Louis RENAULT1872 - 1943
- Statut : Vicaire apostolique
- Identifiant : 2291
Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1897 - 1943 (Yibin [Suifu])
Biographie
Louis RENAULT naît le 14 avril 1872 à Tramont-Émy, dans le diocèse de Nancy (Meurthe- et Moselle). Il fait ses études secondaires à Nancy. Il entre ensuite au Grand Séminaire de Saint Sulpice à Issy-les-Moulineaux et entre tonsuré au Séminaire des MEP le 3 septembre 1873. Ordonné prêtre le 27 juin 1897, il part pour le Sichuan méridional le 28 juillet suivant.
Chine (1897-1943)
Il étudie la langue à Suifu pendant dix mois ; il est ensuite nommé recteur du district de Kong-hien et puis des préfectures avoisinantes : Kousong, Tchang-lin et enfin Yin-lin. Il y établit des écoles pour lesquelles il trouve des maîtres et se procure les ressources nécessaires à leur fonctionnement. La révolte des Boxers détruit son travail, mais, la tempête passée, il le reprend avec un zèle accru. Quand le P. de Guébriant fonde une école avec des Maristes, c'est le P. Renault qui est chargé de la diriger. Quand le P. de Guébriant est envoyé au Kiengtchang, c'est le P. Renault qui lui succède. En 1907, le départ des Frères maristes l'oblige à prendre la direction effective de l'école.
Il continue néanmoins la visite de ses chrétientés, inspecte les écoles de doctrine. En 1910, il prend le district de Luchaw : il y fait preuve, comme ailleurs, de diplomatie, de patience et de ténacité, pour que les chrétiens, anciens et nouveaux, ne fassent qu'une communauté.
En 1921, il est appelé à la direction des œuvres de Suifu : écoles primaires et supérieures de garçons et de filles, hôpital et dispensaire. En 1924, on y ajoute la paroisse du faubourg-ouest où il doit relever deux écoles qui végètent. Le P. Renault rencontre bien des difficultés et des oppositions ; il les subit toujours avec la même patience, le même calme.
Coadjuteur de Mgr Fayolle en 1924, il lui succède en 1931. Un de ses premiers soucis est d'activer le recrutement des séminaristes et de presser l'ordination de ses prêtres qu'une trop longue probation commence à exaspérer. Il le regrettera d'ailleurs plus tard.
La guerre sino-japonaise puis la seconde guerre mondiale tarissent les ressources déjà bien mal en point de la mission. Les dernières années de Mgr Renault sont pénibles tant à cause de la cupidité des chrétiens que de sa haine du mandarin de Suifu qui rend la situation à l'évêché intenable.
L'évêque loge à l'hôpital près de la paroisse du faubourg-ouest qu'il connait bien. C'est au presbytère de cette paroisse qu'il est atteint d'apoplexie le 27 septembre 1943. Il décède le lendemain.
Ses obsèques ont lieu le 29 septembre en présence de très nombreux chrétiens et païens.
Mgr Renault repose au cimetière de San Kouan Leou au milieu des missionnaires et des prêtres qu'il avait tant aimés.
Nécrologie
Notices Nécrologiques
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Mgr RENAULT
VICAIRE APOSTOLIQUE DE SUIFU
Mgr RENAULT (Louis-Nestor) né le 14 avril 1872 à Tramont-Emy, diocèse de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 3 septembre 1893. Prêtre le 27 juin 1897. Parti pour le Szechwan méridional le 28 juillet 1897. Evêque d’Antiphrène et coadjuteur en 1924, Vicaire apostolique en 1931. Mort à Suifu le 28 octobre 1943.
Le 12 décembre 1897 arrivait à Suifu, florissant de santé et de bonne humeur, le missionnaire dont je vais essayer d’esquisser les traits et de résumer la carrière apostolique. Louis-Nestor Renault, après un court séjour au séminaire Saint-Sulpice, dont il avait gardé sinon l’empreinte, du moins un délicat souvenir que le temps n’efface pas, entrait au Séminaire des Missions-Étrangères. Ordonné prêtre le 27 juin 1897, il s’embarquait en juillet pour la Chine et abordait à la fin de la même année au centre de la Mission.
