Louis MARDINÉ1850 - 1919
- Status : Prêtre
- Identifier : 1373
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1878 - 1899 (Pondichéry)
- 1899 - 1919 (Kumbakonam)
Biography
[1373] MARDINÉ Louis-Joseph naît le 23 juillet 1850 à Lambash dans le diocèse de Metz en Lorraine. La guerre de 1870 amenant l'annexion de l'Alsace-Lorraine, il décide de quitter sa région pour fuir le joug allemand aussitôt après avoir terminé sa philosophie. Il entre au Séminaire de la Rue du Bac et est envoyé à la Mission de Pondichéry en 1878.
Pondichéry (1878-1899)
Il commence par étudier le tamoul, puis part pour le plus ancien district de la Mission, Vadougarpatty (1). Au bout d'un an, son district est divisé et du coup s'installe à Kokondi (1). Il y construit un petit presbytère, se donnant bien de la peine pour faire cuire les briques nécessaires à la construction. Puis son attention se porte sur les villages à convertir. Comme ils sont nombreux dans la partie nord de son district, il va s'installer au milieu d'eux à Aryalour (1). Là il achète un terrain et bâtit une petite chapelle.
On le nomme alors assistant de l'infatigable P. Darras, dans l'immense district du nord de la Mission, pour s'occuper de tous ceux qui s’étaient convertis au temps de la famine et dont la foi semble faiblir. A cette fin, le P. Mardiné réussit à former de nombreux centres autour de Chetput (2).
En 1886, il est nommé vicaire à la cathédrale de Pondichéry.
Kumbakonam (1899-1919)
En 1899, le diocèse de Kumbakonam est créé par scission de celui de Pondichéry. Mgr Bottero en devient le premier évêque. A peine sacré, il appelle le P. Mardiné à la cure de la Cathédrale. Dans ce poste, il se fait l'apôtre des pauvres, des petits, qui lui seront toujours reconnaissants de sa sollicitude. Mais il désire retourner dans la brousse et, pendant 10 ans, il va travailler dans le district de Viragalour (1) où les rivalités entre gens de caste et parias mettent sa patience à l’épreuve. Son évêque lui confie la formation de jeunes confrères. Il excelle à les inciter au travail, en raison de sa longue expérience, sa connaissance de la mentalité indienne, des mœurs et de la langue du pays.
Après 10 ans de travail incessant dans cette paroisse de plus de 4000 chrétiens, le P. Mardiné ressent les premières attaques de la maladie qui devait le terrasser. En 1914, il doit se rendre à l'hôpital Ste Marthe de Bangalore. On le soigne efficacement, et il peut revenir dans sa Mission. Il regagne son poste, mais à la suite de nouvelles crises d'albuminurie, il est obligé de revenir à Kumbakonam. Il peut rendre encore quelques services à la paroisse de la cathédrale.
Comme il désire retrouver les villages, il part un beau matin sans rien dire et, quelque temps après, on le retrouve dans le district de Gabrielpuram, près de Trichinopoly (3). Mobilisé, le titulaire de ce poste est en effet parti pour le front. Alors, le P. Mardiné le remplace, sa santé lui permettant encore de faire beaucoup. En 1919, il se trouve tellement fatigué qu'il va se reposer chez les PP. Jésuites de Trichinopoly qui lui donnent une chaleureuse hospitalité. Il retourne à Trichy en juillet 1919. Il y reçoit les derniers sacrements et, le 17 juillet. Le bon serviteur s'endort dans le Seigneur. Pour son service funèbre à Gabrielpuram, 450 de ses chrétiens s'approchent de la sainte table, éloquent témoignage de l'estime et de l'affection pour ce missionnaire qui passa 41 ans de sa vie en Inde.
1 – Dans les environs de Tanjore.
2 – Entre Pondichéry et Vellore.
3 – Ou Tiruchirappalli, également connu sous le diminutif de Trichy.
Obituary
M. MARDINÉ
MISSIONNAIRE DE KUMBAKONAM
M. MARDINÉ (Louis-Joseph), né à Lambash (Metz, Lorraine) le 23 juillet 1850. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Etrangères le 3 octobre 1874. Prêtre le 16 mars 1878. Parti pour Pondichéry le 16 mai 1878. A Kumbakonam en 1899. Mort à Trichinopoly le 27 juillet 1919.
M. Mardiné naquit le 23 juillet 1850 à Lambash, aux environs de Bitche, dans une humble famille de paysans, où la foi, le travail et l’amour de la France marchaient de pair, comme en tout bon foyer lorrain. Après la guerre de 1870, comme il n’entendait pas vivre sous le joug allemand, il quitta son cher pays aussitôt après avoir terminé sa philosophie et vint frapper à la porte du Séminaire de la rue du Bac. En 1878, il partait pour la Mission de Pondichéry. Il ne resta à la capitale, que le temps nécessaire pour apprendre la langue et fut envoyé bientôt dans le plus ancien district du sud de la Mission : Vaduguerpatty où, tout de suite, il s’y montra ce qu’il ne devait cesser d’être : un rude travailleur.
