Louis PASTEUR1904 - 1989
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 3339
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1927 - 1936 (Kangding [Tatsienlu])
Biographie
[3339] PASTEUR Louis est né le 26 décembre 1904, à Corbigny (Nièvre). Il entre au Séminaire des Missions Etrangères en 1925. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1927 et part le 11 septembre suivant pour le Tibet. Après l'étude de la langue, il devient curé de Tatsienlu, en 1936, il est rappelé à Paris comme représentant des missions de la Chine occidentale et affecté à l'économat. Mobilisé puis prisonnier de 1940 à 1944. Il revient ensuite à Paris, où il est choisi comme assistant par le Supérieur général. De 1950 à 1978, il dirige successivement les maisons d’accueil de Beaugrand, Voreppe et Lauris. De 1972 à 1978, il est aussi curé de Mondragon. Il se retire à Montbeton, où il meurt le 31 décembre 1989.
Nécrologie
Père Louis PASTEUR
1904 - 1989
PASTEUR Louis, Gustave, Simon, Ernest, Marie
Né le 26 décembre 1904 à Corbigny, diocèse de Nevers, Nièvre
Entré au séminaire des Missions Etrangères le 16 novembre 1925
Ordonné prêtre le 29 juin 1927
Parti pour le Vicariat apostolique de Tatsienlu (Kangting) le 11 sep¬tembre 1927
Décédé à Montbeton le 31 décembre 1989
De famille franc-comtoise, parente du grand savant Louis Pasteur dont il hérita le nom au baptême, le P. Pasteur naquit le 26 décembre 1904 à Corbigny, dans le département de la Nièvre. Son père était officier et son frère Henri embrassa lui aussi la carrière militaire dont il gravit tous les échelons jusqu’au grade de général. Louis, pour sa part, après des études secondaires faites aux lycées de Bourg et de Lons-le-Saunier, choisit le service de Dieu et de l’Eglise et, pour s’y préparer, entra en 1921 au grand séminaire de Saint-Dié où il reçut les ordres mineurs. Au cours de son service militaire qu’il termina à Metz, comme sous-lieutenant de réserve, il obtint de l’évêque de Saint-Dié l’autorisation de quitter le diocèse et demanda son admission au séminaire des Missions Étrangères à Paris. Consulté sur ses aptitudes, le supérieur du séminaire de Saint-Dié écrivait alors : « C’est une âme d’élite qui vous arrive. Excellent séminariste sous tous les rapports, il vous donnera, j’en ai la ferme confiance, toute satisfaction. » L’avenir devait justifier cette confiance.
Louis Pasteur entra donc, en novembre 1925, au séminaire de la rue du Bac pour y achever sa préparation au sacerdoce qu’il reçut le 29 juin 1927. B reçut le même jour sa destination pour le Vicariat apostolique de Tatsienlu, la mission du Tibet comme on l’appelait, qui comprenait alors trois parties : la partie chinoise sur les rives du Tongho et de ses affluents, une partie tibétaine aux bords du Mékong et de la Salwen, et une autre partie au Sikkim. C’est ce qui explique que Gaston Gratuze, parti en même temps, le 11 septembre 1927, et pour la même mission que Louis Pasteur, débarqua à Pondichéry alors que celui-ci continuait son voyage jusqu’à Sanghaï.
Cette mission du Tibet, plus tard appelée diocèse de Kangting, dans laquelle arriva le jeune missionnaire, était relativement de moindre importance que ses aînées du Sichuan. La population approximative n’était que de trois millions d’habitants (Chinois et Tibétains). Dix-huit missionnaires y travaillaient, dont plusieurs, très éloignés les uns des autres, dans une région montagneuse, inaccessible l’hiver. La mission comptait également quatre prêtres chinois et treize religieuses franciscaines Missionnaires de Marie. Elle ne possédait que vingt-sept églises ou chapelles, et une cathédrale à Tatsienlu.
Cette mission avait beaucoup souffert, au début du siècle, des conflits opposant les lamas tibétains à l’administration chinoise, conflits qui favorisaient le brigandage et se traduisaient souvent par des massacres et le pillage. Plusieurs missionnaires avaient ainsi été massacrés (le plus souvent à l’instigation des lamas) et leurs églises et résidences pillées. Lorsque Louis Pasteur arriva au début de l’année 1928, et bien que le Tibet eût recouvré sa souveraineté en 1912, le conflit continuait et était aggravé par les incursions des communistes en rébellion contre le gouvernement central. Le P. Pasteur a raconté lui-même, dans un article publié dans Le Bulletin de la Société des Missions Étrangères (1935) et dans les Annales de la Société des Missions Étrangères (1936) sous le titre : « Les communistes dans le Vicariat de Tatsienlu », quelques épisodes de cette époque troublée.
C’est donc dans ce contexte de trouble et d’insécurité que le P. Pasteur vécut huit années dans la mission du Tibet. Il pouvait avoir l’impression d’avoir été envoyé « ad gentes » dans un champ qui commençait à peine à être défriché : en 1928, cent vingt-neuf baptêmes d’adultes avaient été la moisson pour toute la mission. Une tâche immense attendait le concours du jeune Père. Il en était heureux, il se sentait certainement fier de la confiance qu’avaient fait à son zèle les supérieurs de Paris en lui donnant cette destination.
