Michel ETCHEBÉHÈRE1924 - 1996
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3941
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Birmanie
- Région missionnaire :
- 1952 - 1966 (Yangon [Rangoun])
Biographie
[3941] ETCHEBÉHÈRE Michel naît le 15 mai 1924, à Louhoussoa (Pyrénées Atlantiques), dans le diocèse de Bayonne. Il y fait ses études primaires puis commence ses études secondaires à Hasparren. Il entre en 1940 au grand séminaire de Bayonne. Il est admis au séminaire des MEP en 1948. Ordonné prêtre en décembre 1951, il reçoit sa destination pour Rangoon en février 1952.
Birmanie (1952-1966)
Mgr Provost, vicaire apostolique de Rangoon, l’accueille à l'évêché pour apprendre l'anglais. Après quelques mois, nommé à Bassein pour apprendre le birman, il est envoyé à Gyobingaug auprès du P. Bonney, basque également.
En 1954, deux archevêchés sont créés, Rangoon et Mandalay, avec comme titulaires Mgrs Bazin et Falière. Parallèlement, les districts de Bassein, Myaungmya et Henzada sont détachés de Rangoon pour former un nouveau diocèse ; le curé de Tonzé devient le premier évêque autochtone. Le P. Etchebéhère est nommé curé de Tonzé ; cette paroisse s'étend sur un vaste territoire où la rébellion des Carians , la propagande communiste, l'hostilité des Témoins de Jéhovah sévissent ; le Père se met à l'œuvre pour visiter l'ensemble des villages, évangéliser les adultes et les enfants. Il est aidé en cela par des Sœurs cariannes.
En 1961, il rentre en France pour un congé, puis revint à Tonzé . Cependant, en 1963, des difficultés surviennent pour les missionnaires avec l'administration birmane, qui ne renouvellent pas les visas. En 1961/1964, les écoles privées sont nationalisées ainsi que l'hôpital catholique de Rangoon et la léproserie.
En avril 1966, Mgr Bazin reçoit du gouvernement une lettre lui signifiant que tous les missionnaires arrivés après 1948 doivent quitter le territoire birman dans les plus brefs délais.
Madagascar (1966-1984)
Arrivé à Paris, les MEP le nomment à Madagascar, dans le diocèse de Mananjary. A son arrivée, il se met à l'étude de la langue malgache ; après quelques mois, il est nommé à Vohilava où il reste jusqu'en 1968.
Mgr Chapuis, évêque du diocèse de Mananjary, l’appelle pour s'occuper de la paroisse Marie Reine où il reste jusqu'à son départ de Madagascar.
En 1973, le père Michel, tout en restant curé de la paroisse, devint économe de la Mission. Mgr Chapuis, démissionnaire pour raisons personnelles, est remplacé par Mgr Tabao qui appelle le Père pour s'occuper de l'économat de la Mission et de la petite paroisse de la ville.
France (1984-1996)
En 1984, le père Michel, fatigué décide de retourner au pays basque pour se reposer et se soigner, mais il ne peut repartir en mission. L'évêque de Bayonne le nomme aumônier du Funérarium de Bayonne où il restera sept ans.
En 1991, le père Michel accepte la fonction d'économe de la maison MEP de Lauris.
Au bout de quelques mois, la tâche étant très difficile, il se résigne à partir pour assister l'aumônier de la Communauté des petites sœurs des pauvres de Saint-Pern en Ille et Vilaine. En février 1996, il est victime d’un malaise cardiaque ; les religieuses le font hospitaliser à l'hôpital de Dinan où il s'éteint le 14 février 1996.
Nécrologie
[3941] ETCHEBÉHÈRE Michel (1924-1996)
Louhossoa-Saint-Pern : un long chemin sépare ces deux points, surtout si l'on prend des chemins détournés pour y arriver. Le Père Etchébéhère, d'étapes en étapes, l'a parcouru en soixante douze ans ; cela a commencé en 1924 et s'est terminé en 1996. Ce long chemin fut pour lui, un chemin semé de joies, de consolations, de peines également et des durs efforts en vue de la proclamation de la Bonne Nouvelle, le tout offert de grand cœur au Seigneur qu'il s'était toujours promis de servir fièlement. Alors, suivons donc ce chemin avec lui et voyons comment le Père Michel a été fidèle à sa vocation de missionnaire.
