Jean-Baptiste PÉNICAUD1874 - 1943
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 2350
Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Biographie
[2350] Jean-Baptiste PENICAUD naît le 14 mai 1874, à Limoges (Haute Vienne), paroisse St. Pierre. Par sa mère, il est parent de Mgr. Gay, auxiliaire du cardinal Pie. Il a quatre frères dont l'un deviendra bénédictin, un autre curé archiprêtre dans le diocèse, et une soeur. Il fait ses études secondaires au Collège ecclésiastique de sa ville natale, puis suit le grand séminaire où il reçoit la tonsure le 27 mai 1893.
Le 26 octobre 1894, il entre au séminaire des MEP. Minoré le 29 février 1896, sous-diacre le 13 mars 1897, diacre le 26 septembre 1897, il est ordonné prêtre le 5 mars 1898.
Chine (1898-1914)
Il reçoit sa destination pour la préfecture apostolique du Kouang-tong (Canton), qu'il part rejoindre le 11 mai 1898.
Il arrive à Canton dans la première quinzaine de juin 1898. Pour l'étude de la langue, Mgr. Chausse le confie au P. Antoine Fourquet, chef du district de Sanhing, une région située à l'ouest de Canton. En 1899, le P. Pénicaud continue sa formation apostolique dans les environs de Tongkoun, à l'est de Canton. En décembre 1899, il est envoyé à Tonghing sur la frontière du Tonkin auprès du P. Grandpierre, seul prêtre de la région. Là, il visite les chrétientés des « Cent Mille Monts ».
. Swatow, Ling-shan, Ping-ti-tong
Vers la fin de 1900, le P. Pénicaud prend la direction de la procure de Swatow (Shantou, Guangdong) , où il est chargé des chrétientés voisines de la ville. En 1902, il est mis à la tête du district de Ling-shan au nord ouest de Pakhoi (Beihai,Guangxi). Il construit une résidence à Tsaply (Tchapli), centre du district du Hoppou, où il installe son vicaire; après la fête de l'Assomption de 1904, il se fixe à Ping-ti-tong. En 1904, il souffre des incursions et des exactions des pirates; en 1905, le calme revenu, il complète la formation spirituelle de ses nombreux catéchumènes dans les districts de Ling-shan et de Yam-tchao ; il bâtit une chapelle et une résidence à San-tin-po.
En 1906, ses néophytes sont victimes de diverses vexations, d'injustices et de persécutions. Lui-même voit sa résidence pillée; on répand le bruit que, fait prisonnier par les "Pavillons Noirs", il a été mis à mort. En 1907, en raison des exactions commises par des bandes de pirates, beaucoup de chrétiens se réfugient à la mission de Pakhoi et dans l'île de Waichow. Dans leur fuite, ils sont attaqués par une bande de pirates à Koukpou, un peu en amont de Lim-tchao, où sept chrétiens sont massacrés.
.Lien-tcheou, Haï-nan
En 1908, ne pouvant rentrer dans son district mis à feu et à sang, le P.Pénicaud s'installe à Lien-tcheou, au nord de la province. En 1909, il s'offre comme volontaire pour aller dans l'île de Haï-nan, où les chrétiens sont tièdes et peu nombreux. Il se fixe à Hoi-hao, le plus important port de l'île, où il construit une chapelle, puis une habitation convenable. Le 19 mars 1910, arrive un groupe de religieuses de Saint Paul de Chartes, qui fondent un ouvroir ; elles s'occupent de l'orphelinat, de l'hôpital, et ouvrent une école pour les jeunes filles.
France (1915-1919)
En 1914, le P. Pénicaud est mobilisé ; il est envoyé en France en 1915. Affecté d'abord comme infirmier dans un hôpital de Limoges, il devient rapidement interprète-aumônier auprès des travailleurs chinois. Démobilisé en 1919, et en attendant son retour en Chine, il s'occupe d'une paroisse de banlieue à Limoges.
Chine (1920-1940)
En 1920, il regagne sa mission, et séjourne quelques semaines à Fort-Bayard, pour se familiariser avec la langue de cette région ; Mgr. de Guébriant lui confie le district de Topi, depuis peu détaché du district de la Sainte Trinité au Loui-Chow. Cette même année, il est appelé à Wai-chow où, il s'occupe de la création du petit séminaire pour préparer la constitution d'un nouveau vicariat apostolique.