Il devait d’abord se préparer, comme un soldat avant le combat. Ce serait une préparation difficile qui exigerait courage et persévérance. Le jeune Père n’en manquait pas. Il se mit sans tarder à l’étude de la langue, du chinois mandarin avec ses nuances du Sichuan. Les moyens à sa disposition étaient ceux qu’avaient connus ses aînés. Plus tard il applaudit, quand les jeunes eurent à leur disposition, presque partout en Chine, des écoles de langue. Lui n’avait pas eu cette chance. Il travailla avec ardeur, aidé par le curé de la cathédrale, le P. Louis Valour. Ses efforts, sa bonne mémoire, firent que bientôt il fut capable de s’exprimer. Il fut nommé vicaire à la cathédrale, et deux ans plus tard son évêque le jugea capable de remplacer le P. Valour comme curé. Il le resta jusqu’en 1937.
Tout en continuant son étude, car il n’était pas homme à se contenter d’à peu près, il s’occupa de faire croître la chrétienté en nombre et en qualité. Ce qui ne l’empêchait pas de répondre aux appels qui lui étaient adressés par les prêtres et les religieuses pour des retraites au petit séminaire et au couvent, ou pour une aide pastorale à ses confrères de la mission.
Les qualités qu’il avait montrées dans l’exercice de ces diverses activités le firent choisir, en 1936, par les évêques des missions de Chine de l’Ouest, pour être leur représentant au conseil central de la Société à Paris, en remplacement du P. Parmentier, démissionnaire. À l’époque en effet, ce conseil était composé, autour du supérieur général, des représentants des évêques des missions. Le P. Pasteur partit donc pour la France et arriva à Marseille le 14 décembre 1937. Il se rendit immédiatement à Paris. Tout en suivant particulièrement les affaires des missions qu’ils représentaient, les membres du conseil central se partageaient les charges de l’administration générale de la Société. Le P. Pasteur se vit ainsi confier la charge de « procureur », comportant la gestion financière. Il resta membre du conseil central jusqu’en 1950.
Mais moins de deux ans après son retour en France, en septembre 1939, le P. Pasteur, officier de réserve, fut mobilisé et prit le commandement, comme capitaine, d’une compagnie sur le front de la Sarre. Lors de l’invasion allemande, il mérita cette citation : « Officier de haute conscience et de devoir, possédant un ascendant magnifique sur ses hommes, s’est particulièrement distingué le 11 juin 1940 en assurant le repli de tout un bataillon par une action efficace contre un ennemi supérieur en nombre et doté d’engins mécaniques. » Il n’en fut pas moins fait prisonnier pendant plus de quatre ans, mais put exercer son ministère sacerdotal, comme aumônier, auprès de ses compagnons de captivité à Nancy. À la libération de Nancy, en septembre 1944, il put regagner Paris et reprendre ses fonctions à la rue du Bac. Plus tard, lors de la guerre d’Algérie, il devra encore revêtir pour quelques mois l’uniforme militaire qu’il quittera définitivement avec le grade de colonel. Les qualités mises en ces circonstances au service de la France lui vaudront les décorations de chevalier, puis d’officier de la Légion d’honneur.
Choisi comme second assistant par le Supérieur général, il fut chargé, à la fin de l’année 1945, d’une visite dans les missions de la Société en Chine, dans le but de renouer des relations normales entre le centre de la Société et ces missions qui en avaient été coupées pendant toute la guerre. Cette visite fut très appréciée des missionnaires que le Père put rencontrer.
En novembre 1949, le P. Sy, premier assistant du Supérieur général étant décédé, le P. Pasteur le remplaça dans cette fonction, tout en continuant à être le représentant du groupe des missions de la Chine de l’Ouest et procureur. Dans cette dernière tâche, pour laquelle il reçut l’aide du P. Auneveux à partir de 1949, il révéla des qualités d’excellent administrateur. Homme d’ordre, parfaitement intègre, toujours présent, il fut vraiment compétent.
L’année suivante se tint l’assemblée générale de la Société des Missions Étrangères. En raison de l’évolution de la situation des missions, la société dut elle-même modifier ses structures. L’ancien conseil central composé des représentants des missions choisis par les évêques, fut remplacé par un conseil de quatre assistants, élus, comme le Supérieur général, par l’assemblée elle-même. De ce fait, le mandat du P. Pasteur prit fin.
La situation en Chine d’où les missionnaires étaient expulsés par le régime communiste, ne lui permit pas de regagner la mission de Kangting comme il l’aurait souhaité. Le Supérieur général le nomma donc supérieur de la maison de Beaugrand dans la région lyonnaise, puis, l’année suivante, de la maison que la Société venait d’acquérir à Voreppe, près de Grenoble, car le besoin s’était fait sentir d’une seconde maison de retraite pour accueillir les confrères âgés, malades ou infirmes. À Voreppe, un ancien couvent de religieuses semblait adéquat. Certes, beaucoup restait à faire pour qu’une communauté d’anciens missionnaires pût s’y établir. Le P. Pasteur fut chargé d’adapter la maison à sa nouvelle destination et d’acquérir tout le nécessaire pour y accueillir dès que possible la dizaine de confrères qui vivaient isolés dans l’attente.
