Victorin DEFOIS1869 - 1905
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2058
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1893 - 1904 (Hanoi)
Biographie
[2058] DEFOIS, Victorin-Auguste-Etienne, né le 29 avril 1869 à Saint-Malo-du-Bois (Vendée), élève du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers et du grand séminaire de Luçon, était tonsuré quand il entra au Séminaire des M.-E. le 8 septembre 1889. Prêtre le 27 mai 1893, il partit le 19 juillet suivant pour le Tonkin occidental.
Après avoir été procureur de la mission et chapelain des Carmélites à Hanoï, il essaya dans cette même ville de créer un cours de sciences en langue annamite. Placé à la tête d'un district, il commença la construction de l'église de Yen-mi. Atteint d'un cancer, il regagna la France en décembre 1904, et mourut au sanatorium de Montbeton (Tarn-et-Garonne), le 4 juin 1905.
Quelques jours avant sa mort, il disait au supérieur du sanatorium : Ne priez pas pour ma guérison, c'est inutile. Demandez plutôt à la sainte Vierge qu'elle m'emmène, elle m'oublie.
Nécrologie
M. DEFOIS
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN OCCIDENTAL
Né le 27 avril 1869
Parti le 19 juillet 1893
Mort le 4 juin 1905
« M. Victorin Defois, neveu de deux prêtres, qui ont honoré le diocèse de Luçon, naquit en plein Bocage vendéen, à Saint-Malo-du-Bois, tout près du tombeau du B. Montfort, le grand missionnaire du Poitou, l’apôtre de la dévotion à la sainte Vierge ; et, à ce titre, l’un des patrons préférés de notre confrère. Il nous arriva au Tonkin en 1893, et fit ses premiers essais sous la direction de M. Bareille d’abord, de Mgr Marcou, ensuite. Nommé, en 1896, procureur de la mission à Hanoï, il quitta ce poste deux ans après, pour professer le cours de philosophie, nouvellement fondé. Ce travail lui fut très pénible ; sa santé, ébranlée par de violents accès de fièvre, lui imposa, coup sur coup, deux séjours au sanatorium de Béthanie. Il fallut donc échanger l’enseignement contre le ministère paroissial. Ce n’était pas un sacrifice. Pourtant, son tempérament, porté au scrupule, redoutait la responsabilité. Mais l’obéissance, chez lui, primait tout ; il l’a montré jusqu’à la fin.
« Ainsi donc, procureur, fondateur de cours, professeur, chef de district : voilà l’histoire de notre confrère au Tonkin.
« Comme procureur, il fut... rude toujours, mais serviable ; un bourru bienfaisant. Je ne pense pas que le service lui allât, non plus qu’à tant d’autres ; à lui surtout, dont l’âme regardait en haut. Heureusement, les hommes de Dieu s’accommodent de leur état, et la forme de leur sanctification est celle que l’obéissance leur assigne. M. Defois se sanctifia donc par « les caisses et les clous ». Il joignait à la charge de procureur celle de chapelain des Carmélites. Cette fois, l’obéissance s’accordait avec les goûts. Il se sentait plus à son aise, et, pour rattraper les saintes filles qu’il dirigeait, son âme n’avait pas trop à courir.
« Fondateur de cours. Il s’agissait de créer l’enseignement annamite des sciences. Pour qui sait combien la pauvre langue annamite, dans sa raideur et sa misère, se défend contre ces spéculations avec plus d’horreur que le dernier élève d’une classe, tenter de l’assouplir est déjà un mérite ; y réussir est un miracle. Ce miracle, M. Defois l’a-t-il fait ? Je laisse à de plus entendus que moi le soin d’en décider. Il y répandit, au moins, ses sueurs, et j’enregistre à son actif le mérite de l’avoir entrepris.
« Chef de district. Le district est le terrain par excellence où réussissent les vertus, pourvu qu’on en possède. M. Defois en possédait.
« Mortifié, il l’eût été par force. Sa vie de mission fut une souffrance continue. Trois fois, il fut obligé de s’arrêter, et l’on peut être assuré que son énergie ne se rendait, que réduite à la dernière impuissance. Il eut aussi des luttes intérieures à soutenir, et la grâce, qui l’y aidait, connaissant son homme, ne prenait pas la précaution de se faire consolante. Mortifié, il l’était aussi par goût, par générosité, par besoin. Un professionnel du genre exerçait-il, à portée de lui, quelques-unes de ses pieuses industries ; sans rien mettre à terre de ce qu’il portait, il se chargeait encore de la nouvelle pratique. Fumeur, je l’ai vu renoncer à son tabac ; que les fumeurs d’occasion sourient, les vrais fumeurs apprécieront !
« Ses dévotions favorites. Celles de la sainte Église d’abord, au premier rang desquelles se plaçaient, non seulement dans son estime, comme de juste, mais dans ses attraits, la sainte Eucharistie et la sainte Vierge. Sa messe était digne, pondérée, goûtée, un peu lente. Je n’affirmerais pas qu’il y fût toujours consolé. Il établissait sa piété au-dessus des fluctuations de la ferveur sentie, et n’éprouvait d’autre inquiétude de ses délaissements que d’avoir mérité de les encourir. Avec la très sainte Vierge, il suivait de point en point la doctrine du B. Montfort, et pratiquait l’abandon des œuvres, des satisfactions, l’esclavage… tout ce qu’on a jamais recommandé de mieux. Principe et pôle de sa vie spirituelle, elle était son grand moyen de direction au confessionnal.
