Jules BERTRAND1897 - 1987
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3288
Identité
Naissance
Décès
Biographie
[3288] BERTRAND Jules est né le 24 août 1897 à Le Rozel, diocèse de Coutances (Manche). Il fait ses études primaires à Denneville où son père, douanier, a pris sa retraite, puis entre au collège de Villedieu pour ses études secondaires.
Mobilisé en 1916, il participe à la "Grande Guerre", puis, démobilisé en août 1919, il entre au Grand Séminaire de Coutances où il reçoit la tonsure, puis il entre au Séminaire des Missions Étrangères le 15 septembre 1922, est ordonné prêtre le 6 juin 1925, et destiné au vicariat apostolique de Taegu. Parti de Paris le 21 septembre 1925, il arrive à Taegu le 12 novembre suivant.
Après avoir étudié un peu la langue, le Père Bertrand est envoyé comme assistant du Père Lacrouts à Chon-ju, la capitale de la province du Chon-la septentrional. Le curé s'occupe des chrétiens de la ville, et le Père Bertrand, malgré sa santé déficiente, s'occupe des 28 chrétientés rurales qui sont rattachées à la paroisse, circulant en moto sur des routes caillouteuses pour les visiter l'une après l'autre.
En raison de sa mauvaise santé, il est nommé au Séminaire de Taegu, en 1928 (N.Aut : c'est une supposition), où sa santé ne s'améliore pas. Comme des évêques du Japon ont demandé un missionnaire pour s'occuper des nombreux travailleurs coréens qui ont été emmenés au Japon, le vicaire apostolique de Taegu y envoie le Père Bertrand en 1932. Des évêques appuient son ministère itinérant, d'autres le refusent pour la raison que "les Coréens sont en réalité des Japonais à part entière depuis l'annexion de la Corée par le Japon en 1910". S'il a sa résidence à Mito, au nord de Tokyo, le Père Bertrand passe la grande majorité de son temps à sillonner les routes japonaises, toujours en moto, à la recherche de ses ouailles. Puis il rentre en Corée en 1935 et réside à l'évêché de Taegu comme adjoint au procureur de la mission et secrétaire de l'évêché. Sa santé laissant toujours à désirer, en février 1936, il part en congé en France "pour 6 mois", mais il doit prolonger son séjour en France et ne rentre en Corée qu'en mars 1937.
Il est alors nommé à la grande ville de Pusan, à la paroisse de Chong-hak-tong, dans l'île de Yong-do qui est, d'une certaine manière, le centre de Pusan. La paroisse, telle que le Père Bertrand la trouve, date officiellement de 1932. Mais ce quartier de Chong-hak-tong a été, en 1890 et 1891, le siège de la première paroisse de Pusan, et le Père Jozeau y a alors résidé. Puis le siège de la première et, à cette époque, unique paroisse de la ville de Pusan a été déplacé dans divers quartiers de la ville en 1891, en 1900 et finalement en 1910. L'église et le presbytère de l'île de Yong-do dominent le port, si bien que le Père Bertrand est vite soupçonné par les Japonais de surveiller les mouvements de bateaux et mis en résidence strictement surveillée dès 1939. Il y reste toutefois jusqu'en 1942. Le vicaire apostolique japonais qui est arrivé à Taegu en 1942, change de poste à tous les missionnaires ou à peu près et, en conséquence, le Père Bertrand est envoyé à Wae-gwan, au nord de Taegu, succéder au Père Leleu. En avril 1945, il est ramené à Taegu et, avec la majorité des confrères du vicariat, mis en quasi réclusion à la paroisse St Joseph de Nam-san-dong, près de l'évêché, jusqu'en août 1945. Et quand les Japonais sont défaits et quittent la Corée, le Père Bertrand se trouve nommé pour la seconde fois à la paroisse de l'île de Yong-do à Pusan et il y reste jusqu'en 1947.