En 1921, la division de la mission de Canton donne naissance au vicariat apostolique du Kouang-tong occidental et de Hai-nan, confié à Mgr. Auguste Gauthier. Le P. Pénicaud est choisi comme provicaire, nommé supérieur du petit séminaire; Il prend part à la conférence épiscopale de Hong-Kong qui s'ouvre le 15 novembre 1922. En 1925, ayant remis au P. Grégoire la direction du séminaire, il administre le vicariat apostolique pendant la visite "ad limina" de Mgr.Gauthier, (1925-août 1926); contraint par sa santé, Mgr. Deswazières démissionne de sa charge de vicaire apostolique de Pakhoi ; le P. Pénicaud devient alors administrateur apostolique du vicariat.
. Evêque d’Assus
Le 16 décembre 1929, il est nommé évêque d'Assus et vicaire apostolique de Pakhoi. Cependant, avant de se faire sacrer, atteint de cataracte, il se rend en France, et prend part aux travaux de l'Assemblée Générale des MEP qui s'ouvre à Paris le 15 juillet 1930. Le dimanche 9 novembre 1930, dans la cathédrale de Limoges, il reçoit la consécration épiscopale des mains de Mgr. de Guébriant, assisté de Mgr. Arlet, évêque d'Angoulême, et de Mgr. de Durfort, évêque de Poitiers. Le jeudi 12 février 1931, il s'embarque à Marseille, arrive dans sa mission en mai 1931, et s'installe à Pakhoi.
En 1931, Mgr. Pénicaud accueille les quatre premières soeurs "Catéchistes missionnaires de Marie Immaculée" pour s'occuper de l'orphelinat et de l'hôpital. En janvier 1932, il accompagne Mgr. de Guébriant dans sa visite de la mission de Pakhoi. Il organise les diverses oeuvres de son vicariat, visite les districts, fait construire une aile pour agrandir le séminaire. En 1931, son séminaire compte quinze élèves, et au Collège général de Penang, deux séminaristes font leur première année de théologie, deux autres commencent leur philosophie.
Le 24 septembre 1933, sous la présidence de Mgr. Pénicaud, le P.Rossillon procéde à la bénédiction du nouvel évêché-procure de Pakhoi. Ce bâtiment spacieux, "maison des missionnaires", permet de les recevoir tous ensemble à l'occasion des retraites annuelles. En janvier 1937, Mgr. Pénicaud participe à Canton à la réunion des Ordinaires du sud de la Chine, présidée par le délégué apostolique, puis suivie d'un Congrès d'Action Catholique.
L'année 1938 est marquée par la guerre et ses conséquences, par les bombardements japonais sur Pakhoi, Lim-chow, Waichow, par une reprise de la piraterie dans la région de Tung-hing et Ling-shan, par l'occupation d'une bonne moitié du vicariat par des troupes de secours venues du Kouang-si, par un mouvement de persécution dans les districts de la Sainte Trinité et de Topi, et par la maladie de plusieurs confrères. En septembre 1938, en raison de son état de santé, Mgr. Pénicaud nomme deux vicaires délégués, les P.Cellard et Poulhazan, l'un pour l'est et l'autre pour l'ouest du vicariat.
En mars 1939, Mgr. Pénicaud est nommé président du sous-comité d'aide pour les réfugiés chinois à Pakhoi, dans lequel toutes les missions chrétiennes sont représentées. Quatre camps de réfugiés sont ouverts. La guerre et les bombardements aériens s'intensifiant, il met largement les enclos de la paroisse, de l'hôpital et de son évêché à la disposition des gens de Pakhoi. Le 20 octobre 1939, une bombe tombe au milieu du jardin de l'évêché, et un éclat entame largement une colonne de la véranda du bâtiment. Outre les familles de quelques notabilités, quelques quatre cents malheureux, des aveugles, boiteux, manchots vivent sur le terrain de l'évêché; huit grands foyers y sont installés, assurant deux fois par jour, la distribution gratuite de nourriture.
