Prosper LE ROUX1877 - 1936
- Status : Prêtre
- Identifier : 2668
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1903 - 1936 (Yibin [Suifu])
Biography
[2668] LE ROUX Prosper, Guillaume, Marie, est né à Bothoa, diocèse de Saint-Brieuc (Côtes du Nord) le 12 juin 1877. Il fit ses études primaires à Bothoa et ses études secondaires au Petit Séminaire diocésain, puis il entra au Grand Séminaire de Saint-Brieuc. Ayant entendu parler de pays lointains où le Bon Dieu, la Ste Vierge et Sainte Anne n'étaient pas connus, il décida d'entrer aux Missions Étrangères après son sous-diaconat le 14 septembre 1901. Il fut ordonné prêtre le 22 juin 1902 et partit le 12 novembre 1902 pour le Setchuan méridional.
Il arriva à Suifu le 28 février 1903. Son évêque, Mgr Chatagnon, l'envoya à Che-houi pour apprendre le chinois et s'initier au ministère. En 1906, un mal à la jambe le fit beaucoup souffrir, et on l'envoya à Hongkong où il subit une opération et finit par guérir. À son retour, il fut envoyé à Tseliutsing, et en 1907, on lui confia le beau district de Lakhi. Il se donna tout entier à cette paroisse. Grâce à ses prédications répétées et à ses leçons de catéchisme, il parvint à faire de ses paroissiens des chrétiens fervents. Il s'occupa activement des nouveaux convertis de Supongki, en baptisa un grand nombre qui sont toujours restés bons catholiques.
En 1912, Mgr Chatagnon lui confia l'importante paroisse de Tseleoukhan, au pied du Mont Omei. Certains de ses paroissiens fumaient l'opium et des familles entières disparurent. Quant aux autres, vivant dans cette plaine d'Omei fertile et riche, ils ne se préoccupaient pas beaucoup de leur âme, et restaient plutôt courbés vers la terre et les richesses matérielles. À travers champs, sur les routes, dans les auberges en traversant les rizières, le Père s'efforçait de convertir ces gens matérialistes. Il prêchait dans le désert. Pourtant, sans se décourager, il organisa des processions de la Fête Dieu, les premières manifestations religieuses dans ce Setchuan méridional. Elles attirèrent chrétiens et païens en grand nombre, heureux de venir honorer Jésus Hostie, entouré de bannières et d'oriflammes flottant au vent avec l'effigie de la Vierge Marie et de Ste Anne, la grande sainte de Bretagne.
Mais dans cette plaine fertile et riche, il y avait aussi beaucoup de moustiques, qui donnaient la malaria. Le Père dut prendre de fortes doses de quinine qui le fatiguèrent beaucoup et affectèrent son estomac, tout en essayant de calmer la fièvre intense. Il demanda son changement.
Il se retira d'abord à Kiating, puis à Suifu, où il put encore rendre de grands services, en prêchant des retraites et en écrivant des articles très appréciés qu'il envoyait à l'Agence Fides et à la Presse catholique missionnaire.
Le 2 novembre 1936, il tomba malade, avec des vomissements de sang. Le docteur diagnostiqua un cancer à l'estomac. Le 10 décembre, une seconde hémorragie interne se produisit, qui fit perdre tout espoir de guérison. Le 12 décembre, la respiration devint plus difficile et le Père rendit son âme à Dieu au début de la nuit, après avoir reçu une dernière absolution. Le 15 décembre eut lieu la messe des funérailles. Il repose maintenant dans le cimetière de Houikéou. Il nous laisse un bel exemple d'un missionnaire fidèle jusqu'au bout à sa vocation.
Obituary
M. LE ROUX
MISSIONNAIRE DE SUIFU
M. LE ROUX (Prosper-Guillaume), né le 12 Juin 1877, à Bothoa (Saint-Brieuc, Côtes-du-Nord). Entré sous-diacre au Séminaire des Missions-Etrangères, le 14 septembre 1901. Prêtre le 22 juin 1902. Parti pour le Setchoan méridional, le 12 novembre 1902. Mort à Suifu, le 12 décembre 1936.