A Suifu même, auprès d’un curé de la ville, dix mois durant, il travailla avec une telle ardeur à l’étude du chinois qu’il parvint à posséder de mémoire le volumineux dictionnaire chinois-français, dans lequel tout nouvel arrivé devait alors puiser une science, élémentaire, mais suffisante de la langue. Et, dès octobre, son Supérieur le jugeait capable de commencer à s’initier pratiquement à la vraie vie apostolique.
Sur les prières instantes de M. Gourdin, alors curé de Luchow, qui admirait en ce jeune missionnaire un allant imperturbable un jugement rapide et sûr et surtout une impatience fébrile de prendre part à l’apostolat, Mgr Chatagnon le nommait recteur du district de Kong-hien, puis bientôt des sous-préfectures voisines de Kousong, Tchang-lin et enfin Yunlin. Le morceau était de taille, mais M. Renault n’hésita pas à en accepter la charge malgré les signes avant-coureurs de la révolte des Boxers.
Il établit aussitôt des écoles dans chaque district, il trouve des maîtres, se procure des ressources. Mais l’orage éclate ; le soulève¬ment des Boxers détruit son travail et menace les jours du mission¬naire à tel point qu’il est obligé de céder un instant à la tempête pour éviter une mort inutile. Le péril à peine passé, le voici de nou¬veau à l’œuvre. Il rebâtit, répare et déjà dès 1901 il compte plus de cent baptêmes de nouveaux chrétiens. Les épreuves, les revirements et même les apostasies, la persécution sournoise ou déclarée, les chicanes toujours éteintes et toujours renaissantes ne font qu’exciter son zèle apostolique. Dieu seul sait les soucis que pendant cinq ans le soin de ces quatre sous-préfectures lui donna. Pour lui, lorsqu’il en parlait aux jeunes confrères, c’était le meilleur temps, celui de la vie ardente.
Mais voici qu’à Suifu une école de Frères Maristes est fondée par M. de Guébriant, qui demande un directeur possédant bien la langue et déjà rompu avec les difficultés inhérentes à toute fondation nouvelle. C’est sur M. Renault que Mgr Chatagnon porta son choix... Adieu donc les courses par monts et par vaux ; il s’agit maintenant de classes de chimie, de physique, de cours de catéchisme et de français, de séances au confessionnal... M. Renault y trouve cepen¬dant de quoi satisfaire son ardeur.
Bientôt M. de Guébriant, cheville ouvrière de ce district de Suifu, est envoyé avec trois missionnaires et deux prêtres chinois au Kien¬tchang reprendre en main et reconstituer sur de nouvelles bases cette partie trop excentrique de notre Mission. Par qui le remplacer ? Il vient d’ouvrir de nouveaux postes autour de Suifu dans des régions soi-disant impénétrables. L’évêque confie cette succession très dure à M. Renault, missionnaire solide, bon cavalier mais mauvais mar¬cheur, et puis, les nouveaux chrétiens, c’est là sa partie.
Ainsi notre confrère retrouve la vie itinérante à travers un immense district dont il parcourt par tous les temps les pistes acci¬dentées. Il envisage déjà une évangélisation rapide de ces régions jusque-là délaissées. Il lui faut cependant compter avec le caractère grossier, retors et chicanier des ouailles qu’il essaie de former à la vie chrétienne et qu’un millénaire atavisme païen retient par tant de fibres invisibles ou palpables. En 1907, le départ des Frères Maristes vient ajouter à ses soucis apostoliques la direction effective de l’école avec quelques cours de français. Malgré tant d’occupations différentes, il continue ses visites des chrétientés, il inspecte ses écoles de doctrine et, à l’occasion, il se fait arbitre pour protéger le droit des ouailles. Il est là à rude école de diplomatie et de patience. Lui si vif de nature, que le moindre retard excitait, que les roueries laissaient pantelant ou désarmé, il subit cinq ans cette vie de défri¬cheur avec une maîtrise admirable. Ce fut durant cette période la plus mouvementée, et peut-être la plus dure, qu’il pût à son aise déployer toutes ses qualités.