A la fin de février 1940, le Saint Siège, en confiant à Mgr. Deswazières la direction du vicariat de Pakhoi, accepte la démission de Mgr. Pénicaud, en raison de son état général de santé, et de sa quasi cécité. Le 24 juin 1940, celui-ci se retire au sanatorium de Béthanie à Hong-kong où il arrive le 5 juillet 1940.
Vietnam (1941-1943)
Les Japonais ayant occupé Hong-Kong, à la fin de décembre 1941, Mgr. J.B. Pénicaud part à Keso dans le vicariat apostolique de Hanoï. Il gagne ensuite Saïgon, où Mgr. Cassaigne lui confie l'aumônerie d'une maison religieuse de la ville.
Depuis longtemps atteint de prostatite, transporté à la clinique Saint Paul à Saïgon, pour y être opéré, il y décéde le 19 janvier 1943.
Nécrologie
Mgr PENICAUD
ANCIEN VICAIRE APOSTOLIQUE DE PAKHOI
Mgr PÉNICAUD (Jean-Baptiste-Michel-Louis) né le 14 mai 1874 à Limoges (Haute-Vienne). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 24 octobre 1894. Prêtre le 5 mars 1898. Parti pour le Kouangtong le 11 mai 1898. Evêque d’Assus et Vicaire apostolique de Pakhoi en 1929. Démissionnaire en 1940. Mort à Saigon le 19 janvier 1943.
Jean-Baptiste-Michel-Marie-Louis Pénicaud naquit à Limoges le 14 mai 1874, d’une des plus anciennes et des plus honorables familles de cette ville.
Nous avons peu de détails sur les premières années de notre futur évêque. Si nos souvenirs sont fidèles, il avait quatre frères et une sœur. Un de ses frères devint bénédictin, un autre était curé-archiprêtre dans le diocèse.
Ses études secondaires terminées au Collège ecclésiastique de sa ville natale, le jeune Louis fut admis au Séminaire des Missions-Étrangères, où il fut ordonné prêtre le 5 mars 1898 et, ce jour-là, il reçut sa destination pour le Kouangtong.
Parti le 11 mai de la même année, M. Pénicaud arriva à Canton dans la première quinzaine de juin. Après quelques jours passés à l’évêché, Mgr Chausse l’envoya apprendre la langue auprès de M. Fourquet, dans la région de Sanhing. C’était l’époque des grandes conversions dans ce pays, et l’avenir s’annonçait magnifique pour les hérauts de l’Evangile. Mais M. Pénicaud n’était pas destiné à travailler dans cette région. Toujours obéissant aux ordres de ses Supérieurs, nous le trouvons l’année suivante continuant sa formation dans les environs de Tongkoun, assez loin à l’est et où les caté¬chumènes étaient nombreux.
Mais il semble que la divine Providence voulait traiter ce jeune missionnaire d’une façon spéciale. Il est certainement, de tous ceux que nous avons connus, celui qui a occupé les postes les plus divers. Le Bon Dieu voulait-il lui faire pratiquer le détachement en ne lui permettant pas de prendre racine nulle part ? Voulait-il lui faire connaître un peu tous les coins de la Mission en vue de l’avenir ? Toujours est-il, qu’à la fin de l’année 1899, il est envoyé porter secours au zélé M. Grandpierre, qui était seul dans la région de Tonghing, sur les frontières du Tonkin. il n’y resta pas longtemps, mais assez cependant pour faire la visite des chrétientés des Cent Mille Monts : voyage difficile, dangereux et pénible, et déjà nous le voyons sous son vrai jour, se moquant du confort et de ses aises. Un officier français qui le rencontra alors, signalait le passage de M. Pénicaud : « partant à la conquête du Kouangsi avec son parapluie !
En 1900, il est nommé à Swatow sur les frontières du Fokien pour y gérer la procure de cette partie de la Mission du Kouangtong, qui est devenue depuis une trentaine d’années la magnifique Mission de Swatow. Notre jeune procureur, toujours aimable et distingué avec ses hôtes de passage, car Swatow était le centre où venaient se ravitailler et se reposer les missionnaires, semblait devoir rester longtemps dans ce poste, lorsque soudain en 1902, obéissant toujours à ses Supérieurs, le voilà qui va s’installer dans la sous-préfecture de Lingshan, au nord-ouest de Pakhoi. C’est un des endroits où il eut le plus de consolations et aussi le plus d’épreuves.
