Alfred LIÉTARD1872 - 1912
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2222
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1896 - 1912
Biographie
[2222]. LIÉTARD, Alfred, né le 31 décembre 1872 à Vieux-Condé (Nord), entra laïque au Séminaire des M.-E. le 16 septembre 1891, fut ordonné prêtre le 28 juin 1896, et partit le 29 juillet suivant pour le Yun-nan. Après avoir rempli à Yun-nan fou les fonctions de procureur de la mission, il fut chargé des districts suivants : Lang-ngy-tsin en 1898 ; Pien-kio en 1904 ; Pin-y-hien et Pe-che-ngay en 1908. Ce fut dans ces districts, qu'outre son travail d'administration, il prit de nombreuses notes qui lui ont servi pour ses ouvrages sur le dialecte A-hi. Il construisit à Pe-che-ngay, dont il fit le centre du district de Pin-y, un oratoire et une résidence.
En 1910, il passa quelques mois à Tchen-fong-chan, puis fut envoyé à Tchao-tong ; il y mourut le 5 juillet 1912. Il avait été nommé officier d'Académie quelques mois avant sa mort.
Nécrologie
M. LIÉTARD
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU YUN-NAN
Né le 31 décembre 1872
Parti le 29 juillet 1896
Mort le 5 juillet 1912
Alfred Liétard appartenait au diocèse de Cambrai, qui a toujours fourni de nombreuses recrues à l’apostolat. Il était né à Vieux-Condé (Nord), le 31 décembre 1874. Dans cette courte notice, nous ne dirons rien de ses premières années, sur lesquelles les renseignements nous font totalement défaut. Nous allons nous borner à retracer succinctement sa carrière de missionnaire.
Arrivé à Yun-Nan-Fou à la fin de l’année 1896, il consacra, selon l’usage, les premiers mois de son séjour sur la terre chinoise à l’étude exclusive de la langue, qu’il apprit avec beaucoup de facilité. Il fut ensuite chargé de remplir les fonctions de procureur de la Mission.
A cette époque, la procure de Yun-Nan-Fou n’avait pas l’importance qu’elle a acquise depuis et le jeune Missionnaire eut encore bien des loisirs, dont il profita pour se mettre en état d’exercer le saint ministère.
En 1898, il cédait ses fonctions à M. Kircher et allait le remplacer à Lan-Ngy-Tsin, petit poste exclusivement indigène, à quatre journées de marche de Yun-Nan-Fou. Ses débuts apostoliques furent bénis de Dieu. Malgré bien des difficultés qui s’opposaient aux conversions des païens, il parvint à réunir, tous les soirs, un groupe important d’indigènes, à qui il enseigna les éléments du catéchisme. La grâce féconda ses efforts et il eut bientôt la joie de donner le baptême à ceux dont l’instruction était suffisante. Peu à peu les chrétiens, dont les motifs de conversion avaient été peut-être trop intéressés, conçurent une meilleure idée de la religion et des devoirs qu’elle impose. Des païens vinrent des villages voisins ,et leur entrée dans le sein de l’église par le baptême, grossit notablement le nom¬bre des fidèles de Lan-Ngy-Tsin.
En 1900, le soulèvement des Boxeurs porta le trouble dans toute la Province. M. Liétard demeura au milieu de ses néophytes. Les mois durent lui paraître bien longs, car rarement un courrier lui apportait des nouvelles avec quelque subside impatiemment attendu. La tourmente passa sans que faiblit la foi de ses chrétiens. D’année en année leur nombre augmentait, et il en vint à compter plusieurs cen¬taines de néophytes répartis entre plusieurs villages, et nombreux étaient les adorateurs.
Sur ces entrefaites, M. Liétard fut appelé à diriger le district de Pien-Kio. Il lui en coûta de quitter Lan-Ngy-Tsin, car il pensait que son éloignement serait cause d’un arrêt des progrès du chris¬tianisme dans cette région. Soumis, néanmoins, à la volonté de ses supérieurs, il accepta avec confiance sa nouvelle destination et il se rendit à Pien-Kio (1904).
