Jean-Théodore MONBEIG1875 - 1914
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2423
- À savoir : Mort violente
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1899 - 1914 (Kangding [Tatsienlu])
Missionnaires de la même famille
Biographie
[2423] MONBEIG Jean Théodore est né le 22 octobre I875 à Salies-de-Béarn (Pyrénées-Atlantiques) dans le diocèse de Bayonne. Ordonne prêtre le 25 février 1899, il part pour le Tibet le 26 juillet suivant. Arrive à Tatsienlou au début de l'année 1900, il est bientôt envoyé à Tsekou, près de M. Dubernard, curé du district de Tsekou, la plus importante chrétienté du Tibet yunnanais. Ils travaillent de concert pendant cinq ans, le jeune missionnaire s'identifiant si bien à son ancien, que, même dans le maintien extérieur, on trouve entre eux une grande ressemblance. Sur les conseils du supérieur de la mission et du consentement de M. Dubernard, le P. Monbeig entreprend la fondation d'une communauté de vierges tibétaines, les Filles de la Croix, qui vont rendre à la mission de précieux services pour l'instruction des femmes. En 1905, la révolution éclate dans les Marches tibétaines. De la principauté de Bathang, où deux missionnaires, les PP. Mussot et Soulié, ont été massacrés par les lamas, le mouvement s'étend jusque dans la partie nord du Yunnan. Les PP. Dubernard et Bourdonnec trouvent la mort à leur tour. M. Monbeig se trouve alors dans la région éloignée du Loutze-Kiang et échappe au massacre. Quand la persécution s'arrête, il revient à Tsekou, où il rassemble comme il le peut son troupeau dispersé. Il doit aussi rebâtir ce qui a été détruit. En novembre 1913, son évêque, Mgr Giraudeau, l'appelle à Batang, pour redonner vie à la communauté chrétienne. Il se met aussitôt à la tâche et est bien vite récompensé par quelques baptêmes d'adultes. Au début de l'année 1914, le P. Monbeig se propose d'aller visiter les stations secondaires de Yaregong et de Litang. Parti de Batang après la Pentecôte, il se rend d'abord à Yaregong, où il passe le dimanche de la Trinité. De là remontant vers le nord, il rejoint la route de Ta-tsien-lou à Batang et se dirige vers Litang. Le 11 juin, il passe la nuit à La-eul-tang, près d'un poste militaire chinois. Le lendemain, de bonne heure, il continue son voyage, espérant pouvoir gagner Litang dans la soirée, mais en cours de route, alors qu'il chevauche sur les pentes du mont Ngraba, il est attaqué et massacré avec toute son escorte, par une bande de rebelles tibétains. Son cadavre est transporté à Lithang, puis à Tatsienlou, où ses obsèques sont célébrées, le 8 juillet.
Nécrologie
M. THÉODORE MONBEIG
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU THIBET
Né le 22 octobre 1875
Parti le 26 juillet 1899
Mort le 12 juin 1914
Le 12 juin 1914, un télégramme des autorités de Lithang nous informait qu’un Européen venait d’être massacré par les brigands, à 7 lieues de la ville, sur les pentes du mont Ngaraba. Notre première impression fut que la victime ne pouvait être un missionnaire ; mais des renseignements plus précis vinrent bientôt dissiper notre incertitude. Une lettre de M. Théodore Monbeig, écrite de Bathang le 31 mai, nous informait qu’il se disposait à partir pour Yaregong, d’où il irait à Lithang, si faire se pouvait. Le porteur du courrier postal, ancien serviteur de la mission, avait vu de ses yeux, à l’endroit où le drame avait dû s’accomplir, le cadavre du fidèle domestique, qui accompagnait, depuis plusieurs an¬nées, les missionnaires de Bathang dans leurs voyages. Dès lors, le doute n’était plus possible : M. Théodore Monbeig avait été massacré.
