Mathurin ROGER1855 - 1884
- Status : Prêtre
- Identifier : 1542
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Japan
- Mission area :
- 1882 - 1884 (Osaka)
Biography
[1542] ROGER, Mathurin, originaire de Guenrouet (Loire-Inférieure), vint au monde le 8 janvier 1855. Après son ordination sacerdotale le 29 juin 1880, il fut maître d'études au collège de Châteaubriant, et entra au Séminaire des M.-E. le 18 août 1881. Il fut envoyé au Japon le 22 novembre 1882, et résida à Tsu, dans le département de Mie ; il y mourut le 10 septembre 1884.
Obituary
M. ROGER
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU JAPON MÉRIDIONAL
La carrière apostolique de M. Roger n’a pas duré deux ans. Parti le 22 novembre 1882, il a succombé le 10 septembre 1884. A son arrivée au Japon, M. Roger alla à Osaca étudier la langue et exercer son ministère. Quoique faible de santé, rien cependant ne laissait présager une fin prématurée.
Au mois d’avril, il fut envoyé à Tse dans la province d’Isé pour prendre soin de la chrétienté que M. Villion y avait fondée, et qui compte déjà un bon nombre de néophytes et de catéchumènes. Il se mit avec ardeur à l’œuvre, mais bientôt ses forces trahirent son courage.
Vers le commencement d’août, comme il présidait un soir une conférence sur la religion, quoiqu’il ne parlât pas, il fut tout à coup pris de vomissements de sang assez violents. Il se retira chez lui et reçut les premiers soins. Mgr Laucaigne, averti par télégramme, se rendit immédiatement auprès du cher malade et y resta quelques jours. A son retour à Osaca, il eût désiré le ramener avec lui, mais le transport fut impossible.
Appelé à Nagasaki où Mgr Petitjean se mourait, Mgr d’Apollonie fut remplacé à Tse par M. Vasselon d’abord, et ensuite par M. Chatron.
« A mon arrivée, écrit ce dernier, je le trouvai assis dans un fauteuil : « Oh ! me dit-il, en « me serrant affectueusement la main, vous êtes venu me voir, merci, et puis, vous voyez, « cela ne va pas encore trop mal. » Je lui organisai tous les soins que demandait sa position. Le poumon gauche était complètement pris, peu ou pas de toux, respiration bruyante, crachats très abondants et sueurs très fortes. Sa voix était assez faible, mais dans certains moments de délire, elle retrouvait beaucoup de force.
« Ses idées roulaient ordinairement sur son ministère, fidèles expressions de cette piété sincère, de ce zèle ardent dont il était animé. Il disait la messe, administrait les sacrements, prêchait aux païens la vérité et la nécessité de la religion, ou bien conversait avec ses parents et ses amis de Nantes, de Guenroüet, de Paris, du Japon, etc., etc. – Comme je le rappelai à lui : « Tiens, c’est vrai, disait-il, je ne suis pas à Nantes, je suis à Tse ; je ne suis pas à l’autel, « mais hélas ! dans un lit. » Et il riait de bon cœur, puis reprenait son calme ordinaire. Je lui demandai souvent où il souffrait, ce qui lui faisait mal : « Mais je ne souffre pas, disait-il, « tout va bien ; seulement, je rêve trop, voilà tout. »
« Chaque matin je célébrais la sainte messe auprès de son lit, sur un charmant petit autel gothique qu’il s’était procuré, et qu’il avait orné de vases et de fleurs avec un goût exquis. Aussi chaque matin, comme nous faisions ensemble notre préparation à la sainte Communion, il joignait pieusement les mains et récitait très dévotement ses prières en latin, en français, en japonais, et cela en dépit de sa faiblesse et de la fièvre qui l’agitait, montrant par là, à la grande édification des chrétiens qui l’entouraient, que l’ardeur de la fièvre était encore moins forte que l’ardeur de sa foi et de son amour pour Notre-Seigneur. « Tous les Pères sont bien pieux, disait un bon vieillard chrétien, mais le Père Rozé l’est particulièrement ; il vous dépasse encore. »
« La nuit qui précéda le jour où il mourut avait été assez mauvaise à cause de la fièvre. Comme le matin j’allais dire la sainte messe, il se réveilla tout à coup, au moment où je prenais le calice qui touchait à son lit, et d’une voix très forte il se mit à crier : « Au voleur ! « au voleur ! On vole mon calice ; comment vais-je dire la sainte messe ?... » Je le rappelai à « lui par une parole ou deux. « Oh !mon Dieu, dit-il, c’est vrai, j’ai fait une grosse sottise, « pardonnez moi. » Et il se frappait la poitrine.
Il avait reçu l’Extrême-Onction et le Saint-Viatique vers la fin d’août, voulant ainsi montrer à ses chers chrétiens l’importance de ces sacrements et la nécessité de ne pas attendre les derniers moments pour s’y bien préparer. Et depuis cette époque, excepté un jour ou deux, il avait reçu la sainte Communion chaque matin, jusqu’au jour de sa mort.
« Le 10 septembre vers midi, la fièvre avait disparu, mais la faiblesse était extrême : il ne pouvait plus articuler une parole ; toutefois au mouvement de ses lèvres on voyait qu’il s’unissait de cœur et de bouche aux prières qui se faisaient autour de lui. Il acceptait même un peu de lait, mais la vie s’échappait rapidement. Bientôt et sans crise il entra en agonie, elle ne dura pas cinq minutes ; et pendant que je récitais les prières des agonisants, il rendit doucement sa belle âme à Dieu, au moment où au milieu de mes larmes je disais ces mots : Proficiscere, anima christiana... C’était le 10 septembre, à deux heures trois quarts de l’après midi. »
M. Mathurin Roger était né à Guenrouëet (diocèse de Nantes), le 8 janvier 1855. Ordonné prêtre le 29 juin 1880, il exerça quelque temps le saint ministère dans son diocèse et entra le 18 août 1881 au séminaire des Missions Étrangères.