En cours de route, il s’arrêta à Ta-Ly. Il trouva, chez M. Leguilcher, quelques indigènes embarrassés dans un procès avec des Chinois. Il fut heureux d’entrer en relations avec eux. A la demande du préfet, il voulut bien s’intéresser à leurs difficultés et prendre des renseignements sur leurs différends. Il réussit à leur faire rendre justice. Reconnaissants, les indigènes lui déclarèrent qu’ils étaient prêts à étudier la religion chrétienne.
Beaucoup d’entre eux étaient du village de Djokoula, situé sur un petit affluent du Fleuve Bleu, à deux jours de Pien-Kio. Pour y aller il fallait suivre des routes escarpées, franchir une montagne de plus de 3.000 mètres. M. Liétard commença parmi eux la fondation d’une petite chrétienté. Mais l’hostilité du sous-préfet et surtout l’opposition des Chinois, mécontents d’avoir perdu leur procès, en empêchèrent la réussite. Devant une résistance qu’il savait irréductible, le Missionnaire exprima le désir d’être appelé à exercer son zèle sur un champ moins ingrat. Ce lui fut cependant un crève-cœur d’aban¬donner Pien-Kio.
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En 1908, nous trouvons M. Liétard en charge du district de Pin-Y, dans l’Est du Yun-Nan. Avec son activité ordinaire, il en parcourt d’abord les diverses stations. Cette vue rapide lui laisse une pénible impression, d’autant plus qu’il est victime d’une brutale agression dont le mauvais vouloir des autorités ne lui permet pas d’obtenir justice.
A Pin-Y, où il avait sa principale résidence, les catéchumènes étaient rares et les chrétiens en petit nombre. Il demanda et obtint l’autorisation de se transporter à Pe-Che-Ngay, village composé en majeure partie d’indigènes, d’où il visiterait le district de Pin-Y. Les deux années qu’il passa dans ce nouveau poste furent employées à relever son église et sa résidence.
Dans les premiers mois de 1910, M. Liétard fut nommé titulaire de la station de Tchen-Fong-Shan, où il ne fit que passer. Au mois de mars de l’année suivante, il fut chargé de l’administration du district de Tchao-Tong, qui a toujours été réputé, et à bon droit, comme l’un des plus importants de la Mission du Yun-Nan. En ces dernières années, il est devenu celui où la plus grande somme de travail matériel est demandée au missionnaire.
Dès les premiers jours, notre Confrère fut émerveillé : la chrétienté était intéressante, quoique peu nombreuse ; les habitants du pays étaient réellement sympathiques. Il se mit à préparer tout un programme d’utiles améliorations pour développer l’Œuvre de la Sainte-Enfance, déjà très florissante, et obtenir une fréquentation plus assidue des écoles. Il sentait en son âme comme un renouveau de vie morale ; l’avenir était plein d’heureuses espérances. Par surcroît, en mai 1912, une distinction honorifique vient récompenser ses remarquables travaux ethnographiques : il la doit à son Dictionnaire — très complet — du parler Lolo de la tribu des Ashi, qui n’est d’ailleurs pas son seul ouvrage ; car il a composé aussi un Essai de Grammaire du dialecte Ashi et d’autres ouvrages qui sont sous presse. Cette distinction lui est un encouragement à continuer des études qui l’intéressent personnellement et dont il espère tirer profit pour l’entretien de ses œuvres.
C’est au moment où sa piété caressait de beaux rêves qu’il a plu à Dieu de rappeler à lui ce bon Missionnaire.
Le 22 juin, il terminait sa retraite annuelle qu’il avait faite, par exception, en compagnie d’un prêtre chinois. Le 26 juin, au départ de celui-ci, il l’accompagna jusqu’à quelques lis de Tchao-Tong. Le lendemain, il éprouva un léger malaise et ne put prendre son repas du soir. Les jours suivants, une fièvre intense se déclara et ne le quitta plus ; les soins d’un médecin de l’endroit furent absolument impuissants à procurer le moindre soulagement.
