Joseph COMBOURIEU1861 - 1939
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1628
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Laos
- Région missionnaire :
- 1885 - 1939
Biographie
[1628] Joseph COMBOURIEU naquit le 8 août 1861, à Mur de Barrez, diocèse de Rodez, département de l'Aveyron. Il fut baptisé le lendemain, à la paroisse de Brommes. Ses parents, fermiers, habitaient ce petit bourg mais quittèrent cette localité pour s'installer à RAULHAC, diocèse de Saint-Flour, département du Cantal. Ce déplacement de huit kilomètres seulement le faisait changer de diocèse et de département. A son entrée au Séminaire des Missions Étrangères, il habitait RAULHAC.
En 1879, il entra au Grand séminaire de Saint-Flour ; il y reçut les ordres mineurs, le 3 juin 1882.Le 7 septembre 1882, il arrivait au Séminaire des Missions Étrangères. Sous-Diacre le 22 septembre 1883, diacre le 8 mars 1884, il était ordonné prêtre le 20 septembre 1884, et destiné au Vicariat Apostolique du Siam (Thaïlande) ; il quittait le séminaire de la rue du Bac, le 3 décembre 1884.
Il venait d'arriver à Bangkok. A ce moment, M. PRODHOMME, venu du Laos avec une caravane de CHANS, disait à Mgr VEY ses peines et ses espoirs et réclamait du renfort. L'évêque ne pût mieux faire que de lui adjoindre ce jeune confrère. A cheval, M. COMBOURIEU suivit les CHANS jusqu'à Khorat, puis jusqu'à Oubone, et ensuite jusqu'à Khâm-kôm. En fin de compte, il arrivait à Tharé, le 4 mai 1885. Il devait y rester 54 ans.
A cette époque, le Laos était un pays fermé. M. GUEGO avait rassemblé au chef-lieu laotien de Sakone de nombreux catéchumènes, pour la plupart esclaves délivrés. En raison des nombreuses tracasseries des mandarins, cette petite et jeune chrétienté, composée de Vietnamiens et de Thac-Nua, Laotiens du Nord, venait d'émigrer sur l'autre rive du lac, lorsque M. COMBOURIEU vint la rejoindre.
M. GUEGO étant reparti rapidement pour Khâm-kôm, Mr PRODHOMME initia le jeune missionnaire à sa nouvelle vie, durant un mois, puis le confia à M. DABIN. En octobre 1885, ce dernier repartait pour Oubone, et M. COMBOURIEU, aidé d'un séminariste, restait seul à Sakone.
Il est impossible de suivre M. COMBOURIEU durant cette période. Mais, il tint tête à la persécution avec courage, rayonna au loin, et posa la première pierre de nouvelles chrétientés. Il eut le souci de donner une formation chrétienne solide à ces nouveaux chrétiens. On retrouve son nom dans les premiers registres de baptêmes des principales chrétientés de la région de Sakone.
De nouveaux missionnaires arrivant, M. COMBOURIEU fit porter ses efforts sur le centre de Tharé et ses deux annexes Thung-Mon et Napho. De ces gens venus de partout, les instruisant avec patience, il en fit une communauté modèle. Il mit sur pied des groupes d'enfants de Marie, de mères de famille, une confrérie du Sacré-Cœur pour les hommes, il chercha des vocations. Pour ses écoles que rempliront plus de 400 élèves, il ne recula devant aucun sacrifice. Enfin, il fonda un couvent de religieuses laotiennes, ce qui fut son œuvre de prédilection.
En 1899, la mission du Laos fut séparée de la Mission du Siam. Tharé devint le centre du nouveau Vicariat Apostolique. En 1922, M. COMBOURIEU est nommé Provicaire de la Mission du Laos. A Tharé, M. COMBOURIEU connut de grandes joies, il y vit des ordinations, et des grandes manifestations de foi. Il maintint ordre et discipline dans son troupeau, et jugea les procès. Il n'oublia pas le matériel s'ingéniant à créer des ressources. Il a beaucoup bâti. En 1934, il célébra ses noces d'or, et ce fut un triomphe ! En 1938, à 77 ans, il résigna sa charge de Provicaire et de Curé de Tharé, et il se retira comme aumônier, au couvent des Sœurs laotiennes fondé par lui.
