Léon RICHARD1871 - 1956
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2135
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Thaïlande
- Région missionnaire :
- 1894 - 1956
Biographie
[2135] RICHARD Léon, Pierre, est né le 19 février 1871 à Noyal-sur-Vilaine, dans le diocèse de Rennes (Ille et Vilaine). Il entre au Grand Séminaire diocésain et y reçoit la tonsure. Il entre au Séminaire des Missions Etrangères le 17 septembre 1890, et est ordonné prêtre le 22 septembre 1894. Il part pour la Mission du Siam le 21 novembre suivant et arrive à Bangkok le 31 décembre de la même année.
Il est bientôt nommé vicaire à Pétriu, spécialement chargé de Donkatumgniam où il reste une année. Il est ensuite nommé à Paklat et Paknam, deux postes qui dépendent de la paroisse du Rosaire ; il s'occupe aussi d'une petite église à Phrakhanong et aide beaucoup à la fondation de Huatake.
En 1907-1908, il est nommé au Rosaire où il s'occupe spécialement des Chinois. A son retour de congé en 1910, il est nommé curé de Mekhlong et de Thachin. En 1912, il est curé de Donkrabuang et bâtit une église à Bang Tan. Plus tard, il en bâtit une autre à Banpong : il suit ses chrétiens qui émigrent le long de la voie ferrée et achète au fur et à mesure les terrains qu'il faut pour bâtir des centres catholiques. A Banpong, il ouvre aussi une école, mais tout cela ne lui fait pas oublier la formation chrétienne de ses ouailles ni le côté matériel de son poste de base à Donkrabuang, où il reconstruit écoles et orphelinat.
Le 1er janvier 1929, toute la partie Sud-Ouest de la Mission est confiée aux Salésiens italiens arrivés le 15 octobre 1927. Le Père Richard va se retirer à Nonghin, non loin de Nakhon Pathom, ville où il aurait voulu bâtir un centre catholique : ce sera le 24 mai 1937 que Mgr. Perros y bénira la nouvelle église. Dès 1935, le Père Richard s'installe à l'église du Rosaire comme aumônier du couvent du Sacré Coeur de Khlongtoei, tout en allant de temps à autre assurer la Messe à Nonghin. Après un congé en France, il est nommé le 17 avril 1940 à Pakkhlongthalat et Thakien. Le 29 novembre, comme une douzaine d'autres prêtres français, le Père Richard est exilé au Viêt Nam. Revenu en octobre1941, il retourne à Nonghin où il fête ses Noces d'or sacerdotales. Vers 1947, ses forces déclinent ; il se retire à la procure et devient aumônier du Carmel. Le 16 août 1953, il entre à l'hôpital Saint Louis se reposer. Il fêtera son jubilé de diamant à Khlongtoei le 22 septembre 1954. Début avril 1956, sa santé décline encore et le dimanche 29 avril, il s'éteint, laissant à tous l'exemple d'une vie bien remplie.
Nécrologie
LE PÈRE LÉON RICHARD
LePère Léon-Pierre Richard est né le 17 Février 1871 dans le diocèse de Rennes. Entré au Séminaire de, Missions Étrangères de Paris en 1890, il fut ordonné en Septembre 1894 et partit pour le Siam le 21 Novembre de la même année. Il arriva à Bangkok le 31 Décembre 1894 et fut bientôt nommé vicaire à Pétriu, chargé spécialement de Donkatumgniam Le Père se souvint toujours de ces débuts, – il resta un an à Donkatumgniam, – qui furent difficiles. C’était en pleine brousse, un village où l’on espérait des conversions, et où il n’y eut guère de personnes à se convertir, si toutefois il y en eut une. Même sur la fin de sa vie, le Père Richard racontait souvent ses débuts dans ce premier poste.
Il fut ensuite nommé à Paklat et Paknam, postes aujourd’hui autonomes, mais qui dépendaient alors de l’église du Rosaire. Il s’occupait non seulement de Paklat et de Paknam, mais encore d’une petite église située à Phrakanong et aida beaucoup à la fondation de Huatakè, où il allait une fois par mois. Le poste de Huatakè dépend encore aujourd’hui de l’église du Rosaire.
