Camille MORGE1880 - 1939
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2968
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1908 - 1939 (Yibin [Suifu])
Biographie
[2968] Camille, Numa MORGE naquit le 4 décembre 1880, à Chaillon, diocèse de Verdun, département de la Meuse. Il fit ses études secondaires, dans son diocèse, puis se dirigea vers le grand séminaire de Verdun, où il reçut les ordres mineurs, le 1 juillet 1903.
Le 16 septembre 1905, il entra au séminaire des Missions Etrangères. Sous-Diacre le 22 décembre 1906, diacre le 23 février 1907, ordonné prêtre le 29 juin 1907, il reçut sa destination pour le vicariat apostolique du Setchoan Méridional (Suifu) qu'il partit rejoindre le 13 août 1907.
Arrivé dans sa mission le 1 janvier 1908, Mgr. Chatagnon le garda près de lui pendant deux mois, puis en mars 1908, il l'envoya à Yang-hien, à l'extrémité nord-est de la mission, pour apprendre la langue chinoise sous la direction de M.Cadart. En janvier 1910, M. Morge fut nommé chef du district de Kia-Kiang près de Kia-ting.Il y demeura près de onze ans et il construisit une église dans sa résidence centrale.
En septembre 1921, envoyé à Min-chan, il garda la direction de ce poste jusqu'en 1927. Dans cette ville, il y avait une vaste chapelle, résidence, écoles de garçons et de filles qu'il développa. Dans les derniers jours de janvier 1926, MM.Morge et Vincent se rendaient à la retraite annuelle; avec un certain nombre d'autres voyageurs; ils tombèrent entre les mains de brigands qui obligèrent leur radeau à aborder, mais bien que fouillés, ils s'en tirèrent à bon compte. En effet, la situation politique en Chine était de plus en plus embrouillée, c'était le temps de l'anarchie. En janvier 1927, Mgr. Renault lui confia le district de Tchang-chan.
En 1928, M.Morge fut nommé professeur de théologie, au grand séminaire de Tiao-houang-leou, près de Sui-fu. En 1930, Mgr.Renault lui confia la charge du district de Nan-ki (Lang-ki), sur les bords du Fleuve Bleu. Dix-huit mois plus tard, M. Morge partit en congé en France pour refaire sa santé.
A son retour en avril 1933, il reprit son poste. A la fin du mois de novembre 1934, Mgr. Renault fit la visite pastorale de son distrcit. En 1936, M.Morge eut la joie de voir M.Montillon, mis à la tête du district de Che-houi-ki à une petite journée de Nan-ki (Lang-ki). En 1937, ce dernier construisit en cette ville, et à la demande de M. Morge curé du lieu, une église dédiée à Ste Thérèse de Lisieux. En 1939, sa santé s'altéra. Eprouvant de fortes douleurs à la poitrine, en septembre 1939, il se rendit à Sui-fu, puis le 15 octobre 1939, il alla à Chengtu où il séjourna deux mois et demi. Il consulta le Dr.Béchamp qui le soumit à un régime, et lui donna des médicaments appropriés.
Se sentant beaucoup mieux, il quitta Chengtu le 18 décembre 1939, en camion, avec l'intention de gagner Kia-ting en deux jours; de là, il comptait s'embarquer ensuite pour sa résidence de Nan-ki (Lang-ki), afin d'y célébrer Noël. Mais à son passage à Kia-kiang, son ancien district où il était resté onze ans, il fut retenu par ses anciens paroissiens. Du 18 décembre 1939, jour de son arrivée, au 23 décembre 1939, il se porta très bien, visita les malades, entendit 80 confessions.
Doué de belles qualités d'esprit et de coeur, M. Morge souffrait d'une forte myopie. Cette infirmité, sérieux handicap, fut pour lui la cause de quelques aventures pittoresques, et influença son comportement. Il se montrait exigeant et parfois intransigeant envers ses fidèles. qu'il voulait instruits. Ses écoles jouissaient d'une grande renommée, en raison de leur bonne tenue, et de leurs résultats. Pétillant d'esprit et malgré la causticité de son caractère, il sut se faire de nombreux amis.
Mais le 23 décembre 1939, environ deux heures après son repas du soir, se sentant très mal, il alla se coucher. C'est là, à Kia-kiang, que le 24 décembre 1939, vers 0h.30, il rendit son âme à Dieu, entouré des chrétiens de la station. Le 2 janvier 1940, ses funérailles se déroulèrent à la cathédrale de Sui-fu. Mgr. Renault donna l'absoute; le corps fut ensuite conduit au cimetière de San-kouan-leou où il repose à côté de M. Dubois.
Nécrologie
M. MORGE
MISSIONNAIRE DE SUIFU
M. MORGE (Camille-Numa) né le 4 décembre 1880 à Chaillon, diocèse de Verdun (Meuse). Entré minoré au Séminaire des Missions-Étrangères le 16 septembre 1905. Prêtre le 29 juin 1907. Parti pour le Se-tchoan méridional le 13 août 1907. Mort à Kia-Kiang le 24 décembre 1939.
