Félix DUPAS1843 - 1907
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0976
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1868 - 1896 (Pondichéry)
- 1904 - 1907 (Pondichéry)
Biographie
[0976] DUPAS Félix, né dans la paroisse Notre-Dame à Beaupréau dans le Maine-et-Loire, est successivement élève au petit séminaire de sa ville natale, au collège de Combrée et au grand séminaire d'Angers.
Ses demandes d'autorisation pour se consacrer aux missions ayant été repoussées à plusieurs reprises par Mgr Angebault, son père se présente avec lui à l'évêché et demande à parler à l'évêque. Introduit, il s'agenouille devant le prélat : ‘‘Monseigneur, dit-il, Votre Grandeur a cent quatre-vingts enfants dans son séminaire, elle refuse à l'un d'eux, mon fils, ici présent, la permission de partir pour les missions. Moi, je n'ai que lui d'enfant et je joins ma prière à la sienne pour que Votre Grandeur lui permette d'aller où le Bon Dieu l'appelle. " Profondément ému de ces paroles si chrétiennement belles, Mgr Angebault relève M. Dupas, l'embrasse en pleurant : "Oui, oui, lui dit-il, comment vous refuser ?" Et se tournant vers le jeune homme : "Allez, mon fils, allez, souvenez-vous du vieil évêque d'Angers et priez pour lui." Dupas entre donc laïque au séminaire des MEP le 24 avril 1865. Ordonné prêtre le 21 décembre 1867, il part pour Pondichéry le 15 mars 1868.
Cinq ans enseignant et vingt-trois ans d’apostolat dans cinq paroisses
Pendant cinq ans, il enseigne au collège colonial de cette ville ; ensuite, il passe quelque temps à Pratacoudi (1), sous la direction du P. Balcou, à Cadagatur (2), à Matour d’octobre 1873 à mars 1874. En mai 1875, il est placé à la tête du district de Cottapaleam (3) où il reste six ans. De décembre 1881 à février 1883, il administre le district de Vettavalam (4) ; de 1883 à 1887, il est chargé de Cuddalore [new town] (5). Il y acquiert de l'influence par son intelligence, sa connaissance assez approfondie du tamoul et de l'anglais. En 1887, il est à Eraiyur (4) dont il achève l'église.
En 1896, le mauvais état de ses yeux l'oblige à revenir en France ; il y passe neuf ans. En 1904, il est de retour en Inde et après un court séjour à Pondichéry, il se retire au sanatorium Saint-Théodore à Wellington dans le district de Coimbatore (6) où il meurt le 13 juin 1907.
1 – A l’ouest de Tituchirappalli.
2 – Au nord-ouest de Salem.
3 – Entre Tiruchirappalli et Salem.
4 – A l’ouest de Pondichéry.
5 – Jusre au sud de Pondichéry.
6 – Dans les Nilgiri.
Nécrologie
M. DUPAS
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE PONDICHÉRY
Né le 29 avril 1849
Parti le 15 mars 1868
Mort le 13 juin 1907
Le 13 juin 1907, à 1 heure de l’après-midi, s’éteignait doucement, le sourire aux lèvres, M. Dupas, missionnaire de l’archidiocèse de Pondichéry depuis presque quarante ans.
« Le cher défunt naquit à Beaupréau (Maine-et-Loire). Nous n’avons aucun détail sur sa jeunesse. Cependant ceux qui ont vécu, ne fût-ce que quelques jours avec M. Dupas, lui ont entendu raconter, finement et délicatement, que, ses études finies, il eut un instant l’intention d’embrasser une carrière libérale ; mais l’appel divin au sacerdoce, à l’apostolat, se fit entendre plus impératif que la voix du monde, et M. Dupas entra au grand séminaire d’Angers. Doué d’un esprit vif et pénétrant, d’une belle et large intelligence qui s’assimilait facilement les choses, et aussi d’une grande ardeur au travail, il fut un des brillants élèves de son temps. Ses supérieurs, devinant en lui un homme d’avenir, voulurent le conserver au diocèse. Ce ne fut pas sans difficulté qu’il en obtint la permission d’entrer au Séminaire des Missions-Étrangères. C’était le 24 avril 1865. Il fut tonsuré le 23 sep¬tembre de la même année.