En 1907 ou 1908, il fut nommé vicaire au Rosaire et chargé uniquement des Chinois. En Juillet 1908, il partit pour un congé en France et revint en 1910. Monseigneur Perros, nouveau Vicaire Apostolique de Bangkok, le nomma curé de Mèkhlong et de Thachin et l’année d’après il est transféré à Donkrabuang. En 1912. dans son compte rendu, Monseigneur Perros écrit à son sujet : “Mr. Richard, à Donkrabuang, s’efforce de grouper ceux de ses chrétiens que la nécessité de gagner leur vie oblige à s’éloigner de l’église centrale. Il vient de construire une chapelle à Bang Tan, à côté de la ligne de chemin de fer de Bangkok à Petchabury et il y a déjà réuni plusieurs familles chrétiennes. Un certain nombre de catéchumènes viennent étudier la doctrine et se préparent aux baptêmes.”
Durant son long séjour dans ce poste de Donkrabuang, on voit le Père Richard, soucieux du soin spirituel de ses chrétiens, prévoir les directions vers lesquelles ils seront attirés, pour y acheter des terrains et y construire des églises. C’est ainsi qu’il écrit en 1917 : “Le poste de Donkrabuang continue sa vie normale toujours peu mouvementée. Quelques familles chrétiennes ont quitté les environs de l’église pour aller à Banpong, station importante de chemin de fer où la vie est facile. Depuis plusieurs années j’avais prévu cet exode et fait l’achat d’un terrain. Si cet exode continue, je ferai construire une chapelle dans ce centre qui croît sans cesse.”
Le Père Richard avait prévu juste. Il construisit une chapelle et ouvrit une école comme il l’écrit lui-même en 1.923 : “A Banpong, j’ai pu ouvrir une petite école qui compte déjà plus de cinquante élèves, dont une dizaine d’enfants de païens qui apprennent le catéchisme. Cette école est installée provisoirement dans la modeste chapelle que vous connaissez, en attendant que j’aie les ressources pour construire un local approprié.”
“Banpong, écrit-il en 1924, est un centre qui devient de plus en plus important. On y construit constamment de nouvelles maisons et elles sont louées avant même d’être achevées. La situation de cette localité, près du fleuve, sa gare qui rend très faciles les communications soit avec le chef-lieu de province, soit avec la capitale du royaume, contribuent à son développement. Au point de vue religieux, on peut également la considérer comme le centre du district, non pas que ce soit la chrétienté la plus nombreuse, elle est de date trop récente, mais parce que, de là, on peut rayonner dans toutes les directions grâce au chemin de fer et aux routes actuellement tracées. Ce mont ces considérations qui m’ont poussé à y construire un presbytère malgré la modicité de mes ressources. La chrétienté du reste ne cesse d’augmenter, les fidèles sont déjà au nombre de 200 et ce chiffre serait dépassé si nous avions des terrains à cultiver. L’école, installée dans la chapelle faute de mieux, compte déjà 80 inscrits.”
La fondation de nouveaux postes ne lui fait pas négliger le principal. Il y travaille même avec ardeur et obtient des résultats comme il nous le dit lui-même. “Loué soit le Sacré-Cœur de Jésus ! C’est le cri de reconnaissance qui sait de mon cœur en constatant les résultats de l’administration au cours de cette année. Peut-être me trouvera-t-on exalté, car somme toute les épis glanés que je puis offrir au Seigneur sont en assez petit nombre ; cependant il y avait longtemps que Donkrabuang n’avait enregistré 16 baptêmes d’adultes et plus de 7.300 communions.” (1920). En 1925, “le nombre des communions a dépassé 10.000 et il y a une petite augmentation dans le nombre des baptêmes d’adultes.” Il bat son propre record en 1926 : “le nombre des baptêmes passe à 89 en 1926, ce qui est un record.”
Il ne néglige pas non plus le matériel dans son poste de base : “Depuis longtemps, (1923) chargé du poste de Donkrabuang et de ses annexes, j’étais préoccupé par le mauvais état de l’orphelinat et des écoles. Je remettais toujours à plus tard ces reconstructions, parce que les ressources du poste, suffisantes pour son entretien, ne le sont plus lorsqu’il s’agit d’entreprendre des travaux un peu considérables. Enfin, grâce au Sacré-Cœur, j’ai pu, non pas achever tous les travaux nécessaires, mais tout de même reconstruire écoles et orphelinat, de manière à ce qu’ils puissent remplir le rôle auxquels ils sont destinés.”
En 1926, la peste fait son apparition à Banpong, “elle y a régné plusieurs mois et ses victimes ont été nombreuses. Grâce à Dieu, les chrétiens ont été pour ainsi dire épargnés et je n’ai à déplorer que trois morts. Saint Joseph dût protéger cette jeune chrétienté de Banpong.” Le Père Richard doit bien ajouter que “la prévention contre notre sainte religion est bien grande dans ce marché chinois. Grands et petits commerçants sont réfractaires à la foi.”
