Jean-Marie GENDRON1848 - 1923
- Statut : Frère coadjuteur
- Identifiant : 1339
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Biographie
Jean-Marie Joseph GENDRON naquit le 15 novembre 1848, dans une famille de cultivateurs, à Janzé, diocèse de Rennes, département de l'Ille-et-Vilaine. En 1868, Mr. l'Abbé Hévin, nommé vicaire dans cette paroisse, le prépara peu à peu à se dévouer au service des missions.
Le 5 juillet 1872, M.Gendron entra au séminaire des Missions Etrangères, en qualité de Frère-Coadjuteur. Quatrième membre de cette jeune communauté de Frères, il fut le premier à être envoyé en Mission. Le 21 novembre 1877, il fut agrégé définitivement à la Société des Missions Etrangrères, prit le nom de Frère Joseph, et travailla pendant quatre ans au séminaire de la rue du Bac.
Vers le milieu de 1881, le Conseil des Directeurs lui annonça que son envoi dans les missions était décidé, et qu'il était adjoint à un groupe de partants devant s'embarquer à Marseille vers la fin octobre. Le poste qui lui était assigné était le Sanatorium de Béthanie, dans l'île de Hong-Kong.
Le 26 octobre 1881, il quitta Paris avec 12 nouveaux missionnaires. Cinq semaines après, il débarqua à Hong-Kong, où, sous l'autorité de M.Charles Patriat, il remplit d'abord les fonctions d'aide-infirmier. Son premier travail était de seconder et parfois de suppléer son supérieur auprès des missionnaires dont la maladie réclamait assistance. Il s'y donna de toute sa bonne volonté, dès le premier jour.
Cependant, en raison de sa lenteur naturelle dans l'action qui s'était aggravée à Hong-Kong, il fut obligé de quitter cette charge. Ses supérieurs lui confièrent la responsabilité de la chapelle et de la sacristie. Il mit tout son zèle à les tenir propres. Tout en veillant à la bonne tenue des objets du culte, des linges et ornements liturgiques, il lui revint de préparer ce qui devait servir pour chaque jour, et à l'occasion des fêtes, ainsi que lors des funérailles des confrères décédés au sanatorium.
A toutes ces occupations, il ajouta l'entretien des plates-bandes aux alentours de la maison, la propreté des deux cimetières où reposaient les confrères défunts, ainsi que la bonne tenue de la propriété du sanatorium. Celle-ci, par une pente assez raide, s'étendait jusqu'au bord de la mer où l'on accédait en suivant des allées en zig-zag. M. Gendron trouva encore assez de temps pour fournir à la communauté de Béthanie, pendant une quarantaine d'années, des fromages variés au goût exquis.
Vers le milieu de 1923, l'état de santé de M.Gendron inspira quelques inquiétudes. Lorsqu'il dut accepter de consulter le médecin, ce fut pour apprendre qu'il était atteint du mal de l'usure du cœur". Peu-à-peu, l'œdème envahit son corps. A sa demande, il reçut le sacrement des malades au matin du 3 août 1923.
A partir du 24 août 1923, Frère Joseph supporta avec grande force d'âme des crises violentes et fréquentes d'oppression, des nuits sans sommeil, de vives douleurs dans sa jambe droite, une soif ardente. Enfin ,le mercredi 12 septembre 1923, vers 19h30, il s'endormit du sommeil du Juste.
Le lendemain matin M. Monnier supérieur de Nazareth célébra la messe solennelle de sépulture, en présence de Mgr.Rayssac, de passage à Hong-Kong. Le soir, Mgr.Gauthier donna une dernière absoute. devant les délégations représentant les communautés religieuses de la ville. Puis la dépouille mortelle de M. Gendron accompagnée par tous les confrères des Missions Etrangères, ainsi que par les chrétiens de Pokfulum, fut conduite au cimetière de Béthanie, à l'endroit même qu'il avait choisi et préparé pour lui.
Nécrologie
M. GENDRON
FRÈRE COADJUTEUR A HONGKONG
M. GENDRON ( Jean-Marie-Joseph ) – Frère Joseph – né à Janzé ( Rennes, Ille-et-Vilaine, le 15 novembre 1848. Entré au Séminaire des Missions-Étrangères en qualité de Frère coadjuteur, le 5 juillet 1872. Agrégé à la Société, le 21 novembre 1877. Parti pour le Sanatorium de Béthanie, Hongkong, le 20 octobre 1881. Mort à Hongkong, le 12 septembre 1923.
