Jean-Marie PORCHER1875 - 1933
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2419
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1899 - 1933 (Qui Nhon)
Biographie
[2419] Jean-Marie-François PORCHER naquit 26 Juin 1875, à LANGON, diocèse de RENNES, département d'ILE-et-VILAINE. Il était le neuvième enfant de la famille. Il fit ses études primaires à LANGON, à l'école des Frères. Puis son parrain l' emmena chez un oncle curé de PLECH+TEL où il commença à apprendre le latin. Il y resta environ quatre ans. En octobre 1889, il rentra au Petit Séminaire de SAINT-MEEN de RENNES où il fit ses études classiques jusqu' à la fin de la réthorique, en Juillet 1893. En Octobre de cette même année, il entrait au Grand Séminaire de RENNES.
Le 31 Janvier 1894, il arriva, laïque, au Séminaire des Missions Etrangères.Il y fit toute sa formation, interrompue en 1896-97, par une année de caserne passée à RENNES. Tonsuré le 09 Mars 1895, minoré le 29 Février 1896, sous-diacre le 05 Mars 1898, diacre le 21 Septembre 1898, il fut ordonné prêtre le 25 Février 1899 ; Le lendemain, il reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la COCHINCHINE ORIENTALE (QUINHON). Il quitta PARIS le 05 Avril 1899, et s'embarqua à MARSEILLE le 09 Avril, pour rejoindre sa mission.
Débarqué à QUINHON, le 09 Mai 1899, M. PORCHER commença l'étude de la langue viêtnamienne, sous la direction d'un catéchiste. Au mois d'Août 1899, Mgr. VAN CAMELBEKE envoya M. LABIAUSSE à PHANTHIET, et lui adjoignit M.PORCHER afin qu'il continue l'étude de la langue et se forme au ministère.
En Janvier 1901, à l'occasion de la retraite, il fut envoyé dans la province de PHU-Y+N, où il resta jusqu'en juin 1928. M.PORCHER est le premier missionnaire,qui, sans interruption, soit demeuré si longtemps dans cette province réputée, après KONTUM, comme la plus insalubre parmi celles qui forment la mission de QUINHON.
De 1901 à 1918, Il fut chef du district de TRA-K+ D_NG-TRE. Cette région montagneuse, sans routes, à l'ouest de la province, comprenait de nombreux hameaux reliés par des sentiers. En 1905, Mgr. GRANGEON lui adjoignit un jeune vicaire viêtnamien. Mr. PORCHER laissa à ce dernier le sommet du plateau et descendit s'installer à D_NG-TRE, au pied des montagnes, où il resta d'août 1905 à Septembre 1918. Il fit de cette chrétienté une communauté fervente où un certain nombre de chrétiens communiaient à peu près tous les jours, et la plupart deux trois fois par semaine.Il était heureux de parler de ses chrétiens ,aussi c'est avec profond regret qu'il les quitta !
D'Octobre 1918 à Février 1927, il eût en charge le district de HOA-V_NG, avec ses dix chrétientés disséminées sur les côteaux qui bordent la route mandarine, et d'accès difficile. Il se dévoua corps et âme à son troupeau.
Février 1927, Mgr. TARDIEU demanda à M. PORCHER de prendre la direction du disctrict de M+NG-L+NG. Il n'y resta que 15 mois, car en Juin 1928, Mgr. décida de laisser cette province aux prêtres viêtnamiens.
En Juin 1928, M. PORCHER est nommé à H_I-DUC, dans la province de BINH-DINH. C'était un millier de chrétiens dont un certain nombre se trouvaient regroupés en deux centres plus importants, et les autres éparpillés un peu partout. Il fit une première tournée de reconnaissance et en revint un peu découragé, car tout était nouveau pour lui, pays, habitants et habitudes, mais il se mit vaillament à l'oeuvre, malgré l'âge et les premieres infirmités génantes. Et puis il y eut le terrible typhon du 16 Octobre 1932..Quelle nuit ! Trempé par la pluie, il passa des heures terribles dans sa cuisine, véritable mare, car il n'avait pas osé rester dans sa maison, craignant de la voir s'écrouler sur lui.
