Joseph GUÉRIN1877 - 1946
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2724
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1903 - 1946 (Jilin [Kirin])
Biographie
[2724] GUÉRIN Joseph, Léon, est né le 5 octobre 1877 à St Julien Chapteuil, diocèse du Puy (Haute-Loire). Il fit ses études primaires au Petit Séminaire de la Chartreuse, et il entra aux Missions Étrangères le 9 septembre 1898. Il fut ordonné prêtre le 21 juin 1903. Il partit pour la Mandchourie septentrionale le 22 juillet 1903.
À Kirin, il se mit à l'étude de la langue chinoise, et pendant 7 ans, il se dévoua à l'évangélisation des campagnes. Vint la terrible épidémie de peste pulmonaire de 1911. Le Père était alors en charge du district de Payen-sou-sou. Ses trois voisins et confrères furent emportés par la maladie, et le Père Guérin se retrouva seul dans son quartier. Il fut épargné par l'épidémie, et, en 1920, il fut nommé à Kharbine, où il dut se dévouer de nouveau au soin des pestiférés.
Quelques années plus tard, son nouvel évêque, Mgr. Gaspais, lui demande de venir à Kirin, pour prendre la charge de la Procure de la Mission, et de s'occuper également de la paroisse de Chengchin, où les Soeurs Franciscaines missionnaires de Marie dirigeaient plusieurs Oeuvres. Puis, il fut mis à la tête du district de Houlan. Mais quatre ans après, il fut de nouveau nommé à Kharbine. Il eut là un travail considérable à faire, pour le service de ses chrétiens dispersés et pour l'évangélisation des païens. Sa santé se détériora et Mgr. Gaspais, en janvier 1946, songea à lui envoyer un auxiliaire. Le Père Guérin, quant à lui, tenait à assurer les messes et à confesser. En fait, c'est au confessionnal qu'un jour il ressentit les premiers symptômes du typhus. Un jour, à bout de forces, il voulut quand même finir sa messe et distribuer la communion à ses paroissiens. Ce fut sa dernière messe. Il fut transporté à l'hôpital des Soeurs, où il reçut le sacrement des malades. Malgré les soins des Soeurs infirmières, il expira le 25 avril 1946, et rendit paisiblement son âme à Dieu. Il mourut au moment où la ville de Kharbine était occupée par les troupes rebelles, et toutes communications étaient coupées avec le reste du pays. Mgr. Gaspais lui-même ne connut la maladie et la mort de son missionnaire que quatre jours plus tard. Les chrétiens de la paroisse organisèrent les obsèques. Après la messe d'enterrement, le cortège funèbre, composé de groupes d'enfants vêtus en blanc, des Religieuses chinoises et européennes, et de la foule des fidèles chinois, coréens, polonais et russes, se déroula entre deux haies de païens attentifs. M. Guérin avait demandé à être enterré au milieu de ses enfants, ce qui lui fut accordé. M. Guérin fut un apôtre zélé et généreux, et un très regretté confrère.
Nécrologie
M. GUÉRIN
MISSIONNAIRE DE KIRIN
(Mandchourie septentrionale)
M. GUÉRIN (Joseph-Léon) né le 5 octobre 1877 à Saint-Julien-Chapteuil, diocèse du Puy (Haute-Loire). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 9 septembre 1898. Prêtre le 21 juin 1903. Parti pour la Mandchourie septentrionale le 22 juillet 1903. Mort à Kharbine le 25 avril 1946.
Le 25 avril 1946, en pleine guerre civile, mourait en Mandchourie, un vaillant missionnaire de la Haute-Loire, M. Guérin. Ceux qui l’avaient connu et aimé, ont alors regretté que la rupture des relations postales avec le nord de la Chine ne permît pas d’avoir quelques détails sur l’action missionnaire de notre compatriote ni sur les circonstances de sa mort.
Né le 5 octobre 1877, à Saint-Julien-Chapteuil, au diocèse du Puy, Joseph-Léon Guérin fit ses études au petit séminaire de la Chartreuse. Son âme se sentait vivement émue de la profonde détresse spirituelle de ces masses qui, en Asie, gisent ou tâtonnent dans les ténèbres du paganisme. Aussi, confiant dans la grâce divine qui toujours soutient l’apôtre, il sollicitait l’honneur de s’enrôler dans la croisade missionnaire et obtenait son admission dans la Société des Missions-Étrangères de Paris. Il entra au Séminaire de la rue du Bac, le 9 septembre 1898. Ordonné prêtre le 21 juin 1903, il partit pour la Mandchourie septentrionale, le 22 juillet suivant. Là, à Kirin, il trouva deux compatriotes, M. Roubin de Saint-Pierre-Eynac, fondateur de la célèbre colonie de Saint-Joseph de Tong-K’en, et M. Cubizolles, de Saugues, qui devait mourir Provicaire du Vicariat le 16 juillet 1935.
