Bonaventure MURY1857 - 1888
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1467
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1880 - 1888
Biographie
[1467]. MURY, Bonaventure-Félix-Marie, frère aîné du précédent, naquit à Roz-Landrieux (Ille-et-Vilaine) le 30 mai 1857. Après avoir fait une partie de ses études à Rennes, il entra tonsuré au Séminaire des M.-E. le 20 décembre 1877, fut ordonné prêtre le 4 juillet 1880, et envoyé au Yun-nan le 1er septembre suivant. D'abord professeur au séminaire, puis à la fin de 1882 placé dans le district de Long-ki composé d'un peu plus de 600 chrétiens, il devint en 1885 chef du district de Pe-che-ngay, dans la préfecture de Kiu-tsin. Il y contracta la fièvre typhoïde en assistant des chrétiens atteints de cette maladie ; il en mourut le 26 décembre 1888, à Pe-che-ngay.
Nécrologie
M. MURY (BONAVENTURE)
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU YUN-NAN
Né …. le 30 mai 1857.
Parti ..le 1er septembre 1882.
Mort ..le 26 décembre 1888.
M. Bonaventure Mury naquit à Roz-Landrieux (Ille-et-Vilaine), le 30 mai 1857. Son père, qui exerçait alors les fonctions d’instituteur, se trouva chargé à la fois de son instruction et de son éducation. Son frère Auguste, plus jeune que lui de deux ans, partagea bientôt avec lui toute la sollicitude de ce père profondément chrétien. Appuyés sur un tel tuteur, les deux jeunes plantes donnèrent bientôt une croissance magnifique. Les écarts de leur nature un peu espiègle, étaient redressés sans merci, mais aussi, avec cette tendresse délicate, qui laisse à la sève tout son essor vers les fleurs et les fruits.
Les fleurs apparurent bientôt : dans Bonaventure, c’était l’innocence, la pureté, la joie de l’âme, qui se traduisait sur son visage par un rire franc et une gaieté de bon aloi ; c’était aussi l’amour de Dieu, la soif du sacrifice, le désir de se dépenser pour les âmes. Vint la saison des fruits : après avoir commencé ses études dans son diocèse de Rennes, Bonaventure entra, le 30 décembre 1877, au Séminaire des Missions-Étrangères. Auguste l’y suivit deux ans plus tard. Le pieux père trouva peut-être alors que Dieu se faisait la part bien large, en lui prenant ses deux seuls fils, mais il savait que Dieu est le maître, et il fit joyeusement le sacrifice demandé. D’ailleurs, il avait montré lui-même à ses fils la voie du dévouement, il ne put qu’être fier de les voir y entrer pleinement.
Les deux frères, de nouveau réunis, furent séparés, et cette fois pour toujours, par le départ de Bonaventure pour le Yun-nan, le 1er septembre 1880. Auguste fut destiné au Su-tchuen, Oriental, Mais une maladie, aussi tenace que mystérieuse en sa cause, le força de revenir en France, en 1886. Dieu voulait-il ménager à ses pieux parents la consolation de sa présence, quand leur arriverait le douloureux message de la mort de leur Bonaventure ?
C’est qu’en effet, la vie de ce bon missionnaire a été courte, « mais, comme l’écrit Mgr Fenouil, ses jours étaient pleins. Arrivé au Yunnan en décembre 1880, ce cher confrère paraissait devoir fournir une longue carrière ; car, sans être de ces natures puissantes qui défient le nombre des années, le jeune missionnaire avait une santé qui paraissait fort bonne. Depuis lors, ce bien-être général ne s’était jamais altéré d’une manière sensible, et rien ne pouvait nous faire craindre une catastrophe ; rien ne pouvait, nous faire prévoir une fin aussi prochaine.
« La dernière maladie elle-même, qui d’ailleurs. .n’a pas été fort longue ; à peine un demi-mois ; ne parut véritablement sérieuse qu’aux derniers jours. Rassurez-vous cependant, le bon P. Mury n’a été ni surpris par la mort, qu’il appelait de tous ses vœux, sans nous en rien dire, ni trouvé les mains vides, comme nous allons le voir. Interrogé par un des deux missionnaires qui l’ont assisté pendant sa maladie, s’il désirait vivre ou aller au ciel, soudain il sourit : « Au « ciel ! au ciel ! murmura-t-il, les petits anges que j’ai baptisés viennent me chercher.– Y en a-« t-il cent ? – Bien davantage, ajouta-t-il.»
