Auguste COLAS1876 - 1968
- Statut : Archevêque
- Identifiant : 2490
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Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1900 - 1915 (Pondichéry)
- 1917 - 1968 (Pondichéry)
Biographie
[2490] COLAS Auguste est né le 29 décembre 1876 à Paris. Il entre au Séminaire des Missions Etrangères en septembre 189?,. Il est ordonné prêtre le 24 juin 1900 et part le 25 juillet suivant pour la mission de Pondichéry. Il est d’abord placé au petit séminaire où il étudie le tamoule. En 1903 il est envoyé à Tindivanam et en 1904 à Chetpet. Mobilisé en 1915, démobilisé en 1917, il retrouve ensuite son poste de Chetpet. En 1925, il devient curé de Tindivanam. En 1930, il est nommé archevêque de Pondichéry. Pendant son épiscopat, il s’applique à réaliser l'union entre les missionnaires et le clergé local, le développement des écoles et des catéchistes et le recrutement de vocations pour un clergé autochtone. En 1955, il confie sa charge à son coadjuteur, Mgr Ambrose, et se retire à l'hôpital Ste-Marthe de Bangalore. Il y passe 13 ans. Il meurt le 24 octobre 1968. Il est inhumé à Pondichéry.
Nécrologie
Monseigneur Auguste COLAS
1876 - 1968
Archevêque de Pondichéry
Né le 29 décembre 1876, à Paris, paroisse de Saint-Sulpice.
Etudes au lycée Henri IV, puis à Notre-Dame des Champs, au grand séminaire Saint-Sulpice.
Entré tonsuré aux Missions Etrangères, le 9 septembre 1896. Prêtre le 24 juin 1900. Parti le 25 juillet 1900 pour la mission de Pondichéry.
Postes occupés
1904-1922, Chetpet-Polur. Mobilisé en 1915, démobilisé en octobre 1917. 1923-1930, Tindivanam.
Archevêque de Pondichéry, le 24 juin 1930. Sacré à Pondichéry le 29 septembre 1930. Démissionnaire le 28 novembre 1955. Archevêque d’Arcadiapolis d’Europe et assistant au trône pontifical. Chevalier de la Légion d’honneur en 1932, officier en 1954, Retiré à Sainte-Marthe de Bangalore, au pavillon Saint-Augustin.
Décédé à Bangalore, le 24 octobre 1968.
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Auguste Siméon COLAS naquit le 29 décembre 1876 à Paris, sur la paroisse Saint-Sulpice, fils de Emile Colas et de Marie Fissier, de bonne et haute bourgeoisie française. De ses origines bourgeoises, le P. Colas — et surtout Mgr Colas — gardera un certain esprit un peu aristocratique, un peu « grand seigneur », aimant la distinction chez tout le monde, préférant le beau au simple, que ce soit pour son cheval ou son auto... L’amour, bien français, du « panache » !
Il commença sa vie scolaire dans une institution privée, tenue par les « demoiselles Valton ». Puis, il entra en huitième au Lycée Henri IV. Il n’y resta que deux ans, y complétant sa septième. Après quoi, il devint élève au petit séminaire mixte Notre-Dame des Champs. Ce petit séminaire devait, par la suite, se fondre avec l’institution parallèle Saint-Nicolas du Chardonnet, pour former l’école diocésaine actuelle de Conflans, en fait le « petit séminaire de Paris » où, de tout temps, étaient admis des enfants qui ne se destinaient pas forcément à l’état ecclésiastique. Tel était alors le cas d’Auguste Colas, qui désirait devenir officier de l’armée française.
A Notre-Dame des Champs, il fut un sujet brillant, à en juger par les résultats qu’il obtint à la fin de sa rhétorique : 1er prix d’Excellence, 1er prix d’Honneur en discours latin, 1er prix de version grecque, accessits en version latine, discours français, allemand, mathématiques, histoire, etc... : en tout trois prix et dix accessits. Et n’oublions pas que Notre-Dame des Champs était alors une maison de très haute réputation intellectuelle.