Reconstruire ce que le typhon avait détruit, et les soucis divers ébranlèrent sa santé. Cela l'obligea à se rendre d'abord à QUINHON, puis à entrer à la clinique Angier à SAIGON où il resta cinq ou six semaines. De retour en Février 1933, la maladie semblait enrayée. Il rentra chez lui, et eût la joie de retrouver son église debout, puis de voir Mgr. TARDIEU la bénir le jeudi 25 mai 1933, fête de l'Ascension.
Le 7 Juillet 1933, à midi , Mgr. et M. DAVID, en route pour le QUANG-NAM, se trouvaient à H_I-DUC. M.PORCHER était gai, sans montrer de fatigue particulière. Subitement, dans la nuit du 9 au 10 Juillet, vers 23 heures, il éprouva une hémorragie intestinale. Le médecin du poste de B_NG-SON, appelé aussitôt vint prodiguer ses soins au malade. Dans la matinée, l'Inspecteur de la milice alla chercher en auto M. JAMET, à GIA-HUU, et télégraphia à l'Evêché. Mr. PORCHER, qui souffrait beaucoup, reçut les derniers sacrements et assisté de M. JAMET, rendit le dernier soupir vers 18h30, quelques instants avant l'arrivée du P.Procureur de la Mission.
Le corps revêtu des ornements sacerdotaux, fut transporté à l'église où les chrétiens le veillèrent jusqu'à la messe d'enterrement , chantée le lendemain par M. ALEXANDRE. Les obsèques, présidées par le P. Provicaire eurent lieu le 11 Juillet 1933, à 17 heures, en présence d'une quinzaine de prêtres, d'une dizaine d'européens, et des chrétiens du district.
Nécrologie
M. PORCHER
MISSIONNAIRE DE QUINHON
M. PORCHER (Jean-Marie-François) né le 26 juin 1875 à Langon (Rennes, Ille-et-Vilaine). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 31 janvier 1894. Prêtre le 25 février 1899. Parti le 5 avril 1899 pour la Cochinchine orientale. Mort à Hoï-duc le 10 juillet 1933.
Jean-Marie-François Porcher naquit à Langon, dans le diocèse de Rennes, le 26 juin 1875. Ses parents, excellents chrétiens, avaient une nombreuse famille dont il fut le neuvième enfant.
Ses études primaires achevées chez les Frères à Langon même, il fut emmené par son parrain chez un oncle curé de Pléchâtel, auprès de qui, tout en remplissant les fonctions d’enfant de chœur, il commença à apprendre le latin sous la direction d’un des vicaires de la paroisse. Comme tous les enfants en général, il aimait s’amuser, d’autant que l’abbé était souvent pris par les obligations du ministère. Mais le petit Jean-Marie avait à ses côtés un parrain qui ne badinait pas avec le devoir ; aussi, de bonne ou de mauvaise grâce, il lui fallut bien travailler ou gare au pain sec. Cette vie dura environ 4 ans, et, à la rentrée des classes d’octobre 1889, il fut conduit au petit Séminaire de Saint-Méen, où il restera jusqu’à la fin de la rhétorique, c’est-à-dire juillet 1893.
Notre étudiant sentait en lui le désir de se donner aux Missions, mais il hésitait à prendre une décision ferme ; aussi, suivant des conseils autorisés, il entra avec ses condisciples de Saint-Méen au grand Séminaire de Rennes, en octobre de la même année, pour y mûrir sa vocation. Au bout de quelques mois, la voix du divin Maître se faisant plus pressante, il demanda et obtint d’être admis au Séminaire des Missions-Étrangères, où il arriva en janvier 1894
De janvier 1894 à avril 1899, à Bel-Air et à Paris, ce sont les années d’études et de préparation à la vie des Missions, interrompues seulement en 1896-97 par 12 mois de caserne passés à Rennes. Pendant ces années, Jean-Marie fut un bon aspirant, tout à ses devoirs et à sa formation apostolique. Le 26 février 1899, après son ordination sacerdotale, il reçoit tout joyeux sa destination pour la Cochinchine Orientale, va faire ses adieux à sa famille, et, le 9 avril suivant, s’embarque à Marseille, disant un dernier adieu sur cette terre à tous les siens : la Bretagne ne le revit plus.