La dépouille mortelle de notre confrère, transportée à Lithang, y fut soumise à l’inspection traditionnelle ; on constata 13 blessures, presque toutes mortelles : 5 coups de fusil, 6 coups de sabre, 2 coups de pierre. Les autorités chinoises, sur l’ordre du grand commissaire, s’empressèrent de faire porter le cadavre à Tatsienlou, où il arriva dans les premiers jours de juillet. Une reconnaissance sommaire suffit pour nous convaincre que nous étions bien en présence du corps de M. Théodore Monbeig, et que les rapports envoyés de Lithang n’étaient nullement exagérés. La tête et le visage, décharnés et noircis, portaient les traces des balles et présentaient de notables fractures, à la mâchoire surtout. Le 8 juillet, eurent lieu les obsèques solennelles, dans notre cathédrale du Tcheen-ieuen-tang. Les autorités de la ville y assistaient, et, avec elles, un assez grand nombre d’étrangers. Outre les trois pasteurs anglais et américains de Tatsienlou et de Bathang, M. King, vice-consul anglais de Tchen-tou, le comte de Voisins et ses deux compagnons, MM. Segalen et Lartigue, trois explorateurs allemands et l’anglais, M. Wrighe, voulurent honorer la cérémonie de leur présence. Cet hommage de sympathie nous toucha profondément, et ne put qu’édifier toute la ville, si peu habituée à un tel spectacle.
M. Jean-Théodore Monbeig naquit à Salies-de-Béarn (Bayonne, Basses-Pyrénées), le 22 octobre 1875. Ordonné prêtre le 25 février 1899, il partit pour le Thibet le 26 juillet suivant.
Arrivé à Tatsienlou au commencement de 1900, il ne tardait pas à être envoyé à Tsekou, la plus importante chrétienté du Thibet yunnanais. Après un voyage long et fatigant, il offrait ses services à M. Dubernard, curé du district de Tsekou. Bientôt, curé et vicaire ne firent qu’un cœur et qu’une âme ; ils travaillèrent de concert pendant cinq ans, et le jeune missionnaire s’identifia si bien avec son ancien, que, même dans le maintien extérieur, on trouvait entre eux une grande ressemblance, M. Dubernard dirigeait le district avec l’autorité de sa vieille expérience, d’une main aussi ferme que paternelle ; et M. Monbeig suivait avec une filiale soumission les directions de son aîné. C’est alors que, sur les conseils du supérieur de la mission et, du consentement de M. Dubernard, le vicaire de Tsekou entreprit la fondation d’une communauté de vierges thibétaines, qui a rendu à la mission de si précieux services pour l’instruction des femmes et des filles.
En 1905, la révolution éclata dans les Marches thibétaines. De la principauté de Bathang, où deux de nos confrères, MM. Mussot et Soulié, furent massacrés par les lamas en même temps que le Procureur impérial et ses soldats, le mouvement s’étendit jusque dans la partie nord du Yunnan, et causa la mort de MM. Dubernard et Bourdonnec. Le vicaire de Tsekou se trouvait alors, par un heureux hasard, au Loutze-Kiang, loin du théâtre du carnage. Il se disposait, ignorant ce qui se passait, à regagner son poste : un billet de M. Bourdonnec l’avertit du danger. Comme le mouvement menaçait d’atteindre le Loutze-Kiang, notre confrère crut prudent de gagner, en toute hâte, le pays de Dinsi qui était resté paisible. Il profita de cet exil forcé, pour visiter Yunnansen et préparer, de concert avec M. Genestier, la pacification des pays troublés. Revenu à Tsekou, il rassembla son troupeau dispersé et releva les ruines causées par la persécution.
Il fallait rebâtir et agrandir. Or, avant même que les bâtiments indispensables fussent reconstruits, un projet hardi surgit dans l’esprit du curé de Tsekou : il voulut avoir une église comme on en a en France. Elle serait toute en pierre ; elle aurait son clocher, et, dans son clocher, une belle cloche. Toute hasardeuse qu’elle parût de prime abord, cette œuvre a été réalisée, et elle restera comme un monument durable de la persévérante initiative de notre confrère. Pourquoi faut-il que, si jeune encore et à peine transféré à Bathang, il soit tombé sous le fer des assassins, au moment où le besoin de bons ouvriers se fait de plus en plus sentir !