Michel Etchébéhère est né dans ce beau pays basque, le 17 mai 1924 à Louhossoa, charmante commune se trouvant sur la route menant de Cambo à une commune non moins connue à savoir Saint-Jean-Pied-de-Port. Ses parents habitaient non loin de l'église et tenaient une épicerie. Quatre enfants égayèrent cette famille chrétienne. En effet le Père Michel eut un frère et deux soeurs. Et l'on doit reconnaître que cette famille était très unie et fervente. D'ailleurs le Père Michel aimait beaucoup parler de ses parents, de son frère et de ses sœurs. Pour lui la famille comptait beaucoup.
Durant ses premières années, Michel vécut donc à l'ombre de l'église toute proche et dans l'atmosphère familiale. Mais nous ne savons guère comment s'écoula les journées. Il fit ses études primaires à Louhossoa même. Puis de 1938 à 1940, il commença les études secondaires à Hasparren. Certainement, depuis plusieurs années le jeune Michel songeait à l'avenir et avait dû parler à ses parents et à son curé de ce qu'il voulait être plus tard. En fin de compte, en 1946, il entra au petit séminaire d'Ustaritz, il y demeura jusqu'en 1946.
En cette année 1946, c'est le Grand Séminaire de Bayonne qui l'accueillit. À l'ordination de Noël 1947, il entre dans la cléricature, il reçoit la tonsure. Mais Michel songe à se donner encore davantage au Seigneur : il désire consacrer sa vie aux missions lointaines. Aussi en 48 il fait sa demande d'admission pour entrer au Séminaire des Missions Étrangères de Paris, séminaire qui forme les missionnaires pour les missions d'Asie. Les Supérieurs de Paris l'admettent et c'est le 26 Septembre 1948 que l'Abbé Michel Etchébéhère arrive à la Rue du Bac pour poursuivre sa formation vers la prêtrise et vers les missions.
Il continue donc ses études à Paris. Il est ordonné sous-diacre le 22 décembre 1950. Ensuite, il est agrégé à la Société des Missions Étrangères de Paris le 1er juin 1951. Enfin tout joyeux, il est ordonné prêtre le 22 décembre 1951. Le 2 février 1952, il reçoit sa destination pour la Mission de Rangoon, Birmanie septentrionale.
Le voilà comblé, et c'est en famille qu'il revient à Louhossoa pour célébrer sa première messe et fêter dignement ce qu'il est devenu : prêtre et missionnaire. Il se trouve donc maintenant en famille, tout en attendant de pouvoir rejoindre sa mission.
Depuis plusieurs années, les visas d'entrée en Birmanie ne se don¬nent pas facilement. Ainsi les missionnaires qui auraient dû partir en septembre 1950 n'ont reçu leurs visas qu'un an après et ne sont partis qu'au mois de décembre 1951. Alors qu'en sera-t-il pour le Père Michel ? Les visas sont demandés de suite...O Miracle ! Deux ou trois mois après avoir été demandés, les visas sont accordés et arrivés à Paris. La voie est donc libre. Le Père Michel se prépare donc au départ. Au début de juin 1952, le Père fait donc ses adieux à la famille et aux amis et surtout à son beau pays basque qu'il aimait par-dessus tout.
Le 21 juin 1952, avec le Père Joseph Jeannequin destiné lui aussi à Rangoon et le Père Joseph Ruellen destiné lui à Mandalay, le Père Michel quitte Marseille pour la Birmanie, via Singapour. Et en fin juillet, les Pères arrivent à Rangoon.