« Dire qu’un soldat intrépide est tombé sur la brèche, en défendant l’honneur de son drapeau, c’est le plus bel éloge des braves, et c’est le plus complet ; puis, Notre-Seigneur nous dit que la vie est le plus grand des sacrifices, le plus riche des holocaustes. Eh bien ! telle a été la fin bienheureuse de notre vaillant P.Mury. Ce n’est qu’à la dernière extrémité, quand ses forces ne pouvaient plus servir son courage, qu’il s’est retiré du combat. Alors seulement, il a péniblement gagné sa demeure à pied, ne pouvant déjà plus se tenir à cheval. Il avait passé presque un mois à soigner des moribonds, s’oubliant lui-même, s’exposant au froid, à la pluie, à la faim, jusqu’à ce qu’il fût pris lui-même du mal qu’il tâchait de conjurer chez les autres. Il n’a donc quitté ses chers malades que pour se recueillir un instant et mourir. N’est-ce pas là tomber sur le champ de bataille ? Et notre cher défunt n’est-il pas censé mort au chevet de ses malades, dont il s’occupait jusque dans son délire.
« Dieu semble avoir voulu montrer combien le zèle de son serviteur lui était agréable ; car, ce n’est qu’aux grands soins qu’il prenait de ses chers malades, que le P. Mury a dû l’insigne faveur de pouvoir communier en viatique. M. Oster,qui était venu lui faire sa première visite, et lui offrir les consolations d’un confrère et les services d’un ami, ne vit d’abord dans son mal qu’une indisposition passagère. Et, comme le cher P. Mathias a, lui aussi, plus de travail qu’il ne peut en faire, il avait hâte de rentrer ; et il était déjà en selle, quand on vint pour un malade, à une distance de trois lieues. « Oh ! pour I’amour de Dieu, allez à ma place… je n’y « arriverai jamais,» dit le P. Mury d’un air suppliant. Le P. Oster tourne bride et part ; le soir même il était de retour.
« Le malade a été administré dans les meilleures conditions, mais il mourra probablement dans la nuit, on ne lui portera pas le saint viatique. D’ailleurs son instruction laisse beaucoup à désirer ; c’est à peine s’il pourrait communier par grâce. « Mais c’est juste ce qu’il faut, dit le « P. Mury ; nous-mêmes nous ne vivons que de grâces et de faveurs. Notre-Seigneur ne fait « que ça…» Comment tenir devant une pareille argumentation ? Dès l’aurore, le P. Oster part encore, avec le saint viatique. Il allait arriver, quand il apprend que le malade était mort. De retour à Pe-che-ngay, il trouve M. Mury beaucoup plus mal, et déjà couché. Apprenant ce qui venait d’arriver, notre cher P. Mury se dispose de son mieux, et reçoit le viatique, qu’il avait fait préparer pour un autre. Ce fut fort heureux, car son angine, survenue dans la fièvre typhoïde, s’enflammant toujours davantage, il lui fut, dès ce jour, impossible de rien avaler de solide. Les grandes fatigues et les privations de toute sorte, qu’il s’était imposées depuis un an, avaient épuisé ses forces, et hâté la fin d’une vie si précieuse pour notre mission.»
Deux jours plus tard, le P. Oster vint de nouveau voir le cher malade ; son état lui parut alors plus grave. Il s’était déjà confessé le lundi précédent, il se confessa de nouveau, le samedi 15 décembre. Le lendemain, il recut l’Extrême-Onction, en pleine connaissance encore, car il essayait de répondre aux prières du rituel. Le P. Birbes arriva le 19 à Pe-che-ngay ; il resta près du malade pendant les fêtes de Noël, que le P.Oster dut aller passer dans une chrétienté voisine. Quand il revint, le 26, la maladie avait fait de terribles progrès. « Je ne pense pas que le P.Mury me reconnut, écrit-il, il parlait toujours, mais on ne le comprenait pas. Un peu avant le souper, il eut une crise, puis une seconde vers 7 heures. A 8 heures et quart, nous rassemblâmes les chrétiens, pour réciter les prières des agonisants, et à 8 heurs ½, il expirait entre mes bras. Pendant toute sa maladie, le cher défunt a toujours été assisté d’un confrère : c’est une grâce que Dieu a accordée à celui qui aimait tant les malades.