A cette époque, le district de Lingshan comprenait une partie de la sous-préfecture de Hoppou. Dès son arrivée M. Pénicaud dut s’occuper à construire une résidence à Tsaply où il installa son vicaire. Ce ne fut qu’après l’Assomption 1904, qu’il put aller définitivement habiter Pingtitong. L’année précédente, il avait adressé à Mgr Mérel le compte rendu suivant : « A quoi bon vous attrister, disait-il, au récit des maux qui pleuvent sur notre district ? Actuel-lement, il n’y a plus, dans toute la grande sous-préfecture de Hoppou que deux marchés qui aient échappé aux pirates ! Le Mandarin de Yamchow craint de voir sa ville prise d’assaut ; la sous-préfecture de Lingshan a été la plus éprouvée. Forcément, nos malheureux chrétiens souffrent de cet état de choses. Plusieurs d’entre-eux ont été tués, d’autres ont été faits prisonniers et n’ont pu sauver leur ¬vie qu’en payant une forte rançon. Les parents des victimes n’osent porter plainte au Mandarin, impuissant à les protéger. Les rares voyageurs qui osent sortir de chez eux sont armés jusqu’aux dents. Les rebelles font partie de la Société des Sam tim oui, et il n’est pas de famille qui n’ait au moins un de ses membres qui lui soit affilié : c’est la condition nécessaire pour se soustraire à la rapacité de ces gens sans foi ni loi ! Une chose me console au milieu de mes misères : les mouvements de conversions ne diminuent pas et, quand la tranquillité nous sera rendue, elles seront plus nombreuses. »
Le compte rendu de 1905 constate que les pirates ont disparu¬ depuis cinq ou six mois par suite des mesures énergiques employées contre eux. Profitant de l’accalmie, M. Pénicaud et son vaillant vicaire chinois, ont travaillé avec ardeur à compléter l’instruction de leurs catéchumènes, et à eux deux, ont enregistré cent soixante-treize baptêmes d’adultes.
En 1906, la situation change. On voit déjà les signes avant-coureurs de l’orage. M. Pénicaud écrit : « La moisson s’annonçait si belle que Satan a mobilisé le ban et l’arrière-ban de son armée pour la ravager, et le Bon Dieu a permis l’épreuve ! Vous relater les vexations, les injustices dont les néophytes de Lingshan ont été victimes, serait trop long. Un mot d’ordre semble avoir été donné à tous les Mandarins : pas de justice pour les chrétiens, pas de violence¬ contre le missionnaire. De fait, malgré l’état de rébellion du pays, je n’ai eu à subir que des attaques indirectes et des insultes. On a dévalisé ma résidence, mais pour faire le coup, on a choisi une nuit où l’on me savait absent. On a publié, affiché même, aux portes de Lingshan, d’abord que je m’étais enfui, puis que j’avais été fait prisonnier et mis à mort par les soldats du célèbre Liou Vin Fok, chef des Pavillons noirs. Mais ces libelles et ces affiches étaient toujours anonymes, pour laisser aux autorités une mauvaise raison de ne pas punir. Au contraire, c’est ouvertement que les chrétiens ont été menacés et tracassés de mille manières, ouvertement encore que préfet et sous-préfet ont refusé justice. Aussi les catéchumènes sont-ils effrayés ; un grand nombre d’entre eux ont jugé prudent de remettre à plus tard leur conversion définitive. Pourtant, j’enregistre quelques demandes d’entrée au catéchuménat. »
L’année 1907 fut terrible. « Cette fois, écrira plus tard M. Richard, le motif de la révolte, vrai ou apparent, fut le poids énorme des impôts. Afin de mieux échauffer les têtes, les meneurs clamaient que ces impôts étaient destinés à payer les dettes nationales, suite des emprunts faits à l’étranger. Donc, honnis soient les missionnaires et les chrétiens, ces prétendus suppôts des « diables d’occident ». De fortes bandes de pirates parcouraient le pays, pillant, brûlant, tuant païens et chrétiens. Mais ceux-ci étaient particulièrement visés et mis en demeure d’apostasier. La plupart prit le parti de se réfugier à Pakhoi et à l’île de Waichow, où ils furent recueillis par la Mission. Malheureusement, sans parler d’autres victimes, la caravane des fuyards fut attaquée un peu au nord de Limchow, où sept chrétiens furent massacrés. » On peut penser quelle fut la vie et les angoisses de M Pénicaud pendant ces douloureux événements !