Monseigneur Provost, vicaire Apostolique de Rangoon, est heureux une fois encore de recevoir deux nouveaux missionnaires. Déjà au tout début de l'année en cours deux jeunes étaient arrivés.
Après quelques jours de repos passés surtout chez les confrères se trouvant en ville, la vie missionnaire peut commencer. Au début comme tout le monde le sait, le jeune missionnaire doit apprendre la langue ou les lan¬gues du pays où il va demeurer.
Durant les derniers mois de 1952, le Père Michel va tout d'abord finir de se familiariser avec l'anglais, langue très utile et même nécessaire pour tout missionnaire. Il ne faut pas oublier que la Birmanie fut pendant un certain temps colonie anglaise et cela jusqu'en 1948, année où le gouvernement obtint l'indépendance du pays.
Pour se perfectionner en anglais, le Père Michel va demeurer à l'évêché qui se trouve près de Sainte-Marie, cathédrale. Cela fait beaucoup de monde dans ce lieu. Il y a l'évêque bien sûr, le procureur, et les prêtres desservant la paroisse de la cathédrale. Cette paroisse était surtout fréquentée par la communauté anglo-indienne de la ville, donc paroisse de langue anglaise. Avec l'appui d'un brave paroissien, le Père Michel se familiarise, non sans peine, avec l'anglais et petit à petit il peut s'en rendre maître, assez pour se faire comprendre et rendre service.
L'étude de l'anglais étant terminée, le Père Michel fut envoyé à Bassein, ville se trouvant dans le delta de l'Irraouady, pour y apprendre cette fois, le birman. À Bassein, les chrétiens n'étaient guère nombreux. Mais les bâtiments de la mission étaient conséquents. Il y avait une belle église qui deviendra plus tard, la cathédrale Saint-Pierre ; bien sûr, il y avait le presbytère où logeaient les prêtres desservant le district, le couvent des Sœurs européennes de Saint Joseph de l'Apparition, la maison mère et le noviciat de la communauté des Sœurs Cariannes de Saint- François-Xavier, et enfin une école pour les jeunes filles de la brousse, école qui avait une grande réputation dans toute la région. C'est donc dans ce milieu très propice que le Père Michel va pouvoir s'initier à la langue birmane, langue très belle, très riche aussi, tant pour le parler que pour l'écrit. Il y restera plu¬sieurs mois. Puis pour mettre en pratique ce qu'il avait appris, le Père Michel fut envoyé à Gyobingaug, tout au nord de la capitale Rangoon, chez le Père Jean Bonney, un basque lui aussi. Dans ce lieu et dans les alentours le Père put mettre en pratique ce qu'il avait appris et c'est avec courage qu'il surmonta sur ce point bien des embûches.
Comme nous nous trouvons à Gyobingaug, ouvrons une petite parenthèse qui a d'ailleurs son importance. Donc dans ce poste se trouvaient réunis sous le même toit deux missionnaires basques. Bien que l'entente fut toujours parfaite, ces deux basques étaient totalement différents l'un de l'autre dans leur comportement. Le Père Bonney était un homme d'une grande stature et il savait se faire entendre avec une forte voix. Ce qui nous amène à parler de ce qui caractérisait plus spécialement le Père Michel. À ce sujet deux points sont à retenir.
1 - Le Père Michel était de petite taille, et de cela le Père en souffrait beaucoup. Aussi, comme le rapporte l'un de ses vicaires, il était bien sensible aux marques de confiance et d'estime qu'on lui montrait.
2 - Le même vicaire de signaler également : Michel n'était pas bavard, c'est-à-dire, il parlait peu et surtout sans s'emporter. Il se faisait entendre, et cela sans crier, mais cela portait. Cependant ce serait mal le juger que de dire que le Père Michel était un homme fermé à la conversation, à la discussion et au partage. Oui, c'est vrai dans le parler, il ne levait guère la voix ou alors très rarement. Mais il aimait beaucoup parler avec tous, et surtout il était prêt à rendre service.