« Je l’ai revêtu des ornements sacrés, et l’ai descendu dans mes bras à la chapelle. Les chrétiens ont voulu conserver près d’eux la dépouille de leur Père, et les plus notables du village ont offert un terrain pour sa sépulture. Les confrères du voisinage, aussitôt avertis, ont pu arriver le 30 ; et le 31, nous avons porté à sa dernière demeure notre cher Bonaventure, que nous aimions tant. Je puis dire que jamais je n’ai vu en Chine d’enterrement aussi grandiose. Tout le village et plus de 150 chrétiens, en tout 500 personnes, ont suivi le cortège jusqu’au lieu de la sépulture. Notre excellent confrère méritait bien cette belle cérémonie. La dernière nuit, les chants et les prières n’ont pas cessé un seul instant. Le. P. Mury est mort le jour de saint Etienne ; aussi, en récitant à l’office les versets : Sepelierunt Stephanum viri timorati ; et fecerunt planctum magnum super eum, je ne pouvais m’empêcher de penser aux belles funérailles de notre regretté ami et confrère. »
A ce beau témoignage de ses confrères, s’ajoute celui que lui rend son Vicaire Apostolique, qui écrit encore : « Le district de Pe-che-ngay, ou le P.Mury n’était que depuis un an, est au milieu de montagnes, uniquement peuplées de Lolos indigènes. Ce vaste pays compte à peine six à sept cents chrétiens déjà baptisés. Il y a, en outre, un nombre considérable de catéchumènes, dont le zèle est peu appréciable, bien que leur foi se soutienne tant bien que mal. Ces ombres de chrétiens ont, depuis plus ou moins de temps, donné leur nom à l’Eglise, et fait la première adoration, mais ils n’ont presque rien appris, pratiquent peu, er prient selon le goût du moment, ou les occasions qu’ils en trouvent. Ils se disent cependant chrétiens, paraissent tenir fort à ce titre, et c’est là, à peu près, toute leur religion. 1888 fut pour ce pays une année malheureuse ; après une récolte médiocre, la fièvre typhoïde envahit et désola la contrée. Quand les catéchumènes malades se trouvaient au milieu des chrétiens fervents et mieux instruits, ils envoyaient de bonne heure demander les secours de l’Eglise. Mais il arrivait souvent que ces pauvres malades, perdus parmi les païens, ne comprenaient pas suffisamment la nécessité du baptême. Il fallait donc, après avoir visité les malades connus, aller à la découverte des autres. Ces courses multipliées furent pour notre zélé confrère la cause de grandes fatigues ; mais elles avaient presque toujours les plus heureux résultats. Le Seigneur les bénissait au delà de toute prévision, si bien qu’en cinq mois, du 15 juillet au15 décembre ;notre bon P. Mury put baptiser 91 adultes, presque tous in extremis. Ce qui lui faisait le plus de plaisir, c’est que souvent il faisait, comme on dit, d’une pierre deux coups ; il baptisait les mourants, et ranimait la foi de toute la famille. Ce n’est donc pas les mains vides que notre regretté défunt s’est présenté devant Dieu. Il a pu offrir une gerbe des plus riches, et fraîchement moissonnée, les anges savent au prix de quelles fatigues.
« Le P.Mury avait de grandes vertus ; mais sa modestie les abritait si bien, qu’on n’en voyait que l’ensemble. Il avait reçu à un haut degré le sensum Domini, dont parle saint Paul. Aussi, était-il extrêmement sensible aux touches de l’Esprit-Saint. Sa fidélité aux inspirations divines était prompte, entière et persévérante. Notre-Seigneur a promis de se manifester à l’âme docile, au cœur obéissant ; voilà pourquoi, dans ces derniers temps, notre cher Confrère avait fait de si grands progrès dans la vie spirituelle. »
Références
[1467] MURY Bonaventure (1857-1888)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1905, p. 86. - Sem. rel. Rennes, 1888-89, p. 520.
Notice nécrologique. - C.-R., 1889, p. 281.