Antoine LÉARD1853 - 1920
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1426
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1879 - 1920 (Kangding [Tatsienlu])
Biographie
Antoine Léard, né le 24 juillet 1853 à Jarrier (Savoie), diocèse de Saint Jean de Maurienne , entra au Petit séminaire de son diocèse, à l'issue de ses études primaires. Après avoir hésité, il entra au Grand séminaire pour y faire sa philosophie. Il passa avec succès l'examen d'entrée à ce cours présidé par l'évêque du diocèse. Il entra aux Missions Etrangères le 24 février 1877, fut ordonné prêtre le 20 septembre 1879 et partit le 29 octobre de la même année pour le Thibet.
Après quelques jours à Tatsienlu, il partit pour le poste de Liaoweisi, à l'extrémité de la Mission. Il fallait avoir la foi pour visiter les quelques chrétiens du villa de Into, situé sur la rive droite du Mékong, très large, où la seule communication possible entre les deux rives, est un simple câble horizontal de bambou et sous lequel, à l'aide d'une poulie, il faut se glisser à la force des bras.
Il travailla quelques années à développer ce nouveau poste ; survint la persécution de 1887 où toutes les stations limitrophes du territoire de Lhassa furent détruites. Dans ce contexte difficile, Mgr Biet nomma le Père Léard co-adjuteur de M. Goutelle.
En 1895, ils reviennent ensemble à Weisi. Les montagnes de Lytipin sont couvertes de neige, les porteurs éprouvent d'énormes difficultés avec le palanquin de M. Goutelle qui arriva très fatigué à Weisi et mourut peu après.
Le Père Léard est alors appelé à Yerkalo où pendant quatre ans, il subit les tracasseries et les menaces des Thibétains. En 1899, échappant aux brigands, trouvant asile dans une famille chrétienne, il s'échappe vers Tatsienlu. Le calme revenu, il reprit son poste auquel s'ajouta l'administration du poste de Mosymien. Pendant plusieurs mois, à cheval, il visitera tous ses chrétiens.
En 1906, chargé du Séminaire et de la Procure à Tatsienlu, ce ne fut qu'une étape, car il prit en main le district de Mosymien. De nouveau traqué par les brigands, il trouva un refuge temporaire à Tongolo et continua à administrer Mosymien jusqu'en 1917.
Son asthme s'aggrava et sa surdité lui interdisit tout ministère. Il prit sa retraite à Lentsé ; au début de février 1920, voulant tailler une treille, cela le fatigua, il fut pris d'un refroidissement qui déclencha une crise d'asthme qui l'emporta. Il s'éteignit le 8 février 1920 après avoir oeuvré quarante ans pour l'Eglise, les Chinois, les Thibétains.
Nécrologie
M. LÉARD
MISSIONNAIRE DU THIBET
M. LÉARD (Antoine), né à Jarrier (Saint-Jean-de-Maurienne, Savoie), le 24 juillet 1853. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Etrangères le 24 février 1877. Prêtre le 29 septembre 1879. Parti pour le Thibet le 29 octobre 1879. Mort à Lentsé le 8 février 1920.
M. Antoine Léard naquit dans la paroisse de Jarrier, au diocèse de Saint-Jean-de-Maurienne, le 24 juillet 1853. De bonne heure privé de ses parents, il fut confié à son oncle et tuteur Chrysostome ; c’est par ce nom de baptême que M. Léard le désignait toujours, de sorte que son nom de famille nous est resté inconnu. Le tuteur était fier et d’un tempérament peu communicatif ; cependant il n’échappait à personne qu’il méditait de mettre un jour le pupille à la tête de ses propriétés. Il le préparait par ses insinuations à devenir comme lui, indépendant de toute influence étrangère et à dominer dans sa sphère. Heureusement il y avait à côté un contre poids efficace : la tante, une prudente et sainte femme, exerçait sur l’enfant une discrète et saine influence.