En 1910, pour succéder à M. Gourdin à la tête du district de Luchow, on fit appel à M. Renault. Dans cette grande agglomération, les chrétiens sont remuants et batailleurs, fiers de leur nombre et de leur christianisme ancien, jaloux des nouveaux chrétiens qui essayent de s’adjoindre à leur groupe. Il faut un doigté subtil pour éviter de froisser les deux partis et adoucir les antagonismes prêts à éclater pour des vétilles. Plein de patience et de ténacité, le pasteur n’épargne pas sa peine : visites à domicile, prédications soignées, catéchismes quotidiens. Si les résultats ont été bien au-dessous de ses efforts, et si aujourd’hui la station de Luchow jadis si belle, a perdu de sa vigueur primitive, on doit avant tout l’attribuer à l’esprit de clan de ses habitants. Un missionnaire peut parler la langue à la perfection et posséder les plus belles qualités sacerdotales, il travaillera en vain si le groupe d’anciens chrétiens dont il a la charge, au lieu de l’aider, met au contraire son point d’honneur à freiner tout mouvement en avant.
Aussi lorsque en 1921 Mgr Fayolle l’appela comme directeur des œuvres de Suifu, M. Renault quitta sans regret son district. Ici au moins il aurait plus de liberté : écoles primaires, supérieures de garçons et de filles, hôpital, dispensaire lui étaient confiés. En 1924 on lui ajoutait la paroisse du faubourg-ouest. Il s’agissait principalement de relever deux écoles qui végétaient. Les études sont à l’ordre du jour : garçons et filles courent aux diplômes, et dans cette effervescence de cervelles encore mal équilibrées, délestées de toute dis¬cipline intellectuelle et morale, il s’agit d’établir de l’ordre, une méthode, une mesure et pour les élèves et pour les professeurs. Un missionnaire mûri à l’école du district n’est pas nécessairement préparé à ce genre de diplomatie. Collaborer avec un corps professoral hâtivement préparé ne peut se faire sans heurter des préjugés, des résistances. Cela n’empêchait pas M. Renault de donner des directives fermes pour redresser tant bien que mal des esprits ennemis de la ligne droite, et au moment des coups durs d’encaisser bravement et sans un mot, sans même un pli sur le front, jus¬qu’aux injures. Il est vrai qu’avec l’âge, sinon l’ardeur combative, du moins le mordant excessif du missionnaire avait été amolli par tant de luttes menées sans arrêts ! Plus tard lui-même avouait simplement que les Chinois l’avaient maté et joliment maté.
Nous qui le connaissions et le voyions à l’œuvre, admirions sa patience, son calme volontaire, son dédain., son mépris absolu du qu’en-dira-t-on, sa ténacité quand il fallait, et surtout au-dessus de tout cela son optimisme que certains confrères trouvaient exagéré ou même confinant au parti-pris. Oh non, M. Renault ne fut pas un naïf. Solidement planté, au moral comme au physique, sur le réel, peu porté aux spéculations qu’il traitait de logomachie inutile, s’il gardait un fond d’optimisme que les pires mécomptes semblaient n’ébranler qu’à peine, c’est que pour lui le but à atteindre comptait et qu’il savait fort bien que saint Paul et les Apôtres abreuvés eux aussi d’incompréhensions, d’ennuis et de luttes douloureuses avec leur entourage, lui avaient tracé la seule voie à suivre. Ses erreurs personnelles, il les reconnaissait bien vite, et prêt à faire machine en arrière dès qu’on les lui signalait, il y portait remède avec bonne grâce, ajoutant non sans une pointe de malice à l’égard de ceux qui marquaient une désapprobation ou un soupçon d’opposition : « Des bêtises, des bévues, des sottises, qui n’en a pas fait, n’a rien fait. »