Le 2 janvier 1940, les missionnaires de Suifu accompagnaient à sa dernière demeure la dépouille mortelle de M. Morge au nouveau cimetière des confrères défunts, situé à quelques kilomètres en amont de cette ville. C’était le 25 décembre qu’un télégramme de Mgr Yu, Vicaire Apostolique de Kaiting, annonçai à Mgr Renault la mort presque subite de M. Morge à Kia-kiang, à mi-route entre Chengtu et Suifu.
M. Morge est né le 4 décembre 1880 à Chaillon, diocèse de Verdun. Ses parents très chrétiens lui inculquèrent de bonne heure des habitudes de piété et de régularité qui se maintiendront toute sa vie. Après un séjour au grand Séminaire de Verdun, il entra minoré le 16 septembre 1905 au Séminaire de la rue du Bac. Ordonné prêtre le 29 juin 1907, il partait le 13 août suivant pour la Mission du Se-tchoan méridional (Suifu, Chine), où il arriva le 1er janvier 1908. Son Vicaire Apostolique, Mgr Chatagnon, le garda près de lui deux mois, afin de permettre au nouveau missionnaire de se reposer des fatigues de son long voyage, et en mars il gagnait Yang-hien, à l’extrémité nord-est de la Mission, où il devait apprendre la langue chinoise sous la direction de M. Cadart.
En janvier 1910, M. Morge est nommé curé de l’important district de Kia-kiang près de Kia-ting. Il y demeura près de 11 ans, se dépensant sans compter pour ses ouailles et construisant une jolie église à sa résidence centrale. Envoyé à Minchan, en septembre 1921, il garda la direction de ce poste jusqu’en 1927, puis il est de nouveau changé pour devenir curé de Tchang-chan. Là, il ne fit que passer, car l’année suivante il devait enseigner le cours de théologie au grand séminaire de Tiao-houang-leou, près de Suifu. En 1930, S. Exc. Mgr Renault lui confia la charge de Lan-k’i sur les bords du Fleuve Bleu. Dix-huit mois plus tard, M. Morge partait en congé en France pour y refaire sa santé et revenait en avril 1933 reprendre son poste de Lan-k’i. C’est là qu’il éprouva une des dernières joies de sa vie, en voyant bâtir, par M Montillon, en l’honneur de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, une église, bénite en 1938, véritable joyau.
En septembre 1939, éprouvant de vives douleurs à la poitrine, notre confrère vint à Suifu consulter le médecin de l’hôpital. Celui-ci n’osant pas se prononcer, le malade demanda à son Vicaire Apostolique d’aller se faire examiner à Cheng-tu. Il y séjourna deux mois et demi, et, pendant ce temps, fut l’hôte de S. Exc. Mgr Rouchouse. Il revint apparemment guéri. C’est au cours de son voyage de retour à Kiakiang, son ancien district, le 23 décembre, qu’après avoir entendu 80 confessions et pris son repas, il éprouva subitement un malaise au cœur et à la poitrine. La douleur augmentant d’intensité, il se coucha et exprima le regret qu’il n’y eût pas de prêtre présent ; il se fit appliquer des compresses d’eau chaude et se recommanda au Bon Dieu. Vers minuit, croyant le soulager de son oppression, les chrétiens lui firent, à la mode chinoise, une saignée au doigt ; mais une abondante sueur froide apparut et, un quart d’heure après, il rendit son âme à Dieu, entouré des chrétiens de la station. S’il n’a pas pu recevoir les derniers sacrements, il a eu cependant le temps de se préparer à paraître devant Dieu ; il est mort le 24 décembre dans les sentiments de la plus entière confiance en Celui qu’il a toujours servi fidèlement, alors que les chrétiens présents récitaient les prières des agonisants. Tel est, d’après une lettre de M. Grasland, le récit des derniers moments de notre regretté confrère. Le 2 janvier une messe a été chantée à la cathédrale et S. Exc. Mgr Renault donna l’absoute ; le corps fut ensuite conduit au cimetière de San-kouan-leou.
Il nous reste maintenant à retracer quelques traits caractéristiques de la physionomie physique et morale du disparu. Aux belles qualités d’esprit et de cœur de M. Morge s’ajoutait le défaut d’une myopie dont il n’était pas responsable, renforcée d’une faiblesse visuelle qui a marqué la vie du missionnaire d’une empreinte indélébile. M. Morge n’aurait plus été lui-même, s’il avait eu une vue normale. Quiconque l’a vu, avec ses lunettes de « microscope », circuler d’un pas assuré au milieu des obstacles semés sur sa route, distinguant à peine, suivant son dire, un homme d’une colonne de maison, ne savait trop qu’admirer, ou l’assurance de M. Morge, ou la bonté de la Providence qui écartait de sa route les inévitables accidents. Ce n’est pas à dire qu’il n’en ait jamais eu, mais son ange gardien a toujours bien rempli son office. Qui ne se souvient, par exemple, de ce qui lui arriva à Chung-king sur un vapeur où il se précipita la tête la première dans la soute du bateau. Il aurait dû normalement se briser le crène ; au grand étonnement des spectateurs, il n’eut même pas une égratignure. Il serait fastidieux et difficile de noter toutes les aventures heureusement plus pittoresques que malencontreuses dont sa myopie fut la cause, mais il faut ajouter cependant que notre confrère savait prendre son mal en patience et gardait sa bonne humeur coutumière.
