le Père fut appelé à diriger de vieilles chrétientés. Nous sommes en 1919, le Père Vuillez venait de mourir et le poste de Chanthaywa se trouvait sans titulaire. Le Père Pelletier y fut envoyé. Ce fut pour lui une vie nouvelle. Il trouve tout, un couvent, des écoles, des chrétiens tout différents. Le Père s'adaptera à ce nouveau milieu. Il poursuivit sans relâche le même but.
Ce qu'il soigne le plus, c'est le catéchisme. Chaque leçon est minutieusement préparée et grâce à ses efforts, la communauté chrétienne se fortifie et s'agrandit.
Le Père Pelletier jouissait d'une santé relativement bonne. De temps en temps, une forte diarrhée venait lui faire des misères. En 1929, cette diarrhée revient pour de bon. Le 18 mars 1930, le Père Pelletier quitte son district de Chanthaywa pour venir se reposer chez son ami, le Père Jarre, à Maymyo. Mais les soins qui lui sont prodigués ne peuvent rien, le Père s'affaiblit et le 18 septembre 1930, à huit heures du soir, le Père rend son âme à Dieu.
Les funérailles eurent lieu le 20 septembre. Vu les nombreuses difficultés, on ne put ramener la dépouille du Père dans son district. Et c'est donc dans le cimetière de Maymyo que le Père repose dans cette terre de Birmanie qu'il avait tant aimée.
Nécrologie
M. PELLETIER
MISSIONNAIRE DE BIRMANIE SEPTENTRIONALE
M. PELLETIER (Emile-Marie), né à Sceaux-sur-Huisne (Le Mans, Sarthe), le 31 mars 1865. Entré diacre au Séminaire des Missions-Etrangères, le 18 mars 1890. Prêtre le 21 février 1891. Parti pour la Birmanie Septentrionale le 2 septembre 1891. Mort à Maymyo le 18 septembre 1930.
Emile-Marie Pelletier naquit à Sceaux-sur-Huisne, diocèse du Mans, le 31 mars 1865, d’une famille aisée et très considérée dans la région. Nous n’avons aucun détail sur ses premières années, mais, des quelques mots, trop rares qui échappaient parfois au missionnaire sur celle qu’il appelait sa sainte mère, il n’est pas téméraire de conjecturer que ce fut sur ses genoux qu’il se forma à cette piété solide dont nous devions voir ici l’épanouissement.
Après de bonnes études, il hésita un instant sur le choix de la carrière à embrasser. Les hautes mathématiques l’attiraient ; pour s’y perfectionner, il se fit inscrire, si je ne me trompe, à l’Université d’Angers ; un an après, la voix de Dieu se fit entendre, il serait prêtre. Il entra au Séminaire de Saint-Sulpice et y fit toutes ses études jusqu’à l’ordination au diaconat. Alors ce fut l’appel à la vie apostolique. De Saint-Sulpice, le jeune diacre passa à la Rue du Bac, où il fut ordonné prêtre le 21 février 1891. Le 2 septembre de la même année, il quittait Paris pour la Birmanie Septentrionale.
Le Vicaire Apostolique était alors Mgr Simon. M. Pelletier ne se reconnaissait-il pas un peu dans cet Evêque d’aspect plutôt froid, voire même austère, mais toujours droit et ferme dans l’accomplissement du devoir ? Et l’Evêque ne trouvait-il pas dans son jeune missionnaire l’homme énergique et zélé dont il avait justement besoin pour les nouvelles chrétientés qu’il rêvait d’établir ? Toujours est-il que M. Pelletier reçut le district de Kyaukse comme la part de son héritage, district encore à peu près païen, que le zèle de M. Wehinger avait à peine entamé. Le jeune missionnaire se mit à l’étude de la langue avec l’opiniâtreté qu’il mettait en toutes choses et, grâce à un travail méthodique et soutenu, il eut vite triomphé des premières difficultés. Cependant M. Wehinger, de plus en plus attiré par l’œuvre des lépreux, ne tarda pas à lui céder complètement la place et M. Pelletier se trouva seul à la tête du district.