Au bout d’un an, il y a lieu de diviser le district de Vaduguerpatty et c’est à lui que l’on confie la direction du nouveau district, avec Kokondi comme résidence. Là, les chrétiens sont un peu rudes et grossiers ; il n’y a pas de maison pour le Père et l’église manque de ¬tout ; mais l’entrain et la bonne humeur du nouveau titulaire triomphent vite des obstacles. Il connaît ses gens, les gagne, se les attache, s’en fait franchement aimer ; on parlera longtemps de lui là-bas. Il se met aussitôt à construire un petit presbytère, mais que de fatigues pour mener à bien ce travail ! Le matin, après sa messe, il partait avec son domestique et, jusqu’à onze heures coupait lui-même le bois nécessaire à la cuisson des briques. Puis, après avoir absorbé un peu de riz et d’eau poivrée, il reprenait sa besogne à deux heures et ne la quittait qu’au soir. Il fallait une santé comme la sienne pour résister à ces fatigues. En même temps il soigne ses chrétiens et court après les brebis égarées. Son village a des protestants, il s’efforce de les ramener. Et il réussit à leur reprendre un de ses jeunes gens qu’ils avaient entraîné et de celui dont ils pensaient faire un pasteur, il en fera lui, avec la grâce de Dieu, un prêtre actif et zélé qui n’oubliera jamais son sauveur.
Les païens eux aussi attirent son attention ; comme ils sont nombreux dans la partie nord de son district, M. Mardiné s’installe au milieu d’eux, dans la ville hindoue d’Aryalor. Déjà il avait acheté un terrain et bâti une petite chapelle, lorsque ses supérieurs lui confièrent un champ d’action beaucoup plus vaste.
Les districts du Nord de la Mission de Pondicbéry donnaient à ce moment-là quelques soucis à l’autorité. Car ils ne comptaient guère que des nouveaux baptisés au moment de la grande famine, et, l’aisance revenant, un certain nombre d’entre eux montraient des velléités de retourner à leurs anciennes habitudes. M. Mardiné fut chargé de les maintenir et de les confirmer dans la foi, et, sous la direction infatigable de M. Darras de sainte mémoire, pendant trois ans il se dévoua à cette œuvre considérable. A pied ou à cheval, accompagné d’un palefrenier, qui en même temps lui servait de catéchiste et de cuisinier, il allait de village en village, encourageant ceux-ci, suppliant ceux-là, donnant ses soins à tous. Il eut le bonheur de constater que ses efforts n’avaient pas été vains, car de nombreux districts se formèrent peu à peu autour de celui de Chetput, cause de tant d’angoisses.
En 1886, à l’occasion d’un voyage à Pondichéry, ses supérieurs voyant son état de fatigue, lui offrirent un poste de professeur au Petit Séminaire. Il acquiesça, mais l’homme de la brousse n’était guère fait pour la chaire. Mgr Laouënan, à son retour de Rome, au mois de novembre de cette même année 1886, le nomma vicaire à la cathédrale de Pondichéry. Il se retrouvait là dans son élément et ses curés successifs, MM. Bottero, Mette, Niel et Fourcade, ont tous témoigné du bon travail qu’il y fit jusqu’en 1895.
Il ne se fiait pas à sa seule habileté, et les moyens spirituels lui étaient d’un puissant secours. Il avait, pour le Sacré Cœur, une dévotion particulière dont il fut jusqu’à sa mort un ardent propagateur ; à Pondichéry il fit beaucoup pour la rendre populaire. Chaque village paria avait sa congrégation qui marchait splendidement avec ses¬ communions, ses fêtes, ses réunions régulières. En quelques années, la piété avait refleuri d’une manière étonnante et les parias aimaient un père qui leur montrait tant d’affection, de dévouement et de générosité.
Quelques années plus tard, nous le trouvons à Ayampettai nord et il y déploie la même ardeur, et la même habileté. Les chrétiens de l’endroit, enlevés à la juridiction des prêtres goanais, pour être donnés aux missionnaires de Pondichéry, voient les nouveaux venus d’un mauvais œil et il est difficile de les apprivoiser. M. Mardiné finit par être accepté de tous et par changer les dispositions de ces pauvres gens.
En 1899, on sépare de Pondichéry la Mission de Kumbakonam et Mgr Bottero en devient le premier évêque. A peine sacré, il appelle M. Mardiné à la cure de sa cathédrale. Il l’avait eu autrefois comme vicaire à Pondichéry et, connaissant ainsi son zèle infatigable, il le tenait en grande estime. Dans ce nouveau milieu, M. Mardiné reste le même : homme de travail, apôtre des humbles, des petits qui lui seront toujours reconnaissants de sa sollicitude.