Ses études secondaires terminées, il passa à « Ginette », la fameuse Ecole Sainte-Geneviève de la Rue des Postes où les Jésuites ont préparé des foules de grands hommes aux concours d’entrée dans les hautes écoles. Auguste Colas préparait Saint-Cyr. Avec son caractère, il aurait, certes, fait un excellent officier. Mais le Bon Dieu le voulait ailleurs. En mars 1895, il se présente au Séminaire d’Issy-les-Moulineaux, connu sous le nom de « Séminaire Saint-Sulpice », le grand séminaire de Paris.
Mais la vocation missionnaire vint très vite se superposer à la vocation simplement sacerdotale et, après sa philosophie à Issy, il devint aspirant des Missions Etrangères en septembre 1896. Il avait reçu la tonsure le 29 mai 1896. A la Rue du Bac, il reçut la prêtrise, le 24 juin 1900.
Il aurait dû être envoyé dans une mission d’Indochine ; mais, comme la situation y était alors critique, on le destina à Pondichéry, ce qui ne l’emballa pas : « Alors, on a peur de faire des martyrs, maintenant, dans la Société ? »...
Il arriva à Pondichéry, le 18 août 1900. Mgr Gandy en était l’archevêque depuis 1892, et devait le rester jusqu’en 1909. Comme la plupart des jeunes missionnaires de ce temps, le P. Colas fut condamné à faire quelques années de professorat au petit séminaire-collège, sous la direction énergique du P. Pierre Escande. Après trois ans de ce « camp de concentration », en août 1903, il fut nommé, à Tindivanam, vicaire du P. Combes. Ce ne fut pas pour bien longtemps : en janvier 1904, il changea de curé et devint l’assistant du P. Darras, le grand convertisseur de l’époque. En avril 1904, le P. Darras alla s’installer à Budamangalam, « laissant Chetpet entre les jeunes mains du P. Colas ». Il devait rester curé de Chetpet jusqu’en 1915 et, après la guerre, jusqu’en janvier 1923.
Le poste de Chetpet fut vraiment le préféré du P. Colas. Toute sa vie, il en parlera, il s’y référera en tout et pour tout : qui de nous n’a pas entendu, en réponse à une question posée à Mgr Colas, le légendaire « Quand j’étais à Chetpet... » ! Il y fit, sans aucun doute, du très beau travail, entouré de voisins sympathiques, le fameux groupe de North Arcot, les PP. Boyer, Lamathe. Chavanol, Monchalin, Chaler, Trideau. S. Paul, Mignery, Gaston, etc... Ces bons confrères avaient bien un peu l’esprit de clocher et regardaient de haut « ceux du South Arcot », mais tout gentiment, chacun aimant son poste et le plaçant très au-dessus des autres !
En 1909, Mgr Gandy mourut et fut remplacé par Mgr Morel, qui devait rester archevêque de Pondichéry jusqu’en 1930 et être alors suivi par Mgr Colas. L’épiscopat de Mgr Morel, commencé sous de sombres auspices, querelles de castes, esprit laïque, diminution alarmante du nombre des prêtres. fut encore attristé par la guerre de 1914-1918. « L’ordre de mobilisation générale fut d’abord suspendu pour les missionnaires de Pondichéry, mais en janvier 1915, quatorze prêtres et un frère partirent sous les drapeaux, rejoints, en août suivant, par deux autres prêtres et un autre frère ». Le P. Colas fut un des partants de janvier. Rentré en France, il fut envoyé en janvier 1916, à l’armée d’Orient, à Salonique. En mars 1917, Il fut démobilisé et revint à Pondichéry en septembre 1917. Il rejoignit aussitôt son cher Chetpet.
