Ange LANCO1883 - 1978
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2989
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1908 - 1951 (Guiyang [Kweiyang])
Biographie
[2989] LANCO Ange, est né le 29 septembre 1883 à Locmaria, en Ile de Croix (Morbihan), au diocèse de Vanne. Il est d'abord mousse sur un bateau de pêche jusqu'à l'âge de dix-sept ans puis fait trois ans d'études secondaires à Saint Lazare à Rennes. Il entre au Séminaire des Missions Étrangères le 10 septembre 1903. Ordonné prêtre le 14 mai 1908, il part le 22 avril suivant pour le Kweichow.
Après l'étude de la langue au centre de la mission, le Père Lanco est envoyé à Chenning où il s'initie à l'apostolat; il y reste jusqu'en 1913. Il est alors nommé au district voisin de Kiang-long (1913-1925) : il y passe les meilleures années de sa vie missionnaire, parcourant son district en tous sens, prêchant, confessant, baptisant... Il revient ensuite à Chenning où plusieurs chrétientés sont retournées au paganisme : il les visitera régulièrement sans pour autant ramener au bercail toutes ces brebis égarées.
En 1934, il prend son premier congé en France, pendant lequel les communistes, au cours de leur longue marche" de 1935, saccagent l'église de Kienlong. En 1936, le Père Lanco est transféré au poste important de Anshung : il va y ouvrir un dispensaire qui sera vite apprécié. En 1937 éclate la guerre sino-japonaise, suivie de la Seconde Guerre Mondiale et ce n'est pas la fin de celle-ci qui permettra de réparer tous les dégâts car dès la fin de 1949, les communistes s'emparent du pouvoir. Le Père Lanco est emprisonné, relâché pour cause de mauvaise santé et enfin expulsé vers Hongkong en décembre 1951.
Rentré en France, le Père se retire dans sa famille à l'Ile de Croix et rend tous les services qu'il peut à la paroisse. Il fête son jubilé de diamant en 1968, puis celui de platine en 1978 : il est alors déjà devenu sourd et aveugle et sa santé décline. Il s'éteint le 25 décembre 1978. Les obsèques ont lieu le 27 décembre. Le Père Lanco repose au cimetière de Croix.
Nécrologie
Le Père Ange LANCO
Missionnaire de Kweiyang
1883 - 1978
Né le 29 septembre 1883 à Locmaria, Ile de Groix, Morbihan, diocèse de Vannes
Entré aux Missions Etrangères le 10 septembre 1903
Prêtre le 14 mars 1908
Parti le 22 avril 1908 pour le Kweichow
En mission de 1908 à 1951
En France de 1951 à 1978
Décédé à Locmaria le 25 décembre 1978
Enfance et jeunesse
Ange LANCO naquit le 29 septembre 1883 à Locmaria dans l’Ile de Groix (Morbihan) dans le diocèse de Vannes. Après ses études primaires à l’école de sa paroisse, il fut mousse à bord d’un bateau de pêche pendant quelques années et cela jusqu’à l’âge de dix-sept ans. Nous ignorons comment naquit en son cœur le désir du sacerdoce et de l’apostolat en pays lointain. En tout cas, ainsi qu’il le dit lui-même dans sa lettre d’admission en juin 1903, il fit trois ans d’études secondaires à Saint-Lazare à Rennes. Il rencontra là un autre séminariste qui pensait aux Missions Etrangères de Paris, Albert Adeux du diocèse de Rennes. Peut-être est-ce pour cette raison qu’Ange Lanco se dirigea lui aussi vers la Société des Missions Etrangères. En tout cas les deux firent leur demande le même jour et furent admis le même jour. C’était au mois de juillet 1903. Ange Lanco entra à Bièvres le 10 septembre. A l’époque les études ecclésiastiques ne duraient que cinq ans. Aussi c’est le 14 mars 1908 qu’il fut ordonné prêtre et reçut sa destination pour la mission de Kweiyang en Chine de l’Ouest. Après quelques semaines de congé en famille pour faire ses « adieux », le jeune P. Lanco s’embarqua le 22 avril pour rejoindre sa mission du Kweichow. On partait alors sans espoir de retour. Telles étaient bien les dispositions du P. Lanco en quittant son Ile de Groix. Il ne pouvait savoir alors qu’il y viendrait finir sa vie.