C’est au milieu de ses travaux que lui parvint sa nomination de coadjuteur de Mgr Fayolle. Sacré à Suifu le 21 septembre 1924, Mgr Renault devint Vicaire apostolique à la mort de Mgr Fayolle survenue le 19 octobre 1931. A partir de cette date, il voulut répondre aux désirs de Rome en activant le recrutement des séminaristes, en pressant l’ordination, de ses prêtres. Jusqu’alors en effet nos Vicaires apostoliques, tout en souhaitant un clergé indigène nombreux, avaient moins cherché le nombre que la qualité. Des sémina¬ristes, ceux qui parvenaient au sacerdoce après trois ou quatre années de probation comme maîtres d’école, hommes d’affaires, catéchistes auprès des confrères européens ou chinois, étaient nantis d’une solide formation religieuse et pratique ainsi que d’une vertu éprouvée. Mais n’était-il pas à craindre qu’une si longue épreuve ne décourageât certaines bonnes volontés ? En outre les cadres européens diminuaient à vue d’œil ; d’autre part, les esprits « jeune Chine » trouvaient cette épreuve trop longue à leur impatience. Situation délicate où Mgr Fayolle avait longtemps hésité. Mgr Renault n’hésita pas. Pour occuper les postes délaissés, ouvrir des stations nouvelles, pour parer aux difficultés qu’un avenir gros de menaces laissait entrevoir, il fallait de nombreux lévites. D’un trait de plume, le temps de probation fut supprimé. Fut-ce un bien, fut-ce un mal ? Sur cette question qui a fait couler beaucoup d’encre, et encore plus de salive, qu’il soit permis au chroniqueur de rapporter une réflexion de Mgr Renault, vieilli et déjà touché par la maladie : « Oui, la probation avait du bon, de l’excellent même, et je crois que nous serons obligés d’y revenir sous une forme ou une autre. »
Quoi qu’il en soit, depuis le jour où Mgr Renault prit en main la direction de la Mission jusqu’à sa mort, en une période de douze ans, le clergé indigène augmenta d’une vingtaine d’unités. Outre cet appoint qui remplissait les postes en souffrance et déchargeait les missionnaires trop âgés, Son Excellence eût voulu augmenter le nombre et la qualité de ses lévites en peuplant de nombreuses recrues ses séminaires et aussi en envoyant à l’étranger ceux des grands séminaristes à qui une bonne santé et des moyens intellectuels plus qu’ordinaires promettaient de brillants succès.
Malheureusement la question financière se posait d’année en année plus angoissante. Les impôts, taxes et surtaxes, les réquisitions prétendues bénévoles, les prestations de tous genres et de toutes dénominations s’abattaient sans répit sur la Mission. La suppression de l’extra-territorialité aiguisait les appétits du fisc et de ses agents et faisait redouter une confiscation pure et simple des biens de la Mission. La prudence exigeait de parer au plus pressé. Le procureur se voyait obligé à des économies de plus en plus strictes. La guerre sino-japonaise, puis la guerre européenne en tarissant les ressources venant de l’extérieur, rendait encore plus critique la situation financière de la Mission. Tenir le coup, tel devait être le mot d’ordre. Maintenir nos œuvres malgré beaucoup de difficultés et d’injustices et Dieu sait s’il y en eut sous le fallacieux prétexte que c’était la guerre et que tout est permis aux puissants de l’heure, plus pressés de s’enrichir que de préserver le droit ou la justice. En un mot, il fallait s’agripper au sol et ne lâcher la position que pas à pas, quand il serait impossible de faire autre¬ment.
C’est donc dans cette continuelle guerre d’usure que se passèrent les dernières années de Mgr Renault. Lui, qui suivant sa devise : « Adveniat regnum tuum », escomptait de brillantes conquêtes, des récoltes chaque année plus abondantes, dut assister à un piétinement peu glorieux, parfois même à un recul navrant dans certains postes. Ici la xénophobie, la méchanceté des païens, la mauvaise volonté des potentats locaux ; là l’orgueil où la cupidité de mauvais chrétiens désireux avant tout de s’emparer des biens d’église ou plus simplement d’ennuyer leur pasteur, créèrent à l’autorité diocésaine une foule d’ennuis, de procès, de discussions sans cesse renaissantes. Cette vie ou plutôt ces conditions impossibles d’un apostolat fécond, sans tuer radicalement son optimisme de jadis, y portèrent de tels coups qu’en 1943 Mgr Renault songeait à démissionner pour laisser à un plus jeune la charge qu’il sentait trop lourde à ses épaules courbées par l’âge. Mais Dieu en avait disposé autrement et c’est sur la brèche que devait tomber vaillamment celui dont nous admirions la robustesse, la mine florissante et le courage indomptable. Pour lui, point d’autre repos que la paix éternelle.