Jean-Marie-Joseph Gendron fut l’un des premiers frères coadjuteurs de la Société des Missions-Étrangères et le premier qui fut envoyé en Mission. Il était appelé simplement « Frère Joseph, soit au Séminaire de la rue du Bac, ( juillet 1872-octobre 1881 ) soit au Sanatorium de Béthanie à Hongkong, où s’écoulèrent les quarante-deux ans de sa vie Mission ( décembre 1881-septembre 1923 )
Il était né en Bretagne, le 15 novembre 1848, de parents chrétiens, cultivateurs dans la paroisse de Janzé, au diocèse de Rennes. Les détails nous manquent sur son enfance ; mais comme l’arbre se juge à ses fruits, ainsi la vie vertueuse et déjà édifiante du jeune homme, comme plus tard celle du Frère Joseph au sein de la Société, démontra que la famille fut milieu favorable où germa sa vocation. Là donc furent les racines des vertus que la grâce devait dans la suite développer et faire épanouir : sa vraie et solide piété, son esprit de religion, sa simplicité, sa charité si serviable, sa douceur qui ne devait jamais se démentir.
Des centaines de confrères ont connu notre cher défunt durant le cours de sa probation à Paris et de sa vie de travail à Béthanie ; pas une voie discordante ne s’élèverait pour contester qu’il avait reçu de Dieu, comme le Sage, « une âme bonne », et qu’il fut, à l’imitation et suivant la recommandation du divin Maître, « doux et humble de cœur ». Ces deux mots bibliques paraissent bien caractériser la vie entière de notre Frère Joseph.
Au sortir de l’enfance et de l’école, il avait dû se joindre à ses parents dans les travaux de la campagne et, jusqu’à l’âge de vingt ans, contribuer pour sa part à l’entretien de la famille, donnant d’ailleurs l’exemple d’un jeune homme rangé, fidèle à ses devoirs et aimable à tous. Ce fut à cette époque, en 1868, que l’arrivée d’un nouveau vicaire dans la paroisse provoqua, par les entretiens qu’il eut avec lui, les premières pensées de renoncer au monde. Cet ecclé-siastique, M. l’abbé Hévin, aujourd’hui protonotaire apostolique et curé, à Rennes, de la Basilique du Sauveur, en apprenant la mort de son ancien dirigé, a écrit au Supérieur du Sanatorium de Béthanie : « J’ai lu avec attendrissement les détails de sa mort dans le Bulletin que vous m’avez adressé. Pendant quelques années il m’écrivit régulièrement ; puis, depuis au moins quinze ans, il ne m’avait plus rien envoyé ; aussi j’avais cru qu’il était mort.
« Je n’ai jamais douté de sa vocation. A mon arrivée comme vicaire à Janzé, où habitaient alors ses parents, il avait dix-huit ans. Il m’édifia tellement par sa piété et son bon esprit que j’eus la pensée de lui commencer le latin. Mais comme il était déjà le gagne-pain de la famille, je ne pus réaliser mon désir. Toutefois, la Providence, qui voulait en faire un jour un saint religieux, permit qu’il eût la pensée de s’enrôler dans les zouaves pontificaux de Pie IX et, quelques années après la guerre de 70-71, étant allé aux Missions-Étrangères pour voir un futur missionnaire, Mgr Allys, évêque de Hué, que je connaissais très intimement, on me parla du dessein qu’on avait d’avoir des Frères coadjuteurs.
« De retour à Janzé, je fis part à Joseph Gendron de ce projet : il se décida facilement …»
Le 5 juillet 1872, il entra au Séminaire des Missions-Étrangères en qualité de Frère coadjuteur ; il était le quatrième membre de la jeune communauté. Comme les trois autres qui l’avaient précédé, il fut appliqué à un travail soit dans les bureaux des procures, soit à la culture du jardin. L’acceptation surnaturelle du règlement et les devoirs de charité fraternelle ne devaient pas être difficiles à ce caractère heureux et doux et à cette nature dirigée de bonne heure vers l’exercice de la vertu et du sacrifice. Il était tout entier à son jardinage, pendant la durée du travail, avec le défaut cependant inhérent à sa nature paisible : « Il ne fut jamais pressé », dira de lui M. Marie, Supérieur du Sanatorium ; et ce fut parfaitement vrai. Au temps des récréations, mêlé aux bandes d’aspirants, il était modeste, d’humeur aimable et égale, prêt à rendre service.
C’est ainsi qu’il se disposait, en même temps que ses confrères, en associant la vie de piété à celle de travail, à se consacrer à Dieu selon la forme marquée par leur Règlement, et à être reçu définitivement membre de la Société des Missions-Étrangères. Cette agrégation eut lieu le 21 novembre de l’année 1877. Ce n’était pas l’annonce d’une destination plus ou moins prochaine et d’un départ à brève échéance pour une Mission en Extrême-Orient. Le Frère Joseph continua quatre ans encore, dans le Séminaire, sa vie obscure et méritoire, en attendant l’heure de Dieu en toute patience et tout espoir.