Brusquement, en juillet 1939, la mort lui annonça sa venue. Il s'y prépara en toute sérénité. Le 4 août 1939, Dieu rappelait à lui son fidèle serviteur. Ses obsèques furent solennelles, porté comme en triomphe sur les épaules de ses enfants. Il repose à Tharé la place qu'il avait lui-même choisie.
Homme d'une intelligence nette et précise, d'une volonté droite, d'une prudence tout auvergnate dans la préparation et la réalisation de ses projets, obstiné à poursuivre ses buts, conscient de ses droits et toujours prêt à les défendre, riche d'une foi profonde, fidèle aux principes d'une stricte économie, il cachait un cœur sensible et plein de bonté, sous une rude écorce !
Il a été à la fondation même de la chrétienté et du village de Tharé en 1885 ; il a accompagné le développement de cette chrétienté qui est devenue maintenant un Archidiocèse ! Digne compagnon de Mgr PRODHOMME et de M. GUEGO, il ne leur fut pas inférieur par ses travaux. Il laisse une œuvre qui honore sa mémoire !
Nécrologie
M. COMBOURIEU
PROVICAIRE HONORAIRE DU LAOS
M. COMBOURIEU (Joseph) né le 8 août 1861 à Mur-de-Barrez, paroisse de Brommes, diocèse de Rodez (Aveyron). Entré minoré au Séminaire des Missions-Étrangères le 7 septembre 1882. Prêtre le 20 septembre 1884. Parti pour le Siam le 3 décembre 1884. Mort à Tharé le 4 août 1939.
Le 4 août 1939 le dernier témoin des débuts de la Mission du Laos, M. Joseph Combourieu, s’éteignait à Tharé à la veille de ses quatre-vingts ans. Ce digne compagnon de Mgr Prodhomme et de M. Guégo ne fut pas inférieur par ses travaux aux deux fon¬dateurs entrés désormais dans la légende. Il laisse une œuvre qui honore sa mémoire.
Le relief du visage tient souvent à l’accentuation du carac¬tère. Ses traits, certains plutôt impérieux, décelaient une physio¬nomie morale singulièrement accusée, mais affinée de bonté et de délicatesse. Son intelligence était nette et précise comme sa per¬sonne. Sa volonté naturellement droite suivait la ligne qu’il s’é¬tait fixée, incurieux de l’opinion quand il était d’accord avec sa conscience. Peut-être tenait-il de son terroir d’Auvergne une ex¬trême prudence dans la préparation de ses moindres projets qu’il ne réalisait qu’à coup sûr, une grande obstination à poursuivre ses buts et sans doute aussi le sentiment très vif qu’il avait de ses droits, la promptitude à leur défense, une grande aisance à la ri¬poste, incisive parfois, mais partie d’un trop bon naturel pour être méchante. Sa bonté très attachante pénétrait d’elle-même dans les cœurs ; il savait se faire aimer comme lui savait aimer. Il cachait un cœur sensible sous une rude écorce ; ses chrétiens qui le connaissaient bien ne s’y trompaient pas.
La foi, don de Dieu et richesse transmise, il la tenait de nom¬breuses générations chrétiennes qui la lui avaient léguée simple et robuste. Quelle haute idée il se faisait de son état et quel respect il savait imposer aux autres. Grande loyauté vis-à-vis de Dieu, cette règle de la simplicité avec soi-même et avec Dieu, il l’appliquait scrupuleusement dans les conseils de surnaturelle sagesse qu’il savait si bien donner, il la suivait aussi dans sa piété tout unie, sans complication, basée sur une exacte fidélité à tous ses devoirs et une grande dévotion à la Sainte Vierge.
M. Combourieu destiné à la Mission du Siam quittait le sé¬minaire de la rue du Bac en décembre 1884. Bientôt il arrivait à Bangkok. A ce moment M. Prodhomme, venu du Laos avec une caravane de Chans, disait à Mgr Vey ses peines et ses espoirs et réclamait du renfort. L’évêque ne put mieux faire que de lui ad¬joindre ce jeune confrère. A cheval, M. Combourieu suivit les Chans jusqu’à Khorat, puis jusqu’à Oubone et ensuite jusqu’à Khâm-kôm. En fin de compte après un long voyage il arrivait à Tharé le 4 mai 1885, où il devait rester 54 ans.