Ainsi, pour les confrères de Birmanie qui eurent la joie de le connaître, ces deux points ne posèrent aucun problème. J'ajouterai qu'il en fut de même plus tard à Madagascar. Pour chacun de nous, il était un confrère comme les autres, sa taille importait peu et son silence, si silence il y eut, ne fut pas un handicap. Pour chacun de nous il était le Père Michel, un point c'est tout .... Dommage à mon avis que plus tard il n'en fut pas de même. Cela lui aurait évité beaucoup de peines ? Et vraiment il ne méritait pas cela. Mais la vie missionnaire n'est-t-elle pas une vie semée de joies et de peines ? Le tout étant de savoir accepter les épreuves. Et le Père Michel les a acceptées comme il a toujours su le faire.
La parenthèse est close, continuons. Au tout début de l'année 1954, un évènement important et vital pour l'Église de la Birmanie survient. La Hiérarchie catholique est établie dans le pays. Rangoon et Mandalay deviennent archevêchés avec Mgr Bazin et Mgr Falière comme titulaires. Pour Rangoon il y a plus, un grand changement s'opère, les districts de Bassein, Myaungmya, Henzada sont détachés de Rangoon pour former un nouveau diocèse, dio¬cèse qui sera confié à un évêque autochtone, un Carian. Et c'est le Père curé de Thonzé qui en devient le premier évêque.
Le Père Georges U Kyaw quitte donc Thonzé. Il faut le remplacer et Monseigneur Bazin de choisir pour cela le Père Etchébéhère. Nous sommes en 1954, le père Michel restera à Thonzé jusqu'au mois d'août 1966, date à laquelle il sera expulsé de Birmanie. Et sauf un congé de six mois pris en 1961, le Père se dévouera donc à Thonzé. Ce sera son seul poste.
Thonzé est une petite ville située à deux ou trois heures de train sur la ligne Rangoon-Prome au nord. Une route partant de Rangoon y conduit également et même jusqu'à Gyobingaug. Malgré les efforts déployés par les missionnaires, la ville de Thonzé est demeurée bouddhiste. Mais au cours des années, le centre catholique en ville est devenu assez important. On peut dire que la Mission a ses quartiers en ville : église, presbytère, couvent et école. Ce poste s'est beaucoup développé au cours des décennies précédentes surtout du temps du Père Perroy, qui dans les années 20 deviendra vicaire apostolique de Rangoon. En résumé dans cette ville, à part les résidents de la mission, il n'y a pas de chrétiens sur place. Mais grâce aux écoles l'influence chrétienne pénètre petit à petit.
Alors on peut se poser la question : où se trouvent donc les chrétiens ? Les chrétiens sont disséminés sur un vaste territoire allant presqu'aux portes de Rangoon. Les villages sont donc nombreux, il faut les visiter pour que la foi chrétienne grandisse et devienne profonde. Cela ne sera pas facile, car à cette époque il faut être prudent. Il y a d'abord la rébellion carianne très active dans la région ; (les trains Rangoon-Prome sautent facile¬ment). Il y a aussi ici ou là la propagande faite par les communistes. Les Témoins de Jéhovah circulent de-ci de-là. Enfin il y a également une secte fondée par un Carian, mélange de christianisme et de bouddhisme qui agit. Voilà la situation de la mission de Thonzé au moment de l'arrivée du Père Michel.
Bien sûr, il n'était pas seul. Il avait avec lui un ou deux vicaires et au cours des années suivantes, de jeunes missionnaires lui étaient confiés et ceux-ci faisaient leurs premières armes en birman.
Durant toutes ces années, le Père Michel va suivre la route déjà tracée par ses prédécesseurs tout en essayant de l'améliorer.
Ses premiers efforts se porteront sur la visite répétée de tous ces villages chrétiens, leur enseignant la Bonne Nouvelle, les aidant dans le malheur quand celui-ci vient les frapper. Pour l'aider il aura à cœur de se faire aider par des catéchistes compétents, célibataires ou non. Et pour cela il veillera sur leur formation. Chaque année, il les regroupe pour une retraite et au cours de l'année, au centre, il leur délivre de nombreuses journées d'enseignements. On peut dire que ces braves catéchistes qui se dévouaient pour l'Église faisaient déjà l'office de nos diacres actuels.