Ne pouvant pour le moment rentrer dans ce district mis à feu et à sang, notre vaillant apôtre, sur l’ordre de son évêque, alla s’installer à Lien-Tcheou, au nord de la province. Nous n’avons pas trouvé de détails sur ce que fut son activité dans ce poste où il ne resta d’ailleurs pas longtemps, puisqu’en 1909 nous le retrouvons dans l’île de Hainan.
La Mission de Macao, par décision de la S.C. de la Propagande, venait d’échanger cette île contre la préfecture de Siou Hing, que lui cédait la Mission de Kouangtong. Pays nouveau, langue nouvelle... Notre évêque était embarrassé pour trouver le pionnier qui irait défricher ce nouveau champ d’apostolat. M. Pénicaud s’offrit généreusement et son supérieur accepta avec joie. Le dernier missionnaire des Missions-Étrangères de Paris à Hai Nan avait été M. Chagot qui avait quitté la grande île en 1876 ; M. Pénicaud l’y remplaçait en 1909.
Il y avait à Kin-Tchow, capitale de l’île, une maison autrefois achetée par M. Chagot ; mais sous l’influence du progrès, le commerce et la population elle-même se transportaient à une lieue de là, au bord de la mer, à Hoi-Hao, déjà port ouvert. Cette ville grandissait de jour en jour et se modernisait. M. Pénicaud y transporta son centre d’action ; il construisit une modeste chapelle dont la sacristie devint sa résidence provisoire et y ajouta bientôt une habi-tation convenable. Il demanda et obtint quelques religieuses de Saint-Paul de Chartres, bâtit un orphelinat et une école pour jeunes filles où accoururent les enfants des meilleures familles païennes de la ville. A Hoi-Hao même, à ce moment, il n’y avait presque pas de chrétiens. M. Pénicaud était tout à ses plans d’avenir, quand soudain éclata en Europe la guerre de 1914. Il fut mobilisé un des premiers et, en 1915, il fut envoyé dans un hôpital de Limoges. Il n’y fit pas un long stage, car les travailleurs chinois arrivaient en France. Il est à croire que notre interprète-aumônier donna toute satisfaction à ses chefs puisqu’il fut nommé sergent. Il n’en était pas plus fier et jamais ses galons ne brillèrent au soleil.
Après la guerre, l’évêque de Limoges demanda à M. Pénicaud de s’occuper provisoirement d’une paroisse de banlieue, en attendant son retour en Chine. Il fit donc un peu de ministère en France, quand un beau jour, il reçut de Mgr de Guébriant sa nomination au poste de Topi, détaché depuis peu du district de la Sainte-Trinité au Loui Chow.
Le missionnaire fit donc ses adieux à sa famille, et arriva en 1920 à Fort-Bayard, où il séjourna quelques semaines pour se familiariser un peu avec la langue de son nouveau district avant d’aller en prendre possession. Enfin le voilà à Topi ; mais il a juste le temps de faire connaissance avec ses fidèles, car bientôt appelé à Waichow pour y régler une affaire, on lui demanda d’y rester provisoirement pour s’occuper de l’embryon de séminaire qu’on y avait installé. Il était en effet sérieusement question de diviser la Mission de Canton, et de créer un nouveau Vicariat dans l’ouest de la province, et il fallait que dans le territoire il y eût au moins un commencement de petit séminaire. M. Pénicaud en resta chargé ; le provisoire étant devenu définitif, il ne revint plus à Topi.
En 1921, le nouveau Vicariat apostolique du Kouangtong occidental et de Hainan était en effet érigé. Mgr Gauthier en devint le premier Chef et vint en prendre possession à la fin de l’année. Son Excellence organisa sa Mission, et nomma M. Pénicaud provicaire et supérieur de son petit séminaire.