Au premier appel de Mgr Giraudeau, M. Théodore Monbeig quitta le théâtre de ses premières armes, et, en novembre dernier, il venait à Bathang, résolu à tirer de sa légendaire torpeur, avec le secours d’en-haut, ce poste réfractaire entre tous. Après quelques aménagements matériels qu’il jugeait nécessaires, il posait les premières assises d’un édifice spirituel, souvent recommencé et encore plus souvent détruit. Trois baptêmes d’adultes avaient déjà récompensé les efforts de son zèle ; il en prévoyait, il en préparait, il en désirait, surtout, beaucoup d’autres. A peine revenu de Yerkalo, il tenait à visiter l’annexe de Yaregong et se demandait ce qu’il pourrait bien entreprendre à Lithang. Dieu n’a pas permis qu’il parvînt à Lithang ; que sa sainte volonté soit faite !
Comme on l’a vu, l’apostolat de notre missionnaire peut se résumer en deux mots : hardiesse pour entreprendre, patience et persévérance pour conduire à bonne fin les entreprises. Ces qualités naturelles, que rehaussait un grand sang-froid, étaient dirigées et activées en lui par le zèle du salut des âmes, zèle inspiré par l’esprit de foi et entretenu par une fidélité constante aux divers exercices de piété.
Pieux et zélé dans le service de Dieu, M. Théodore Monbeig était cha¬ritable envers tout le monde. Sa gaieté de bon aloi, sa contenance toujours digne et son humble simplicité lui gagnaient tous les cœurs. Tsekou, qui garde pieusement le souvenir de M. Dubernard, lui associera, dans un même et cordial hommage, M. Monbeig, qui fut son vicaire et son successeur. D’ailleurs, la mission tout entière partage les sentiments de cette paroisse envers ses deux pasteurs bien-aimés.
Je ne puis terminer la notice de M. Monbeig, ajoute Mgr Giraudeau, sans dire un mot à l’honneur du domestique qui est tombé aux côtés de son maître. On raconte qu’un premier coup de feu ayant abattu le cheval du missionnaire, Boum Tunjrou mit aussitôt pied à terre, afin de hisser rapidement le Père sur son propre cheval. C’est dans l’accomplissement de cet acte de charité, que le domestique d’abord, son maître ensuite, furent mortellement atteints. Boum Tunjrou, comme tant d’autres chrétiens Thibétains, avait ses petits défauts, quand, à la maison, il était plus ou moins désœuvré ; mais, en route, c’était un homme précieux, jamais embarrassé ni embarrassant, d’une activité et d’une gaieté rares, sans peur ni ombre de respect humain. Et c’est le cœur ému, que j’ai appris son passage à une autre vie, que je lui souhaite éternellement heureuse en paradis.
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Références
[2423] MONBEIG Jean-Théodore (1875-1914)
Références bibliographiques
AME 1899 p. 231. 1906 p. 7. 9 (art). 149. 153. 240. 1936 p. 204. 1938 p. 237. CR 1899 p. 294. 1901 p. 104. 1902 p. 119. 120. 1904 p. 117. 1906 p. 96. 1907 p. 123. 124. 404. 405. 1908 p. 98. 1909 p. 106. 107. 1911 p. 90. 1913 p. 127. 1914 p. VIII. 52. 53. 197. 1920 p. 154. 1947 p. 187. BME 1922 p. 307. 308. 1923 p. 39. 1930 p. 330. 334. 393. 711. 1932 p. 168. 1933 p. 264. 342. 1934 p. 391. 318. 320. MC 1901 p. 259. 269. 279. 292. 1914 p. 325. SR. St Brieuc 1906 p. 37. SR. Tulle 1907 p. 301. APF 1914 p. 292. 1915 p. 8. MDA 1948 p. 168.
Bibliographie
Trente ans aux portes du Thibet interdit. Le Thibet révolté"
p. 4. 15. 269. (Goré).