En mission
En ce temps-là le voyage jusqu’au Kweichow n’était pas une « ballade d’agrément ». La première étape de Marseille à Shanghai ne présentait pas de difficulté. Elle comportait même de multiples agréments d’escale en escale. Mais à partir de Shanghai les choses se compliquaient. C’était d’abord la remontée du Fleuve Bleu sur un bateau d’un confort tout relatif jusqu’à Ichang, dans la province du Houpé. Là était le terminus du bateau. Pour se rendre à Chungking, il fallait emprunter une barque et affronter de dangereux rapides ou plus d’un fit naufrage. Mais on n’était pas encore au bout de ses peines. Restait une bonne quinzaine d’étapes de voyage, à cheval ou en palanquin, pour atteindre Kweiyang, capitale provinciale et centre de la Mission. Au moment où le P. Lanco arriva, la mission de Kweiyang, comme la plupart des missions de Chine, venait de connaître des années de prospérité après la grande persécution de 1900, la persécution des Boxers qui cependant ne s’était pas étendue jusqu’au Kweichow. Un important mouvement de conversions avait amené de nombreux néo¬phytes à l’Eglise. Pour ces nouveaux chrétiens, les motifs de conversion n’avaient pas toujours été bien désintéressés. Il en était d’ailleurs de même un peu partout. C’était des motifs « humains » qui déterminaient souvent les demandes de conversion. Aux approches de la révolution de 1911 et plus encore après cette révolution qui avait abattu l’empire et supprimé l’ancien régime, ces néophytes furent assez nombreux à abandonner l’Eglise, surtout quand leur formation n’avait pas été assez poussée.
Ce fut dans ces conditions qu’arriva au Kweichow le P. Lanco. Après quelques mois d’étude de la langue chinoise au centre de la mission, il fut envoyé à Chenning, à quatre journées de marche au sud-ouest de Kweiyang. Son curé, le P. Roux, ancien zouave pontifical, avait fondé ce poste après la révolte des années 1860 qui avait anéanti la ville. Le P. Roux avait été le premier à s’établir dans une ville déserte. Il en connaissait presque tous les habitants. Jouissant d’un grand prestige auprès de la population et des autorités, il avait fondé une chrétienté florissante et dans la ville et dans les villages environnants. D’un optimisme à toute épreuve, il semblait n’avoir « rencontré que des roses dans sa vie ». Il lui arrivait de fermer trop facilement les yeux sur les défauts de ses chrétiens et surtout de ses catéchumènes et de ses néophytes. Entre le curé et le jeune P. Lanco l’entente ne fut pas toujours facile : conflits de caractères, de tournures d’esprit plutôt que de générations...
A Chenning, le P. Lanco s’initia pendant trois ans à l’apostolat auprès du P. Roux. De là il fut nommé au district voisin de Kiang-Long. Ce district, peuplé surtout de Diois (Thaïs) à peu près tous bilingues, était composé d’une trentaine de chrétientés, disséminées aux alentours du centre. Il avait été bien organisé surtout par les PP. Lamy, Michel et Carlo (futur évêque de Anlung). Aidés par des Vierges chinoises, ces missionnaires avaient instruit sérieusement leurs chrétiens et leur avaient donné une solide formation chrétienne. C’est là que le P. Lanco passa les meilleures années de sa vie missionnaire, parcourant son district en tout sens, prêchant, confessant, baptisant...
En 1925, après la mort du P. Roux, il fut chargé de Chenning où il avait débuté plusieurs années auparavant. Les prévisions optimistes de son prédécesseur ne s’étaient pas réalisées. Après la révolution de 1911, plusieurs chrétientés, peut-être pas suffisamment formées et éprouvées avant le baptême, étaient retournées au paganisme. D’autre part, avec le désordre causé par l’écroulement de l’ancien régime, le brigandage s’était installé et développé dans la région. Les routes étaient peu sûres... Cependant le P. Lanco ne manqua jamais de visiter régulièrement ses diverses chrétientés et de porter secours aux malades et aux mourants. Toutefois, malgré son zèle, il ne put ramener au bercail l’ensemble des brebis égarées...
En 1934, le P. Lanco prit son premier congé en France. Pendant son absence, au début de 1935, une première vague communiste, celle de la « longue marche » déferla sur le Kweichow. Elle passa bien près de Chenning. L’église de Kiênlong, distante d’environ 20 km, fut saccagée de fond en comble. L’année suivante, alors que le P. Lanco rentré de congé avait retrouvé son ancien poste, une deuxième vague communiste traversa la province mais ne menaça pas directement Chenning. Elle passa au nord de Kweiyang et se dirigea vers le Setchoan...
