Charles DALLET1829 - 1878

[0627] DALLET Claude, Charles vient au monde le 18 octobre 1829 dans la paroisse Saint-Mammès, à Langres en Haute-Marne. Elève du petit et du grand séminaire de sa ville natale, il entre minoré au Séminaire des MEP le 5 octobre 1850. Il y compose le Chant pour le départ des missionnaires, dont Gounod fait la musique et qui est chanté pour la première fois le 29 avril 1852. Claude Dallet reçoit la prêtrise le 5 juin et part le 20 août 1852 pour le Mysore où il se donne très activement à son apostolat.

Au Mysore

D'abord vicaire à Blackpally, une des paroisses de Bangalore, il est en 1857 chargé du district de Mysore. Il y construit le presbytère (Presbytère, grav., Hist. miss. Inde, v, p. lxiii), soigne avec dévouement les cholériques et en est solennellement remercié par le rajah. Choisi en 1858 pour être un des directeurs du Séminaire des MEP, il refuse. En 1859, il publie le ‘‘Controversial Catechism’’, afin de combattre les doctrines protestantes. Cette même année, il accompagne son évêque, Mgr Charbonnaux, à la conférence qui se tient à Salem, réunie aux fins de révision du Règlement général de la Société des MEP.

Retour en France, à nouveau en association avec Gounod

Quelques mois plus tard, atteint d'épilepsie, il revient en France et profite de son séjour à Paris pour s'occuper à l'Imprimerie Nationale de la gravure et de la fonte des caractères télugu et kannada. Lorsqu'il apprend le martyre de son ami, Théophane Vénard, il compose le Cantique pour l'anniversaire de nos Martyrs, qu'il lui dédie et dont la musique est également de Gounod. En 1863, il repart pour le Mysore, y retombe malade, et revient en France en 1867.

Historien de la société des MEP

En 1871, il entreprend un voyage dans les deux Amériques, cherchant des ressources pour le Séminaire des MEP éprouvé par la guerre franco-allemande et par la Commune. Il laisse au Canada un souvenir autre que celui de quêteur. C'est à son initiative qu'est dû le musée chinois et japonais de l'Université Laval à Québec. En 1872 et 1873, il coordonne et participe à la révision des manuscrits très complets de Mgr Daveluy, puis publie le résultat de ce travail, sous le titre : ‘‘Histoire de l'Eglise de Corée’’, dont il rédige lui-même la préface. En 1875, il fait imprimer le ‘‘Benedictionale’’, que le Séminaire utilise par la suite.

Il conçoit le dessein d'écrire l'Histoire de la Société et pour compléter les documents réunis dans les archives du Séminaire, il entreprend de visiter les missions. Il part en février 1877, passe au Japon et en Mandchourie, séjourne à Pékin, reste quelque temps en Cochinchine et se rend au Tonkin. Il meurt de la dysenterie, le 25 avril 1878 à Ké-so (Tonkin occidental), où il est enterré.

M. DALLET

MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU MAYSSOUR.

