Charles-Émile LESSERTEUR1841 - 1916
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0860
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1864 - 1872 (Hanoi)
Biographie
Charles-Émile LESSERTEUR naquit le 7 avril 1841, à Rennes, paroisse Toussaint, diocèse de Rennes, département de l'Ille-et-Vilaine, mais il fut incardiné au diocèse de Valence. Son père était gendarme. Transféré à Valence, dans la Drôme, il emmena avec lui son fils encore en bas âge. Charles-Emile commença ses études classiques à la maitrise de cette ville, et les continua au petit séminaire diocésain. Puis, il rentra au grand séminaire de Romans, dirigé par les jésuites; il y reçut les ordres mineurs le 25 mai 1861
Le 4 Septembre 1861, il vint frapper à la porte du séminaire des Missions Etrangères. C'était le temps des édits de persécution de l'empereur Tu-Duc; on lisait au séminaire les lettres des martyrs, et l'on n'excluait pas d'avoir à témoigner ainsi de sa foi. Sous-diacre le 14 juin 1862, diacre le 30 mai 1863, M.Lesserteur fut ordonné prêtre le 26 mai 1864, et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï) qu'il partit rejoindre le 15 juillet 1864. Des dix partants de ce jour-là, quatre furent mis à mort pour la foi, en Corée en 1866.
Arrivé au Tonkin vers la fin de 1864, M.Lesserteur fut accueilli par Mgr. Jeantet et son coadjuteur Mgr.Theurel; il fit de rapides progrès dans l'étude de la langue viêtnamienne. En 1865, il fut donné comme compagnon d'apostolat à M. Puginier, provicaire et chef des districts de Hung-Hoa et Son-Tây. Là avaient versé leur sang peu d'années auparavant, Charles Cornay, Augustin Schoeffler, Pierre Néron, et de nombreux chrétiens viêtnamiens..
En 1866, M.Lesserteur jugé capable de diriger seul un district, fut envoyé dans la province de Ninh-Binh, à Phuc-Nhac, chrétienté d' environ 1400 fidèles. Il y construisit une belle église, et augmenta le nombre des chrétiens. Sur les indications de M.Lesserteur, Mgr.Theurel, lors de sa visite pastorale en 1867, forma le projet de faire ériger en vicariat distinct les deux provinces de Ninh-Binh et de Than-Hoa. Phu-Nhac serait le lieu de résidence du nouveau Vicaire Apostolique, et un séminaire allait y être construit.
En Juillet 1867, Mgr. Theurel confia à M. Lesserteur la restauration du séminaire de Hoàng-Nguyên, le plus ancien des établissements du Tonkin. Détruit lors des persécutions de 1858, il fut réouvert, vers la fin de 1862. Après la mort de M.Saiget, le 17 Août 1868, M. Lesserteur en fut nommé supérieur; homme d'autorité, d'initiative et d'entrain, il introduisit de sensibles améliorations, et éleva le niveau des études. Il s'occupa du village de Hoang-Nguyên et en fit une paroisse modèle. Il fonda deux nouvelles chrétientés. En 1870, à la demande de Mgr. Puginier, il revisa à Ke-So, en vue de l'imprimer, le dictionnaire de Mgr. Theurel.
Rappelé en France pour représenter les Missions du Tonkin, il visita le Tonkin méridional et les missions de Cochinchine. Il arriva à Paris vers la fin Août 1872, et fut reçu directeur au séminaire le 2 septembre suivant. Il exerça les fonctions de procureur des commissions, enseigna le dogme, l'Ecriture Sainte et la Liturgie. Outre quelques brochures sur des thèses de théologie, il publia en 1885, dans La Revue Française une étude sur "Le rituel domestique des Funérailles en Annam". Il donna des articles dans "l'Univers". Dans les "Missions Catholiques" il écrivit plusieurs études sur les remèdes usités au Tonkin contre la rage et la lèpre. En 1888, dans la "Revue Française" il fit paraitre une série d'articles sur "Paul Bert et les Missionnaires" Il défendit M. Maillard, missionnaire en Cochinchine Orientale, contre les calomnies d'un écrivain peu honnête. Il publia , en le retouchant,un travail de Mgr. Néez sur "Les premiers prêtres indigènes de l'Eglise du Tong-King" et à l'occasion de sa béatification, une vie du "Bienheureux Théophane Vénard".
Après la brève ouverture d'un sanatorium à Aix en Provence, M.Triquet, son premier supérieur, mourut subitement le 6 février 1885; le 22 février suivant M.Lesserteur fut élu nouveau supérieur pour "le sanatorium situé dans le midi de la France." Le 31 mars 1885, quittant Aix, il partit pour Hyères où se trouvait, sur le cours Burlière, le nouvel établissement, qui au 15 mai 1885, comptait six pensionnaires. Le 25 mai 1885, M. Delpech proposa le domaine de Montbeton, au Conseil qui accepta. Le 26 juin suivant, MM.Delpech et Lesserteur se retrouvèrent en gare de Montauban, visitèrent les lieux, et eurent deux longs entretiens avec Mme de Mesnard. Un accord fut signé. Le 29 Juin 1885 le Conseil à l'unanimité vota la fondation de Montbeton, le lendemain M.Lesserteur en fut nommé premier supérieur. Il eût la charge de tout installer et de tout organiser. La messe de l'inauguration solennelle fut célébrée par Mgr. Desflèches, le 1 juin 1886. En 1888, M.Lesserteur reçut M.Rêmes comme assistant, et en 1893, il lui céda sa place de supérieur. Durant son supériorat, M.Lesserteur s'efforça de rendre service à la paroisse de Montbeton et au diocèse de Montauban. En 1893, Mgr. Fiard,evêque de Montauban l'honora du camail de chanoine honoraire de sa cathédrale.