Le Père Michel s'occupait également du centre. À Thonzé même, il fallait non seulement entretenir la vie chrétienne, mais il fallait aussi l'organiser et la promouvoir. Comme dans chaque poste de la mission de Rangoon, il avait un couvent de Sœurs cariannes ; il avait à cœur de veiller sur elles et il aurait bien voulu qu'elles soient plus actives pour les villages de la brousse et non pas simplement au centre.
Chaque année, aidé d'un de ses vicaires et des Sœurs, il préparait avec soin les enfants des villages à leur première communion. De même, il réunissait par petits groupes les chrétiens des différents villages pour leur prêcher une retraite. Il fallait aussi veiller sur les jeunes qui logeaient à la mission et qui fréquentaient les écoles de la ville.
Lors des grandes fêtes, Noël, Pâques et autres, il préparait avec tous et avec quel soin les cérémonies et les chants, soit en latin soit en birman. Pour cela comme beaucoup de Basques il était doué pour le chant.
Nous venons donc de constater les efforts du Père Michel afin de rendre de plus en plus profonde la foi chez ceux qui lui avaient été confiés. Mais comme partout ailleurs, il fallait veiller sur le matériel. Les bâtiments de la mission commençaient à souffrir. Aussi surmontant les nombreuses difficultés, le Père et son équipe parvinrent à un résultat plus qu'appréciable. Oui Thonzé grandissait.
En 1961, au mois d'avril après les fêtes pascales, le Père Michel prit le chemin du pays natal pour un congé bien mérité. Le Père Pierre Courtot le remplaça pendant son absence. Revenu fin novembre de la même année, le Père reprit sa place à Thonzé.
Mais vers l'année 1963, l'horizon dans l'Église de Birmanie s'assombrit. Tous les missionnaires, religieux et religieuses arrivés dans le pays depuis l'indépendance ne reçoivent plus leur permis de séjour. C'est un mauvais signe pour tous. En 1963-1964, les écoles privées, catholiques ou non, sont nationalisées, l'hôpital catholique de Rangoon de même, et également l'asile pour les lépreux.
C'est peut-être à ce moment qu'il est bon de signaler un petit fait dont le Père Michel fut victime. Un fait qu'il aurait bien voulu ne pas vivre. Ce fait le voici : Le Père Bonney, son voisin de Gyobingaug, constatant après coup qu'il avait fait peut être une erreur monumentale, décide de se rendre à Rangoon pour consulter Mgr Bazin. Arrivant à Thonzé, il demande au Père Michel s'il veut bien l'accompagner à Rangoon et en cours de route il le met au courant de ce qui vient de se passer. Le Père accepte et les voici tous les deux en route pour Ranggoon. Arrivés dans la banlieue de la ville près d'Insein, une jeep de l'armée les dépasse et se met en travers de la route. Il faut donc s'arrêter et les deux Pères sont emmenés par les soldats. Après interrogatoire le Père Michel est relâché le lendemain matin, mais le Père Bonney est retenu et il le sera pendant plusieurs années.
Nous voici en avril 1966. Au début du mois, Mgr Bazin reçoit une lettre du gouvernement, le même qu'à l'heure actuelle. La teneur de la lettre est lourde de conséquences pour toute l'Église de Birmanie. Il est dit en effet ceci : Tous les missionnaires, religieux et religieuses arrivés dans le pays après 1948 devront avoir quitté le territoire birman d'ici la fin de l'année en cours. Les différentes dates de départ sont même fixées.
Le Père Michel fait partie de ceux qui doivent partir durant le mois d'août. À cette date donc le Père quittera Thonzé et la Birmanie le cœur bien gros. En quittant Thonzé, un vieux bouddhiste lui dira ceci : « Père, ce ne sont pas les Birmans qui vous renvoient mais un système politique aberrant.»