Mgr Puginier nous écrivait du Tong-King occidental , à la date du 26 avril :
« M. Dallet a rendu son âme à Dieu , hier soir, 25 avril , à onze heures dix minutes, assisté de tous les Missionnaires présents à la communauté.
« Quatre ou cinq jours après son arrivée ici, il a été attaqué par une dyssenterie opiniâtre, qui l’a mis dans l’impossibilité de gagner même la ville de Hà-Noi, où il aurait rencontré un médecin français . Rien n’a été épargné pour conserver la vie à ce cher Confrère. Les Missionnaires se sont fait un devoir de le veiller à tour de rôle, le jour et la nuit, pendant plus d’une semaine, et de lui donner eux-mêmes tous les soins que réclamait sa maladie. Il a montré jusqu’à ses derniers moments cette grande âme que vous avez eu occasion de connaître en lui. Son esprit de foi, sa résignation et sa confiance en Dieu nous ont grandement édifiés. Quelques jours avant sa mort, alors qu’il pouvait encore tenir la plume, il écrivait de sa propre main, dans son journal de voyage , les paroles suivantes : « 18 avril. – Volo quod « vis, quia vis, quando vis, quamdia vis, quantum vis, quomodo vis. – Je sais que je suis au « bout. – Quel bonheur d’avoir la foi chrétienne pour mourir ! » Nous ne l’avons pas vu un seul instant regretter la vie, il comprenait très-bien qu’il allait quitter ce monde et il ne manifestait d’autre désir que celui de bien mourir.
« M. Dallet a reçu les derniers sacrements en pleine connaissance et dans les sentiments d’une piété profonde. Son agonie a été longue et très-pénible ; mais il a tout supporté avec un courage et une grandeur d’âme dignes d’un Missionnaire ; enfin Dieu l’a appelé à lui pour le récompenser de ses travaux et des nombreux mérites qu’il avait acquis dans le cours de sa carrière apostolique. Son corps repose dans le cimetière particulier de notre communauté , à côté de deux autres Missionnaires , MM. Pendraud et Chanson. Resquiescat in pace ! »
M. Dallet était né à Langres, le 18 octobre 1829. Il fit ses études au petit séminaire , puis au grand séminaire de cette ville.
Entré clerc-minoré au Séminaire des Missions-Étrangères le 5 octobre 1850, il y passa deux années, se faisant remarquer, comme à Langres, par sa belle intelligence et par cette humeur vive et enjouée qui s’alliait en lui à une piété sérieuse et à un grand esprit de foi. Il fut ordonné prêtre le 5 juin 1852.
Au Mayssour où il fut envoyé, M. Dallet réalisa les espérances que ses qualités avaient fait concevoir. Les occupations ordinaires du saint ministère ne suffirent bientôt plus à son zèle apostolique. Il voulut en étendre les fruits à ceux que sa parole ne pouvait atteindre : aux protestants il adressa son Catéchisme de controverse, tandis que les presses qu’il dirigeait fournissaient aux chrétiens et aux païens les livres de doctrine qui leur conviennent. Ce fut au milieu de ces travaux divers qui leur fut atteint d’une maladie terrible, l’épilepsie, et contraint de retourner en Europe. Mais son tempérament ne sut s’accommoder du repos absolu qu’exigeait, ce semble, l’état de sa santé. Mettant soigneusement à profit les heures de répit que lui laissait son mal, il s’occupa à l’imprimerie impériale, de la gravure et de la fonte des caractères de deux langues indoues, le canara et le télégou. Tout en enrichissant notre établissement national d’une collection qui lui manquait, il dota ainsi sa Mission des éléments d’une imprimerie spéciale qui rend les plus grands services.
Ce grand travail à peine terminé, M. Dallet, n’espérant plus une guérison complète, arracha, en 1863, à ses supérieurs la permission de retourner à son poste. Il avait , hélas ! trop présumé de ses forces. Les attaques du terrible mal reparurent plus fortes que jamais, et M. Dallet dut obéir à son Évêque et rentrer une seconde fois en France, en 1867. A Paris, pendant plusieurs mois, son mal alla s’aggravant, sans que pour cela sa patience en fût altérée. Il portait sa croix avec une résignation et une constance admirables, retrouvant après chaque accès son ardeur et sa bonne humeur ordinaires.
Contre toute attente cependant, un remède énergique et un régime sévère, prescrits par le docteur Laville, triomphèrent de la maladie. Les attaques d’épilepsie disparurent complètement, mais la faiblesse générale demeura telle qu’il fut impossible de condescendre aux vifs désirs et aux instances du malade, qui sollicitait ardemment la permission de retourner au Mayssour. Il resta donc au séminaire de Paris, consacrant le reste de ses forces avec un dévouement constant et généreux aux œuvres d’intérêt commun. Il entreprit un long et pénible voyage dans plusieurs provinces des deux Amériques et spécialement au Canada, où il fut reçu comme un frère par les successeurs des anciens Missionnaires de la Société des Missions-Étrangères . De retour en France, il consacra de longs mois à coordonner et à réviser les manuscrits de Mgr Daveluy, et les notes nombreuses recueillies au Séminaire sur cette Mission, et publia son Histoire de l’Église de Corée.
Ce travail achevé, M. Dallet conçut le dessein d’écrire l’histoire de nos Missions et de publier le récit des luttes et des souffrances des nombreux et généreux ouvriers qui, depuis deux siècles, ont travaillé et répandu, dans ces contrées lointaines, leurs sueurs et leur sang pour le nom de Jésus-Christ . Ce projet ne pouvait rencontrer que des sympathies, et l’exécution en fut résolue. Pour compléter les documents déjà réunis dans les archives du Séminaire de Paris, M. Dallet demanda et obtint de parcourir les différentes Missions confiées à notre Société , afin de voir par lui-même les pays où s’exerce le zèle des Missionnaires et de recueillir, de la bouche même de ces ouvriers du saint Évangile, les renseignements les plus exacts et les plus authentiques.
M. Dallet partit au mois de février 1877. Après avoir visité le Japon et la Mandchourie, il séjourna assez longtemps à Pékin, redescendit en Cochinchine, et, malgré les instances qu’on lui faisait de se reposer un mois ou deux au sanatorium de Hong-Kong, il s’embarqua pour le Tong-King. C’est là qu’une belle et sainte mort a couronné sa vie si active et si bien remplie.