Il reprit, en 1893, ses fonctions de directeur au séminaire de Paris, et fut chargé de l'enseignement du grand cours de théologie, des affaires militaires, de la bibliothèque et des archives. M. Rousseille, supérieur du séminaire de Bièvres étant décédé le 22 janvier 1900, M.Lesserteur lui succéda pour un court interim; il fut installé le 15 mars 1900, dans sa nouvelle fonction. Remplacé par M.Bouchut lors des élections triennales de juin 1901, il retrouva son enseignement du grand cours, à Paris, jusqu'en 1914.Il demanda alors à se retirer à Montbeton.
il revint au séminaire de Paris pour quelques jours, en vue de fêter son jubilé sacerdotal, le 21 mai 1914, jour de l'Ascension. Puis il rentra à Montbeton, fidèle à suivre les exercices de la communauté. Le 16 Avril 1916, dimanche des Rameaux, il s'affaissa en descendant le marchepied de l'autel. Cette chute fut suivie de complications, il perdit l'usage de la parole. M.Seguin lui donna le sacrement des malades. Il s'éteignit à midi et demie le 18 avril 1916. Sa dépouille mortelle repose dans le cimetière du sanatorium St. Raphaël, à Montbeton.
Nécrologie
N É C R O L O G E
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M. LESSERTEUR
DIRECTEUR DU SÉMINAIRE DES MISSIONS-ÉTRANGÈRES
M. LESSERTEUR Charles-Emile, né dans la paroisse Toussaint, à Rennes (Ille-et¬-Vilaine), le 7 avril 1841. Incorporé au diocèse de Valence. Entré minoré au séminaire des Missions-Étrangères le 4 septembre 1861. Prêtre le 21 mai 1864. Parti pour le Tonkin occidental le 15 juillet 1864. Directeur du séminaire des Missions-Étrangères le 2 septembre 1872. Mort au sanatorium Saint--Raphaël, à Montbeton (Tarn-et-Garonne), le 18 avril 1916
Le cher et vénéré P. Lesserteur, d’abord missionnaire au Tonkin occi¬dental, puis directeur au séminaire des Missions-Étrangères, chanoine honoraire des diocèses de Valence et de Montauban, est pieusement dé¬cédé au sanatorium de Montbeton, le mardi saint 18 avril 1916, dans sa soixante-seizième année.
PREMIÈRE ÉDUCATION
Charles-Emile Lesserteur naquit le 7 avril 1841, en Bretagne, dans la ville de Rennes, où son père, gendarme, était alors en résidence. Il garda toujours, de celui à qui il devait la vie, un fond de caractère et un port extérieur qui démontraient manifestement la profession pater¬nelle, nous voulons dire cet air décidé, cette voix dominatrice, cette allure militaire, que l’éducation postérieure modéra plus ou moins et que le poids des années finit par atténuer, sans les détruire complè¬tement. Dès son bas âge, son père l’emmena à Valence, dans la Drôme, où il était transféré. L’enfant y commença ses études classiques à maîtrise d’abord, puis au petit séminaire. Enfin il entra au grand sémi¬naire de Romans, dirigé par les Jésuites.
Un de ses anciens condisciples de Valence se rappelle, parmi d’autres souvenirs du grand séminaire, le chœur de chant de l’année 1858, qui comptait un ensemble de voix vraiment remarquable. L’abbé Lesserteur atteignait les notes les plus graves de la gamme humaine. Le timbre était clair, puissant, sonore ; c’était une voix de basse-taille, en harmonie parfaite avec sa physionomie martiale. Dans l’exécution, toutefois, l’élan énergique donné à cette voix par sa nature exubérante, obtenait des effets inattendus ; il dépassait le but, ne se retenait pas avec assez de souplesse et provoquait les sourires... même les siens. Mais, à la répé¬tition suivante, il recommençait.
Dès cette époque, il avait une personnalité très marquée. Au physique, il avait les traits accentués, la taille avantageuse, le corps droit, la démarche dégagée, les yeux vifs, bien que voilés assez souvent par une modestie qui se révélait sans affectation. Tout, chez cet excellent sémi¬nariste, donnait l’impression d’un tempérament fait pour l’action, pour la lutte et même pour le commandement. En l’apercevant, a-t-on écrit non sans vérité, « on avait l’idée d’un officier supérieur, habitué à donner des ordres et à faire observer la discipline ». C’était le reflet de sa nature énergique à laquelle une vie ordinaire et commune, même dans l’état ecclésiastique, n’aurait pu suffire. Néanmoins, on le savait très bon. Quand un sourire se dessinait sur ses lèvres, on se serait demandé comment des traits plutôt sévères pouvaient se prêter à une expression si douce et si affectueuse.