Lors de la création de la nouvelle préfecture apostolique de Taejon, en 1948, il rejoint la nouvelle mission comme presque tous les confrères, tant de Séoul que de Taegu. Il est alors pendant quelques mois responsable intérimaire de la paroisse de Nonsan, autrefois fondée par le Père Rouvelet et où le Père J. Gombert est resté plus de 20 ans; puis, en 1949, il est en charge de la paroisse de Kong-sé-ri, qui a été fondée par le Père Denise plus de 50 ans plus tôt.
Juste après avoir célébré ses noces d'argent avec un peu d'avance, le 14 mai 1950, il part pour la France comme délégué des confrères de Corée et de Mandchourie à l'Assemblée Générale des MEP et prolonge son congé jusqu'au mois de septembre 1951. Comme il lui est impossible de rentrer en Corée à ce moment-là en raison de la guerre qui y sévit, il opte pour le Japon et est affecté au diocèse de Fukuoka où il travaille d'abord à Wakamatsu comme assistant du Père Dechamboux, puis à Moji. En 1964, il fonde une nouvelle paroisse non loin de Moji, en développant la petite chrétienté de Mojiko où, en 1969, il ouvre un foyer pour les marins de la centaine de bateaux qui abordent à Mojiko chaque mois. Finalement, il prend sa retraite à la Maison de Machi-Oji en 1978 où, en raison de sa mauvaise santé, il est toujours "entre la vie et la mort". C'est le 27 octobre 1987 que le Seigneur vient l'appeler.
Nécrologie
[3288] BERTRAND Jules (1897-1987)
Notice nécrologique
Enfance et jeunesse
Jules Bertrand naquit le 24 août 1897 à Le Rozel, Manche, diocèse de Coutances. Sa mère mit au monde dix enfants, mais les quatre premiers moururent en très bas âge, même avant la naissance de notre futur missionnaire.
Son père, douanier à Le Rozel, fut ensuite muté aux Moutiers d’Alonne, puis il vint prendre sa retraite à Denneville en 1908. Jules Bertrand, tout espiègle qu’il était, n’en fut pas moins un bon élève et passa avec succès son certificat d’études à 11 ans. C’est alors que le curé de Denneville l’incita à continuer ses études et le fit entrer au collège de Villedieu. Nous sommes en 1911 ou en 1912. En 1914 débuta la Grande Guerre. Jules Bertrand fut mobilisé en 1916, et sous les drapeaux jusqu’au mois d’août 1919. Comment le désir de devenir prêtre lui vint-il ? Nous n’avons aucun renseignement sur ce point. Pendant la guerre, il combattit vaillamment et fut décoré de la Croix de guerre. Lors du service célébré pour lui à Denneville, le 14 novembre 1987, une délégation des Anciens Combattants avec drapeau assista à l’office.
Une fois démobilisé, il voulut continuer ses études en vue du sacerdoce. Pour ce faire, pour se recycler il entra à la maison des Aînés à Agneaux, et de là au grand séminaire de Coutances, alors réfugié à Coigny.
Le 23 mai 1922, il fait sa demande d’entrée aux Missions Étrangères. S’il était entré au grand séminaire de Coutances, c’était pour réflé¬chir mûrement à sa vocation Ses réflexions et ses prières l’ont confirmé dans son désir d’être missionnaire. Il a, dit-il, 25 ans et termine sa philosophie. Il espère être appelé à la tonsure, pour l’ordination du 29 juin. De son côté, M. Blouet, supérieur du grand séminaire écrit : « Monsieur Jules Bertrand a toujours donné entière satisfaction, pour sa piété, son bon esprit. Il a une bonne santé et une intelligence solide et pratique ». Avec ces recommandations, Jules Bertrand fut admis le 27 mai, et entra tonsuré le 15 septembre 1922, afin de poursuivre ses études.
Ordonné prêtre le 6 juin 1925, il reçut sa destination pour la Corée, Mission de Taegu.