Le 25 Octobre 1927, un contingent Salésien, ne comprenant pas moins de 18 membres, tant prêtres que séminaristes, arrivait au Siam pour prendre en charge une partie de la mission. La cession se faisait le 1er Janvier 1929 : “La Mission de Siam a généreusement cédé, le 1er Janvier 1929, aux missionnaires Salésiens de Don Bosco, toute la partie sud-ouest de son territoire jusqu’à la limite nord du diocèse de Malacca. Propriétés, immeubles et meubles, ont été transférés pour l’amour de Dieu, à la Mission italienne. C’est un capital sérieux accumulé par nos devanciers dans l’apostolat et par quelques Confrères ou Prêtres siamois actuels. Il représente une immense somme, sinon d’argent, du moins de fatigues, de sueurs et de soucis, que Dieu, seul peut évaluer. Les Pères Richard, Durand, Benoît, Timothée, Jacques, Clément, Edouard et Nicolas n’ont pas quitté définitivement leurs postes respectifs et leurs chrétiens sans regret, mais ils ont du moins obéi aux ordres du. Suprême Pasteur, qui confiait à d’autres cette partie du champ du Seigneur.” Les Pères Salésiens ont depuis grandement développé le centre de Banpong et la petite école du Père Richard est devenue un grand collège qui compte les élèves par centaines. Mais ils ont toujours été reconnaissants au Père Richard d’avoir su prévoir et acheter, quand il en était encore temps, les terrains nécessaires pour cette paroisse.
Le Père Richard se retire alors à Nonghin, dont il s’occupait déjà ; c’est un petit poste, près de la grande ville de Nakhonpathom, pauvre et éprouvé : “ A Nonghin, les chrétiens ont été éprouvés trois années de suite : les deux années précédentes par les inondations trop fortes, l’an dernier par la sécheresse.”
Tout comme à Donkrabuang, le Père Richard avait visé Banpong, à Nonghin, il “souffre de ne pouvoir s’installer dans la ville voisine de sa chrétienté. Il écrit en 1932 : “Au mois de septembre dernier, j’avais bon espoir d’établir un poste à Nakhonpathom. Le bon Dieu n’a cependant pas permis de voir mes efforts aboutir. Le manque de ressources a été une des causes de mon échec. Ce n’est pas la seule : l’impossibilité de trouver à Nonghin le personnel nécessaire, le peu d’influence que peuvent avoir les chrétiens, trop pauvres et trop peu nombreux de cet endroit sera de nature à faire croire que l’on arrivera difficilement à fonder une station dans ce grand centre, lieu de pèlerinage bouddhique renommé... Ce qui me fait le plus de peine, c’est de constater que les protestants sont déjà installés, eux, dans cette ville, depuis une trentaine d’années.” Et, tandis qu’il songe à Nakhonpathom. “A Nonghin, la situation devient de plus en plus difficile à cause de la pauvreté des chrétiens.”
Mais les difficultés sont faites pour être vaincues, et le Père Richard réussira à construire cette église qui sera bénite en 1937, le 24 Mai, “24 – V – Bénédiction de l’église de Phrapathom dédiée au Christ-Roi par S.E. Mgr Perros, entouré du Père Richard qui a bâti cette église, Chanelière, Tapie, Chorin, Cavalla de Banpong, Laurent de Donkrrabuang et Joseph Khiamsun qui représentait le Père Eugène Lœtscher, bienfaiteur insigne de la nouvelle église.” (Trait d’Union)
Vers 1935, le Père Richard s’installe à l’église du Rosaire, comme aumônier du Couvent du Sacré-Cœur de Khlong Tœi (Religieuses siamoises). Mais de temps en temps il va assurer la messe du dimanche à Nonghin ; “28-XII-1936 – Retour du Père Richard de Nonghin. Il reprendra demain ses fonctions d’aumônier de Khlong Tœi.” “19-III-1937 – Départ du Père Richard pour Nonghin.” “13-VII-1937 – Sans s’occuper que c’est aujourd’hui un vendredi 13, le Père Richard met le cap sur Nonghin.”