En 1936, le P. Lanco fut transféré au poste important de Anshung distant d’une trentaine de kilomètres et laissé vacant par la mort inopinée du P. Cousin. Il y fut secondé par un jeune prêtre chinois. De plus, avec l’aide des religieuses canadiennes de N.-D. des Anges, il ouvrit un dispensaire qui fut très vite très apprécié en ville et dans les villages environnants, car les secours médicaux faisaient cruellement défaut.
En 1937, éclata la guerre sino-japonaise. Le Kweichow était bien loin des théâtres de guerre. Néanmoins, le P. Lanco eut maille à partir avec les militaires chinois gouvernementaux qui se montraient de plus en plus arrogants et exigeants. Il vécut de ce fait une période très difficile. Il faillit même être expulsé de sa maison par l’armée qui voulait l’occuper pour en faire un hôpital. Pour empêcher cette occupation, il fallut s’adresser aux autorités supérieures à Chungking.
Une fois la guerre terminée en Europe, le renfort des jeunes missionnaires arriva. C’est ainsi que le jeune P. Juigner fut adjoint au Père Lanco et commença à relever les chrétientés rurales qui en avaient sérieusement besoin : de beaux espoirs étaient promis... Malheureusement tout ce travail fut interrompu par l’arrivée des communistes qui occupèrent le pays. C’est dès la fin de 1949 que l’armée communiste s’empara du pays sans rencontrer pratiquement de résistance. Pendant la première année, la vie fut encore plus ou moins supportable. Mais au fur et à mesure que s’écoulaient les mois, l’attitude du nouveau régime ne laissait aucune illusion sur l’avenir. De fait le P. Juigner fut arrêté et emprisonné. Peu après ce fut le tour du P. Lanco. Il approchait alors de soixante-dix ans. Son état de santé se détériora vite en prison. Ce que voyant, ses geôliers qui ne tenaient pas du tout à le voir mourir entre leurs mains, l’envoyèrent à Kweiyang et lui permirent de venir loger à la mission. Grâce aux bons soins des religieuses de N.-D. des Anges, le P. Lanco se remit convenablement peu à peu.
Naturellement les missionnaires du Kweichow subirent le même sort que ceux des autres missions. Au mois de décembre 1951, le P. Lanco fut expulsé avec plusieurs autres confrères et dirigé sur Hong-Kong, via Chungking et Hankow : ce qui allongeait le voyage de quelque 1.500 km. Il supporta les fatigues de cette longue « promenade » sans trop souffrir. Après quelques semaines de repos à Hong-Kong, il regagna la France.
En France
Naturellement, il ne pouvait être question pour lui d’envisager un nouveau départ pour une nouvelle mission. Il aurait pu trouver un petit poste en France. Il préféra se retirer dans sa famille à I’Ile de Groix. Il ne vécut pas pour autant en « ermite » dans son île. Tout d’abord, il resta en rapport avec la Société. Aussi longtemps que ses forces le lui permirent, il ne manqua pas de venir participer à la retraite de Société à Bièvres où il était heureux de retrouver les confrè¬res et de rappeler les vieux souvenirs.