Les derniers jours qu’il passa au milieu de nous, l’année 1943 surtout, furent pour lui un véritable calvaire. Sous le prétexte que la Chine, hommes, femmes et enfants, doit mobiliser toutes ses ressources pour concourir à la victoire du pays, le mandarin de Suifu, sans autre motif que sa haine du catholicisme et le plaisir de faire pièce à l’étranger, réquisitionna l’évêché pour y installer une bande de prétoriens sans mœurs ni tenue. Vols, chapardages nocturnes et diurnes, bris de clôture se succédaient au vu et au su de leurs chefs volontairement impuissants. Aux réclamations, on répondait par un sourire ou par les pires injures. N’étaient-ils pas chez eux ? Libre à l’évêque d’aller loger ailleurs. Le mandarin dont relevait ce groupement de malotrus, poliment prié de bien vouloir porter remède à ces désordres, vint en personne sur les lieux, réquisitionna le salon épiscopal et, réunissant un corps d’officiels, s’y livra toute une soirée durant à des palabres d’une xénophobie primaire, pérorant longuement sur l’injustice des traités inégaux, les richesses fabuleuses de la Mission et l’espoir que la Chine victorieuse, grâce à ses innombrables soldats, serait bientôt débarrassée de ces étrangers inutiles ou malfaisants. A dater de ce jour, la situation à l’évêché devint pratiquement intenable. Les vrais maîtres du lieu furent ces soudards avec leurs familles, Evêque, procureur, confrères âgés et à la retraite furent encore tolérés, mais on leur fit sentir que c’était par pure magnanimité qu’on leur laissait l’usage momentané de ces biens ne leur appartenant pas.
En face de tant de mauvaise volonté que faire ? A qui avoir recours ? Nulle autre ressource que de patienter et de faire la part du feu. Quittant son évêché devenu un bruyant et sordide corps de garde, l’évêque s’installa à l’ouest de la ville, dans une des chambres de l’hôpital tenu par les Religieuses Franciscaines Missionnaires de Marie. Là au moins il n’aurait pas à subir à longueur de jour et de nuit le contact de gens mai élevés, leurs disputes conjugales, leurs chicanes et parfois leurs fureurs déchaînées. Le procureur resterait seul sur place, tenant tête, empêchant une occupation totale et définitive de l’évêché.
Après quelques jours de détente, nonobstant le calme relatif retrouvé à l’hôpital, Mgr Renault aurait voulu rentrer chez lui dans son évêché ; il y serait plus à même de s’occuper des affaires de la Mission, évitant ce va-et-vient d’une extrémité à l’autre de la ville qui, pour ses jambes fragiles, au milieu d’une cohue pressée devenait parfois dangereux. Il désirait surtout prouver par sa présence que si nous étions inutilement molestés, nous n’abandonnions aucun de nos droits. Mais la chose paraissant difficile à réaliser, il consentit à s’établir à demeure auprès des religieuses de l’hôpital, à deux pas de l’importante paroisse du faubourg-ouest de la ville de Suifu.
C’est dans le presbytère de cette paroisse, le 27 septembre au matin, au moment où il indiquait au curé chinois du lieu les démarches à faire pour un contrat matrimonial, qu’une attaque d’apoplexie le terrassa subitement. Le docteur, sans laisser grand espoir d’une guérison rapide, espérait que sa constitution robuste permettrait au malade de reprendre bientôt ses sens. Ni la parole, hélas ! ni une manifestation sensible d’une possession lucide de soi-même ne vint rompre le coma tranquille dans lequel reposait le malade. Munie de l’extrême-onction et de l’indulgence plénière « in articulo mortis », tandis que les confrères récitaient à son chevet les prières liturgiques, le lendemain matin vers six heures, l’âme de notre chef paraissait au Tribunal suprême.