« Le soir de son ordination sacerdotale, 21 décembre 1867, il reçut sa destination pour Pondichéry, et partit le 15 mars 1868. Missionnaire il avait voulu être, missionnaire il était ; le champ de l’apostolat ouvrait larges devant lui ses horizons. Sans doute, comme tous les nouveaux débarqués, M. Dupas rêvait le ministère actif, au grand soleil de l’Inde, dans la brousse et les villages perdus au milieu des vastes campagnes.
« L’obéissance le plaça professeur au collège colonial. Pendant sept ans, M. Dupas occupa une chaire de belles-lettres. Ce fut un excellent professeur, sachant se mettre à la portée des élèves, ne négligeant rien pour leur faire comprendre d’une manière juste et vraie les textes et les passages les plus obscurs.
« La vie du missionnaire-professeur est faite d’abnégation : il faut, en effet une énergie plus qu’ordinaire pour s’appliquer à l’étude, sous les climats tropicaux, faire la classe deux fois le jour, dans une salle à l’atmosphère surchauffée ; de plus il faut continuellement tenir en haleine, en les intéressant, les élèves portés au sommeil : ce n’est pas toujours chose facile. Notre confrère y réussissait à merveille. Aussi ses classes étaient-elles très intéressantes. Quand l’assoupissement des élèves devenait trop lourd et l’attention trop distraite, il savait, d’un mot joyeux, réveiller la gent écolière en la faisant rire.
« Le soir, la classe finie, quand le soleil descendait à l’horizon et qu’une brise fraîche venait tempérer les ardeurs d’une pénible journée. M. Dupas montait sur le toit en terrasse du collège, pour y respirer plus à l’aise. Ordinairement il y rencontrait le pieux M. Fourcade, de vénérée mémoire, et le bon M. Puceyolle, professeurs comme lui. Ensemble ils se distrayaient un instant, puis, se rappelant tous que le professeur ne doit pas faire oublier l’apôtre, ensemble aussi ils se sanctifiaient en faisant en commun leurs exercices de piété, lecture spirituelle, récitation du chapelet, etc...
« Ces sept années de professorat ne furent pas inutiles pour M. Dupas. Dans son esprit de foi, qui était très grand, il les considérait comme le noviciat de la vie apostolique. Il sut en profiter pour apprendre les langues, et se mettre au courant des usages du pays si déconcertants parfois pour un européen. Aussi quand sonna l’heure de partir dans l’intérieur, et d’être mis à la tête d’un district, se trouva-t-il armé de pied en cap et prêt pour la lutte. Il fut envoyé à Cadagthur.
« Situé à l’extrémité ouest de la mission, dans un pays moitié plaines, moitié montagnes, le district de Cadagthur est d’une administration pénible. Éloigné de toutes communications, perdu dans la brousse et dans l’impossibilité de se procurer d’autres vivres que ceux du pays, le missionnaire y mène une vie rude et mortifiée. Mais tous ces obstacles, au lieu d’effrayer M. Dupas, excitaient plutôt son zèle apos¬tolique.
« Toute sa vie, ce bon confrère fut le défenseur du pauvre et de l’orphe¬lin : c’est là un des traits les plus en relief de son caractère.
« Dans la partie montagneuse de son vaste district, perchées aux flancs de collines malsaines végétaient péniblement quelques pauvres chrétientés, décimées par la fièvre, cette terrible et implacable reine de la montagne. Précisément à cause de cette insalubrité latente, l’admi¬nistration de ces pauvres gens avait été plus ou moins négligée, et cela se comprend. M. Dupas, pensant que sa jeunesse serait plus forte que la fièvre, et que sa robuste constitution saurait résister à ses attaques, alla planter sa tente au milieu d’eux. Bientôt il dut s’avouer vaincu. Là il contracta une de ces fièvres malignes qui mit ses jours en danger. Le retour, plus ou moins fréquent, de ces attaques de fièvres, dont il souffrit toujours, obligèrent ses supérieurs à le changer de poste.