Après ses études primaires, le jeune Antoine entra au Petit Séminaire de son diocèse. Chrysostome n’y vit pas d’inconvénient ; une culture au-dessus de celle du commun des mortels ne pouvait que flatter son amour-propre. Le pupille, de son côté, ne se montrait point revêche à l’étude, et je crois que pendant ses années de Séminaire il tint toujours la tête de son cours. En rhétorique, il eut des ennuis et des démêlés avec ses supérieurs, de sorte qu’il dût prendre des vacances un peu prématurée, et cela ne déplaisait pas du tout au tuteur.
Cependant le moment était venu de choisir une carrière. Il eut un commencement de préparation aux écoles de marine par une étude spéciale des mathématiques. Puis, notre rhétoricien, docile aux pieux avis du savant chanoine Hombert, se décida à entrer au Grand Séminaire pour y faire son cours de philosophie. Dès le lendemain de la rentrée il fallait subir un examen pour obtenir son admission. Antoine ne s’en préoccupait guère ; il passait son temps à parcourir ses montagnes, (dont il garda toute sa vie le cher souvenir), à visiter ses amis, à faire diverses excursions. Enfin, deux jours avant l’entrée en philosophie, il ouvre son volume, le parcourt avec attention et, grâce à sa merveilleuse mémoire, est prêt à affronter l’épreuve. L’examen est présidé par l’Évêque diocésain. Prévenu par des notes plutôt peu flatteuses sur le caractère indépendant du jeune aspirant, Monseigneur déclare que l’examiné a donné des réponses satisfaisantes mais que, malgré cela, « il le reçoit ad experimentum tantum ».
L’expérience fut heureuse. La philosophie fit oublier la rhétorique. M. Léard se détermine alors à entrer au Séminaire de la rue du Bac pour y étudier la théologie et se dévouer ensuite à la conversion des infidèles. Il apporta à la rue du Bac une santé robuste et une bonne humeur qui parfois paraissait même un peu bruyante. Sa forte constitution de montagnard s’affaiblit un peu dans l’atmosphère de Paris sans qu’il en laissât rien paraître. Un beau jour on apprend qu’il est tombé sans connaissance. On le transporte à Saint-Jean-de-Dieu ; le Père Jean examine aussitôt le malade et déclare qu’il se charge lui-même de guérir en peu de temps l’anémié, car c’était là toute la maladie. Bientôt en effet, l’aspirant reprit ses forces et put continuer ses études, ainsi que ses fonctions de sacristain.
Ordonné prêtre en 1879, il fut destiné au Thibet, ainsi que M. Bénigne Courroux, d’aimable mémoire, qui fut son compagnon de voyage. Il devait se rendre à l’extrémité de la Mission, à Liaoweisi, où le vénérable M. Goutelle venait d’acquérir une masure indigène et de réunir quelques adeptes. Là il trouvait une région moins abrupte que celles qu’il avait parcourues pendant une trentaine de jours¬ à partir de Tatsienlou. En revanche il fallait avoir de la force aux poignets pour visiter les quelques chrétiens du village de Into situé sur la rive droite du Mékong. Là, le fleuve est très large, et aux grandes eaux le seul moyen de communication entre les deux rives est un simple câble de bambou, tendu horizontalement et sous lequel, à l’aide d’une école et d’une poulie, il faut se glisser à force de bras. Il travailla pendant quelques années à développer ce nouveau poste.
Résidence, chapelle, écoles, tout était dans l’état le plus primitif. Le jeune missionnaire, ennemi du luxe, s’en accommoda facilement.
Survint la persécution de 1887. Toutes nos stations limitrophes du territoire de Lhassa sont détruites, M. Goutelle, chassé d’Atentsé, est chargé d’intervenir auprès des autorités chinoises pour la partie de la Mission dépendant du Yunnan. Les pourparlers, les démarches nouvelles succédant à des échecs répétés, se poursuivent pendant des années, à Talifou. On donne, ou l’on feint de donner des ordres que les mandarins locaux n’exécutent pas. Dans cette situation difficile, Mgr Biet donne M. Léard comme adjoint à M. Goutelle.
