Bertrand REYDELLET1722 - 1780

[0188] Bertrand Reydellet naît vers 1722 dans le diocèse de Genève. Il fait une partie de ses études à Saint-Sulpice, au cours desquelles, en avril 1746, il demande à entrer au Séminaire des MEP. Le 2 mai suivant, il y est accepté. Il s'embarque à Nantes en 1747, fait naufrage à l'embouchure de la Loire, repart de Lorient en juillet de la même année ; il est fait prisonnier par les Anglais, emmené à Londres où il reste pendant huit mois, revient au Séminaire des MEP, et part de nouveau en octobre 1748. Ordonné prêtre à Vannes le 21 décembre suivant, il s'embarque à Lorient en février 1749, pour le Tonkin occidental.

D'abord professeur au collège de Ke-vinh, il prend, en mai 1756, la direction des districts du Nghe-an et du Ha-tinh, où il remplace Mgr Deveaux, mort le 1er janvier précédent. Il paraît y avoir montré quelque sévérité, ce dont par ailleurs il s'applaudit, jugeant que, grâce à ce mode d'action, les prêtres indigènes, les religieuses et les chrétiens se sont améliorés. Ses lettres ne donnent à peu près aucun détail sur ses travaux ; elles portent principalement sur les difficultés existant entre Mgr Néez et les Jésuites, au sujet de la délimitation et de l'attribution des districts.
Il est nommé, en mars 1762, évêque de Gabale et coadjuteur de Mgr Néez auquel il succède le 19 octobre 1764. Il est sacré le 15 décembre 1765, dans la mission actuelle du Tonkin central, par Mgr Hernandez, vicaire apostolique du Tonkin oriental.
La mission du Tonkin occidental compte alors 90 000 chrétiens divisés en une vingtaine de districts, 3 prêtres des MEP, 36 prêtres tonkinois, 3 ou 4 jésuites européens, 3 jésuites tonkinois, et 11 prêtres séculiers indigènes dépendant des Jésuites. En 1765, l'évêque est nommé pro-commissaire apostolique pour continuer et terminer la question des délimitations des districts, toujours pendante (Voir NÉEZ).
Une autre difficulté est soulevée par le P. Adrien de Sainte-Thècle, augustinien, dépendant de la Propagande, qui, en mourant, a confié à des prêtres tonkinois trois districts qu'il aurait dû remettre aux Dominicains espagnols. Cette dernière affaire se règle assez facilement. Mais la première, suscitant des difficultés de plus en plus grandes, Mgr Reydellet envoie à Rome un de ses missionnaires, le père Davoust (Voir DAVOUST).

Les négociations de celui-ci furent heureuses. Quelques années après elles n'auraient plus eu raison d'être, puisque par le bref Super familiam (Jus Pont. de Prop. Fid., vii, supp., p. 209), du 20 novembre 1773), Clément XIV, qui venait de supprimer la Compagnie de Jésus, prescrit aux MEP de la remplacer au Tonkin.
En 1769-1770, Mgr Reydellet fait une visite pastorale dans le Tonkin méridional ; en 1771, il envoie des catéchistes au Laos, avec ordre d'étudier le pays et de voir quelles facilités il présente à l'évangélisation.
Vers cette époque, il installe ou réinstalle un séminaire à Ke-vinh ou Vinh-tri, qui comprend 300 catholiques.
La persécution de 1773 frappe principalement les provinces de Hanoï et de Nam-dinh ; l'évêque, qui réside tantôt à Ke-vinh, tantôt à Trai-nhoi, doit s'enfuir.

Il meurt à Ke-vinh le 18 juillet 1780.