« De Cadagthur, il fut envoyé à Vettavalam, où il ne resta que quelques années, et de Vettavalam à Cottapaleam, dans la partie sud de la mission, qui en a été détachée depuis que Kumbakônam a été érigé en évêché. Partout où M. Dupas passa, il laissa un profond souvenir dans le cœur de ses chrétiens, car il savait s’intéresser à tous les détails de leur vie intime. Plus d’un vous dit encore aujour¬d’hui qu’il a été sauvé de la ruine par son intervention charitable, un autre qu’il doit à sa recommandation telle place qui le fait vivre, lui et sa famille. De son côté, le missionnaire avait gardé, lui aussi, un souvenir affectueux, parfois ému, des chrétiens qu’il avait eus sous sa juridiction. Je me souviens avoir vu maintes fois sur sa table soit des photographies, soit des petits bibelots qui lui venaient de ses anciennes ouailles. Il attachait un grand prix à ces petits riens, qui lui rappelaient les meilleurs temps de son apostolat. Quand il parlait de ses chrétiens, et il en parlait souvent, c’était toujours en bien : son cœur d’apôtre lui faisait voir en eux les beaux côtés : « charitas beni¬gna est »
« De Cottapaleam, il fut envoyé à Cuddalore, chef-lieu du collectorat du South-Arcot, possédant un nombre assez respectable de chrétiens instruits et influents, la plupart employés dans les bureaux du gouver¬nement. Cuddalore « la nouvelle » est une paroisse importante. Le missionnaire se trouve obligé d’être en rapports continuels, d’abord avec ses chrétiens, natifs, eurasiens, voire même européens, mais aussi avec les chefs de service de gouvernement, qui, presque toujours, sont protestants. Cela suppose chez lui une connaissance approfondie et du tamoul et de l’anglais. M. Dupas fut sans contredit l’homme de la situation. Linguiste distingué, parlant les deux langues avec une égale facilité et une même élégance, distingué de manières, parfait gentleman, d’une politesse exquise et d’un accueil toujours souriant, il sut se ménager des entrées libres un peu partout et acquérir ainsi une influence dont il sut faire profiter ses chrétiens. En deux mots l’apôtre saint Paul a tracé le portrait de l’apôtre parfait : Omnia omnibus factus sum. A Cuddalore, M. Dupas réalisa ce portrait : son affabilité attirait tout le monde à lui et il comptait des amis dévoués, dont l’amitié a résisté à l’épreuve de la séparation et de la distance, dans toutes les classes de la société, même parmi les protestants, fussent-ils ministres de l’erreur.
« Ce qui contribua surtout à le rendre influent à Cuddalore, c’est la haute opinion qu’il avait des Anglais : « Ce sont, aimait-il à répéter, de parfaits gentlemen, fort bien élevés et fort « aimables. » Il aimait à se trouver en rapport avec eux, et eux le payaient de retour en mettant en lui une grande confiance.
De Cuddalore « la nouvelle » M. Dupas fut envoyé à Erayur. Là le décor changeait. Ce n’était plus la ville,mais la campagne ; ce n’étaient plus les chrétiens instruits, distingués, mais les cultivateurs souvent à court de céréales, bons chrétiens, gens simples et aimant leur mission¬naire comme l’enfant seul sait aimer sa mère. Notre confrère, tou¬jours l’homme de 1’ « omnia omnibus factus sum », n’éprouva aucune difficulté à aimer ces pauvres gens, comme eux-mêmes l’aimaient. Leur piété, leur assiduité quotidienne à la sainte messe faisaient sa consola¬tion,
« Dès son arrivée parmi eux, ils lui montrèrent les murs de leur église inachevée et encore ouverte en plein ciel. Résolument il se met à l’œuvre ; c’est un homme de décision. Il faut aller vite pour finir plus tôt. Les chrétiens, pleins de bonne volonté, travaillent gratis. Le missionnaire fournit les fonds, les briques se cuisent, la chaux arrive, les maçons manœuvrent la truelle. Les murs montent comme par enchantement, on commence le dôme, le dernier mot de l’architecture pour les Indiens. Une église sans dôme ? Jamais ! On presse la construction, car on veut en finir pour le 14 août. Le lendemain c’est l’Assomption, et il faut que la dernière brique du dôme soit placée pour la fête de notre bonne Mère. Elle le fut en effet. Mais les travaux avaient été poussés trop vivement dans la hâte d’en finir, et, dans la nuit du 14 au 15 août, vers minuit, le dôme s’effondra avec un bruit épouvantable qui réveilla les 3.000 chrétiens, groupés autour de l’église. Tous d’accourir, de lever les bras au ciel et de crier : Madame Bonne Mère. Le missionnaire, lui, regarda d’un œil tranquille et calme : « C’est à recommencer, dit-il, nous recommencerons. » Et il recommença.