Après s’être suffisamment initié à la langue, le P. Bertrand fut envoyé chez le P. Lacroust à Tinyentjou. Le P. Lacroust assure le ministère au centre, tandis que le P. Bertrand a la charge des vingt-huit chrétientés de la paroisse. Il circule en moto pour les visiter l’une après l’autre. Mais sa santé est mise à rude épreuve par le climat et par le travail. Il est alors rappelé au séminaire de Taegu. Là non plus le climat ne lui convient pas. Comme à ce moment-là les Ordinaires du Japon demandent un missionnaire pour s’occuper des nombreux Coréens amenés au Japon, c’est le P. Bertrand qui est désigné par Mgr Demange.
Au Japon pendant trois ans environ, il exerça un ministère itinérant. Son port d’attache était Mito, au nord de Tôkyô. De là, il circulait en moto, du nord au sud, pour retrouver les Coréens qui n’étaient autres que des immigrés requis pour venir travailler au Japon. Rappelons, en effet, que la Corée était, à cette époque, une colonie japonaise. Occupée par le Japon en 1904, elle fut annexée par le Japon de 1910 à 1945. Pour le P. Bertrand, l’une de ses difficultés venait du fait que certains évêques l’autorisaient à s’occuper des catholiques coréens, et d’autres pas, partant du principe que les Coréens étaient des citoyens japonais à part entière et qu’il n’y avait donc pas lieu de faire pour eux une pastorale à part. Cela étant, le P. Bertrand quitta le Japon pour rentrer en Corée.
Arrivé en Corée, le P. Bertrand réside un certain temps à l’évêché comme adjoint au procureur et chargé aussi de certains travaux de secrétariat à l’évêché. Sa santé ne s’accommode guère de ce régime. Le 18 février 1936, il part en congé pour six mois. Mais son état de santé l’obligea à prolonger son séjour en France jusqu’au mois de février 1937. Il repartit alors pour la Corée où il arriva en mars 1937. À son retour, il est envoyé à Pusan. L’église et le presbytère situés sur la colline dominent le port. Les Japonais, frappés d’espionite, se figurent qu’il surveille l’arrivée et le départ des bateaux, qu’il en rend compte à on ne sait qui. Ils lui défendent donc de sortir de chez lui, et il est en résidence strictement surveillée. De Pusan, il est ramené à Taegu et mis à Saint-Joseph jusqu’à la capitulation japonaise, en 1945. Depuis lors, il occupe divers postes, entre autres Yendo, Nonsan, Kongséri et l’île de Pusan.
Le 14 mai 1950, il célébra ses noces d’argent : ce qui lui valut un panégyrique à la fois historique et poétique composé par le P. Beaudevin.
Assemblée générale et congé :
5 juillet 1950 ― 2 septembre 1951
Après la célébration de ses noces d’argent, comme l’Assemblée générale de la Société approchait, il fallait procéder par vote au choix d’un confrère pour représenter les confrères de Corée et de Mandchourie. Les deux premiers en tête de liste se récusèrent. Le P. Bertrand venant en troisième place accepta. Il participa donc à l’Assemblée générale et prolongea son congé jusqu’au mois de septembre 1951.
En 1951, la guerre sévissait en Corée. Les communistes avaient envahi tout le pays. C’est alors que les Américains intervinrent sous la conduite du général Mac-Arthur. Au cours de ces événements, treize confrères furent massacrés par les communistes. Certains même sont disparus sans laisser aucune trace et on n’a aucun détail sur leur mort. Dans ces conditions, le P. Bertrand ne tenait pas du tout à retourner en Corée. Il opta donc pour le Japon qu’il connaissait bien — les gens et la langue — puisqu’il y avait missionné de 1932 à 1935. Il est affecté au diocèse de Fukuoka pour le district de Kitakyushu où sont regroupés tous les missionnaires des Missions Étrangères, suivant l’accord conclu entre l’évêque de Fukuoka et la Société des Missions Étrangères.