Mais, à ce moment, le P. Gavan Duffy commençait à faire parler de lui. Arrivé en mission en 1911, il avait été quelque temps, vicaire du P. Colas à Chetpet. Le P. Colas avait vu arriver avec joie ce confrère Irlandais, dont l’anglais était la langue maternelle. Il lui demanda de lui donner des leçons d’anglais. Cette demande dut coïncider avec un jour de mauvaise humeur chez le P. Gavan Duffy (il en avait de temps en temps...), car il lui répondit sèchement : « Je ne suis pas venu ici pour enseigner l’anglais »... Boutade temporaire, car bientôt les PP. Cotas et Gavan Duffy devinrent de grands amis. Tant et si bien que, lorsque le P. Gavan Duffy eut mis sur pied sa merveilleuse fondation de Tindivanam, c’est le P. Colas qui, en 1923, devint curé de Tindivanam et supérieur des établissements : école modèle, école préparatoire à l’école normale, école normale et école des catéchistes. Il était assisté des PP. Renoux, pour les catéchistes, et Gaston comme inspecteur des écoles, le P. Gavan Duffy étant l’animateur et le pourvoyeur. Toujours avec l’aide matérielle du P. Gavan Duffy, le P. Colas réussit à terminer, en 1925. la belle église de Tindivanam. commencée par le P. Combes, en… 1898 !
En 1928. le P. Noël fut nommé curé de Tindivanam et le P. Colas directeur de l’école. En 1930, quand le P. Colas fut appelé à prendre la succession de Mgr Morel. démissionnaire, un de ses premiers actes fut de nommer le P. Gavan Duffy à sa place.
En 1928 aussi, la plus grande partie du North Arcot fut détachée de la mission de Pondichéry et donnée aux diocèses voisins de Nellore et de Madras. Gros sacrifice qui dut être ressenti vivement par l’ancien curé de Chetpet, qui. en 1929, prit la direction de l’école normale.
Et l’ancien curé de Chetpet n’allait pas tarder à changer de secteur aussi. En 1930, Mgr Morel donna sa démission. Des bouches indiscrètes disent qu’il y avait alors surtout deux candidats à l’épiscopat : le candidat du « Sud », le P. Verdure, et le candidat du « Nord », le P. Colas, C’est finalement le P. Colas qui fut choisi, le 24 juin 1930. Mgr Morel lui conféra la consécration épiscopale le 29 septembre suivant, assisté de Mgr Roy, évêque de Coimbatore, et de Mgr Prunier, consacré évêque de Salem quinze jours plus tôt. Le jour de son sacre, Mgr Colas donnait aux confrères son plan, qu’il suivit remarquablement en ces termes : « Nous formons tous et formerons de plus en plus une famille ; notre union fraternelle nous aidera à surmonter les difficultés et attirera la bénédiction du Souverain Maître sur nos travaux. Nous devrons perfectionner nos écoles et en augmenter le nombre autant que nos ressources le permettront ; veiller à un enseignement sérieux du catéchisme : nous efforcer de développer chez tous l’esprit d’apostolat et de prosélytisme, spécialement chez nos maîtres d’école. Nous devrons nous efforcer d’augmenter le nombre des séminaristes et des prêtres, d’autant plus que les jeunes missionnaires venant de France sont moins nombreux et qu’il faut multiplier les paroisses et pénétrer les zones ténébreuses ».
Ce furent là, réellement, les trois grands succès de l’épiscopat de Mgr Colas : l’union entre clergé missionnaire et clergé local : le développement des écoles et des catéchistes, selon les plans du P. Gavan Duffy, et le recrutement sacerdotal.
Il est indéniable que l’union des prêtres du diocèse de Pondichéry est parfaite. Cela est dû, en grande partie, à la délicatesse avec laquelle Mgr Colas sut manœuvrer, dans des circonstances pas toujours faciles.