Débarqué à Quinhon le 9 mai 1899, le jeune missionnaire commence l’étude de la langue sous la direction d’un catéchiste ; mais dès le mois d’août, Monseigneur envoyait M. Labiausse à Phan-thiêt, extrême-sud de la Mission, et afin de ne pas laisser seul son missionnaire, il lui adjoignit M. Porcher, avec consigne de¬ continuer l’étude de l’annamite et de se former peu à peu au ministère. Au mois de janvier 1901, à l’occasion de la retraite, le Vicaire Apostolique rappelait notre jeune confrère, capable désormais de voler de ses propres ailes, et l’envoyait dans la province de Phù-yên.
De janvier 1901 à juin 1928 : toute cette période de sa vie, M. Porcher devait la passer au Phù-yên . Il est le premier missionnaire qui, sans interruption, soit demeuré si longtemps dans cette province réputée, après Kontum, comme la plus insalubre parmi celles qui forment la Mission de Quinhon. Pendant 27 ans, notre cher confrère fut successivement curé des 3 districts qui se partageaient alors presque toute la région : de 1901 à 18, district de Trà-kê, Dông-tre ; de 1918 à 27, district de Hoa-vông ; de 1927 à 28, celui de Mâng-lâng.
Il travailla d’abord dans tout l’ouest, pays montagneux, sans routes, avec à peine quelques sentiers à travers les monts, où se cachent de nombreux hameaux. Cela dura jusqu’en 1905, époque à laquelle Mgr Grangeon put enfin lui donner un aide en la personne d’un jeune Père annamite. Notre confrère, laissant alors le sommet du plateau à son vicaire, se décida à descendre au pied des montagnes, de manière à être un peu plus près de son voisin, le curé de Mâng-lâng, et à s’installer à Dông-tre, où il resta d’août 1905 à septembre 1918. C’est là, affirmait-il, qu’il a passé ses meilleures années de Mission. C’est à Dông-tre que l’un des premiers, peut-être même le premier, il établit la dévotion du 1er Vendredi du mois en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus ; il exhorta ses chrétiens à la confession et à la communion fréquentes, et dans une chrétienté qui n’avait pas 200 personnes en âge de se confesser, il était arrivé à obtenir chaque année plus de 2.000 confessions ; un certain nombre de chrétiens communiaient à peu près tous les jours et la plupart s’approchaient de la Sainte-Table 2 et 3 fois la semaine. Comme il était heureux de parler de ses chrétiens de Dông-tre ! Sauf à l’époque de l’administration dans les autres chrétientés, il se faisait un scrupule de s’absenter. Aussi lorsqu’en septembre 1918 les circonstances obligèrent Mgr Grangeon à changer M. Porcher, ce fut pour notre confrère une immense peine que de quitter ce poste.
A Hoa-vông, après avoir parcouru les dix chrétientés du district et s’être assuré que, bien qu’elles soient d’un accès plus difficile, et disséminées sur les côteaux qui bordent la route mandarinale, unique voie de communication dans le pays, il y avait là aussi beaucoup de bien à faire, il reprit courage et se dévoua corps et âme au nouveau troupeau confié à ses soins.
Février 1927, c’est à Quinhon l’époque de la retraite. Le Vicaire Apostolique a besoin du curé de Mâng-lâng pour un autre poste. I1 appelle le cher Père et lui propose d’aller remplacer son confrère. Au retour de la retraite M. Porcher prend la direction de son nouveau district. Il ne devait rester à Mâng-lâng que 15 mois... car, en juin 1928, Monseigneur ayant décidé de laisser cette province aux seuls prêtres annamites, M. Porcher se rend à Hôi-duc, dans la province de Binh-dinh.
Ici, tout est nouveau pour lui : habitants, pays, habitudes ; par ailleurs le millier de chrétiens dont il a à s’occuper est, sauf deux groupements un peu importants, éparpillé un peu partout au milieu des païens. Notre confrère fait une première tournée pour se rendre compte des endroits où se trouvent ses ouailles ; il en revient un peu déçu et découragé, car les années sont venues, amenant avec elles des infirmités, peu douloureuses sans doute, mais toujours gênantes. Cependant, avec l’aide de Dieu, il se met vaillamment à l’œuvre, et c’est là que le 10 juillet 1933 le divin Juge est venu l’appeler.