Elle arriva pour lui cette heure tant désirée, vers le milieu de 1881. Le Conseil des Directeurs lui fit connaître que son envoi dans les Missions était décidé et qu’il était adjoint à un groupe de jeunes « Partants » devant s’embarquer à Marseille sur la fin d’octobre. Le poste qui lui était assigné était le Sanatorium de Béthanie, dans l’île de Hongkong, fondé depuis sept ou huit ans.
Au jour du 26 octobre, l’heureux Frère Joseph disait adieu à la patrie, à la famille et partait du Séminaire de la rue du Bac, avec douze nouveaux missionnaires. Cinq semaines après, vers la fête de saint François Xavier, il débarquait à Hongkong et commençait, sous l’autorité si douce de M. Patriat, sa vie toute de dévouement et d’abnégation que la mort seule devait interrompre après quarante-deux ans. Il continua d’être à Béthanie, par le caractère et la vertu, ce qu’il avait été au cours de son temps de probation, attentif à sa sanctification personnelle, docile aux ordres et aux directions qui lui étaient donnés, et tâchant d’édifier toujours et partout.
Son premier travail, à titre d’aide-infirmier, consista à seconder et même à suppléer parfois le Supérieur auprès des missionnaires dont la maladie réclamait assistance. Il s’y donna de toute sa bonne volonté dès le premier jour ; mais cette lenteur naturelle dans l’action apportée de Bretagne à Paris, devint plus sensible à Hongkong en certaines occasions délicates ou en certains cas plus urgents : ce qui amena plusieurs confrères malades à désirer d’être soignés d’une manière plus expéditive et « pour en avoir plus tôt fini » par M. Patriat lui-même ou par M. Holhann son successeur. Le Frère Joseph reçut dès lors la fonction de sacristain qui paraissait convenir également à sa piété et à sa régularité. Il y trouvait, en effet, un aliment pour sa dévotion et pour son zèle à bien entretenir les ornements, les linges et autres objets du culte, à tenir propre la chapelle et à préparer ce qui devait servir pour chaque jour et pour les fêtes. Conjointement à ces soins, il avait encore celui des plates-bandes aux alentours de la maison, avec les fleurs qui, aux fêtes solennelles, contribuaient au décor de la chapelle et des autels ; ajoutons enfin, la vigilance sur la lampe du Saint Sacrement, et sur ce qui devait servir aux cérémonies de la sépulture des confrères décédant au Sanatorium ; l’entretien de leurs tombes, dans les deux cimetières relevait aussi du Frère Joseph. Dans un ordre inférieur, ce n’était pas un travail médiocre que de pouvoir, dans la propriété s’étendant jusqu’au bord de la mer par une pente assez raide, à la bonne tenue des allées en zigzag qui la sillonnent. Pour ces divers travaux, du reste, le Frère Joseph avait des Chinois placés sous sa surveillance et obligés de suivre ses instructions. Il ne faut pas passer sous silence d’un des plus précieux services rendus par lui, durant nombre d’années, pour les repas du Sanatorium : Qui ne se souvient des fromages du Frère Joseph, de leur goût exquis et de leur variété ?
Telle fut, en courte analyse, la vie laborieuse de notre bon Frère Joseph, dans cette suite de quarante ans et plus passés à Béthanie, au service de la Société. Vie cachée et monotone au point de vue humain, mais combien riche « en jours pleins » de mérites ! Il allait et venait au milieu de nous sans se faire remarquer ni entendre, mais toujours fidèle à sa modestie, tranquille et uniquement occupé de son devoir à remplir ; à quoi l’on doit joindre sa discrétion parfaite et sa grande réserve dans la conversation. Sa piété était connue de tous, et de même la juste composition de son port extérieur, non moins que sa tenue édifiante à la chapelle. Sa belle âme se reflétait dans cette vie si calme, si simple et si bien réglée.
Bien que ne jouissant pas d’une forte santé, il avait vécu à Hongkong sans voir son travail interrompu par un mal sérieux. Il prenait chaque semaine son jour de « vacance » qu’il allait passer en ville, à la Procure. La Maison de Nazareth, avec son imprimerie fondée à proximité de Béthanie peu de temps après son arrivée à Hongkong, lui fournissait aussi quelques distractions momentanées et intéressantes.