La tâche était difficile, car tout était à créer. Il fallait avoir des chrétiens, et pour en avoir, il fallait en faire, et pour en faire, il fallait se faire connaître et prêcher. C’est ce que M. Pelletier : aidé d’un prêtre indigène, il se mit à parcourir le district, allant de village en village. Bientôt les premières recrues arrivèrent. Il ne pouvait être question de laisser ces quelques catéchumènes isolés et comme perdus au milieu des grosses agglomérations païennes ; il était de toute nécessité de les séparer des païens et de les grouper ensemble dans des villages tout nouveaux. Notre confrère, dans une brochure imprimée en France en 1913, a raconté lui-même la formation de ces nouveaux villages, ses démarches auprès des autorités pour obtenir les autorisations nécessaires, ses efforts pour assurer sur place aux convertis du travail par la culture des rizières, par les défrichements, etc... On a peine à se figurer le travail que représente la formation d’un seul de ces villages ; or en l’espace de quinze ans, M. Pelletier en a fondé 15 de toutes pièces.
Voici à peu près l’emploi de son temps : une partie de la journée était consacrée à la préparation des leçons de catéchisme, l’autre partie aux affaires matérielles, agriculture, différends entre chrétiens, constructions, et, le soir, jusque très avant dans la nuit il vaquait à l’instruction des nouveaux convertis. Pendant les 28 années qu’il eut la direction du district, ce fut le programme ¬journalier, sauf quand la fièvre ou la dysenterie venait le déranger, ce qui arrivait malheureusement trop souvent.
Le point le plus soigné du programme fut sans contredit l’instruction religieuse des catéchumènes. Si l’on peut reprocher quelque chose à M. Pelletier, c’est sans doute d’avoir été, surtout dans les débuts, trop exigeant, d’avoir demandé à ses nouveaux baptisés, hier encore païens, plus qu’on ne pouvait raisonnablement attendre d’eux. Mais après coup, quand on examine froidement la chose, peut-être n’eut-il pas tout à fait tort de les soumettre à une rude discipline, de chercher à sonder les motifs des conversions et de faire un tri entre les convertis sérieux et les candidats qui ne venaient à lui que dans des vies d’intérêt purement matériel. Le fait que son district n’a pas souffert de son départ, semblerait prouver que son œuvre repose sur des bases solides.
Après avoir passé 28 ans au milieu des nouveaux convertis, voici que M. Pelletier allait être appelé à diriger de vieilles chrétientés. C’était en 1919, M. Vuillez venait de mourir et le poste de Chanthaywa se trouvait sans titulaire : M. Pelletier y fut envoyé. Alors, commence pour lui une vie toute nouvelle ; il y a là un Cou¬vent de Sœurs Franciscaines, des écoles, des chrétiens dont l’esprit est tout différent de celui des néophytes ; il faut étudier son monde et s’adapter à ce nouveau genre de vie : il s’y adaptera. Sans doute il n’a pas laissé dans son ancien district son caractère naturellement vif et volontiers autoritaire , mais, comme il le dit plaisamment à un confrère voisin la douceur fait une première apparition, la patience aussi. Son rêve est de faire de cette vieille chrétienté, la plus nombreuse du Vicariat un foyer de vie surnaturelle, un village vraiment modèle. Il établit des confréries d’hommes, de femmes, de jeunes gens, de jeunes filles ; il prêche des retraites, où il leur ouvre des régions inconnues, en leur expliquant comme il savait le faire, c’est à dire très simplement, ce qu’est la vie chrétienne ; il poursuit sans relâche le même but au catéchisme, en chaire, au confessionnal La liturgie parle aux yeux, et par les yeux au cœur : M. Pelletier forme lui-même un maître de cérémonies pour diriger les enfants de chœur, et rien n’est aussi bien ordonné qu’une grand messe à Chanthaywa. L’édifice spirituel ne lui fait pas négliger l’édifice matériel : l’église est trop petite, il l’agrandit et l’embellit avec ses ressources personnelles ; il construit une jolie grotte de Lourdes pour mettre au cœur de ses chrétiens plus d’amour pour la Sainte Vierge, à laquelle il a lui-même tant de dévotion Et tout est si propre, si net ! la sacristie est si bien tenue ! Il faut bien que les chrétiens, en entrant à l’église, comprennent que Vere non est hic aliud nisi domus Dei et porta cœli.