L’apostolat chez les infidèles devait l’attirer ; il y trouverait ce que son âme généreuse désirait : un plus vaste champ de travail, des milliers d’infidèles à convertir, plus de zèle à dépenser, et, à la fin, peut-être, la belle palme du martyre... Cette vocation l’attira, en effet, comme l’idéal de sa vie. Il poursuivit cet idéal avec l’entrain et l’enthou¬siasme d’un bon soldat du Christ.
Il confia ses projets à son directeur spirituel, le R. P. Maillet, dont la prudence et l’esprit surnaturel étaient connus de tous à Romans ; auprès de lui, il apprit la science de la vie sacerdotale et apostolique et travailla à développer les habitudes surnaturelles. Ses dispositions de mettre tout en œuvre dans l’unique but de sa sanctification laissaient la grâce divine bien à l’aise pour agir dans sa nature si droite. Vivant dans la maison de Dieu, combien de fois ne répéta-t-il pas ces paroles avec l’adorable Victime : « Voici que je viens, ô mon Dieu, pour faire votre volonté ! »
ENTRÉE AU SÉMINAIRE DES MISSIONS-ÉTRANGÈRES
Les lettres échangées plus tard avec son directeur, le R. P. Maillet, comme avec le supérieur du grand séminaire, le R. P. Viérin, nous apprennent combien sa vocation fut mise à l’épreuve ; le cadre de notre travail ne nous permet pas de nous étendre sur ce sujet et de citer tout au long cette correspondance très intéressante. Constatons simplement que l’âme de M. Lesserteur trouvait dans cette direction l’impulsion même du grand maître, saint Ignace, dont l’enseignement se résume dans la maxime : Ad majorem Dei gloriam !..., que nos aspirants tradui¬sent ainsi : Dieu et les âmes !
Il était minoré en 1861, quand il quitta Valence pour aller frapper à la porte du séminaire des Missions-Etrangères.
1861 !… époque mémorable pour les missions !... Le 2 février de cette même année avait eu lieu le martyre du pieux Théophane Vénard, décapité pour la foi ; et les dernières lettres si ardentes, si poétiques de ce jeune missionnaire, mis à mort à l’âge de trente-deux ans, en passant dans les mains des séminaristes, les enflammaient tous de zèle et paraissaient les inviter à marcher sur ses traces et à recueillir, s’il plaisait à Dieu, la même palme, la même couronne.
Qui n’aperçoit alors, dans le groupe de nos séminaristes de la rue du Bac, le jeune abbé Lesserteur, le cœur gonflé d’une sainte émulation, chantant à pleine voix le Te Deum ou le cantique des martyrs, que le P. Dallet composait à cette époque en l’honneur de son ami le Bien¬heureux Th. Vénard ?
Notre minoré s’offrait alors tout entier à Marie, qu’il aimait d’une tendresse filiale, pour la suivre sur la voie du Calvaire, même jusqu’à l’effusion du sang.
Il faut croire que ce désir était profond parmi ces jeunes lévites, car, sur dix missionnaires qui partirent avec le P. Lesserteur, le 15 juillet 1864, quatre obtinrent la palme glorieuse en 1866, les PP. Huin, de Langres ; Beaulieu, de Bordeaux ; Dorie, de Luçon, et Just de Bre¬tennières, de Dijon : tous les quatre décapités en Corée. Un cinquième condisciple, le P. Jules Dubernard, du diocèse de Tulle, ami intime du P. Lesserteur, a eu le même honneur plus tard, après quarante années d’apostolat au Thibet.
Outre ces gloires de premier ordre parmi les condisciples du P. Les¬serteur, il convient de nommer Mgr Félix Biet, NN. SS. Pontvianne, Colombert et Van Camelbecke, auxquels il faut joindre Mgr Bourdon et Mgr Chatagnon, vivants encore tous deux, l’un à Singapore, et le second à Souifou, dans son vicariat apostolique du Setchoan méridional.
AU TONKIN OCCIDENTAL
Quand le P. Lesserteur arriva au Tonkin occidental, vers la fin de 1864, il y fut paternellement reçu par le vieil évêque, Mgr Jeantet, âgé alors de 72 ans, ainsi que par le jeune et très aimable coadjuteur, Mgr Theurel, à peine âgé de 35 ans. Ils venaient, l’un et l’autre, de traverser les jours d’une épouvantable persécution, qui avait voulu arracher le nom chrétien de la terre d’Annam, et ils s’efforçaient de relever tant de ruines matérielles et morales, en goûtant enfin les douceurs de la paix.
Dès le début, appliqué à l’étude de la langue, le P. Lesserteur y fit des progrès rapides. Il fut donné, peu de temps après, comme compa¬gnon d’apostolat au P. Puginier, provicaire et chef de district. Ensemble ils allèrent administrer les provinces du nord, Sontay et Hunghoa. Sontay !... c’était le quartier évangélisé par les missionnaires qui scellè¬rent de leur sang leur foi et leur zèle !... Cornay, Schœffler, et, plus récemment, le Bienheureux Néron, mis à mort dans cette ville, le 3 novembre 1860.
On n’a pas de peine à se figurer ce que l’âme dévouée du P. Les¬serteur devait éprouver à de tels souvenirs encore vivants !... Il avait devant les yeux les contemporains et les témoins de ces héros de l’Eglise, et il écoutait d’une oreille attentive le récit de leurs efforts, de leurs épreuves et surtout de leur dernier combat...
