Joseph THEUREL1829 - 1868

[0636] Joseph-Simon THEUREL a été vicaire apostolique du Tonkin occidental, Vietnam, au milieu du XIXe siècle.

Il naît dans la commune de La Rochelle, paroisse de Laître (Haute-Saône), le 27 octobre 1829. Après ses études classiques au petit séminaire de Luxeuil, sa philosophie à Vesoul, et un temps passé au grand séminaire de Besançon, il entre laïque au Séminaire des MEP le 28 septembre 1849. Contemporain du Bx Th. Vénard et du P. Dallet, ils se lient d’une amitié qui ne s’éteindra pas. Il est ordonné prêtre le 5 juin 1852. Le 19 septembre 1852, il part pour le Tonkin occidental.

Tonkin occidental (1852-1868)

Le 13 octobre 1853, il arrive à Ke-Vinh auprès de son évêque, Mgr Retord. En quelques mois, il maîtrise suffisamment la langue et les coutumes locales pour administrer une communauté chrétienne. L’année suivante, il établit une imprimerie en caractères latins, par laquelle il édite les mandements et les lettres pastorales de l’évêque, ainsi que divers livres classiques destinés aux élèves des collèges.

Nommé en 1856 supérieur du collège de Hoang-Nguyen, il y enseigne la rhétorique. En 1857, il devient provicaire. L’année suivante, en juin, la violente persécution qui ravage le Tonkin catholique l’oblige à s’enfuir et vivre caché. Lui arrivent alors des lettres de Paris qui le rappellent pour être directeur du Séminaire des MEP. Son évêque et ses collègues missionnaires, qui voient en lui le futur chef de la mission, sont d’avis qu’il reste au Tonkin, et c’est ce qu’il fait.

Mgr Jeantet, successeur de Mgr Retord, le choisit pour coadjuteur. Il est sacré évêque d’Acanthe à Ke-Tru, le 6 mars 1859. « Nous n’avons pas déployé un grand luxe, écrivait-il. Pour crosse j’ai eu un bâton de bambou, surmonté d’une corde de paille habillée de papier doré. Point de bas ; impossible de se procurer des gants. La cérémonie était terminée plus de deux heures avant le lever du soleil. Voilà comment on fait au Tong-King les évêques d’Acanthe ». Il devient dès lors pratiquement le supérieur de la mission, mais vit toujours sous le régime de la persécution. Il en est réduit à se cacher la plupart du temps dans les maisons de ses chrétiens les plus fidèles.
Lorsque la France impose à l’empereur Tu Duc le traité de 1862, l’évêque profite de cette accalmie pour relever les ruines. Il parcourt son vicariat tout entier avec plusieurs missionnaires, prêchant, confessant, donnant des retraites, et usant avec prudence et fermeté de la liberté accordée au catholicisme. Ce faisant, il achève la traduction d’ouvrages, ainsi que la nouvelle copie de son dictionnaire, dont l’unique manuscrit avait été brûlé par les persécuteurs.

Fatigué par le travail et la maladie, il revient en France en 1865, et repart après quelques mois de repos. Il arrive au Tonkin occidental pour succéder au vicaire apostolique Mgr Jeantet, décédé le 24 juillet 1866. Il se choisit pour coadjuteur le P. Puginier, et le sacre le 26 janvier 1868, à Hoang-nguyen. La même année, il obtient un décret royal autorisant le village chrétien de Ke-Vinh (Vinh-Tri), rasé pendant la persécution, à racheter son territoire autrefois vendu au profit du trésor, et à le rétablir.

Épuisé par un labeur incessant, il meurt le 3 novembre 1868, à Ke-So, laissant une réputation de courage, d’intelligence et d’initiative.