Pendant sept ans, après l’étude nécessaire de la langue chinoise, le jeune missionnaire se voua au labeur aussi obscur que fécond de l’évangélisation des campagnes. D’un caractère énergique, secondé par une robuste santé, il pouvait ne reculer devant aucune entreprise, si fatigante fût-elle. Son Vicaire apostolique, Mgr Lalouyer, avait une grande confiance dans ce jeune prêtre et le mit successivement à la tête de plusieurs districts où il montra toujours autant de zèle éclairé que de savoir-faire.
Vint la terrible épidémie de peste pulmonaire de 1911, qui ravagea la Mandchourie et enleva au Vicariat trois vaillants missionnaires, martyrs de la charité. M. Guérin était alors chargé du district de Payen-sou-sou. Il avait trois voisins. Déjà deux d’entre eux avaient été emportés. Restait le dernier et le plus proche, M. Mutillod, d’Annecy, supérieur de l’école probatoire de Si-Ki-Tch’ang, qui avait assisté M. Delpal à ses derniers moments et auprès de son confrère avait, lui aussi, contracté le terrible mal. Aussitôt qu’il connut la maladie de son dernier ami, M. Guérin courut à son chevet et voulut lui-même se préparer à la mort possible. Après avoir administré au moribond les derniers sacrements, il s’agenouille près du lit du malade et le prie d’entendre sa confession. Et pendant que M. Mutillod prononçait sur lui les paroles sacramentelles, M. Guérin dut soutenir de sa main, le bras défaillant de son confrère mourant. De retour à Payen, il écrivait à son Supérieur : « M. Mutillod, est mort le 1er février, après avoir fait de bon cœur le sacrifice de sa vie pour la conversion des pauvres païens. Me voici seul maintenant dans mon quartier et peut-être, bientôt aussi apprendrez-vous la nouvelle de ma mort. Que la volonté de Dieu soit faite. » Mais Dieu se contenta de trois victimes et n’imposa pas à la Mission un plus lourd sacrifice. En 1920, titulaire du poste de Kharbine, il devait affronter de nouveau le terrible fléau et procurer les secours de la religion à une trentaine de pestiférés.
Quelques années plus tard le nouvel évêque, Mgr Gaspais, l’appela à la Procure, le préposant à l’administration des biens matériels du Vicariat ; en outre, M. Guérin devait s’occuper de la paroisse de Changchun et donner aux diverses œuvres des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie le concours de son ministère pastoral. En 1927, tout en restant membre du conseil de la Mission, il fut mis à la tête du district de Houlan et, quatre ans après, envoyé de nouveau à Kharbine. C’est là, dans cette grande ville cosmopolite dénommée à juste titre « la Babylone moderne de l’Asie », que pendant quinze ans, il se dépensa au service des chrétiens dispersés et à l’évangélisation difficile des païens. Son zèle toujours ardent était admirablement secondé par une profonde connaissance de la langue chinoise dont jamais, même en ses dernières années, il ne négligea l’étude. Mais peu à peu l’âge, les travaux apostoliques de toutes sortes, les soucis d’une administration matérielle devenue très difficile, avaient miné sa vigoureuse santé, il eût pu s’en prévaloir pour demander quelques semaines de repos. Mais il préféra se taire : l’ouvrier voulait mourir au travail. Il savait les prêtres trop peu nombreux pour la tâche immense, et, fidèle comme beaucoup d’autres à sa devise « tenir », en attendant le renfort missionnaire que l’interminable guerre retenait en France, il persévérait dans son labeur sans se plaindre, sans rien demander. En janvier 1946, Mgr Gaspais songea à lui envoyer un auxiliaire. M. Guérin le sut et pria son supérieur de ne pas donner suite à ce projet. Pourtant, au début d’avril, craignant de ne pouvoir suffire à l’écrasant ministère de la semaine sainte, il exprima le désir d’avoir une aide temporaire. Il était trop tard. Un prêtre fut désigné, mais sur ces entrefaites, les Russes s’étant retirés vers le nord, la ville