D’autre part, la direction du P. Puginier lui était précieuse. Celui-ci, malgré sa jeunesse relative et le peu de temps qu’il avait passé au Tonkin, puisque les troubles de la persécution ne lui permirent d’y entrer qu’en 1862, avait de rares talents qui lui donnèrent bien vite l’expérience des hommes et des œuvres.
Le P. Lesserteur, rempli de bonne volonté, jouissant d’une santé vigoureuse et voulant se former au plus vite, ne pouvait désirer une école meilleure que celle du P. Puginier pour devenir bientôt un excellent missionnaire.
Après cette administration de 1865 dans les provinces du nord, notre cher Père fut jugé capable de diriger seul un district. Or, dans le Ninhbinh, il y avait une chrétienté paraissant appelée à un grand développement et promettant de devenir un centre de première impor-tance, Phucnhac, qui comptait déjà de 1.300 à 1.400 fidèles. Sous une main habile, ce chiffre devait augmenter considérablement. Mais il fallait d’abord y construire une église.
Il y avait environ un an et demi que le P. Lesserteur était arrivé au Tonkin, quand il prit la direction de Phucnhac. Il n’hésita pas à mener de front le double travail d’édification de l’église spirituelle, celle des âmes, la plus importante, et de l’autre, l’église matérielle, que l’on vit bientôt surgir du sol dans de belles proportions.
La chrétienté de Phucnhac se développa sous l’impulsion intelligente et active de son jeune curé et, quand à son retour d’Europe, en 1867, Mgr Theurel vint, avec le P. Puginier, visiter ce poste, qui n’avait pas vu d’évêque depuis près de trente ans, il admira, avec son provicaire, les résultats obtenus et loua, dans une lettre, la belle église qu’il avait sous les yeux et qui, à cette époque, dépassait toutes les autres par son style et ses proportions. Aussi, sa résolution fut prise. Le prélat songeait alors à faire ériger en vicariat distinct ces deux provinces méridionales de Ninhbinh et de Thanhhoa ; il décida que Phucnhac et sa vaste église seraient la résidence et la cathédrale du futur vicaire apostolique, et qu’il fallait, sans retard, jeter au même lieu les fondements du sémi¬naire de la nouvelle mission. Le choix de Phucnhac pour ces instal¬lations diverses est dû aux indications du P. Lesserteur. Depuis, on s’est toujours applaudi de ce choix ; mais la division n’eut lieu que beaucoup plus tard.
Le séminaire fut construit ; le P. Lesserteur, toutefois, ne vit pas les bâtiments s’élever et l’établissement s’ouvrir. Mgr Theurel lui avait confié la restauration du séminaire de Hoangnguyen, où il fut envoyé au milieu de l’année 1867.
Saint-Pierre de Hoangnguyen est le plus ancien des établissements du Tonkin. Détruit en 1858, pendant la persécution, on songea à le relever dès que la tranquillité commença à poindre, vers la fin de 1862. On se borna alors à ce qui était strictement indispensable. Tout était pauvre dans l’établissement : les maisons en planches ou en bambous, la toiture en paille ; l’ensemble à peine suffisant pour une centaine d’élèves.
C’est après la mort du P. Saiget, le dernier supérieur, vétéran de la persécution. que le P. Lesserteur, qui le remplaça, y introduisit de sen¬sibles améliorations et donna une grande impulsion à cet établissement, en 1868.
« Sur ce nouveau théâtre, dit Mgr Gendreau, ses brillantes qualités et son activité se « donnèrent libre essor et lui acquirent un très grand prestige aux yeux des Annamites. Dans « l’intérieur du collège, professeurs et élèves, stimulés par son entrain, travaillaient avec « ardeur, et le niveau des études monta rapidement.
« Au dehors, non seulement son zèle réussit à faire du village de Hoangnguyen une « paroisse modèle, mais encore à introduire la religion dans deux villages entièrement païens, « succès bien rare à cette époque troublée.
« En 1870, Mgr Puginier fit appel à son dévouement pour reviser le dictionnaire de Mgr « Theurel, que l’on songeait à imprimer. »
DIRECTEUR DES MISSIONS-ÉTRANGÈRES
Les qualités que le P. Lesserteur avait montrées dans tous ces travaux le désignèrent au choix de ses supérieurs pour d’autres fonctions. Il travaillait encore au dictionnaire, à Keso, quand il fut nommé député des missions du Tonkin et rappelé par le Conseil comme directeur au séminaire des Missions-Etrangères. ll obéit volontiers à cet appel ; mais, en quittant sa mission, il prit la voie de terre, afin de visiter le Tonkin méridional, dont il allait devenir le procureur, et les missions de la Cochinchine.
Il arriva à Paris à la fin du mois d’août 1872 et fut reçu directeur le 2 septembre suivant. Sa première lecture spirituelle à la Communauté eut pour sujet : « Le devoir ».
Il s’appliqua, dès lors, à ses nouvelles obligations, en étudiant les prescriptions spéciales du règlement concernant les directeurs :
« Leurs fonctions imposent aux directeurs un amour ardent pour la Société ; un dévouement entier pour les Missions ; une obéissance exacte au règlement particulier du séminaire ; une disposition continuelle de rester au séminaire ou de retourner dans les missions, selon qu’il plaira à Dieu ; une prudence et une discrétion absolues dans leurs conversa¬tions et leurs correspondances ; une étroite union entre eux et avec les supérieurs des missions ; une grande économie et une scrupuleuse impartialité dans l’administration et la répartition des biens et revenus de la Société et des aumônes qui lui sont faites. »
Ce f ut le grand désir du P. Lesserteur de réaliser ce programme, bien que, dans la pratique, il gardât parfois ce que nous pourrions appeler les défauts de ses qualités...
