Pierre DECROOCQ1922 - 1985

[3770] DECROOCQ Pierre, Joseph, Roger a été missionnaire en Mandchourie et au Yunnan en Chine, puis en Malaisie au XXe siècle.

Il naît le 23 janvier 1922, à Nouvelle-Église, (paroisse d’Oye-Plage), diocèse d'Arras, département du Pas-de-Calais. Il commence ses études primaires au collège libre de Gravelines, puis les continue au pensionnat de l'Ecluse, chez les Frères, en Hollande, puis en octobre 1934, il entre en cinquième au petit séminaire de Hazebrouck (diocèse de Lille) où il achève ses études secondaires jusqu'à la philosophie inclusivement.

Le 10 mai 1941, Pierre Decroocq fait sa demande d'admission au Séminaire des Missions Étrangères, où il entre le 11 octobre 1941. Ordonné prêtre le 21 décembre 1946, il reçoit sa destination pour l'Archidiocèse de Moukden (Shenyang) en Mandchourie. Agrégé à la Société des Missions Étrangères le 18 avril 1947, il s'embarque à Marseille le 29 avril 1947.

Chine (1947-1948)

Dès son arrivée, il se mit à l'étude du chinois à Moukden, pendant quelques mois. A l'été 1948, avec le P. Marchand, il part poursuivre sa formation en langue à Pékin (Peiping) où il retrouve cinq jeunes confrères destinés aux missions de Kirin et Shenyang (Moukden). Au début de décembre 1948, le groupe se replie sur la procure de Shanghai pour y continuer leurs études, sous la direction de deux maitres venus avec eux de Pékin. Le 17 juin 1949, Mgr. Lemaire, supérieur général de la Société, envoie, à titre provisoire, le P. Decroocq au service de l'archidiocèse de Kunming, où, après un bref séjour à Hong Kong et Macao, il se trouve en août 1949.

Nommé vicaire du P. Guilbaud, à la paroisse de l'Immaculée-Conception, en ville de Kunming, il s'adonne à l'apostolat social auprès des réfugiés sans travail, et en 1951, donne une mission à sa paroisse, pendant que progressent les troupes communistes. En novembre 1951, il est interné avec plusieurs autres confrères à l'évêché de Kunming. Expulsé, il arrive à Hong Kong le 12 mai 1952. Après un temps de repos, le 24 juillet 1952, il part pour Singapour et gagne Malacca, sa nouvelle mission.

Malaisie (1949-1985)

Nommé à Kuala-Lumpur, le P. Decroocq est, pendant trois ans, le socius du P. Ernest Belet, curé haut en couleur, de la paroisse indienne de Sentul. Peu attiré par la culture indienne, il se met à l'étude de l'anglais, et du cantonnais. L'achat d'une voiture lui permet de nombreux déplacements pour contacter la jeunesse chinoise malaise.
En 1955, l'archidiocèse de Malacca par sa division, donne naissance au centre, au diocèse de Kuala-Lumpur confié à Mgr Dominique Vendargon, au nord, à celui de Pinang (Penang) confié à Mgr Francis Chan. Ces deux nouveaux évêques reçoivent leur nomination épiscopale le 25 février 1955. Le P. Decroocq fait alors partie du diocèse de Kuala-Lumpur. Vers septembre 1955, il est nommé à la paroisse chinoise du Rosaire, comme vicaire du P. Edouard Giraud. Il s'occupe de la Légion de Marie, suscitant des "praesidia" de langue chinoise mandarine. Il s'intéresse au "nouveau village" de Jinjang, composé de quinze mille chinois regroupés par la stratégie anti-communiste du général Templer.

Après un congé en France, du 31 janvier au 29 octobre 1957, il retrouve sa charge de vicaire, et lance la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) à Kuala-Lumpur. En 1958, il devint aumônier national de ce mouvement pour la Malaisie. Il organise, avec des jeunes travailleurs, et spécialement pour eux, des rencontres, des sessions de formation, des retraites. Homme de terrain, présent dans le développement de la JEC (Jeunesse Etudiante Chrétienne), du mouvement des adultes, son action ne passe pas inaperçue dans les services gouvernementaux de l'éducation et de la jeunesse, qui prennent en considération ses points de vue. Vers 1960, il fait démarrer la JOC, en Birmanie. Des réunions et sessions internationales, l'aide aux pays voisins l'entrainent parfois hors de la Malaisie. Ainsi en 1961, avec des responsables du mouvement, il se rend au Congrès International de la JOC à Rio-de-Janeiro.

Après un séjour en France de décembre 1961 au 13 janvier 1962, il reprit son travail d'aumônier. Du 19 au 23 avril 1965, il prépare et anime le grand rassemblement JOC, JEC, des mouvements pour l'enfance, pour adultes et familles, dans les locaux de l'université de Kuala-Lumpur. S'y retrouvent quelque six cents laïcs, prêtres, religieux et religieuses pour étudier "la responsabilité chrétienne dans la société à la lumière du second concile du Vatican" et sa mise en application.

En 1966, le P. Decroocq part en congé en France où il arrive le 3 avril 1966. Ce temps est sa traversée du désert. Fatigué, inquiet pour l'avenir, il vit la souffrance de la dépression nerveuse, et trouve une aide précieuse auprès de son Supérieur Général.

Le 13 mars 1967, il repart pour la Malaisie, et il est nommé curé de la communauté indienne de Sentul. En 1969, il crée un centre paroissial à Ipoh Road. Il trouve un terrain pour des squatters qui occupent l'emplacement d'un futur lieu de culte à Desa-Jaya. Entouré de laïcs, il anime l'action catholique et sociale dont il devient l'aumônier national.

Après un congé en France du 14 août au 31 décembre 1975, de retour en Malaisie, il crée un nouveau centre paroissial à Kepong, lui donne le nom de "Jésus-Caritas" dans la banlieue nord-ouest de Kuala-Lumpur, avec tout près, l'agglomération chinoise de Jinjang, où église et écoles sont bien implantés. Il participe à la formation de laïcs pour divers ministères, organise des communautés de base, s'occupe de deux groupes chrétiens situés à cent cinquante km de chez lui, s'engage dans le mouvement charismatique. Membre de commissions diocésaines, il représente le groupe missionnaire de Kuala-Lumpur au conseil régional MEP, puis à l'Assemblée générale de 1980. Cela lui donne l'occasion d'aller revisiter Shenyang (Moukden) et Kunming.

Le 18 septembre 1982, il repart en Malaisie avec de nombreux projets en tête parmi lesquels bâtir une église à Desa-Jaya, et former des laïcs. Débordant de vitalité, homme de terrain, parlant bien l'anglais et le mandarin, connaissant le malais, il sait faire passer les enseignements du Concile. Il se veut pasteur, proche en priorité des jeunes, des pauvres et des laïcs. Mais après une journée de plus grande fatigue, son cœur cède. C'était le 3 octobre 1985.