Dans la vie du Père Michel une page vient de se tourner. Il repart pour la France. Que va-t-il se passer maintenant ?
À la fin de 1966, tous les confrères venant de la Birmanie se trouvent en France et ils attendent une nouvelle destination. La plupart d'entre eux retourneront en Extrême-Orient dans d'autres missions. Trois d'entre eux seulement se verront destinés pour la Mission de Mananjary à Madagascar. Il s'agit des Pères Etchébéhère, Cormerais et Ruellen. Mananjary est une peti¬te ville située sur la côte est en-dessous de Tamatave. Cette nouvelle mission est ouverte depuis peu et confiée aux Missions Étrangères. Pour le moment, les missionnaires dépendent de l'archevêque de Fianarantsoa. Dans l'avenir un diocèse sera érigé. Les missionnaires sont encore peu nombreux : il y a deux anciens de Chine, dont l'un est le supérieur, réprésentant Mgr Gilbert, l'archevêque de Fianarantsoa. De plus, un petit groupe de jeunes est déjà sur place. Le Père Cormerais y arrivera fin janvier 1967, le Père Ethébéhère arrivera à Mananjary le 28 juin 1967 exactement, bientôt suivi du Père Ruellen.
Tous les trois se mettent à l'étude de la langue malgache aidés en cela par le catéchiste de la paroisse Saint-Augustin de la ville. Tout se passe bien, l'accueil a été chaleureux. Bien sûr, pour les confrères déjà présents les trois birmans sont un peu considérés comme missionnaires chevronnés. Aussi, durant les premiers temps ils les regardèrent attentivement ; nous l'apprendrons plus tard.
Après plusieurs mois d'étude, nos trois amis entreprirent d'aller rendre visite à Mgr Gilbert à Fianarantsoa, 200 kilomètres à mobylette. C'est un peu fou, mais tout se passa bien tant à l'aller qu'au retour. Revenu à Mananjary, chacun d'une façon un peu cavalière doit on dire, reçut sa destination. Le Père fut envoyé à Vohilava avec les Pères Guichoux et Alazard. Dans ce poste de brousse le Père Milchel va faire ses premières armes dans la langue malgache et cela continuera jusqu'à fin juin ou juillet 1968.
En cette année 1968, Mananjary et ses environs sont érigés en diocèse détaché de Fianar... Le Père Robert Chapuis, curé de la paroisse Marie-Reine de Mananjary, en devient le premier Évêque.
Il lui faut donc un successeur. Aussitôt sacré, Mgr Chapuis nomme le Père Miche, curé de cette paroisse de Marie-Reine, et voici le Père reve¬nu en ville. Il y restera jusqu'à son dernier départ. Marie-Reine est une des deux paroisses de la ville. Elle est assez peuplée et se trouve en plein milieu malgache. Dès le début, le Père Michel doit veiller sur une école paroissiale et sur les différents mouvements existants. Il y mettra tout son cœur. Quelque temps après, pour simplifier les choses, il demandera à loger en ville avec le curé de Saint-Augustin, le Père Hoffmann. Mais cela ne durera pas du moins pour les repas ; il reviendra donc les prendre à la résidence des Pères, située à la sortie de la ville.
En 1973, tout en restant curé de la Paroisse, le Père Michel devient économe de la mission. Nous sommes alors dans la période sombre qui frappa le diocèse.
Puis Monseigneur Chapuis démissionne. Monseigneur Gilbert de Fianarantsoa devient administrateur du diocèse. Quelques mois plus tard, le Père Tabao, prêtre jésuite devient évêque de Mananjary ; il est d'ailleurs originaire d'un village non loin de la ville. Pour le Père Michel rien de changé. Il est toujours curé et économe de la mission.