Il exerça successivement les fonctions de procureur des commissions, de professeur d’Ecriture Sainte et de Liturgie ; mais il tint plus long¬temps la chaire de dogme.
SON ENSEIGNEMENT
Nous ne pouvons pas omettre son enseignement et ne pas essayer de le peindre dans sa chaire, ne fût-ce que pour la joie de parler de lui avec les missionnaires qui ont passé successivement dans sa classe.
Non !... il ne fallait pas dormir à son cours !... Sa vigilance, son interpellation au somnolent avaient vite fait de ramener celui-ci à la leçon. Sa voix animée, pressante, dépassait de beaucoup l’espace qu’elle désirait atteindre. C’était bien autre chose lorsque la leçon, à propos de quelque thèse délicate, mettait aux prises les anciens théologiens ou les maîtres modernes, scotistes ou thomistes, banésiens ou molinistes, partisans ou adversaires de la prémotion physique, etc. Son opinion person¬nelle s’affirmait, on le devine, par une argumentation pleine de vie, s’efforçant ainsi de faire pénétrer dans les esprits les moins ouverts ou les moins souples ce qu’il jugeait être la vérité. Ses auditeurs n’adop¬taient pas toujours les opinions qu’il soutenait avec tant de feu ; plu¬sieurs préféraient appliquer la règle du vieux classique Horace :
Est modus in rebus, sunt certi denique fines
Quos ultra citraque nequit consistere verum.
Cela, du reste, n’altérait en rien la respectueuse affection des élèves à l’égard de leur professeur, ni l’aimable et paternelle sollicitude du professeur à leur égard. D’ailleurs, il savait profiter des récréations et des promenades avec les aspirants pour manifester les délicatesses de son cœur aimant et dévoué, sur lequel la rancune n’avait pas de prise. Son activité l’invitait aux longues marches une fois par semaine ; aux récréations quotidiennes, il prenait part au jeu de pelote basque ; il s’y livrait avec un véritable goût du sport, estimant que, dans certains cas, l’entraînement des forces physiques doit aller d’accord avec la force morale.
SES PUBLICATIONS
L’activité de son esprit accompagnait son activité physique ; à son travail de professeur préparant et mûrissant ses leçons, il ajoutait la composition d’articles de Revues. Il prit part aussi à certaines polé¬miques dans les journaux, dans l’unique but de rendre service à l’Eglise et à la Société des Missions-Etrangères.
Outre quelques brochures sur des thèses de théologie plus ou moins discutées, il publia des travaux se rapportant aux missions et à leurs intérêts.
En 1885, parut, dans la Revue française : Le Rituel domestique des funérailles en Annam. Les Missions Catholiques signalèrent ce travail, en juillet 1888, comme un ouvrage des plus sérieux sur les mœurs et la religion des pays d’Annam. M. Lesserteur y relève une foule de détails d’un intérêt d’autant plus piquant que le culte des ancêtres, dont ils font partie, est probablement le culte païen le plus ancien du monde et celui qui a conservé le plus de vestiges des traditions primitives. Il faut ajouter que, par ses exagérations poussées jusqu’à l’anthropolâtrie, ce culte est tombé sous les foudres pontificales dans la bulle de Benoît XIV, Ex quo singulari, du 11 juillet 1742, condamnant les rites chinois.
Il écrivit plusieurs articles, dans les Missions Catholiques, sur les remèdes usités au Tonkin contre la rage et la lèpre. C’était un relevé de notes sur le Hoang-Nan, transmises par Mgr Retord, Mgr Masson, Mgr Gauthier et par MM. Legrand de la Liraye et Fiot, missionnaires. La lèpre, fort répandue au Tonkin, avait permis des observations nom¬breuses et les résultats obtenus, tant contre cette maladie que contre la rage, intéressèrent le monde médical.
En 1888, lorsque les passions politiques soulevées par la question du Tonkin commençaient à se refroidir pour laisser place à d’autres préoccupations, Joseph Chailley publia une apologie des travaux accomplis par Paul Bert, gouverneur général de l’Indo-Chine. C’était plutôt une œuvre de polémique que d’histoire, émaillée d’insinuations malveillantes et d’attaques contre l’influence des missionnaires. Le P. Lesserteur se fit l’avocat de leur cause et répondit victorieusement, dans la Revue Française, par une série d’articles sur : Paul Bert et les Missionnaires. Il y mettait en relief les répliques si vivantes et si bien informées de Mgr Puginier.
Dans le même ordre d’idées, il se fit, dans la presse, le défenseur du P. Maillard, de la mission de la Cochinchine orientale, contre les indigènes calomnies d’un écrivain malhonnête.
Il faut ajouter encore sa publication d’un ancien et intéressant travail d’un des principaux évêques du Tonkin au XVIIIe siècle, Mgr Néez, sur : Les Premiers prêtres indigènes de l’église du Tong-King. C’est l’histoire des travaux apostoliques de nos premiers missionnaires dans cette mission, du P. Deydier, en particulier, devenu ensuite évêque d’Ascalon et premier vicaire apostolique du Tonkin oriental, qu’évangé¬lisent aujourd’hui les RR. PP. Dominicains espagnols. L’auteur y raconte les efforts zélés, accomplis en conformité avec les désirs de Rome, pour promouvoir les vocations sacerdotales et créer un clergé indigène capable et donne la notice biographique de sept prêtres ton¬kinois. Le P. Lesserteur fit à cet ouvrage quelques retouches de style, corrigeant des expressions trop surannées.