La maison était assez vaste, dans une région tranquille, proche d’une ville où trouver facilement un personnel de service, des médecins et un hôpital, ainsi que les provisions. Le P. Pasteur s’y dévoua avec toute son énergie et son savoir-faire. Il organisa la communauté, fondant une maison de repos avec son règlement, sa chapelle, ses salles de réunion, sa bibliothèque, et son bon esprit. Il entretint de précieuses relations avec Grenoble. Il répondait aux appels des curés qui demandaient aide pour le ministère, celui surtout des messes dominicales et des confessions. Il s’y dévouait lui-même et, en cas de nécessité, il tâchait d’obtenir, pour répondre à un appel du clergé, l’acceptation d’un confrère de la maison. Voreppe, grâce au P. Pasteur, fut un établissement dans le diocèse, grâce auquel la société fut connue et aimée dans la région.
En 1964, la communauté de Voreppe se transporta à Lauris, en Provence, où le climat, plus doux, convenait mieux à d’anciens missionnaires habitués aux pays chauds. Le P. Pasteur l’y suivit et, de là, exerça la charge de délégué des Œuvres pontificales missionnaires pour la région Provence-Méditerranée, charge qu’il avait déjà exercée, étant à Voreppe, pour le diocèse de Grenoble. En 1972, l’archevêque d’Avignon lui confia la paroisse de Mondragon qu’il administra, à la satisfaction générale, jusqu’en 1978.
Il avait alors près de soixante-quinze ans et, malgré sa robuste santé, il commençait à éprouver quelques infirmités. Il se retira donc, avec sa dévouée gouvernante, aux Vignères, près de Cavaillon, puis, en 1987, à Saint-Just-d’Avray, dans la région de Lyon. En mai 1989, ses infirmités l’obligèrent à se rendre dans la maison de retraite des Missions Étrangères à Montbeton, près de Montauban, où il acheva sa course terrestre, âgé de quatre-vingt-cinq ans, le 31 décembre 1989. Ses obsèques furent célébrées dans la chapelle de la maison, présidées par le P. Cuny venu de Paris pour représenter le Supérieur général, en présence de la communauté et de plusieurs membres de sa famille.
Dans son homélie, le P. Cuny, après avoir, au nom du Supérieur général, exprimé la reconnaissance de la Société envers le P. Pasteur pour les nombreux services qu’il lui avait rendus dans les diverses charges qui lui avaient été confiées, ajoutait : « Élevé dans une famille d’officiers, il en avait hérité des qualités telles que le sens du devoir, de l’obéissance, du commandement, de l’organisation... » Effectivement, s’il fallait caractériser d’un mot la personnalité du P. Pasteur, on pourrait dire qu’il fut un chef. Il en avait les qualités et en assuma les responsabilités.
Doué d’une intelligence vive, saisissant d’emblée une situation et la manière d’y faire face, il avait également le don de l’organisation et l’esprit de décision. Ses supérieurs ne s’y trompèrent pas, qui lui confièrent des tâches de responsabilité : dans sa mission où, jeune encore, il fut curé de la cathédrale ; dans le choix que firent de lui les évêques de la Chine de l’Ouest pour les représenter au conseil central de la Société ; dans les charges de second puis de premier assistant qui lui furent attribuées au sein de ce conseil ; dans les fonctions de supérieur qu’il eut ensuite à exercer à Beaugrand et à Voreppe. Et l’on a vu comment, sous l’uniforme militaire, il gravit comme naturellement les échelons de la hiérarchie. Dans toutes ces activités si diverses, c’est le sens du devoir qui le guidait et, ce qu’il considérait comme son devoir, il le faisait sans hésitations ni complexes. Ce qui, bien sûr, n’allait pas, parfois, sans déranger, susciter des incompréhensions ou des mécontentements. Mais n’est-ce pas là le lot de qui détient une part d’autorité, quelle que soit d’ailleurs la manière dont il l’exerce selon son tempérament ?
S’il était fait pour commander, le P. Pasteur savait aussi obéir. Cela lui fut parfois très dur. Certaines décisions purent lui paraître injustes. Il s’y soumis néanmoins avec le même sens du devoir et le même esprit de discipline.
Sous des dehors parfois vifs et des réflexes quelque peu « militaires », il cachait une grande sensibilité et beaucoup de délicatesse. Homme d’action, il était aussi un homme de foi et de prière, « doué d’une piété solide et éclairée », comme le notait déjà son supérieur au séminaire de Saint-Dié, une piété adulte, discrète et pudique comme l’était sa sensibilité.
Le P. Pasteur repose maintenant dans le cimetière aménagé dans la propriété de Montbeton où chaque jour quelques membres de la communauté vont faire une visite et une prière pour ceux qui les y ont précédés et y attendent la résurrection.
Georges CUSSAC
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