« En 1895 M. Dupas, qui avait toujours souffert des yeux ,vit subitement son état s’aggraver à un point tel qu’il avait, ou presque, perdu la vue. Un retour en France fut jugé nécessaire. Il passa environ dix ans sur le sol de la mère patrie. Pour occuper les loisirs que lui laissait la maladie, et en dépit de son ophtalmie, il entreprit l’étude du sanscrit. Ce fut le but de ses dernières années, il s’y lança avec l’ardeur d’un jeune orientaliste. Quand il eut vaincu les premières difficultés de la langue, il se mit à traduire et, tout en traduisant, il composait une grammaire. J’ai vu les notes qu’il a laissées, écrites d’une belle écri¬ture très régulière, disposées dans un ordre typographique parfait.
« Le désir de mourir dans sa mission le ramena à Pondichéry en novembre 1904 avec Mgr Gandy. Il croyait qu’il pourrait encore se rendre utile, non pas en tenant un poste, mais en aidant les confrères de la cathédrale, surchargés par l’audition de nombreuses confessions, surtout la veille des fêtes. Il resta quelques mois à Pondichéry pour savoir si, malgré la vieillesse, sa santé ne souffrirait pas trop de la chaleur du climat. L’expérience fut décisive et il se retira sur les frais sommets des belles montagnes Bleues, dans notre sanatorium Saint¬Théodore.
« Là, pendant près de trois ans, M. Dupas vécut en chartreux et en bénédictin. En chartreux, car il édifiait tous ceux qui le voyaient par la régularité de sa vie, l’exactitude minutieuse avec laquelle il faisait ses exercices de piété, la dévotion avec laquelle il récitait son rosaire et le recueillement profond avec lequel il célébrait la sainte messe ; en bénédictin aussi, car il continua ses études de sanscrit avec une ardeur qu’il aurait voulu faire partager à d’autres.
« Quelques mois avant sa mort il eut une légère attaque d’apoplexie. Il alla se faire soigner à l’hôpital Sainte-Martbe de Bangalore. Le méde¬cin, dès la première consultation, jugea son état grave. M. Teissier, le dévoué et charmant procureur de Bangalore, fut chargé d’avertir M. Dupas. Ce n’est pas chose facile, ni commission bien agréable. M. Teissier cherchait ses périphrases. « Allons, lui dit M. Dupas, dites-moi donc ce que vous avez à me dire ; à mon « âge on n’a plus peur de la mort. »
« Cependant le malade se trouva mieux au bout de quelques semaines et put rentrer à Saint-Théodore.
« Dans les premiers jours de juin 1907 il se sentit plus fatigué. Les confrères qui se trouvaient alors au sanatorium s’accordaient tous à dire qu’il n’y avait rien de grave et que cette légère indisposition pas¬serait vite. Le malade toutefois voulut recevoir les dernier sacrements en pleine connaissance. Il les reçut avec une grande piété et un profond esprit de foi. En parfaite possession d’une belle tranquillité d’âme, il demanda pardon à tous les confrères présents, leur recommanda de célébrer la sainte messe lentement et pieusement, puis, gai et souriant, il leur conseilla l’étude du sanscrit
« Il mourut quelques jours après, assisté par un de ses intimes amis, M. Bonnétraine, supérieur de Saint-Théodore. Quelques minutes avant son dernier soupir, il demanda son scapulaire de tertiaire et s’en revêtit, puis son chapelet qu’il tint des deux mains étendu devant lui. C’est dans cette attitude qu’il rendit le dernier soupir, comme un vaillant soldat qui meurt sur le champ de bataille les armes à la main : Bonus miles Christi.
« Il repose dans le petit cimetière de Saint-Théodore, à côté de M. Reneuvier, vicaire général de Pondichéry. Une modeste croix de pierre ombrage sa tombe.
« Le ciseau de l’ouvrier a gravé son nom, la date de sa naissance et celle de sa mort pour nous rappeler le souvenir de M. Dupas, qui fut un bon missionnaire et un charmant confrère. »
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Références
[0976] DUPAS Félix (1865-1907)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1891, p. 217 ; 1893, p. 242. - M. C., i, 1868, Sacre de Mgr Laouënan, p. 203 ; ii, 1869, Les idoles et les pagodes hindoues, pp. 328, 333 ; ix, 1877, Famine, p. 382 ; xvii, 1885, p. 63. - Sem. rel. Angers, 1881, p. 633 ; 1885, p. 166. - Œuv. Prop. Foi, Angers, comp.-rend., 1872-74, p. 11 ; 1875, p. 1 ; 1876, pp. 20, 22, 24, 27, 28. - Bull. Assoc. Combrée, 1906-07, pp. 111, 112 ; 1907-08, p. 62.
Hist. miss. Inde, Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1907, p. 376.