A cette époque, le Laos était un pays fermé. Saurons-nous les difficultés qu’eurent à vaincre les premiers pionniers ? M. Guégo avait rassemblé au chef-lieu laotien de Sakone de nom¬breux catéchumènes pour la plupart esclaves délivrés. La vie s’avé¬rant impossible à proximité des mandarins, la jeune chrétienté venait d’émigrer sur l’autre rive du lac, lorsque M. Combourieu vint la rejoindre. Laissons-le parler : — « Deux groupes de maisons, écrit-il « dans ses souvenirs, l’un composé d’Annamites, l’autre de Thac nua, Laotiens du nord, « étaient déjà installés au milieu d’abatis d’arbres coupés des deux côtés de l’église. Celle-ci « était faite de trois paillotes, installation précaire assu¬rément, mais dont il fallait savoir gré à « M. Guégo qui avait pu la mener à bonne fin avec une poignée de néophytes sans ressources « et malgré les tracasseries des mandarins. »
A peine était-il arrivé depuis deux jours que M. Guégo récla¬mait son missel et sa pierre d’autel et, les chargeant sur son dos, repartait pour Khâm-kôm. M. Prodhomme restait avec M. Combourieu et l’initiait à sa nouvelle vie. Au bout d’un mois il le quittait pour continuer ailleurs sa rude tâche, le confiant à M. Dabin. En octobre, ce dernier repartait pour Oubone. M. Combou¬rieu à peine familiarisé avec le pays restait seul, aidé d’un sémi¬nariste, devant une tâche digne d’effrayer un vétéran. Le bon Dieu veillait sur lui.
Il se met à l’ouvrage plein de foi, sans ménager sa peine. Il s’inquiète de grossir le nombre des catéchumènes et entreprend de former à la vie chrétienne ces âmes frustes. Il tient tête à la persécution avec un courage opiniâtre, rayonne au loin et pose la première pierre de nouvelles chrétientés. Il est impossible de sui¬vre M. Combourieu durant cette période. Qu’il suffise de dire que l’on retrouve son nom dans les premiers registres des baptêmes des principales chrétientés de la région de Sakone. Ces années d’in¬tense labeur furent, si on l’en croit, les plus heureuses de sa vie.
De nouveaux missionnaires arrivent, M. Combourieu borne ses efforts au centre de Tharé et à ses deux annexes Thung-mon et Napho. Riche de l’expérience acquise, il donne alors toute sa mesure.
Le grain de sénevé est devenu un grand arbre. De ce rassem¬blement un peu disparate, gens venus de partout, il fait une chré¬tienté modèle à laquelle il infuse l’esprit chrétien. Il instruit et catéchise. Passé maître en cet art difficile, jamais sa patience n’est en défaut. Il prêche chaque dimanche pendant une heure. Certains confrères diront peut-être qu’il exagérait. Il a sa manière et sait se faire écouter. Il s’applique à transformer ces âmes ve¬nues en droite ligne du paganisme mais son zèle lui suggère plus d’un moyen : groupe d’enfants de Marie, réunion de mères de fa¬milles, confrérie du Sacré-Cœur pour les hommes, longues séances au confes-sionnal. Il cherche des vocations. Pour ses écoles que rempliront plus de 400 écoliers, il ne recule devant aucun sacrifice. Il répugne à s’éloigner de son église hors de laquelle il ne se sent plus lui-même. Il est tout au ministère des âmes.
Il pose enfin la dernière pierre à l’édifice en entreprenant la fondation d’un couvent de religieuses laotiennes. Ce fut son oeu¬vre de prédilection. Le bon Dieu bénit ses efforts car il parvint à former à la vie religieuse de pauvres filles des champs.
Il maintient d’une main ferme l’ordre et la discipline dans son vaste troupeau, juge les procès ; dans ce domaine il est iné¬galable. A son avis le soin des âmes prime tout, pourtant il n’oublie pas le temporel, tel jadis le bon M. Vincent qui, en dépit de son immense charité, gardait un soin exact du patrimoine de ses pauvres. Il s’ingénie à créer des ressources. Bien que porté par son bon cœur à des gestes de générosité, il reste toute sa vie fidèle aux principes d’une stricte économie. Il a beaucoup bâti. Si l’on calcule les difficultés qu’il eut à vaincre, l’on reste étonné devant son œuvre et il faut bien convenir qu’il fit au jour le jour le maximum nécessaire avec le minimum des moyens.