Quant aux écoles et aux catéchistes, Mgr Colas eut le gros mérite de soutenir les efforts du P. Gavan Duffy, son ami de toujours. Là aussi, il y eut des difficultés. J’ai parlé plus haut de la gentille rivalité entre les confrères du Nord et ceux du Sud. En 1930, il y avait plus que cela. Le P. Gavan Duffy était un génie d’organisation, peut-être un peu trop cantonné dans son affaire à lui ; comme tous les génies, il avait un caractère un peu violent et un humour féroce qui ne plaisait pas à tout le monde. De là une rivalité, beaucoup moins gentille que celle d’autrefois, entre le « groupe d’influence Tindivanam » (Nord) et le « groupe d’influence Cuddalore » (Sud). Mgr Colas eut à louvoyer assez dangereusement entre les deux écueils. Ses préférences personnelles auraient, sans doute, été du côté Gavan Duffy. Mais, homme de devoir, il sut équilibrer la balance et soutenir chaque côté, tour à tour... Il avait même peur qu’on ne l’accuse d’être sous l’influence de Tindivanam : aussi, par un phénomène d’hystérésis, eut-il plutôt tendance à favoriser le côté « Sud »..., s’exposant à des pointes irlandaises parfois assez acérées.
Malgré tout, il s’intéressa toujours énormément aux écoles, aux « petites écoles », genre Gavan Duffy, aussi bien qu’aux grandes écoles du cycle secondaire dans le sillage de Cuddalore, avec les PP. Verdure, Escande, etc... Un coup d’œil sur les statistiques le montre bien :
1930 1955
Ecoles secondaires…………………….. 1 13
Nombre d’élèves………………………. 1310 8830
Ecoles élémentaires supérieures………. 2 30
Nombre d’élèves………………………. 400 7762
Ecoles primaires………………………. 150 157
Nombre d’élèves………………………. 9829 13159
Maîtres d’école………………………… 260 540 (en 1952)
Ecoles normales……………………….. 1 4
Catéchistes officiels…………………… 60 74 (en 1952)
Donc, le second point de son programme de consécration a été bien rempli.
Le troisième point, qui concerne le clergé local, fut un succès aussi. En 1930, il y avait, dans le diocèse, 60 missionnaires étrangers ; en 1955, leur nombre était tombé à 37. Mais le nombre des prêtres indiens était alors passé de 22 à 72 ; celui des séminaristes, de 52 à 76.
Du côté des religieuses, progrès sur toute la ligne ; en 1930, 58 européennes et 250 indiennes ; en 1955, il y avait 64 européennes et 411 indiennes.
Une chose dont il était très fier, en bon missionnaire qu’il était, fut la consécration de plusieurs évêques indiens : le curé de la cathédrale de Pondichéry, le P. Bernadotte, devint, en 1940, Mgr Oubagarasamy Bernadotte, évêque de Coimbatore. Sa mort prématurée, en 1949, fut un gros chagrin pour Mgr Colas. En 1948, il eut la joie de consacrer de nouveau un de ses prêtres, le P. Marc Gopu, qui lui était donné comme auxiliaire ; en 1953, celui-ci fut transféré au siège épiscopal d’Hydérabad. Un autre auxiliaire lui fut alors donné en la personne de Mgr Ambrose Rayappan, en 1953. Il devait devenir bientôt coadjuteur et c’est lui qui, en 1955, prit la succession de Mgr Colas. Encore un autre de ses prêtres devint évêque, puis archevêque de Bangalore, Mgr D.S. Lourdusamy, en 1962.
Revenons un peu en arrière, cet aperçu du développement du clergé indien nous ayant fait anticiper les événements.
En 1930, voici donc le P. Colas devenu Mgr Colas. C’est une des grandes tragédies de la vie d’un évêque d’en faire un homme « puissant et solitaire » : un évêque perd, humainement parlant, ses amis personnels. L’autorité absolue dont il est investi l’oblige à changer ses attitudes. Mgr Colas ne put échapper à ces servitudes, et un Père du « Nord » le constatait tristement : « Quelle différence entre le P. Colas et Mgr Colas » !
En 1931, il reçut la visite officielle de Mgr de Guébriant, Supérieur général des Missions Etrangères de Paris. En quittant le diocèse, l’illustre visiteur disait à Mgr Colas : « Je vous félicite et vous remercie au nom de notre vieille Société ; votre archidiocèse a réellement gardé l’esprit de nos vénérés fondateurs ».