On sait que M. l’abbé Eusèbe Vénard, frère de notre Bienheureux martyr, avait publié une vie délicieuse de son illustre frère qui ne contribua pas peu à attirer à ce jeune martyr une sympathie et une admiration universelles. Dans sa seconde édition, M. Vénard, sur les conseils que lui donnèrent des personnes autorisées, supprima de nombreux fragments de lettres de son frère, afin de rendre le volume moins fort et plus accessible à tous.
Le P. Lesserteur, à l’occasion de la béatification solennelle de Théo¬phane Vénard, reprit, dans une édition qu’il fit sienne, le plan primitif et, sous le titre : Le Bienheureux Théophane Vénard, redonna l’ancienne vie, avec des détails complémentaires sur le Tonkin, sur Mgr Retord, etc., tirés d’ouvrages récents sur le même sujet. Il y ajouta, selon la méthode contemporaine, des photogravures ou autres illustrations bien choisies. Il faisait graver, en même temps, une très belle image du Bienheureux dans son apothéose.
FONDATION DU SANATORIUM SAINT-RAPHAËL
Le sanatorium, depuis sa fondation, a tenu une grande place dans la vie du P. Lesserteur. Rappeler brièvement ses origines et son dévelop¬pement, c’est tout à la fois exposer un sujet propre à intéresser les nombreux confrères qui ont passé par Hyères et par Montbeton, et mettre en relief l’action particulière du cher Père dans l’installation d’une œuvre à laquelle il a travaillé de plein cœur, et d’une maison où il devait venir rendre son dernier soupir.
Nous ne voudrions pas, cependant, affirmer que le P. Lesserteur ait été la cheville ouvrière de cette fondation, car, de même que tous les autres établissements communs, elle dépendait du Conseil du séminaire des Missions-Etrangères, comme des avis et approbations des supérieurs majeurs.
AIX-EN-PROVENCE
La création d’un sanatorium en France devenait nécessaire pour nos confrères qui revenaient chercher la guérison dans le pays natal ; on cherchait un local convenable sous un bon climat. Mgr Forcade, arche¬vêque d’Aix-en-Provence, mis au courant de nos projets, exprima le désir d’installer dans son diocèse une œuvre qu’il considérait comme une bénédiction pour ses propres travaux et qui lui permettait de donner à la société, dont il avait été membre, un témoignage d’estime et d’affection, car Mgr Forcade considérait comme un honneur d’avoir été, au XIXe siècle, le premier missionnaire et le premier vicaire aposto¬lique du Japon (1842-1852).
On loua, à quelque distance de la ville archiépiscopale, une propriété dite La Générale, dans le quartier des Pinchenats. La maison se trouvait en contre-bas de la route des Alpes, au-dessous de la maison de cam¬pagne du grand séminaire diocésain, et dans le vallon si fréquenté des promeneurs le dimanche et les jours de fête à cause de sa fraîcheur et de ses ombrages. Malheureusement, à côté des avantages du calme et du repos dont on y jouissait, il y avait l’inconvénient grave de l’humidité provoquée par le petit ruisseau le Vallat, qui coulait au fond du vallon. Pour que la demeure fût parfaitement saine, il aurait fallu qu’elle occupât le sommet du coteau et fût pleinement exposée au soleil de Provence, et entourée de ses bosquets de pins et de ses parterres de fleurs. De fait, la salubrité absolument nécessaire à un sanatorium y faisait défaut.
Le P. Triquet, missionnaire apostolique du Coïmbatour, d’une santé délicate, avait été rappelé en France, sur la fin de 1884, pour prendre la direction de l’établissement. Il y était à peine depuis quelques semaines qu’il tomba gravement malade. Il mourut dans la nuit du 5 au 6 février 1885.
Le temps trop court passé à Aix par le P. Triquet lui assure cepen¬dant le titre de premier supérieur du sanatorium.
Le second devait être le P. Lesserteur.
HYÈRES
Avec l’aide du Journal du P. Delpech, nous pouvons esquisser la suite des faits relatifs au second essai d’établissement à Hyères, dans le Var, et au transfert définitif de l’œuvre à Montbeton, diocèse de Mon¬tauban.
Dans le courant de février 1885, à la suite de longues négociations, rendues plus difficiles par la situation politico-religieuse en France, le Conseil du séminaire était parvenu à louer un immeuble à Hyères, sur le cours Burlière. Le P. Lesserteur y arriva à la fin de mars et trouva, en arrivant, les confrères tout disposés à lui rendre sa charge facile. Ce furent des commencements heureux.
Cependant, diverses causes entravaient la formation de la société anonyme légale qui devait endosser cette propriété et construire les bâtiments nécessaires. Ce fut au milieu de ces embarras que Mme la comtesse de Mesnard offrit au P. Delpech de donner gratuitement, pour nos malades, une propriété de cinq hectares, avec maison bâtie, prairies, jardin et parc, sise à six kilomètres de Montauban, dans la commune de Montbeton, avec toutes facilités pour la conclusion du contrat.