En 1925, Mgr Gauthier étant allé faire sa visite ad limina, le provicaire gouverna la Mission avec prudence et simplicité jusqu’au retour de Son Excellence en août 1926. Assez sérieusement fatigué, M. Pénicaud dut faire un séjour de quelques mois au sanatorium de Béthanie, à Hongkong. Rétabli, il revint à Pakhoi. Hélas ! Monseigneur Gauthier, terrassé presque subitement par un mal impitoyable, mourut et laissa de nouveau tout le poids de la Mission à son provicaire, qui fut nommé en 1928 Administrateur apostolique.
Après une longue attente, le 16 décembre 1929, nous eûmes enfin un nouvel-évêque en la personne de Mgr Pénicaud, évêque d’Assus et Vicaire apostolique de Pakhoi. Mais la croix apparut de nouveau ! Le nouvel élu était menacé de perdre la vue ; il dut partir pour la France afin d’y subir l’opération de la cataracte, et le sacre fut renvoyé jusqu’à ce que la Faculté assurât que le malade recouvrerait, une vue à peu près normale. Mgr Pénicaud fut sacré à Limoges par Mgr de Guébriant, le 9 novembre 1930. Nous avions un supérieur ! Il mit ordre à ses affaires, chercha des ressources, fit démarches sur démarches pour trouver des Religieuses qui consentent à venir travailler dans notre Mission. Il fut assez heureux pour obtenir des Supérieures des Catéchistes Missionnaires de Marie Immaculée qu’elles nous enverraient quatre sœurs pour s’occuper de l’orphelinat et de l’hôpital ; et au mois de mai 1931, Mgr Pénicaud nous revenait, et s’installait à Pakhoi.
Dès lors, tout entier à ses devoirs de Chef, il organisa les œuvres, visita les districts, fit construire une aile pour agrandir le séminaire, puis un évêché spacieux, où il pût recevoir tous ses missionnaires à l’occasion des retraites. Entre temps, le Gouvernement de l’Indochine voulant vendre les bâtiments de l’hôpital établi précédemment près du Consulat de Pakhoi, Mgr Pénicaud obtint de l’Administration française que ces bâtisses soient louées à la Mission qui assurerait à son compte le fonctionnement de cette œuvre humanitaire : un contrat fut signé, qui est encore en vigueur.
Tous ces travaux, ces voyages et les soucis que lui donna la guerre japonaise ne contribuèrent pas à améliorer la vue de Mgr Pénicaud. D’autres infirmités étaient venues s’ajouter à celle-ci et, craignant ne pouvoir remplir la charge de Vicaire apostolique, il se résigna à prier le Saint-Siège d’accepter sa démission.
Dès que Mgr Deswazière eut reçu les bulles qui le nommaient Vicaire apostolique de Pakhoi, il se mit en route pour son nouveau poste, et vint à Fort-Bayard, où il prit possession de son siège dans l’église de cette ville, devant le délégué qu’avait désigné son prédécesseur.
Mgr Pénicaud désirait vivement quitter Pakhoi et mettre fin le plus tôt possible à ce genre d’agonie si pénible pour tout le monde ; mais auparavant, son humilité dut subir un nouvel assaut. La ville de Pakhoi, autorités en tête, vint lui offrir avec tout le cérémonial d’usage : musique, pétards, etc., un grand panneau de soie rouge avec broderies d’or où Son Excellence était proclamée : « Sauveur des malheureux ». Une centaine des principales personnalités de la ville avait tenu à y faire figurer leur nom. On voulait le remercier de ce qu’il avait fait pour les habitants, riches et pauvres, à qui il avait ouvert les portes de l’évêché lors des premiers bombardements. On pensait alors que la Mission serait respectée et, pendant plus d’un an, les réfugiés affluèrent et construisirent des habitations de fortune dans la propriété. Mgr Pénicaud avait organisé des services de toutes sortes : Croix Rouge, pour secourir les blessés, repas gratuits pour les indigents, etc... Ce geste charitable fit connaître la Mission sous son vrai jour.