Dès le début de son installation dans les montagnes du Phù-yên, notre cher confrère s’était fait un règlement particulier, auquel il demeura fidèle comme le meilleur séminariste. Ce fut sa force et son soutien pendant les 17 années qu’il vécut dans ces régions un peu retirées. Il avait aussi résolu, dès sa première année de Mission, de visiter au moins trois fois l’an chacune de ses chrétientés, et pendant 26 ans il tint sa résolution sans faiblir. Le cher Père était la bonté même et certains de ses chrétiens abusèrent de sa magnanimité.
Nous voilà en octobre 1932 : le moment du repos et de la récompense allait sonner. Quelle soirée que celle du 16 ! puis quelle nuit ! Notre confrère ne se sentait pas bien depuis quelque temps, lorsque le typhon vint l’éprouver bien durement ; mouillé, trempé par la pluie, il passa des heures terribles dans sa cuisine, devenue une véritable mare ; il n’avait pas osé rester dans sa maison par crainte de la voir s’écrouler sur lui. Les émotions surajoutées à ces désagréments altérèrent profondément sa santé.
Après avoir pris des remèdes de médecine indigène, il se rendit à Quinhon, mais ne se trouvant pas mieux, il entra à la clinique Angier à Saïgon ; ce fut la seule et unique sortie qu’il fit jamais hors des limites de sa Mission. Il y resta 5 à 6 semaines. Lorsqu’il revint parmi nous, en février, il n’était pas encore bien vaillant, mais la maladie paraissait enrayée ; il rentra donc chez lui et eut la joie de retrouver son église debout, puis de voir Mgr Tardieu la bénir le jeudi 25 mai 1933, fête de I Ascension.
Il faisait déjà de nouveaux plans pour reconstruire ce que le typhon avait renversé, mais le divin Maître jugea que son fidèle serviteur avait assez travaillé. Rien ne faisait prévoir cependant une mort qui devait être des plus rapide. Monseigneur et M. David, en route pour le Quang-nam, se trouvaient à Hoï-duc le 7 juillet à midi : notre confrère était gai et ne paraissait pas plus fatigué qu’à l’ordinaire, quand subitement dans la nuit du 9 au 10 juillet vers 23 heures, M. Porcher éprouva une hémorragie intestinale ; le médecin du poste de Bông-son appelé en hâte, prodigua ses soins au malade ; l’Inspecteur de la milice, chef de poste, accourut lui aussi dans la matinée, et voyant le mal s’aggraver, alla chercher en auto à Gia-huu M. Jamet, le plus proche voisin du malade, qu’il amena vers 14 heures, puis télégraphia à l’Evêché. M. Porcher qui souffrait beaucoup, reçut aussitôt les derniers sacrements en pleine connaissance, et, toujours assisté de M. Jamet, rendit le dernier soupir vers 18 h. 30 dans les sentiments de la foi la plus vive et de la plus parfaite résignation, à peine quelques instants avant l’arrivée du P. Procureur de la Mission, qui, à la première nouvelle, n’avait pas hésité à franchir les 88 kilomètres qui séparent Quinhon de Hoï-duc, pour venir au secours de notre confrère.
Le corps, revêtu des ornements sacerdotaux, fut transporté à l’église où les chrétiens, désolés et venus de partout, le veillèrent en récitant les prières des défunts jusqu’à la messe d’enterrement, chantée le lendemain par M. Alexandre.
Les obsèques présidées par le R. P. Provicaire eurent lieu le 11 juillet à 17 heures ; après les Vêpres des morts, l’absoute solennelle fut donnée en présence d’une quinzaine de prêtres, d’une dizaine d’européens et des chrétiens du district.
Nous perdons en M. Porcher un bon missionnaire et un prêtre excellent qui ne comptait que des amis. « Miseremini mei, saltem vos amici mei. » Nous ne l’oublions pas dans nos prières, et gardons tous son pieux souvenir dans nos cœurs.
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Références
[2419] PORCHER Jean-Marie (1875-1933)
Références biographiques
AME 1899 p. 126. 1926 p. 24. 25. 1933 p. 202. CR 1899 p. 294. 1903 p. 191. 1905 p. 159. 1908 p. 185. 1914 p. 88. 89. 1918 p. 79. 1921 p. 86. 1922 p. 103. 1924 p. 90. 1925 p. 101. 102. 1926 p. 112. 1933 p. 158. 256. 354. BME 1924 p. 185. 256. 1925 p. 505. 1928 p. 500. 1929 photo p. 454. 1932 p. 214. 1933 p. 377. 704. EC1 N° 271.