MONTBETON
La propriélé proposée s’appelait du nom agréable de Beauséjour. Mme de Mesnard envoya au P. Delpech le comte Gabriel de Belcastel, le célèbre député catholique de la Haute-Garonne, qui lui fit ressortir tous les avantages matériels de cette situation.
Le P. Delpech donna rendez-vous au P. Lesserteur pour aller visiter Montbeton, et la décision du transfert fut le résultat de ce voyage, qui se fit du 25 au 27 juin 1885.
Une année s’écoula encore à Hyères pendant que s’accomplissaient à Montbeton les travaux considérables d’agrandissement et d’aména¬gement des divers services ; le P. Lesserteur accomplit plusieurs fois le voyage, afin de suivre attentivement la transformation et exposer ses idées. Il devait y avoir deux chapelles et deux sacristies, l’une avec un autel, l’autre avec quatre autels. Une infirmerie, avec sortie sur le parc ; vingt-cinq chambres ; une habitation pour le portier, bains, douches, pharmacie, lingerie ; l’eau aux deux étages ; un puits et une pompe pour l’usage de la cuisine ; une citerne pour les cas imprévus.
L’habitation des religieuses de la Présentation de Tours, chargées de l’entretien des chapelles, de la cuisine, de l’infirmerie et de la lin¬gerie, devait être établie dans une maison complètement séparée. Les moindres détails furent mûrement étudiés et il fut bien clair que Montbeton offrait beaucoup plus d’avantages que Hyères.
L’inauguration eut lieu le 1er juin 1886. Le P. Beauté, procureur de notre Société à Marseille, en rendait compte dans une lettre adressée à Mme de Saint-Jean, présidente de l’Œuvre des partants :
« Je suis resté une huitaine de jours à Montbeton, et cette huitaine m’a paru bien courte. « Ces dames de Mesnard sont si charmantes pour nous qu’on les quitte avec peine. Elles « agissent à notre égard comme si nous étions leurs bienfaiteurs en daignant accepter leur « magnifique don. Elles auraient voulu me retenir encore et, de mon côté, j’aurais bien désiré « correspondre à leur amabilité ; mais l’impé¬rieux devoir m’appelait ailleurs. Je partis donc, « emportant le plus doux souvenir de la grandeur d’âme avec laquelle ces dignes femmes ont « établi notre œuvre. Avec quel esprit de foi elles offrent l’hospi¬talité aux chers invalides et « blessés de l’armée apostolique !... Permet¬tez-moi de vous résumer ce qu’elles ont fait.
« Mme la comtesse voulut donner un certain éclat à l’arrivée de Mgr Desflèches et des « autres confrères. Tout l’orphelinat était sur pied, formant la haie sur la route. Aussitôt qu’on « aperçut la voiture, les cloches de l’église et de l’orphelinat furent mises en branle. La « voiture s’avança doucement alors pour donner à Monseigneur le temps de bénir ; elle entra « dans la cour du château, suivie de tous les assistants. M. l’aumônier de l’orphelinat présenta « l’eau bénite, et le bon archevêque en aspergea la foule avec une certaine émo¬tion. Il fut « introduit dans la chapelle du château, où il versa aux pieds de Notre-Seigneur les prémices « de ses saintes prières. Alors eut lieu la première entrevue, bien touchante, entre « Monseigneur et ces dames. Je vois encore ce spectacle de la bonne comtesse de 80 ans, « fatiguée, se précipitant aux pieds du vieil archevêque, missionnaire infirme, spectacle de foi « et d’amour de Dieu ! Je ne dois pas oublier de vous dire que M. de Belcastel se trouvait là et « rehaussait de sa présence cette première introduction.
« Le 1er juin, anniversaire du baptême de Mlle Mesnard, fut la date fixée pour la prise de « possession religieuse du sanatorium. M. PIista, gérant du château, avait activement pressé « les travaux et, ce jour-là, les changements de l’ancienne construction étaient à peu près « terminés.
« La première messe dans ce nouveau sanatorium fut dite, natu¬ellement, par Mgr « Desflèches. Mme de Mesnard, qui n’avait pas assisté à la sainte messe depuis près de trois « mois à cause de sa faiblesse, fut comme ressuscitée par l’arrivée de ses chers hôtes. Aussi « eûmes-nous la joie de la voir prendre part à cette petite fête de famille.
« Pendant la messe, des chants en latin furent exécutés par les orphelines. Mme et Mlle de « Mesnard, M. de Belcastel, toutes les reli¬gieuses de l’orphelinat et du sanatorium reçurent la « sainte commu¬nion des mains de Monseigneur. Une petite procession fut organisée pour la « bénédiction solennelle de la maison. Mme de Mesnard la suivit et elle-même nous fit ensuite « cette jolie réflexion : « Lorsqu’il s’agit de monter à l’étage, à la suite de la procession, « j’hésitai un instant ; mais, finalement, je n’eus pas le courage de reculer. »
« A la fin de la cérémonie, Monseigneur sortit par la porte principale devant laquelle on « avait rangé les soixante ouvriers qui travaillaient encore à la construction de la partie neuve « du sanatorium. Tout ce monde tomba à genoux ; Sa Grandeur les bénit en leur adressant « quelques bonnes paroles d’encouragement. Pour que tous fussent à la joie ce jour-là, M. « Plista accorda, de la part de Mme la comtesse, à ces braves ouvriers, un congé pour cette « journée.