Enfin, le 21 juin, fête de Saint-Louis de Gonzague, nous souhaitâmes la fête pour la dernière fois à celui qui avait été notre Chef et notre Père pendant dix ans. Mgr Deswazière lui exprima notre reconnaissance et notre attachement, et le 24, accompagné de M. Lebas, Mgr Pénicaud s’efforçant de nous cacher son émotion, quitta Pakhoi pour se rendre au sanatorium de Béthanie, à Hongkong, où il arriva le 6 juillet 1940. Son Excellence passa dans cette pieuse maison deux années de recueillement et de prière avec la satisfaction du devoir accompli. Mais les Japonais ayant occupé Hongkong, il fallut partir pour l’exil. Monseigneur suivit les confrères de notre imprimerie de Nazareth qui allaient se réfugier à Keso, dans la Mission de Hanoi, et de là se rendit à Saigon, où Mgr Cassaigne l’accueillit très fraternellement, lui donna même l’illusion d’être encore utile en le priant de s’occuper de l’aumônerie d’une maison religieuse de la ville. Mais ses jours étaient comptés ! La prostatite dont il était atteint depuis longtemps, renouvelait ses crises qui devenaient de plus en plus douloureuses. Le cher malade fut transporté à la clinique Saint-Paul : une opération était la seule chance qui restât de prolonger ses jours. Mgr Pénicaud s’y prépara par la réception des sacrements. L’opération eut lieu le lendemain dans la matinée, mais la faiblesse ne lui permit pas de la subir avec succès. Mgr Pénicaud mourut ce jour-là, le 19 janvier 1943, laissant à tous une grande édification par son courage, son esprit de foi et d’abandon à la volonté divine.
Voilà, brièvement résumée toute la carrière apostolique du deuxième évêque de la Mission de Pakhoi ; mais cette notice ne serait pas complète, Si nous ne disions un mot des vertus missionnaires dont il a donné l’exemple, et dont nous garderons le souvenir comme un précieux héritage.
La vertu de charité qu’il mettra plus tard dans ses armes, sous la figure du pélican, fut l’inspiratrice de toute sa vie. Nouveau saint Vincent de Paul, on le vit un jour, jeune missionnaire, descendre de cheval pour cueillir, sur le bord du chemin, un bébé abandonné qui pleurait. Confiée à l’orphelinat, cette enfant est aujourd’hui une heureuse grand’mère qui bénit son sauveur. Que d’autres gestes semblables on pourrait relever à son actif !
Devenu évêque il aima passionnément sa Mission. Son grand souci était d’assurer l’avenir de ses œuvres. Quand il prit la charge du Vicariat, la caisse était vide et les œuvres inexistantes. A son départ : séminaire, couvent indigène, orphelinats, catéchistes, Religieuses françaises étaient établis. C’est par son esprit d’économie, son savoir-faire, son détachement personnel qu’il put réaliser ces fondations.
Pour lui-même, il n’avait jamais besoin de rien. Simple missionnaire, il n’avait généralement qu’une soutane qu’il réparait lui-même. Pour la nourriture il vivait en anachorète. Que de fois dans ses voyages, il n’avait pour tout régal que des bananes qui, disait-il, sont un aliment complet !
Evêque, il continuait à vivre dans le même dénuement. Chaque année, si les recettes excédaient les dépenses, Mgr Pénicaud disait à son procureur : « Il reste telle somme. Marquez tant à telle œuvre, tant à telle autre, envoyez tant à tel confrère qui est dans le besoin. » Et il repartait à zéro pour la nouvelle année. Quand Mgr Pénicaud arriva à Hongkong, Mgr Deswazière apprit indirectement que le cher exilé n’avait pas mime un sou en poche... La croix pectorale qu’il portait était celle de son prédécesseur ; en quittant Pakhoi, il la laissa au procureur en lui disant qu’elle appartenait à la Mission. Celui-ci vivement ému, lança une souscription auprès des confrères pour lui en offrir une autre. Quand il reçut cet hommage de l’affection de ses missionnaires, ce fut pour lui l’occasion d’une lettre touchante, où il donna libre cours à son cœur.
Et maintenant, Mgr Pénicaud après une vie mouvementée, jouit au ciel de la paix des Bienheureux. Là-Haut, il n’oublie pas sa chère Mission, ni ceux qui combattirent avec lui le bon combat.
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Références
[2350] PÉNICAUD Jean-Baptiste (1874-1943)
Références biographiques
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