Parmi ses nombreuses qualités l’une des plus frappantes fut sa piété. Régulier dans ses exercices, il prenait tout au sérieux et rien dans le service de Dieu ne lui semblait mesquin ; il avait le souci du détail sans être pour cela méticuleux. Très compétent pour les sciences sacrées, il aimait à dirimer les controverses théologiques et regarda toujours le séjour qu’il fit au grand séminaire comme un souvenir enchanteur. Très instruit, il prenait plaisir aussi à s’entretenir des progrès des diverses sciences et se montrait largement ouvert aux idées modernes. Pétillant d’esprit, sa conversation en était tout émaillée : peut-être quelquefois a-t-il verse dans la critique, mais grâce à sa charitable indulgence, il savait toujours éviter des heurts délicats. Certainement il ne se rendit jamais compte de la peine qu’il eût pu causer par des jugements peu nuancés ; autrement, il aurait été le premier à les regretter. En vérité, se vue l’a isolé du monde extérieur et l’a préservé de frottements susceptibles peut-être de modifier son tempérament un peu replié sur lui-même.
M. Morge déployait beaucoup de zèle pour la gloire de Dieu et de la sainte Eglise. Partout où il a passé, son principal souci a été d’améliorer ce qui existait déjà. Par suite de leurs préférences particulières, certains missionnaires sont plus portés vers les conquêtes apostoliques, d’autres vers l’organisation et l’affermissement des anciens chrétiens. Le bon Maître dispose tout pour le mieux et tous les talents peuvent s’employer à son service. M. Morge, lui, aimait les seconds ; avec des aides triés sur le volet, il besognait avec ardeur pour instruire ses fidèles et les rendre plus fervents. Il était persuadé, et avec raison, que plus un chrétien est instruit et convaincu des vérités de la foi, plus sa persévérance est assurée. Aussi ses écoles jouissaient-elles d’une grande renommée à cause de leur bonne tenue et de l’excellent résultat d’une sérieuse instruction donnée aux enfants. Au retour d’une tournée apostolique dans les districts de sa Mission, S. Exc. Mgr Renault déclarait, qu’à ce point de vue, celui de M. Morge était incontestablement le -premier. Il se comportait au milieu des fidèles avec beaucoup d’intransigeance. Ce n’est pas lui, certes, qui aurait acheté la bienveillance de ses administrés par des concessions dans le domaine de la foi ou de la morale. Désintéressé de sa réputation, il faisait ce qu’il considérait comme son devoir avec fermeté et sans transiger.
A ses belles qualités intellectuelles il convient de joindre une grande délicatesse de cœur. Chose remarquable, malgré la causticité de son caractère, il a eu de nombreux amis. Naturellement il ne fréquentait pas les foules, mais il s’était plutôt fait un petit cercle d’amis. Lorsqu’on avait l’heureuse fortune de pénétrer dans son intimité, on éprouvait quelque surprise à constater combien il s’ouvrait en toute confiance à ses confrères. Pour ceux qui l’entouraient d’une charitable affection, il était charmant ; on s’attachait à lui et on aimait à lui rendre service. Son personnel lui demeura fidèle, et jusqu’à la fin de sa vie il a trouvé parmi eux des auxiliaires dévoués. Il était pour ceux qui le connaissaient bien un confrère sérieux, dévoué et des plus réguliers. Ses lacunes, si l’on peut s’exprimer ainsi, ont été surtout extérieures et imputables en majeure partie à l’état de sa mauvaise vue.
Au soir de ses 35 ans de vie de missionnaire, on ne peut s’empêcher de songer à la somme de sacrifices de toute sorte que représente pour un confrère presqu’aveugle un séjour prolongé, et seul, dans la brousse chinoise. N’y aurait-il eu que cela dans son existence, qu’il mériterait notre admiration. Un retour en France à 50 ans passés n’a pas brisé son énergie et, un an après son départ, il est revenu reprendre son poste parmi nous. Espérons que le bon Dieu aura bien accueilli son bon serviteur sans lui faire trop attendre la récompense promise. Ses confrères de Suifu garderont le souvenir vivant de la ténacité dont il fut toujours un modèle exemplaire.
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Références
[2968] MORGE Camille (1880-1939)
Références biographiques
AME 1907 p. 381. 1919-20 p. 360. CR 1907 p. 326. 1917 p. 46. 1922 p. 47. 48. 1923 p. 64. 1924 p. 44. 1925 p. 51. 1929 p. 289. 1939 p. 56. 220. 297. 1940 p. 132. BME 1926 p. 247. 1928 p. 167. 1932 p. 723. 1935 p. 47. 1940 p. 117. 1956 p. 476. 477. 1929 p. 235. 1932 p. 537. 723. 1936 p. 279. 1937 p. 348. 1939 p. 852. 1940 p. 266. EC1 N° 246. 247. 258. 415.