« Au petit déjeuner qui suivit la cérémonie, M. de Belcastel prit la parole pour féliciter ces « dames et souhaiter la bienvenue aux missionnaires. Le P. Lesserteur lui répondit par des « actions de grâces, au nom de Monseigneur, du Séminaire et de la Société des Missions¬- « Étrangères. »
Un procès-verbal de cette prise de possession fut rédigé ; il porte la signature du vénérable archevêque, de Mme et de Mlle de Mesnard, de M. Lesserteur, supérieur, de M. Bareille, économe, de MM. Beauté, Bernard et Mignal. A la suite viennent les signatures de M. de Belcastel, de M. Plista, de M. Cartier, de M. Cavaillé curé de Montbeton, du supérieur des Frères, de la Mère Marie-Dominique, supérieure de l’or¬phelinat, et des Sœurs Saint-Charles et Saint-Marc.
Quinze mois environ après cette inauguration, le 10 septembre 1887, Mme la comtesse de Mesnard mourait à Genève ; son corps, rapporté à Montbeton, repose dans le tombeau de famille, au milieu de la paroisse et des jeunes orphelines dont elle fut aussi la grande bienfaitrice. Sa fille, Mlle Caroline, la suivit de près au tombeau ; quatre mois après, le 29 janvier 1888, elle allait rejoindre sa mère, dont elle avait dignement continué les vertus et les bienfaits.
Plusieurs deuils très douloureux se succédèrent coup sur coup dans la maison, à cette époque, et réclamèrent les efforts persévérants et délicats du P. Lesserteur. Mgr Desflèches, le premier, rendit à Dieu sa sainte âme, après avoir été, parmi nos confrères, une prédication vivante par son assiduité devant le Saint-Sacrement et sa dévotion aux âmes du Purgatoire. Puis survenait la mort du P. Patriat, supérieur du sana¬torium de Béthanie à Hongkong, suivie de près par celle du P. Bareille et du P. Bernard, provicaire de la Birmanie méridionale.
C’est sous une impression de fatigue que le P. Lesserteur écrivait alors : « Je suis bien « ennuyé et je voudrais bien qu’un autre fût à ma place, si c’était la volonté de Dieu. »
Il vit son désir exaucé ; en 1888, il reçut le P. Rêmes comme assis¬tant, et, en 1893, il lui céda se place de supérieur.
Durant son supériorat, le P. Lesserteur s’efforça de rendre service à la paroisse et au diocèse par la prédication. Très estimé de Mgr Fiard, il donna plusieurs conférences aux élèves du grand séminaire, prit part à leurs joutes théologiques et assista souvent à l’examen des jeunes prêtres. En 1893, l’évêque reconnaissant l’honora du camail de cha¬noine honoraire de sa cathédrale en lui adressant la lettre suivante que nous nous reprocherions de ne pas reproduire :
« Mon cher et Révérend Père,
« Le Bulletin Catholique de Montauban dit que le diocèse tout entier applaudira à la « nomination du P. Lesserteur comme chanoine hono¬raire. Tous ici connaissent sa grande « science théologique et nous avons eu dernièrement l’occasion d’admirer et de louer l’éclat « de son éloquence. Ajoutons seulement qu’il est devenu comme l’un des nôtres par l’aménité « de son caractère, la franche loyauté de son âme et l’ardeur de ses généreux sentiments. »
« Ces lignes, que je me plais à citer, expliquent bien et justifient parfaitement le « témoignage de particulière estime et de sincère affection que j’ai voulu vous donner en vous « nommant chanoine de ma cathédrale. J’ai voulu aussi vous rattacher par un lien de plus au « diocèse, qui est heureux de vous posséder et de posséder la maison à la tête de laquelle vous « êtes placé. J’espère que ces saints et glorieux invalides de l’apostolat dont vous êtes « environné voudront bien voir dans votre nomination un gage d
Références
[0860] LESSERTEUR Émile (1841-1916)
Références bibliographiques
AME 1889 p. 115. 133. 1901 p. 69. 114. 1902 p. 199. 1904 p. 333. 1905 p. 57. 1906 p. 19. 1909 p. 204. 205. 216. 217. 1914 p. 199. 201. photo p. 161. 1938 p. 33. CR 1873 : mai p. 4; sept. p. 5. 1874 : janv. p. 45. juil. p. 3. 1876 : déc. p. 25. 26. 1883 p. 114. 1885 p. 136. 137. 200. 1886 p. 150. 174. 178. 214. 1887 p. 209. 288. 1888 p. 214. 1889 p. 240. 1891 p. 295. 1892 p. 255. 284. 1893 p. 264. 1894 p. 409. 1896 p. 327. 1897 p. 352. 1898 p. 264. 1900 p. 255. 1901 p. 273. 275. 1902 p. 311. 312. 1904 p. 289. 1907 p. 320. 1910 p. 295. 1913 p. 306. 1914 p. 140. 1915 p. 158. 199. 1916 p. 89. 176. 178. 185. 1919 p. 139. 195. 1924 p. 206. 1937 p. 265. BME 1930 p. 604. 1957 p. 135.
Etude sur la malice intrinsèque du mensonge [signé E.C.L.], Lille, H. Morel, 1899, 15 p., in-8°