A Chanthaywa, comme dans son ancien district de Kiaukse, ce qu’il soigne le plus, c’est le catéchisme. Ce catéchisme, comme il l’aimait ! c’est la passion de sa vie. Jeune lévite au Séminaire de Saint-Sulpice, il a été catéchiste, et de sa formation première en cette célèbre maison, il a conservé la précision et la netteté d’exposition qui font le vrai catéchiste. Mais n’allons pas croire que, même après 35 ans de pratique, il improvise : chaque leçon est minutieusement préparée, ainsi qu’en témoignent les cahiers bourrés de notes, d’exemples, de comparaisons, d’histoires, qu’il a laissés. Même sur son lit de mort, il crayonne encore des tableaux synoptiques de la doctrine chrétienne pour ses catéchismes futurs.
Depuis son arrivée à Chanthaywa, M. Pelletier avait joui d’une santé relativement bonne, bien qu’il fût tenu à beaucoup de précautions pour la nourriture, à cause d’une ancienne diarrhée qui menaçait de revenir chaque fois qu’il tentait de sortir de son ordinaire. Or, vers septembre 1929, elle revint pour tout de bon : plus moyens de s’en débarrasser. Après avoir essayé à deux reprises d’une cure de repos absolu, M. Pelletier quitta Chanthaywa le 18 mars 1930 pour venir chez son ami M. Jarre, à Maymyo. Certes il ne pensait pas que ce fût un adieu définitif à Chanthaywa. A Maymyo, tout fut mis en œuvre pour enrayer le mal ; un excellent médecin catholique lui prodigua les soins les plus assidus, rien n’y fit. Le malade allait s’affaiblissant de jour en jour et, le 18 septembre à huit heures du soir, après avoir reçu les derniers sacrements, il rendait son âme à Dieu, ayant conservé jusqu’au bout toute sa connaissance. Mgr Foulquier était là à ses côtés pour recevoir son dernier soupir et lui fermer les yeux.
Les funérailles eurent lieu le samedi 20. Après la messe, Mgr Foulquier, malgré le mauvais état de ses yeux, voulut donner lui-même l’absoute et conduire son missionnaire à sa dernière demeure. Dans son testament, M. Pelletier avait exprimé le désir d’être enterré à Chanthaywa au pied de la Vierge de Lourdes, mais il avait ajouté : « Si c’est faisable. » Or la ligne du chemin de fer était alors coupée en plusieurs points, et il fut impossible de déférer à son désir. C’est au cimetière de Maymyo qu’il attendra la bienheureuse résurrection.
Cette courte notice à la mémoire de notre regretté confrère ne saurait mieux se clore que par l’appréciation suivante de Mgr Foulquier écrivant au Séminaire de Paris : « J’ai connu M. « Pelletier depuis son arrivée en mission en 1891, c’est-à-dire pendant 39 ans. D’un caractère « plutôt sévère extérieurement, il gagnait beaucoup à être connu. Timide, il ne se montrait pas « de suite tel qu’il était. Très bon et très charitable, il a été très aimé par ses chrétiens dans les « deux districts où il a travaillé. Il était craint par les mauvais et les indifférents, parce qu’il « disait la vérité sans détours. Toujours très digne, il inspirait le respect à tous. Par sa charité, « il a montré à ses chrétiens qu’il leur était dévoué à la vie et à la mort, et on peut dire qu’ils « l’adoraient. »
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Références
[1955] PELLETIER Émile (1865-1930)
Références biographiques
AME 1891 p. 386. 1896 p. 624. 1897 p. 815. 1923 p. 137 (art.). 139. 1930 p. 224. CR 1891 p. 239. 1892 p. 218. 1894 p. 260. 261. 1896 p. 264. 277. 285. 1896 p. 282 sq. 1897 p. 234. 235. 1898 p. 226. 1900 p. 204. 1901 p. 213. 1903 p. 245. 1904 p. 235. 1905 p. 230. 299. 1906 p. 214 sq. 350. 1907 p. 250. 251. 1908 p. 227. 1909 p. 216. 218. 1910 p. 248. 1911 p. 225. 1912 p. 268. 1914 p. 114. 115. 1915 p. 134. 1916 p. 156. 1918 p. 103. 104. 1920 p. 68. 1922 p. 137. 1923 p. 145. 236 sq. 1924 p. 115. 1925 p. 126. 1926 p. 141. 1928 p. 143. 1929 p. 190. 1930 p. 324. 1951 p. 125. BME 1927 p. 235 (art.). 329. 1928 p. 380. 1929 p. 60. 1930 p. 504. 667. 818. 820. R. MEP. N° 136 p. 130. EC1 N° 206.