En 1932, il déplaça le petit séminaire du territoire français vers le territoire anglais, et changea les études qui avaient été jusqu’alors celles du baccalauréat français : désormais, elles seraient celles du cours secondaire anglais, la plus grande partie du diocèse se trouvant en territoire anglais.
En 1932 aussi, il fut fait chevalier de la Légion d’Honneur. Il devait être promu officier en 1954.
En 1934, sur le désir de Rome, le grand séminaire de Pondichéry fut transféré à Bangalore et devint séminaire régional, toujours confié à la Société des Missions Etrangères de Paris.
En 1939, ce fut la seconde guerre mondiale. Les missionnaires furent d’abord mis en affectation spéciale sur place, comme « agents d’influence française à l’étranger ». En juin 1940, cette affectation spéciale fut supprimée pour les plus jeunes, et trois missionnaires de Pondichéry se présentèrent courageusement aux autorités militaires du lieu, pour s’entendre dire : « qu’on n’y comprenait plus rien du tout, qu’il n’y avait plus de ministre, et que lesdites recrues n’avaient qu’à rentrer chez elles ».
La mission ne perdit donc pas de personnel. Il n’en est pas moins vrai que la guerre amena son cortège d’épreuves et de souffrances physiques et morales. Le jour où l’on apprit que les Allemands étaient entrés dans Paris, il me souvient d’avoir vu Mgr Colas effondré, en son âme de parisien : « Quand même, vous vous rendez compte ? Les Allemands à Paris ! ».
Après la guerre, ce fut l’indépendance de l’Inde, avec le départ des Anglais ; mais cela ne gêna en rien les activités de la mission. Le territoire français essaya de tenir plus longtemps. Il était bien évident pourtant que la France ne pouvait garder ces enclaves insignifiantes en marge de l’immense Union Indienne. Mgr Colas ne cacha pas son opinion. Tout Français et bon patriote qu’il était, il comprit qu’il était inutile de nager contre le courant et se montra, dès le début, un partisan convaincu de la nécessité du rattachement de ces territoires à l’Inde. Cette transition n’eut aucune influence mauvaise sur la marche de la mission.
En 1955, Mgr Colas, âgé de 79 ans, laissa paisiblement les rênes de l’archidiocèse entre les mains de son coadjuteur, Mgr Ambrose Rayappan, et se retira à Bangalore, dans la maison de retraite pour les missionnaires âgés, qu’il avait lui-même fondée, au milieu de l’Hôpital Sainte-Marthe, au pavillon Saint-Augustin. Cette fondation est, d’ailleurs, un des plus beaux travaux de Mgr Colas. Il avait écrit dans le règlement de la maison que ce séjour devait être « l’antichambre du ciel ». Il eut, cependant, un peu de mal à s’y faire. Au début de sa retraite, il résida tantôt à St-Augustin, tantôt à l’archevêché de Pondichéry, où il avait sa chambre et où il se savait toujours le bienvenu. Puis, petit à petit, il se résigna à abandonner sa mission et demeura à Bangalore, avec les « vieux » de Salem, Mysore, Ooty. En 1959, il écrivait : « Ma vie, ici, à Ste-Marthe, doit être et est une vie de religieux, de moine, offrant toute ma journée au Bon Dieu pour le diocèse de Pondichéry ; c’est d’ailleurs une résolution de la retraite ». Suit son règlement personnel, prière, lectures, conversation avec les confrères, théologie, histoire de l’Eglise. Il ajoute : « Plus je réfléchis, plus je suis convaincu que les vieux prêtres, retirés du ministère actif à cause de leur âge, de leurs infirmités, doivent être comme des moines, comme des religieux délégués par leur évêque pour prier, offrir leurs souffrances, leurs mortifications, leur vie, pour le diocèse auquel ils appartiennent, et aussi pour l’Eglise du silence (rideau de fer), pour le salut du monde entier, en union avec Notre Seigneur, auquel ils se sont donnés, « Dominus pars », et consacrés au sous-diaconat et à la prêtrise ».