Le 5 juillet au matin, une subite amélioration sembla se produire et M. Liétard voulut réciter son bréviaire. Dans l’après-midi, le délire s’empara de lui de nouveau. Il comprit que sa fin était proche ; entouré de ses chrétiens en prières, s’abandonnant au Cœur Sacré de Jésus dont il ne cessa de presser entre ses doigts, jusqu’à sa mort, une image retirée de son bréviaire, il se prépara à paraître devant le Souverain Juge. Il rendait son âme à son Créateur à 8 h. ½ du soir.
M. Fortin, venu de Ko-Kouy afin d’assister son Confrère, présida les funérailles : elles furent imposantes. De nombreux chrétiens entouraient le P. Antoine Ly et les autorités chinoises, qui étaient venues rendre un dernier hommage au Missionnaire ; un piquet de 30 soldats rendait les honneurs.
M. Liétard repose dans le cimetière de Tchao-Tong, près des Pères Chicard et Fage. Bien plus courte que la leur a été sa carrière apostolique. La mort est venue le frapper alors que sa santé encore robuste lui promettait de longues années d’un laborieux et utile ministère.
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Références
[2222] LIÉTARD Alfred (1872-1912)
Bibliographie. - Notions de grammaire lolo (Dialecte A-hi) [Extrait du Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient]. - Imprimerie d'Extrême-Orient, Hanoï, 1909, in-8, pp. 24.
Au Yun-nan : Min-kia et La-majen [Extrait d'Anthropos]. - Anthropos-administration : Saint-Gabriel-Mödling bei Wien, Österreich, 1912, in-8, pp. 677-705.
Au Yun-nan. Les Lo-lo Po, une tribu des aborigènes de la Chine méridionale. - Aschendorffsche verlagsbuchhandlung, Münster ; Pour la France : Picard fils et Cie, 82, rue Bonaparte, vie, Paris ; pour l'Angleterre : Luzac and Co, 46, Great Russell street, London, 1913, in-8, pp. viii-272.
[Cet ouvrage fait partie de la Collection internationale de monographies ethnologiques. Bibliothèque Anthropos.]
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1900, p. 103 ; 1903, p. 110 ; 1905, p. 95 ; 1906, pp. 103, 104 ; 1907, p. 135 ; 1908, p. 141 ; 1909, p. 116 ; 1912, p. 139. - M. C., xxxv, 1903, p. 399 ; xxxvi, 1904, Le district des Lolos A-hi, pp. 93, 105, 117 ; xxxix, 1907, pp. 207, 254. - A. M.-E., 1902, p. 311 ; 1903, La Religion des A-chi, p. 90 ; 1904, La révolte de Lin-gan, p. 162 ; 1904, p. 74 ; 1912, p. 212 ; Ib., Officier d'Académie, p. 277. - Anthrop., 1912, Au Yun-nan : Min-kia et La-majen, n° de juil.-oct., p. 677. - T'oung-pao, 2e sér., v, 1904, Lolos A-hi, p. 230 ; viii, 1907, p. 676 [Tirage à part : Les Lolos, p. 82] ; 2e sér., xii, 1911, Essai de dictionnaire lolo-français, dialecte A-hi, pp. 1, 123, 316, 544 ; Ib., Notions de grammaire lolo, dialecte A-hi, p. 627 ; xiii, 1912, Vocabulaire français-lolo, dialecte A-hi, p. 1 ; Ib., Notice, p. 743. - Bull. Ecol. franç., x, 1909, Notions de grammaire lolo, dialecte A-hi, n° d'avril-juin ; Ib., Notes sur les dialectes lolos, n° de juil.-sept.
Notice nécrologique. - C.-R., 1912, p. 480.