Il est alors le doyen des missionnaires présents dans la Mission de Bangkok, “11-IV- 1937 – A l’Assomption on fête Saint Léon, patron de notre Supérieur Général, de notre Provicaire et du Doyen des missionnaires de la Mission de Bangkok.” (Pères Léon Robert, Léon, Perroudon or Léon Richard) Il aime encore voyager et assister aux fêtes d’église, puisque le 9 Janvier 1938 il est à celle de Lamsai dont le Père Durand est curé, “avec treize autres Pères.” En Juillet 1938 il monte à Chiengmai et en 1939 part rétablir sa santé en France et s’y reposer. Il en revient en 1940 et arrivé le 30 Mars à Bangkok. Le 17 Avril de la même année, il est nommé à Pakkhlong Thalat et Thakien.
Mais la persécution vient aussi s’abattre sur te Siam. Dans la nuit du 28 au 29 Novembre 1940, sept Pères sont arrachés de leur sommeil par les autorités et traités plus ou moins durement. Parmi eux, le Père Richard qui est conduit à Pétriu et ensuite à Bangkok où il se retrouve avec les autres Pères ayant subi le même sort. Mais, ayant appris qu’il avait 48 heures pour quitter son poste, il retourna à Pakkhlong Thalat et n’en revint que le lendemain. Peu après, c’est l’exil pour Saigon, avec le Père Richard comme supérieur. Les Pères pouvaient rentrer en Thaïlande vers la fin de la même année. Le Père Richard arrivait à Bangkok le 23 Octobre. Il retourne à Nonghin et c’est là qu’en 1944 il fête ses Noces d’Or sacerdotales. Mais vers 1947, ses forces déclinant, il se retire à la Procure et devient aumônier du Carmel, fonction qu’il devra encore abandonner.
Le 16 Août 1953, le Père Richard entrait à l’Hôpital Saint-Louis. “Le Père n’est pas spécialement malade, mais fatigué, marche difficilement et notre procureur a jugé qu’il serait mieux dans le calme de l’hôpital que dans les bruite d’une maison où plus de cinquante Pères logeront comme il le pourront à l’occasion du sacre” (de Mgr Michel On).
¬ Le 22 Septembre 1954, le Père Richard, entouré de Monseigneur Chorin et de nombreux Pères, fêtait son Jubilé de Diamant à Khlong Tœi. Ce fut sa dernière sortie.
Au début d’Avril 1956, sa santé, déjà faible, baissa encore et il s’éteignait le Dimanche 29 Avril, à 10 heures du matin. Son Excellence célébra la Messe de ses funérailles le 2 Mai, en présence de nombreux Pères, dans une cathédrale pleine de fidèles dont beaucoup étaient venue de Banpong
Le Père Richard nous laisse l’exemple d’une belle vie de missionnaire, pleine non seulement de voyages en brousse, de constructions, de conversions de païens et de souci des chrétiens, mais aussi d’une profonde piété. Il était touchant de le voir, sur la fin de sa vie, réciter avec une grande fidélité son Bréviaire. Il avait alors beaucoup perdu la mémoire, ne se rappelait plus le jour où l’on était un quart d’heure après l’avoir demandé. Peut-être se trompait-il de page, mais il recommençait quand il s’en apercevait, préférant redire une petite heure que l’avoir mal dite. Exemple que nous ne pouvons que suivre de notre mieux.
SHAO LING
~~~~~~~
Références
[2135] RICHARD Léon (1871-1956)
Références biographiques
AME 1895 p. 243. 1913 p. 92. 96. 97. 194. 195. 201. 204. 1917-18 p. 301. 1937 p. 89. CR 1894 p. 305. 1901 p. 189. 1912 p. 236. 1917 p. 116. 1919 p. 90. 1920 p. 61-63. 1923 p. 130. 1924 p. 100. 1926 p. 123. 1927 p. 120. 1928 p. 129. 1931 p. 202. 204. 1932 p. 235. 1933 p. 193. 197. 1936 p. 171. 172. 1938 p. 172. 1947 p. 84. 1956 p. 59. 86. BME 1924 p. 260. 1929 p. 1831 p. 1930 p. 624. 1932 p. 872. 1933 p. 139. 1934 p. 355. 1936 p. 911. 1937 p. 67. 533. 887. 1940 p. 363. 540. 630. 1949 p. 250. 1950 photo p. 513. 1951 p. 193. 288. 1954 p. 805. 1041. 1955 p. 61. 914. 1956 p. 82. 161. 578. 667. 1958 p. 460. 748. 749. 1959 p. 88. APP 1953 p. 204. 1954 p. 239. 266. 1955 p. 213. 1956 p. 123-130. 146. 1957 p. 253. 1959 p. 226. 253. EC1 N° 407. 419. 420. 599.
Notice nécrologique
APP 1956 pp. 130-137.