Mais cet homme de la brousse se sentait mal à l’aise à la cathédrale. En 1903, quand le vétéran de la Mission, M. Badenier, plus qu’octogénaire, se trouva sans vicaire à Viragalore, M. Mardiné accepta avec joie de reprendre la vie et le travail des districts. Pendant 10 ans, il travaillera comme un jeune homme dans ce poste de Viragalore, où les difficultés ne manquaient pas, à cause des rivalités entre gens de caste et parias.
Peu de temps après son arrivée, M. Mardiné avait dû prendre en mains toute autorité, M. Badenier s’étant retiré du ministère actif. A son tour, il eut des vicaires. C’est à lui, en effet, que Mgr Bottero aimait à confier la formation des nouveaux confrères, qui ne pouvaient guère être à meilleure école. Tous ceux dont il fut l’initiateur en ont gardé le meilleur souvenir ; il excellait à les inciter au travail : sa longue expérience ; sa connaissance de l’esprit indien, des mœurs, des usages de la langue vulgaire du pays ; son contact avec de nombreux missionnaires en différents endroits et en diverses situations ; son heureuse mémoire des événements lui permettaient de fournir en abondance de précieux renseignements.
Après dix ans d’un labeur incessant à Viragalore, qui comptait plus de 4.000 chrétiens, M. Mardiné ressentit les premières attaques de la maladie qui devait le terrasser. Très fatigué, en juillet 1914, il se rendit à Bangalore ; il en revint en octobre, sans être guéri, le docteur ayant découvert trop tard la cause de son mal. Mgr Chapuis le garda alors à Kumbakonam et là un docteur indigène très habile le soigna et le rétablit en quelques mois. Il regagna son poste, mais à la suite de nouvelles et violentes crises d’albuminurie, il fut obligé de revenir au chef-lieu de la Mission.
Malgré l’amélioration qui se produisit cette fois encore, Mgr Chapuis ne crut pas devoir lui permettre de retourner à Viragalore ; il l’autorisa seulement à s’occuper de la paroisse de Kumbakonam. Cette demi-retraite, ne tarda pas, au reste, à lui peser ; de plus, treize confrères avaient été appelés en France par la mobilisation, et bien des postes étaient vides.
M. Mardiné eût une idée : demander à retourner dans la brousse serait s’exposer à un refus certain. Il partira sans rien dire. Et, en effet, un beau matin, sous prétexte d’aider un confrère au moment d’une fête, il disparut. Pendant plusieurs semaines on resta sans nouvelles de lui. On apprit enfin qu’il s’était installé dans le district de Gabrielbouram, dont le titulaire était au front. Mgr Chapuis ne put que ratifier cette décision. Ayant encore une fois trompé la mort, M. Mardiné se remit au travail comme d’habitude. N’étant pas loin de Trichinopoly, il pouvait d’ailleurs se soigner un peu mieux ; puis, il avait comme voisin un mutilé de la bataille de la Marne, dont la société le charmait et à qui il servait de mentor. Le voilà de nouveau prêchant, apaisant les disputes, arrangeant les différends, surveillant même encore la construction d’une petite chapelle dans un village. Bien plus il écrit à ses confrères qui se trouvent aux armées pour les encourager. Quelle allégresse pour ce Lorrain patriote quand il apprend l’armistice : enfin, né Français, il mourra Français !
Cependant les visites du district pendant le Carême de 1919 l’avaient beaucoup fatigué ; le jour des Rameaux il ne put dire la messe et il se retira quelque temps à Trichinopoly où les PP. Jésuites lui donnèrent une généreuse et cordiale hospitalité. Malgré ce réconfort, quand il revint à Gabrielbouram à la fin de mai, il n’était plsu selon son expression, qu’un faible roseau.
Il travaille quand même autant que le permet le peu de forces qui lui restent. Bientôt sa faiblesse augmente et, en juillet, il se rend à Trichinopoly pour consulter le docteur qui l’avait soigné avec succès antérieurement. Hélas ! c’était trop tard. M. Mardiné se confesse alors, reçoit les derniers sacrements avec une simplicité et une bonhomie qui laissent dans l’admiration le Père Jésuite qui l’assistait et, le 27 juillet, le bon serviteur s’endort paisible-ment dans le repos éternel. Pour son service funèbre à Gabrielbouram, 450 de ses chrétiens s’approchèrent de la sainte table, éloquent témoignage de l’affection et de l’estime qu’ils avaient pour le vaillant apôtre qui, pendant 41 ans, fut sur la brèche sans faiblir. Opera illorum sequuntur illos.
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References
[1373] MARDINÉ Louis (1850-1919)
Références biographiques
AME 1919-20 p. 240. CR 1878 p. 54. 1891 p. 255. 1893 p. 310. 312. 1903 p. 294. 298. 1904 p. 284. 1905 p. 272. 1907 p. 366. 1908 p. 269. 1910 p. 286. 287. 1912 p. 306. 1916 p. 200. 222. 223. 1919 p. 116. 262. 1920 p. 122.