En 1978, le Père revient en France pour un congé bien mérité. À son retour quelques mois plus tard il reprend son poste à la paroisse et à l'économat. En 1980, Monseigneur Tabbao le retire de la paroisse Marie-Reine, il le nomme carrément économe du diocèse, avec un ministère dominical dans une église déserte de la ville et un ministère auprès des religieuses. Il en se¬ra ainsi pendant quatre ans. Son évêque avait beaucoup d'estime pour lui et avec les religieuses il se trouvait à l'aise.
En 1984, le Père Michel se sent fatigué, et de plus il faut le reconnaître, les événements survenus dans le diocèse en 1968 et surtout en 1973 l'avaient profondément marqué. Il en avait beaucoup souffert et pensait aux confrères qui avaient vécu ces jours. Quelques années auparavant, il avait été sur le point d'abandonner sa mission ; mais la fidélité au devoir l'en a¬vait empêché. Il était resté fidèle au poste. En 1984, il sent donc le besoin de se reposer un peu, et il repart pour le pays natal, espérant que l'air du pays le remettra en forme.
Il revient en son pays basque. Il consulte les médecins et un jour le cardiologue qui le soigne lui conseille de renoncer à Madagascar. Il est préférable qu'il reste au pays. La mission lointaine, ce n'est plus possible pour lui. Il accepta courageusement cette épreuve. Mais que va-t-il devenir ? Où va-t-il aller ?
Son diocèse d'origine, Bayonne, veut bien l'accueillir et en attendant, les autorités diocésaines de Bayonne lui confie pour un temps l'aumônerie du funérarium de la Ville et celle de la clinique Lafourcade. En mars, il est confirmé dans cette fonction. Et il en sera ainsi pendant sept ans, jusqu'en 1991.
Aumônier du funérarium ! Fonction bien spéciale, il faut le reconnaître. Le Père Michel va y œuvrer de son mieux et aidé de ses confrères, il y arrivera.
Un jour qu'il était interviewé sur sa situation d'aumônier, on lui posa la question suivante : Celui qui n'a pas plus de famille, plus d'amis en avez-vous rencontré ? Le Père Michel de répondre : "Dans quelles que cultures et traditions que ce soit, asiatiques, africaines, malgaches, les deux plus grands malheurs, malédictions sont de ne pas avoir d'enfants et n'avoir personne à son enterrement. Le deuxième cas n'existe pas chez eux. Il a fallu que j'en revienne pour le rencontrer dans mon pays de chrétienté. Quelle tristesse !"
Durant sept ans il restera donc aumônier, accueillant les familles dans la peine, les consolant et surtout les écoutant. Ainsi il rendait espoir aux affligés. Au sujet de son apostolat à la clinique nous ne savons rien, mais je crois qu'il est facile d'y suppléer. Le Père avait un cœur sensible. Et dans ces moments il savait trouver les mots justes, mots qui apportent la consolation.
Le temps passe, nous voici en 1991. La Maison M.E.P. de Lauris a besoin d'un économe et les Supérieurs de la Rue du Bac se tournent vers le Père Michel Etchébéhère et lui demandent s'il veut bien accepter la fonction , apostolat nouveau pour lui. Être économe dans une maison de retraite, ce n'est pas facile. Cependant il accepte, et les Supérieurs le confirment dans cette charge pour une période de trois ans renouvelable.
Au début, tout va bien, mais à la suite des mois, la communication entre lui et les Pères de la maison ne se fait plus. Il en résulte alors un certain malaise. Il s'en était aperçu, mais il croyait que cela s'arrangerait.
Les supérieurs, étant au courant, décident de ne pas renouveler son mandat. Il lui faudra donc quitter Lauris. En 1994, le Supérieur de la maison l'en informe. Il en fut très peiné, mais il accepta cette épreuve.