Cependant la vieillesse arrivait avec son cortège habituel d’infirmités et de fatigues. Il tâchait sans doute de les dissimuler et de les taire, mais vint le moment, vers le milieu de l’année 1923, où son état inspira des inquiétudes. Le cher Frère avait alors soixante-quatorze ans et demi ; c’était bien le soir de sa vie et il allait bientôt dormir son dernier sommeil, non sans passer d’abord par de cruelles souffrances. Lorsqu’il dut accepter de consulter le médecin, ce fut pour apprendre qu’il était atteint du mal irrémédiable de l’ « usure du cœur ». On vit l’œdème envahir de plus en plus le corps, le visage excepté, et le mal progresser de telle sorte que dès la fin de juillet un dénouement subit était à craindre. Aussi, le Frère, contre sa lenteur habituelle, sa hâta-t-il de demander les derniers Sacrements. Il fut administré le 3 août au matin, ce qui ne l’empêcha pas de descendre au réfectoire pour le repas de midi, et il fit de même les jours suivants, tant que les forces le lui permirent. Avec la même énergie, il continua chaque matin d’assister à la sainte Messe et d’y recevoir son Dieu, d’abord au pied même de l’autel, un peu plus tard au bout du banc le plus rapproché de l’autel, ensuite sur son fauteuil dans le corridor ; enfin, il lui fallait renoncer à l’assistance au divin Sacrifice et communier dans sa chambre, bonheur qu’il devait goûter encore le jour même de sa mort.
« A partir du 20 août, dit le Bulletin de la Société, le bon Frère était si faible et prenait si peu de nourriture qu’on s’attendait à le voir nous quitter d’un moment à l’autre. Et cependant, contre l’attente générale, il lui restait un dur calvaire à gravir, qui commença le 24 août pour se terminer trois jours avant sa mort. C’est alors qu’il fut sur la croix ; mais, grâce à Dieu, il y fut en union avec Notre-Seigneur. Il supporta, avec une admirable patience et une non moins admirable conformité avec la Volonté divine, les crises violentes d’oppression qui quelquefois duraient plusieurs heures de suite, les nuits complètes sans sommeil, de vives douleurs dans la jambe droite, une soif ardente, et enfin toutes les humiliantes infirmités inhérentes à la situation d’un malade condamné à l’immobilité absolue. Il supporta tout avec une telle force d’âme, une telle énergie, qu’il est difficile de n’y pas voir l’effet de secours surnaturels plus qu’ordinaires. »
Le 12 septembre, fête du Saint Nom de Marie, et un mercredi, jour consacré à son saint Patron, notre pieux Frère Joseph s’endormait du sommeil du Juste comme les confrères terminaient auprès de lui, vers sept heures et demie du soir, les prières des Agonisants. Le lendemain avait lieu, le matin, la messe solennelle de sépulture, chantée par M. Monnier, Supérieur de Nazareth, directeur et compatriote du défunt, en la présence de Mgr Rayssac, de passage à Hongkong ; et le soir, après une absoute dernière donnée par Mgr Gauthier, auprès et autour duquel étaient NN.SS. Pozzoni et Rayssac, des délégués des PP. Italiens et Domini-cains, le Supérieur des Frères des Ecoles Chrétiennes et tous les Confrères de nos trois Maisons, avec une bonne partie des chrétiens de Pokfulum, avait lieu la conduite au cimetière de la dépouille mortelle. Elle fut descendue dans la tombe creusée à l’endroit même que le Frère Joseph s’était choisi et préparé pour lui-même, depuis de longues années, à quelques pas des croix qui abritent les restes des nombreux Confrères décédés depuis trente et quarante ans à Béthanie.
C’est bien justement que M. Marie, qui a connu pendant vingt-trois ans le Frère Joseph au Sanatorium, porte de lui cette appréciation élogieuse : « Il fut dans toute la force du terme d’une fidélité exemplaire à sa vocation, jusqu’à la fin de sa vie. Piété, charité, humilité, pauvreté, il a tout pratiqué avec constance et simplicité, en cherchant toujours à ne pas paraître. Il fut de cœur et d’esprit très fidèle au don héroïque fait de lui-même au jour de son départ de Paris pour les Missions, ne regardant pas en arrière et ne cédant à aucun désir de retourner au pays natal. Il était bien de la race des Missions-Étrangères, de celle qu’on peut appeler sans exagération : « Victorum genus optimum », la glorieuse phalange des Victorieux. »
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Références
[1339] GENDRON Jean-Marie (1848-1923)
(1339) GENDRON Jean-Marie
Joseph
Réf. biographiques. - AME 1923 p. 236. 1925 p. 81-88. PH 83. - CR 1881 p. 104. 1903 p. 402. 1923 p. 175, 267. 1924 p. 151. EC1 n° 46.
Mémorial GENDRON Jean-Marie, Joseph page 2
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