Et que faisait-il dans son île ? Au début, bien sûr, il se reposa. Mais peu à peu l’air du pays natal le revigora. Sans être officiellement du clergé paroissial, il rendait volontiers service pour assurer des messes à la paroisse et entendre les confessions. Son ministère était très apprécié des paroissiens et du clergé local. Ainsi les années coulaient sans « à-coups ». En 1968, il célébra son Jubilé de Diamant : une belle cérémonie avait été organisée par le Recteur de la paroisse de Groix. Le P. Lanco fut heureux d’avoir près de lui en cette occasion le P. Dewonck, ancien Vicaire général de la mission de Kweiyang. Souvent on dit qu’un Jubilé de diamant est présage d’une mort prochaine. Il n’en fut rien pour le P. Lanco qui vécut encore dix ans et put donc fêter son Jubilé de platine (soixante-dix ans de sacerdoce). Sur le plan paroissial, la cérémonie se déroula le dimanche 5 mars. Toute la paroisse était là pour fêter le jubilaire, car c’était vraiment un événement extraordinaire ! Au jour anniversaire, le 14 mars se déroula une autre fête, mais sur le plan « Société » cette fois, non plus dans l’église
paroissiale mais dans la petite chapelle de Locmaria : une fête de famille ! Le tout avait été organisé par le P. Sylvestre, délégué du Supérieur général pour les confrères de la « diaspora ». Participaient à cette cérémonie Mme la Comtesse de Caqueray, membre honoraire de la Société, le P. Lucas Ly, prêtre chinois du diocèse de Kweiyang, vicaire à Paris, les PP. Villacroux et Sylvestre, qui avait embarqué sa voiture à Lorient. Ainsi les déplacements dans l’île furent faciles et rapides. Arrivés à la maison de la nièce du P. Lanco, les cadeaux variés furent remis au jubilaire ainsi qu’une lettre personnelle du P. Roncin, Supérieur général. C’est le P. Villacroux qui lut cette lettre à haute voix devant tous les assistants ; le P. Lanco en avait les larmes aux yeux, tant il était touché. Après quoi ce fut la concélébration dans la chapelle du hameau toute proche. C’est dans cette chapelle que le P. Lanco a exercé son ministère bénévole pendant plus de vingt-cinq ans, après quarante-quatre ans d’apostolat en Chine. Le P. Ly présida la concélébration assisté des PP. Villacroux et Sylvestre. Quant au P. Lanco, il « tenait chapelle ». Après cette messe d’action de grâces, tous les assistants se réunirent au restaurant du village pour un repas très simple. Le P. Lanco était en « forme », et rappelait tous ses vieux souvenirs de mission avec les « histoires » qui lui étaient arrivées avec celui-ci ou celui-là. Ce fut pour le jubilaire et aussi pour ses visiteurs une journée magnifique. Mais l’heure du bateau approchait... Il fallut quitter le P. Lanco, rejoindre le port pour regagner le continent à Lorient.
Le P. Lanco approchait de quatre-vingt quinze ans ; il gardait une santé convenable pour son âge et on espérait que notre « doyen » atteindrait les cent ans. Hélas ! un refroidissement lui fut fatal. Le 20 décembre il reçut la visite du P. Sylvestre. Mais son état présageait une fin prochaine. Il était devenu aveugle, sa surdité s’était accentuée et ses rhumatismes le faisaient beaucoup souffrir. Au moment où le P. Sylvestre le quitta, il lui dit : « Je crois qu’on ne se reverra pas ici-bas ! Au revoir au ciel ! » De fait un coup de téléphone de sa nièce nous annonça son décès le 25 décembre au matin. « Il s’est éteint tout dou¬cement cette nuit. »
Les obsèques eurent lieu le 27 décembre, à l’église paroissiale. Ce fut le doyen des nombreux prêtres originaires de Groix qui présida la concélébration entouré de dix-sept prêtres dont cinq confrères et le P. Ri prêtre coréen qui représentait l’Extrême-Orient. Le P. Ly, retenu par son ministère n’avait pu venir. La cérémonie fut très vivante et très fervente, avec des chants en latin pour répondre au désir exprimé par le P. Lanco et en breton, surtout le dernier, avant de quitter l’église : cantique à N.-D. de Locrnaria que le Père aimait tant. A la demande du « recteur » de Groix, ce fut le P. Scoarnec qui fit la conduite au cimetière et récita les dernières prières sur la tombe familiale de la famille Lanco. C’est dans ce cimetière battu par les grands vents du large que repose notre « Doyen ». Que sa prière au ciel suscite de nombreuses vocations de la même qualité que la sienne, parmi les habitants de Groix !
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Références
[2989] LANCO Ange (1883-1978)
Références bio-bibliographiques
AME 1908 p. 243. 1912 p. 112. 1931 p. 45. 1938 p. 217. CR 1908 p. 286. 1922 p. 69. 1932 p. 115. 1936 p. 837-838. 1938 p. 86. 1951 p. 27. 1974-76 p. 251. BME 1923 photo p. 399. 1925 p. 700. 773. 1926 p. 48. 49. 113. 700. 1928 p. 102. 1933 photo p. 775. 1934 p. 418. 1935 p. 534. 1936 p. 51. 818. 1937 p. 46. 1938 p. 335. 1939 p. 126. 1941 p. 410. 1951 p. 197. 574. 776. 1952 p. 54. 59. 129. 278. ECM 1945 p. 97. MDA 1951 p. 94. 188. EC1 N° 292. 314. 321. 505. 506. 509. 514. 633. EC2 N° 6P162 - 8P225 - 61/C2 - 126/C2.