A Tharé il eut de grandes joies. Les offices dans son église bien pleine étaient très solennels, il y vit des manifestations de foi qui réjouirent son cœur ; ordinations, processions de la Fête-Dieu, bénédiction des cloches. En 1934, il célébra ses noces d’or et ce fut un triomphe. Il vieillissait sans que faiblît son énergie. Tharé était tout pour lui. A 77 ans il résigne sa charge de provi¬caire et de curé, parcourt une dernière fois les routes de sa jeu-nesse pour administrer le sacrement de confirmation et se retire auprès de son couvent auquel il veut consacrer ses dernières forces.
Sa tâche est finie, il se dit avec l’apôtre : — « bonum cer¬tamen certavi, cursum consummavi, fidem servavi. » Il attend la récompense. Pourtant il devait vivre encore près de deux ans, pareil à lui-même, fidèle à ses vieilles habitudes. Brusquement, en juillet, la mort lui annonça sa venue. Il s’y prépara en toute sérénité. Il est prêt. A Dieu le choix du moment. Le 4 août 1939 le bon Dieu rappelait à Lui son fidèle serviteur.
Ses obsèques furent solennelles. Il fut conduit à la place qu’il avait lui-même choisie, au milieu de la désolation de tout un peuple, porté comme en triomphe sur l’épaule de ses enfants. Il repose maintenant à l’ombre de la croix, à la garde de Celui qui est partout la résurrection et la vie. La mort ne retire pas une mission divine, elle la transpose dans le définitif, dans l’éternel et c’est là qu’il faut chercher l’œuvre d’une vie. De sa tombe il veillera sur ses chrétiens, ceux de Tharé, de Napho, de Thung¬mon qu’il garda plus longtemps sous sa houlette, sur tous ceux dont il fut le père dans la foi, sur les païens qui résistent à la grâce. Ses chrétiens aimeront à prier sur sa tombe, et alors, unis¬sant son souvenir à celui de Mgr Prodhomme et de M. Guégo, ils réitèreront la prière de l’église universelle à ses saints fondateurs : « Da ecclesiae tuae eorum sequi praeceptum per quos religionis sumpsit exordium. »
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Références
[1628] COMBOURIEU Joseph (1861-1939)
Références biographiques
AME 1892 p. 614. 1911 p. 145. 1919-20 p. 259. 260 sq. 325. 326. 328. 340. 350. 1936 p. 43. 92. 1938 p. 187. 1939 p. 268. CR décembre 1884 p. 158. 1890 p. 267. 1900 p. 218. 219. 1901 p. 221. 1902 p. 247. 1903 p. 249. 1904 p. 238. 1905 p. 237. 1906 p. 224. 225. 1907 p. 259. 264. 1909 p. 220. 221. 1910 p. 254. 255. 387. 389. 390. 1911 p. 229. 230. 1912 p. 275. 1914 p. 120. 1915 p. 139. 1916 p. 159. 160. 1918 p. 109. 1919 p. 105. 1921 p. 121. 1922 p. 140. 141. 1923 p. 152. 153. 155. 1925 p. 130. 1926 p. 144. 224. 1928 p. 121. 146. 1929 p. 196. 299. 1930 p. 214. 220. 1931 p. 236. 238. 239. 1932 p. 266. 1934 p. 201. 1935 p. 204. 208. 1936 p. 195. 1938 p. 204. 1939 p. 189. 220. 268. 1940 p. 102. 104. 1947 p. 150. 282. BME 1923 p. 61. 1925 p. 58. 246. 507. 577. 1926 p. 259. 1927 p. 324. 451. 506. 576. 1928 p. 506. 696. 699. 1929 p. 186. 305. 1930 p. 250. 504. 505. 1931 p. 80. 308. 1932 p. 227. 304. 1934 p. 590. 591. 841. 843. 846. 1935 p. 64. 680. 749. 1936 p. 73. 216. 1937 p. 219. 453. 669. 1938 p. 275. 556. 1939 p. 295. 806. 807. 810. 1941 p. 696. 1953 p. 302. 1954 p. 528. 529. 530. 750. 753. 1956 p. 902. R. MEP. N° 123P7. EC1 N° 86. 88. 89. 96. 100. 407.