de Changchun fut attaquée par les rebelles et il devint impossible d’en sortir pour gagner Kharbine. M. Guérin eut donc à faire seul tous les offices de la grande semaine et, dans une église très froide encore, il confessa six à sept cents personnes. Il dut sentir au confessionnal les premiers symptômes du typhus ; il se tut et continua à se dépenser. Un matin cependant, cette énergie qui le faisait « tenir » malgré la douleur ne suffit plus. Notre confrère voulut comme d’ordinaire monter à l’autel, mais ses forces étaient à bout, la fièvre le terrassait. Au milieu du saint Sacrifice, il lui fallut s’arrêter : deux chrétiens le soutinrent pour qu’il pût continuer et achever. Les Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie qui assistaient à la messe signifièrent aux fidèles de s’abstenir ce jour-là de la sainte communion. Ce fut en vain, car M. Guérin s’en aperçut et demanda que l’on communiât. S’étant fait aider à marcher jusqu’à la sainte table, il s’assit, et là, ses chrétiens, ses enfants très émus, vinrent une dernière fois recevoir, deux à deux, de leur père mourant, le pain de vie. La messe s’acheva ; c’était la dernière, elle avait duré deux heures. Maintenant, son œuvre terminée, l’ouvrier tombait épuisé sur le champ où il avait, quarante ans durant, travaillé et souffert. Au sortir de l’église, lui-même, conscient de la gravité de son mal, dit avec calme à ceux qui le soutenaient en se rendant à l’hôpital voisin : « J’en ai pour six à sept jours. »
Il en eut pour quatre jours. Le soir même de son entrée à l’hôpital des Sœurs, il reçut avec une profonde piété des mains d’un prêtre polonais les derniers sacrements. Les religieuses infirmières multiplièrent leurs soins, les chrétiens leurs prières. Mais l’heure était venue pour le soldat du Christ d’aller recevoir la récompense de sa persévérante fidélité au devoir quotidien. Le 25 avril, M. Guérin rendait paisiblement son âme à Dieu.
Il mourait au moment où l¬a ville de Kharbine était coupée du reste du Vicariat par la bataille. Aucun des missionnaires du Puy n’était là pour représenter la famille diocésaine auprès de l’aîné, à la dernière heure. Mgr Gaspais, lui-même, ne put connaître la maladie et la mort de son missionnaire que quatre jours plus tard.
Les fidèles voulurent donner à leur pasteur un éloquent témoignage de leur affectueuse reconnaissance. Sans compter le grand nombre de messes qu’ils demandèrent pour le repos de son âme, ils organisèrent des funérailles comme jamais Kharbine n’en avait vu. Après la messe solennelle d’enterrement, le cortège funèbre, composé de groupes compacts d’enfants vêtus de blancs (c’est la couleur du deuil en Chine), des religieuses européennes et indigènes, de la foule des fidèles chinois, coréens, polonais et russes se déroula entre deux haies de païens attentifs, à travers la vaste cité et conduisit le corps au cimetière de la ville. M. Guérin avait demandé à être enterré au milieu de ses enfants plutôt que de reposer près de l’église avec ses confrères défunts.
Puisse notre très regretté confrère obtenir du Maître des Apôtres que le diocèse du Puy, fidèle à ses traditions, envoie en territoire d’Asie, pour remplacer ceux qui tombent, des missionnaires nombreux et généreux !
~~~~~~~
Références
[2724] GUÉRIN Joseph (1877-1946)
Références biographiques
AME 1903 p. 378. 1915-16 p. 93. 107. 1928 p. 43. 1934 p. 32. CR 1903 p. 306. 1905 p. 54. 1906 p. 75. 1907 p. 92. 1908 p. 66. 1909 p. 83. 1910 p. 75. 1912 p. 363. 1913 p. 90. 1921 p. 40. 41. 43. 1923 p. 49. 50. 1924 p. 224sq. 1925 p. 42. 43. 1926 p. 37. 1927 p. 37. 1928 p. 38. 1929 p. 61. 1930 p. 59. 1932 p. 71. 1933 p. 52. 1934 p. 44. 1936 p. 43. 1937 p. 42. 1938 p. 41. 1947 p. 18. 325. BME 1923 p. 510. 1924 p. 527. 1929 p. 44. 171. 677. 1930 p. 804. 1931 p. 407. 439. 1933 p. 925. 1935 p. 260. 1936 photo p. 586. 1938 p. 462. 1940 photo p. 118. 1941 p. 323. EC1 N° 446.