« Le confessional. Je n’exagère pas en disant qu’il en était le mar¬tyr. D’ailleurs, ceux qui obtiennent ce titre se défendraient de le mériter. Le commerce des âmes et les miracles qui s’y opèrent, leur causent tant d’admiration et leur offrent tant de charmes, qu’ils en oublient la peine, ou que la peine leur devient un plaisir. Heureux ces prêtres, pour lesquels la grâce est descendue jusque dans la nature ! Heureux les fidèles qui rencontrent de tels pasteurs !
« M. Defois réglait avec une grande sollicitude l’instruction des enfants, les interrogeant fréquemment lui-même. D’ailleurs, tous ses fidèles étaient ses enfants. Il se montrait avec eux doux et patient ; ce qui prouve que des hommes un peu brusques peuvent devenir des pères très tendres ; et M. Defois était brusque avec ses confrères.
Zelus domus tuœ comedit me. C’était à prévoir. Avec son amour de l’Eucharistie, il ne pouvait tolérer aucun laisser-aller dans le service des autels. Il aimait le luxe pour Dieu ; et à défaut des riches décorations qui manquaient, il voulait au moins que la pauvreté resplendit. La tenue à l’église était l’objet de ses soins, et il n’omettait rien pour y habituer ses chrétiens, trop portés par l’éducation annamite à se négliger là-dessus.
« Il a désiré, lui aussi, construire son église. Sa mort a arrêté les travaux, mais, ce que cette église projetée de Yen-mi lui a coûté, Dieu le sait. Il y a consacré ses ressources personnelles, et les écono¬mies que sa mortification prélevait sur ses besoins.
« Vaincu enfin par la souffrance, ou plutôt déférant aux désirs de son évêque, qui furent, en cette circonstance, obligés d’aller jusqu’à l’ordre, il partit pour la France en décembre 1904. De toute sa vie apostolique, ce voyage fut le dernier sacrifice et le plus grand. Il l’accepta, parce que c’était encore pour lui le moyen d’en faire un acte de charité. Il ramenait au pays natal un confrère malade ; et lui, dont la santé eût exigé tant de soins, ne songea qu’à assister son compa¬gnon de route.
« Son agonie à Montbeton a duré plusieurs mois. La gorge, ravagée par la tuberculose, refusait le passage aux aliments. A la fin, quelques gouttes d’eau pouvaient seules le forcer, encore, au prix de quelles souffrances ! Et pourtant, à chaque répit du mal, il utilisait ces accalmies à la traduction des épîtres de saint Paul, travail commencé avec les encouragements de ses supérieurs et entrepris pour le bien de sa mission, son unique pensée.
« Toujours énergique, il voulut voir en face son avenir et quel en était le bout. Le médecin, stupéfait d’une insistance à laquelle ne l’habituaient pas ses clients, s’expliqua avec franchise : plus d’espoir.
« Le malade, abandonnant délibérément les moyens humains, qui se déclaraient impuissants, se tourna alors vers son recours accoutumé, la sainte Vierge. Il demanda un miracle ; mais, je le crois, avec des restrictions de générosité qui y firent obstacbe. M. Dupont, le saint homme de Tours, qui entend qu’on force la main à Dieu, eût vertement tancé cette manière. Comme il fallait pourtant aider la sainte Vierge, il entreprit une neuvaine. Or, voici ce qu’il advint. La première date choisie se trouvait malencontreusement en semaine sainte. Le malade, qui souffrait martyre, ne put cependant supporter la pensée d’être guéri aux jours où son divin Maître souffrait passion pour lui. Il implora un sursis de guérison, et remit la neuvaine après Pâques. Que pensez-vous de cette délicatesse ? Mais nous comprenons que la sainte Vierge l’ait exaucé à sa façon, et qu’elle ait tenu plus compte de ses désirs que de ses prières.
« Du reste, il ne fit plus mystère de ses aspirations, dès qu’il crut reconnaître, à l’insuccès de sa neuvaine, les intentions de sa bonne Mère. Alors, il la pressa de les exécuter : « Vous « êtes bien mal aujourd’hui, » lui disait son dévoué infirmier. — Ah ! si je pouvais être dix « fois plus mal !... ne priez pas pour ma guérison ; c’est inutile. Demandez plutôt à la sainte « Vierge qu’elle m’emmène ; Elle m’oublie. »
« Et, jour et nuit, il l’invoquait à haute voix. Certaines actions, certaines réticences qui lui ont échappé, autorisent à penser qu’il avait fait un pacte avec le bon Dieu ou la sainte Vierge, et qu’il avait offert sa vie en sacrifice, pour une intention connue de lui seul.
« Il avait reçu l’extrême-onction le 18 mai, le jour même où nous perdions ici le cher M. Durand. Il s’éteignit le dimanche, 4 juin, à cinq heures et demie du soir, après ces longues souffrances saintement supportées, édifiant jusqu’à l’admiration et touchant jusqu’aux larmes, par son courage, sa générosité, son inlassable ferveur, les confrères assez favorisés pour assister à une telle mort.
« J’ai lu sa dernière lettre à Monseigneur : il y parlait de ses souffrances comme de celles du voisin ; je me trompe, sa charité alors eût trouvé des accents plus émus.
Le bon Dieu l’a pris.., ou la sainte Vierge.., ou tous les deux... Je comprends leur impatience ; et puisqu’il semble bien qu’ils peuvent se passer ici-bas des meilleurs d’entre nous, je m’explique qu’ils n’aient pas voulu plus longtemps attendre là-haut celui-ci. »
UN MISSIONNAIRE DU TONKIN OCCIDENTAL
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Références
[2058] DEFOIS Victorin (1869-1905)
Bibliographie. - (Le Secret de Marie) [Par le P. de Montfort]. - Imprimerie de la mission, Ke-so, 1907, in-12, pp. 120.
Notes bio-bibliographiques. - M. C., xxxvi, 1904, p. 400.
Notice nécrologique. - C.-R., 1905, p. 360.