Il est d’abord envoyé à Wakamatsu, comme socius du P. Dechamboux. Nous le trouvons ensuite à Moji et, en 1964, il fonde une nouvelle paroisse non loin de Moji en développant une petite chrétienté située à Mojiko.
En 1969, il ouvre un petit foyer pour les marins, en accord avec le P. Schmeer chargé d’une œuvre similaire à Osaka. Le P. Bertrand s’attacha beaucoup à Mojiko et à ce foyer où il rencontrait des marins d’un peu tous les pays, car une centaine de bateaux abordaient à Mojiko tous les mois. Le P. Bertrand affectionnait tout particulièrement les marins philippins. Parfois il allait à bord célébrer la messe pour eux.
Le P. Bertrand, comme tout un chacun, prenait de l’âge, et les supérieurs lui demandèrent de prendre du repos et de venir à la maison de retraite de Hachi-Oji. Ce fut pour lui un très gros sacrifice de quitter son poste, en 1978.
Depuis plusieurs années, on se demandait s’il vivrait encore longtemps. Il était toujours entre la vie et la mort. C’est le 27 octobre 1987 que vint l’appeler le Seigneur. Ses obsèques eurent lieu à l’église de Moji, non loin de Mojiko. La cérémonie fut présidée par Mgr Hirata, évêque de Fukuoka.
Au témoignage d’un confrère, le P. Bertrand ne manquait pas d’humour. Quand il était à Mojiko, petite paroisse d’à peine 100 chrétiens, « il avait un chien aussi fidèle à son maître que celui de Tobie. Bien dressé, il assistait à la messe en bonne place, près de l’autel. « C’est mon meilleur paroissien », disait le curé. À un confrère qui lui disait quelques mois avant sa mort : « Vous avez bien travaillé, vous irez au ciel tout droit », il répondit : « Je suis prêt depuis 1914 ».
Et le supérieur régional de conclure : « On peut supposer qu’au paradis, il pourra offrir ses services comme traducteur japonais-coréen et coréen-japonais. »
Références
[3288] BERTRAND Jules (1897-1987)
Références biographiques
AME 1925 p. 197. 1932 p. 136.
CR 1925 p. 148. 1926 p. 23. 1928 p. 29. 1932 p. 13. 54. 1935 p. 27. 1938 p. 30. 1939 p. 25. 1940 p. 16. 1948 p. 12. 1962 p. 42. 1963 p. 49. 50. 1964 p. 23. 1965 p. 37. 38. 1966 p. 41. 42. 1968 p. 124. 1969 p. 28. 29. 1974-76 p. 38. 39. AG80/81 p. 51. AG85 p. 52.
BME 1925 p. 712. 714. 1926 p. 44. 1927 p. 111. 1932 p. 281. 844. 1933 p. 117. 189. 193. 279. 521. 919. 1935 p. 872. 1936 p. 272. 807. 886. 1937 p. 39. 271. 1938 p. 830. 1939 p. 410. 637. 1949 p. 107. 369. 401. 575. 576sq. 1950 p. 56. 57. 115. 116. 331. 332. 441. 513. 577. photo p. 583. 1951 p. 690. 707. 709. 1952 p. 106. 327. 1953 p. 599. 1954 p. 343. 882. 1955 p. 171. 337. 1956 p. 232. 1957 p. 754. 860. 1959 p. 262sq. 727. 863. 968.
EPI 1962 p. 594. 1964 p. 852.
Hir. n°124. 206.
EC1 N° 88. 94. 334. 351. 483. 484. 505. 569. NS. 3P65. 14P433. 19P147. 21/C2 p.211. 25/C2. 27P55. 34P239. 40P110. 51P107. 108. 57P293. 58P330. 66P243. 72P88. 78P273. 83P73. 88P243. 125P14. 126P48. 142P211. 145P310. 174P528. 192/43. 223/C2.