Les funérailles eurent lieu le surlendemain au milieu d’un concours immense de chrétiens et de païens qui l’accompagnèrent jusqu’au cimetière de San kouan leou. C’est là qu’il repose au milieu de ses missionnaires et des prêtres qu’il avait tant aimés.
On peut dire que l’épiscopat de Mgr Renault, commencé dans la lutte, poursuivi douze années durant dans un rude combat sans trêve avec les puissances de l’enfer et de la terre unies pour lui faire sentir leur méchanceté, s’est terminé pour lui au moins par une défaite sensible ; mais à y regarder de plus près, on constate que si, sur certains points ses efforts ont paru vains, ses luttes inutiles, la Mission du Szechoan méridional sous son épiscopat, sans avoir progressé à pas de géant comme il l’eût voulu et l’espérait, a su maintenir ses positions essentielles, augmenter sérieusement son clergé indigène et préparer un avenir moins sombre aux successeurs de demain.
Pour lui, il a tenu jusqu’à l’extrême limite de ses forces et, en bon soldat du Christ est tombé les armes à la main au champ d’honneur de l’apostolat, sans même avoir entrevu des jours plus sereins ou l’aube de la paix. Dieu, sans doute, l’a ainsi permis pour le récompenser plus magnifiquement Là-Haut d’une vie toute consacrée à son service.
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Références
[2291] RENAULT Louis (1872-1943)
Références biographiques
AME 1897 p. 772. 1899 p. 120 (art). 1909 p. 34. 36. 38. 1925 p. 21. 1926-27 p. 270. 1928 p. 208. 1932 p. 137. 241. 1933 p. 199. 263. 272sq. 1934 p. 134. 233. 1935 p. 153. 1936 p. 182. 200. 277. 1937 p. 22. 24sq. 182. 1938 p. 86. 133. 1939 p. 12sq. 16sq. CR 1897 p. 277. 1899 p. 113. 115. 1901 p. 98. 100. 1903 p. 99. 1904 p. 108. 109. 1905 p. 68. 69. 1906 p. 89. 1907 p. 115. 120. 1908 p. 91. 94. 1917 p. 47. 48. 1919 p. 40. 1922 p. 48. 1923 p. 64. 1924 p. 48. 1925 p. 53. 54. 165. 1926 p. 51. 1927 p. 48. 1928 p. 42. 43. 52. 214. 1929 p. 71. 288. 289. 1930 p. 66. 78. 335. 1931 p. 75. 1932 p. 84. 1933 p. 67. 1934 p. 52. 1935 p. 50. 308. 309. 1936 p. 55. 335. 1937 p. 51. 56. 1938 p. 58. 1939 p. 53. 267. 268. 1940 p. 133 sq. 1947 p. 554. 1949 p. 155-162 (notice nécro.). BME 1923 p. 389. 441. 504. 663. 785. 1924 p. 389. 663. 729. 785. 1925 p. 399. photo p. 798. 1926 p. 46. 111. 182. 247. 375. 567. 568. 639. 1927 p. 113. 181. 274. 440. 454. 509. 632. 690. 753. 1928 p. 41. 112. 167. 432. 632. photo p. 42. 1929 p. 234. 292. 489. 1930 p. 177. 435. 1931 p. 593. 835. 898. 900. 1932 p. 127. 243. 367. 453. 533. 777. 851. photo p. 237. 1933 p. 369. 370. 531. 691. 725. 960. 1934 p. 339. 411. 412. 1937 p. 117. 348. 422. 504. 645. 840. 869. photo p. 428. 862. 1938 p. 108. 464. 515. 887. photo p. 497. 839. 1939 p. 40. 265. 558. 1940 p. 266. 689. 1941 p. 711. 1948 p. 325. 326. 1953 p. 930. 1955 p. 178. 1956 p. 479. 480. ECM 1942 p. 59. 1944 p. 27. MC 1924 p. 233. 1925 p. 212. 1926 p. 401. 1927 p. 209. 1936 p. 340. 438. 1937 p. 341. 1938 p. 198. EC1 N° 61. 269. 270. 271. 276. 436.