À cette époque même, la Mère Supérieure Générale des Petites Sœurs des Pauvres de Saint-Pern en Ille-et-Vilaine demande au Supérieur Général s'il ne serait pas possible d'avoir un missionnaire pour seconder le Père Du Noyer qui se trouve déjà à l'aumônerie. Les tractations, si je puis parler ainsi, se font assez rapidement. Le Père Michel est contacté et le Père Du Noyer est mis au courant. Tout s'arrange. Le Père Michel est heureux de retrouver le Père Du Noyer qu'il avait connu à Madagascar. Le Père Du Noyer l'était également
Voici donc le Père Michel devenu aumônier des Petites Sœurs des pauvres à Saint-Pern. Il arrive en 1994 et dès le début il se trouve à l'aise a¬vec tout le monde. Le Père Michel continue donc sa mission cette fois avec les Sœurs.
Deux années sont passées, tout va bien. Nous voici au mercredi 14 février 1996. Au début de l'après-midi de ce jour, le Père Michel a un malaise cardiaque. D'urgence les Sœurs le transportent à l'hôpital de Dinan. Les soins appropriés lui sont donnés et cela semble aller mieux. Les Sœurs le quittent, rassurées. Mais quelques heures après leur départ, le Père Michel a une autre attaque et celle-là lui sera fatale. On le retrouve mort dans son lit d'hôpital. C'est la consternation pour tout le monde.
Consternation chez les Sœurs et à Paris lorsque la nouvelle y parvient. Il en sera de même pour tous ceux qui l'avait connu.
Sa dépouille est ramenée à l'aumônerie. Les obsèques ont lieu dans la chapelle de la communauté à Saint-Pern. Quelques confrères de la Rue du Bac sont présents. Le Père repose maintenant dans le cimetière de la communauté à côté des anciens aumôniers décédés.
Ainsi s'achève le chemin que le Père Michel a suivi de Louhossoa à Saint-Pern, un chemin quelquefois semé d'épines. Mais un chemin parcouru avec foi.
En terminant l'auteur de ces lignes voudrait ajouter quelques mots à son ami de Birmanie et de Mananjary. «Pendant quatorze années nous avons suivi ensemble le même chemin. Je voudrais te remercier de tout cœur pour le soutien que tu m'as apporté au moment où ensemble nous avons vécu des moments pénibles. Oui, il est vrai, tu n'étais pas bavard, mais tu savais trouver les mots justes et dire ce qu'il fallait. Merci, Etché, c'est ainsi que je t'ai toujours appelé, merci. Sans tes dernières paroles avant mon départ précipité de Mananjary, je ne serai probablement pas là où je suis, à Brive où je continue ma mission.»
Oui, merci Père Etchébéhère, merci Michel, merci Etché. D'où tu es maintenant ne nous oublie pas. Quand à nous, que nous soyons de Louhossoa de Thonzé, Mananjary, Bayonne, Lauris et Saint-Pern nous ne t'oublierons pas. Au revoir. Repose en Paix.
Références
[3941] ETCHEBÉHÈRE Michel (1924-1996)
Réf. biographiques.
CR 1952 p. 76, 96, 1956 p. 65, 66, 1957 p. 70, 1958 p. 67, 1960 p. 72, 1961 p. 74, 75, 1963 p. 94, 96, 1964 p. 63, 1965 p. 127, 1969 p. 162, 1974-76 p. 211/AG80-1 p. 227, 1982 p. 229-32, 1985 p. 227.
BME 1948 p. 377, 1951 p. 445, 1952 p. 199, 648-93, 1953 p. 713, 1955 p. 257, 364, 555, 656, 790, 1956 p. 670, 789, 910, 1957 p. 767, 880-81, 1958 p. 369, 1959 p. 94, 875-76, 983, 1960 p. 1022, 1961 p. 388, 405, 686.
EPI 1962 p. 208, 1969 p. 217.
EC1 n° 464, 500-13-23, 694, 707-68-69-77.
EC2 n° 1 p. 5, 4 p. 120, 5 p. 153, 20 p. 183, 24 p. 315, 36 p. 310, 63C2, 70C2, 93 p. 50, 94 p. 90, 112 p. 310, 120C2 p. 253, 125C2, 180/17, 184C2.
HIR n° 160, 166/5, 195/2, 197/7, 213.
PDM n° 4 p. 4.