Il resta à St-Augustin plus de douze ans, beau vieillard, très droit, jouissant de toutes ses facultés. S’il avait des infirmités, il n’en parlait pas et souffrait en silence. Plus vert, certainement, que plusieurs de ses compagnons de retraite, il semblait parfois un peu gêné : « Ils m’embêtent tous ces vieux... » ; les « vieux » en question étant d’ailleurs plus « jeunes » que lui, mais peut-être moins « verts »...
Jusqu’à la fin. son cerveau resta absolument clair et intact. Il écrivait, à plus de 90 ans, comme un jeune homme, d’une belle écriture posée, pas tremblante du tout.
Oh ! il restait bien toujours Mgr Colas et avait tendance à se considérer un peu comme le supérieur de la maison… Il aimait que les confrères de passage aillent le visiter. Etant un jour passé par Bangalore, je n’eus pas le temps d’aller à Ste-Marthe, il le sut et en fut blessé, le pauvre homme : « Il paraît que Lafrenez est venu ici ; cet animal-là (sic) n’est même pas venu me voir ! » Je rachetai la « faute » par la suite.
Le P. Colas fut un bon missionnaire et un excellent confrère. Mgr Colas fut un noble évêque, chevaleresque, franc dans son parler comme dans ses attitudes, droit comme un i, incapable d’en vouloir à qui que ce fût, pieux et bon. Que de fois, ayant eu à rudoyer quelque peu un confrère, il ne savait comment s’en excuser et, pour arranger les choses, allait porter à sa victime... une boite de cigares ! Il fut le digne continuateur des grands évêques de Pondichéry, les Laouénan, les Gandy, les Morel. Et il eut le mérite — et la joie — d’être le dernier archevêque français de la mission, ayant ainsi magnifiquement rempli le but de la Société des Missions Etrangères, qui est, avant tout, de préparer et d’installer dans les missions des évêques autochtones.
Il vit venir la mort avec une sérénité parfaite. Il savait bien qu’au-dessus de 90 ans, on peut s’y attendre à tout instant. Il s’y préparait tranquillement, confiant dans sa foi, fidèle jusqu’au bout à sa devise épiscopale : « Credo ». Il semble même qu’il était heureux de voir la fin arriver tout doucement. Il dit sa messe jusqu’aux deux derniers jours, puis il se coucha et déclara : « C’est fini ». Il refusa dès lors de prendre toute nourriture, tout médicament, de voir un médecin. Le 23 octobre, le P. Martin, supérieur régional des missionnaires de la Société, revenait de France. Sitôt sorti de l’avion, il se rendit à Ste-Marthe pour voir le vieil archevêque. Celui-ci l’attendait, demandant souvent quand il reviendrait. Dès qu’il le vit, il lui dit : « Vous voyez, je ne suis pas encore mort… » Peu après, il entrait en agonie et il mourait le lendemain 24 octobre. Quelques jours plus tôt, il avait reçu, des mains de Mgr Lourdusamy, le sacrement des malades.
Son corps fut transporté à Pondichéry et son enterrement fut un triomphe : neuf archevêques et évêques, presque tous les prêtres du diocèse, un bon nombre d’ailleurs, une foule énorme prirent part au service qui dura quatre heures. Il est inhumé dans le petit cimetière de la Mission, près de la cathédrale, entouré des anciens évêques, missionnaires et prêtres indiens qui, avant lui et avec lui, travaillèrent, dans la joie, en cette partie du champ du Seigneur.
Un humoriste malicieux a dit qu’un évêque est toujours un mal nécessaire... C’est tout à la gloire de Mgr Colas qu’on puisse dire de lui qu’il fut, après tout, un... moindre mal… ou même qu’il échappa à la règle commune, et fut un « bien » !
Jean LAFRENEZ.
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Références
[2490] COLAS Auguste (1876-1968)
Références bibliographiques
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