Pierre DUNOYER1924 - 2017
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3915
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1951 - 1969 (Fukuoka)
Biographie
[3915] DUNOYER Pierre est né le 25 mars 1924 à Lyon (Rhône).
Ordonné prêtre le 11 février 1951, il part le 8 avril suivant pour la mission de Fukuoka (Japon).
Après l’étude du japonais, il est affecté à la paroisse de Fukuoka, de 1951 à 1969.
Il retourne alors en France et est affecté au service de la paroisse de Nanterre. En 1973, il est chargé de l’aumônerie japonaise à Paris. A partir de 1993, il participe à la rédaction de la revue « Églises d’Asie», agence d’information des MEP.
Il meurt le 9 juin 2017. Il est inhumé dans le cimetière des MEP de Montbeton.
Nécrologie
Famille et jeunesse
Pierre DUNOYER est né le 25 mars 1924 à Lyon et fut baptisé deux jours plus tard, le 27 mars, à la chapelle de l’Hôtel-Dieu. Il était d’une famille de trois enfants, ses deux sœurs aînées et lui. Son père, Marcel Dunoyer, était dessinateur industriel, et sa mère, Lucie Décourioux, prenait soin de la famille. C’est sans doute pour permettre à son père de poursuivre son travail que la famille dut bientôt aller s’installer dans la région parisienne. Pierre fut confirmé à Courbevoie, qui faisait alors encore partie du diocèse de Paris. C’est plus tard, en 1967, que sera fondé le diocèse de Nanterre auquel il appartient désormais.
Nous savons que Pierre entra très jeune au petit séminaire de Paris, à Conflans, où il termina ses études secondaires avant d’entrer en 1944 au séminaire d’Issy-les-Moulineaux, où il passera trois années pour le compte du diocèse de Paris. En mai 1947, à sa demande, il fut admis comme séminariste des Missions Etrangères, dont il rejoindra le séminaire le 29 septembre 1947. Il sera ordonné diacre le 28 janvier 1951, puis prêtre à Suresnes quelques jours plus tard, le 11 février 1951. Le jour de son ordination sacerdotale, il recevra aussi sa destination pour la mission au Japon, pour le diocèse de Fukuoka. Il partira pour le Japon le 13 avril suivant.
Mission du Japon
La ville de Fukuoka et sa banlieue qui représentent une agglomé[1]ration de près de trois millions d’habitants se trouve sur l’île de Kyushu, une des quatre plus grandes îles de l’archipel du Japon. C’est le siège d’un évêché. À l’époque où Pierre Dunoyer arrive au Japon, une vingtaine de missionnaires MEP sont chargés d’un vaste district au nord du diocèse autour de la ville de Kita[1]Kyushu. C’est dans ce district que Pierre exercera son ministère pendant dix-huit ans. Il apprendra sans doute le japonais sur le terrain avec l’aide d’un professeur, comme la plupart des mis[1]sionnaires à l’époque, tout en résidant à l’évêché de Fukuoka. Puis, de 1953 à 1954, il est vicaire à Moji où il fera ses premières armes en japonais.
De 1954 à 1956, il est vicaire à Shindenbaru. En 1954, il célébrera pour la première fois la messe à Yukuhashi, un poste qui est sur le point d’être érigé en paroisse après plusieurs années de préparatifs opérés par les curés successifs de Shindenbaru, dont le secteur dépendait jusque-là. C’est seulement l’année suivante que la fondation de cette nouvelle paroisse sera officialisée. Le poste se trouve dans un secteur semi-rural. La ville, elle, compte environ 50 000 habitants. Les catholiques sont environ 1 600, dont beaucoup sont descendants des chrétiens cachés au temps des persécutions.
Pendant douze années, Pierre consacrera toutes ses forces au service de cette communauté tout en gardant le souci des non-chrétiens. En 1955, il construit une première église paroissiale à Kandamachi, une localité un peu au nord de Yukuhashi, mais appartenant au même secteur paroissial. Dès 1956, il y fait construire un jardin d’enfants ouvert aux familles qui n’ont pas de contact avec l’Église. Il achète aussi un terrain pour y construire plus tard une église plus vaste.