En 1895, ils reviennent ensemble à Weisi. La montagne du Lytipin est couverte d’une neige épaisse. Les porteurs de chaise peuvent à peine se tirer d’affaire en portant à vide le palanquin de M. Goutelle exténué de fatigue. Le jeune missionnaire met toutes ses forces et sa bonne volonté au service du vieillard ; mais celui-ci, fatigué à l’excès par le passage de la montagne, meurt peu après l’arrivée à Weisi.
M. Léard est alors appelé à Yerkalo, où M. Bourdonnec est resté trop isolé depuis la mort de M. Courroux. Il demeure là près de quatre années rendues douloureuses par les tracasseries et les menaces incessantes des Thibétains.
En 1899, il revient dans la partie Est et administre le district de Chapa. Au commence-ment de 1901, les brigands de Hèkeou entrent en campagee contre nous ; ils opèrent en plein jour, drapeaux déployés. M. Léard ne leur échappe que grâce au dévouement de son serviteur qui protège la retraite avec son fusil. Profitant du tumulte qui règne alors au marché de Loutinkiao, le missionnaire peut, sans être aperçu, se réfugier dans le grenier d’une famille chrétienne. Pendant la nuit il s’évade et prend le chemin de Tatsienlou. Arrivé au village de Chengka, à quinze lys de la ville, il fait avertir qu’il ne peut plus faire un pas, et l’évêque se hâte de lui envoyer sa monture. La tempête calmée, il retourne à son poste, mais il doit en même temps administrer le district de Mosimien, et pendant plusieurs mois il est presque continuellement à cheval pour courir d’un point à un autre.
En 1906, il fut chargé du Séminaire et de la procure. Plus tard, nommé curé de Mosimien, il dut se retirer encore une fois et se mettre en sûreté avec d’autres confrères au village thibétain de Tongolo. Le ¬rapatriement à travers les neiges fut extrêmement pénible. Parti en avant et ne pouvant arriver à la première maison qu’il croyait d’abord pouvoir atteindre, il dut passer toute une nuit blotti dans la neige.
Il continua à administrer Mosimien jusqu’en 1917. Son asthme qui s’aggravait de plus en plus et sa demi-surdité, qui rendaient l’exercice du saint ministère fort pénible. Parfois il était obligé de se faire porter à dos d’homme pour visiter ses malades. Enfin, en 1917, on put lui donner un remplaçant.
Il prit sa retraite à Lentsé où il vécut comme un moine, passant ses journées dans le recueillement et dans la prière. S’il se trouvait quelques malades en danger, au marché ou dans le proche voisinage, il sortait de sa retraite pour les administrer. Parfois son asthme lui laissait un peu de repos et il cherchait alors quelque légère occupation au jardin. C’est ainsi que, au commencement de février, il entreprit de tailler une treille qui l’intéressait. Ce travail le mit en sueur et au lieu de changer de linge aussitôt, il voulut d’abord réciter son bréviaire. De là, un refroidissement et une crise d’asthme qui devaient l’emporter. Assisté pendant ses derniers jours et ses derniers moments par M. Graton, muni de tous les secours de notre sainte Religion il s’éteignit de la mort douce et tranquille des justes, le 8 février 1920, à neuf heures et demie du matin.
Il avait travaillé et souffert pour le service de Dieu pendant 40 ans. Le souverain Maître, qui ne laisse pas sans récompense un verre d’eau froide, lui a donné, j’en ai la ferme conviction, dans son bienheureux Paradis, la place réservée au bon et fidèle serviteur.
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Références
[1426] LÉARD Antoine (1853-1920)
An.ME.01P119.182/02P162.169.170/19-20P432+/39P201
C.R.79P75/12.84P60.61/85P53.54/87P87/89P85/90P179/91P101/92P107/93P123.124/94P134/95P381.386.387
96P121/98P101/99P126/01P102.103/02P117/04P113/07P130/08P100.101/09P105/11P89/12P113.120/15P66/20P25.142.154
B.ME.30P325.332.711/33P259.411/34P616.620