En 1959, il prendra un congé en France. À son retour, il entre[1]prend des travaux pour agrandir le jardin d’enfants, et ensuite pour construire la nouvelle église, qui sera bénie par l’évêque de Fukuoka le 16 juillet 1961. Ces travaux ne l’empêchent pas de consacrer beaucoup de temps à la formation des catéchumènes et à celle des jeunes. Il fonde diverses associations et une troupe de scouts et de guides en 1964. La paroisse sera en pleine expansion quand Pierre cédera son poste au père Ainciart.
En 1967, il sera appelé à prendre la succession du père Bastid en devenant curé de Tobata, en plein cœur de la ville industrielle de Kita-Kyushu (environ trois millions d’habitants), célèbre pour ses aciéries, au nord de l’île. Il ne restera que deux ans à Tobata.
Retour en France
En 1969, après dix-huit ans de présence au Japon, Pierre prend la décision de revenir en France et se met au service du diocèse de Nanterre, où il sera vicaire de paroisse pendant plusieurs années. Que s’est-il passé exactement? Difficile de le dire. Deux lettres de juin 1970 laissent à penser que Pierre ne sait plus très bien où il en est, qu’il fait une sorte de dépression. Il décide de ne plus repartir au Japon et de quitter la Société: « Ma décision de ne pas repartir au Japon et de quitter la Société n’a qu’un seul motif : ce n’est qu’une question d’équilibre nerveux et d’état de santé », écrit-il. Puis il ajoute : « Je ne me sens plus capable de supporter les conditions du travail missionnaire au Japon. Je ne veux pas faire de dépression nerveuse, ni devenir un malade, amer et aigri, à la charge de la mis[1]sion. Ce n’est certainement pas la volonté de Dieu. Un changement de district ne changerait rien à l’affaire, les conditions étant les mêmes partout. » Il entreprend alors les démarches pour quitter la Société en vue de se faire incardiner au sein du diocèse de Nanterre. Mais en 1975, au moment où sa démarche devait être officialisée, il a l’impression de trahir ses confrères MEP en quittant la Société et décide alors d’interrompre le processus d’exclaustration.
D’ailleurs, depuis 1973, il a accepté la charge d’aumônier des Japonais catholiques résidant dans le diocèse de Paris et cette aumônerie est installée dans les locaux des Missions Etrangères. Il occupera cette charge sans discontinuer pendant plus de trente ans, jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite à Montbeton le 6 janvier 2005. Très vite il se prit de passion pour ce ministère qu’il exerça à plein temps, avec une constance exemplaire. Ce ministère lui permit de conduire sur les chemins de la foi beaucoup de Japonais qui lui en sont restés reconnaissant. Toutefois, à partir de 1995, Pierre aurait souhaité être déchargé de cette responsabilité, car il ressentait le poids de « l’âge, de la fatigue et de la routine ; et l’évident besoin pour l’au[1]mônerie d’idées nouvelles et de nouvelles méthodes ».
Depuis 1993, Pierre participait aussi activement à la rédaction de la revue Église d’Asie. Cela entretenait ses liens avec la mission et en particulier avec le Japon. D’ailleurs, durant sa retraite il publiera successivement trois livres sur le Japon :
En 2011 : L’Histoire du catholicisme au Japon, des origines à 1945
En 2012 : Christianisme et idéologie au Japon du XVIe au XIXe siècle
En 2014 : Shûsaku Endô (1923-1996): un nouveau Graham Greene au Japon (sur l’auteur du célèbre roman Silence).
La publication de ces trois livres lui aurait demandé un gros travail de recherches.
Début 2017, Pierre semblait souffrir beaucoup physiquement et moralement. Il ne voulait plus suivre de traitement. Il attendait la délivrance. Il s’est éteint à l’hôpital à Montauban le 9 juin 2017 dans sa 94e année.