M. Prosper Le Roux naquit à Bothoa, dans le diocèse de Saint-¬Brieuc, le 12 juin 1877, d’une de ces familles bretonnes à la piété ardente et à la foi. plus solide que le granit. Dans un pareil mi¬lieu, le petit Prosper prit vite goût à la prière, et dès l’âge le plus tendre montra, une dévotion particulière envers la Sainte Vierge et Sainte Anne. Quand il priait, on aurait dit un petit ange ; et on raconte, que, lorsque par des chemins creux, dans le brouil¬lard opaque, ,il se rendait à l’école, on l’entendait chanter en bre¬ton des cantiques à sa Mère du Ciel. Aussi tout naturellement il songea bientôt à marcher sur les traces de son frère aîné qui vou¬lait être prêtre, et qui est à l’heure actuelle, curé-doyen d’une importante paroisse où son zèle admirable opère des merveilles. Tous les deux avec une sainte émulation se préparaient à servir le bon Pieu de leur mieux. Mais le petit Prosper ayant entendu par¬ler de pays lointains, où le bon Dieu et Sainte Anne ne sont pas connus, résolut de quitter son beau pays de Bretagne pour aller évangéliser ces sauvages.
Au séminaire diocésain, il fit l’édification de tous : on le con¬sidérait comme un vrai « saint » ; aussi on ne s’étonnera pas de le voir partir pour le Séminaire des Martyrs. Il arriva sous-diacre aux Missions-Etrangères en septembre 1901. Là aussi sa ferveur extraordinaire et son application à observer le règlement édifièrent tout le monde. L’année suivante, il fut ordonné prêtre au mois de juin et le 12 novembre 1902 il s’embarqua à Marseille pour le Setchoan. En abordant cette belle province du fond de la Chine, il se prosterna à terre et embrassa avec un saint enthousiasme ce sol sacré arrosé du sang des Martyrs, jurant d’y travailler pour la gloire de Dieu et le salut des âmes jusqu’à son dernier souffle. Il arriva à Suifu avec deux autres confrères le 28 février 1903. Après quelques semaines de repos à l’évêché, Mgr Chatagnon, Vicaire Apostolique du Setchoan méridional, l’envoya à Che-houi-k’i pour y apprendre la langue auprès de M. Moreau. A l’école d’un tel mentor, M. Le Roux, en quelques mois, arriva à parler chi¬nois à la perfection et ne tarda pas à aider son curé pour la visite des chrétiens. En 1906, un mal à la jambe le fit beaucoup souf¬frir. Mgr Chatagnon l’autorisa à se rendre à Hongkong afin de se faire soigner. Après avoir subi une douloureuse opération, il finit par guérir. Pendant sa convalescence, il rédigea plusieurs rapports très intéressants dénotant chez lui un grand jugement et un don d’observation peu ordinaire.
A son retour de Hongkong, il fut envoyé à Tzeliutsing aider M. Boucheré, malade. En 1907, on lui confia le beau district de La k’i. Il se donna tout entier à son nouveau poste et, sous sa paternelle houlette, ses chrétiens devinrent fervents. A son arrivée à La k’i, ses enfants n’étaient pas aussi parfaits qu’il l’eût désiré. Un dimanche en effet, le bon M. Le Roux, au moment de célébrer la sainte Messe, s’aperçut qu’on lui avait subtilisé son calice. Il fit alors un sermon si touchant, si pathétique, qu’il fit couler bien des larmes dans son auditoire ; le lendemain matin il retrouva son calice devant la porte de l’église où le voleur repen¬tant l’avait déposé pendant la nuit. Grâce à ses prédications répé¬tées, à ses leçons de catéchisme, il parvint à faire de ses paroissiens des chrétiens très fervents.
Ce zélé confrère consacra aussi tous ses soins à instruire et à former à la vie chrétienne quelques centaines de nouveaux convertis de la station de Supongki. Il en baptisa un grand nombre qui sont toujours restés bons catholiques. Il les aimait comme un père aime ses enfants et ils le lui rendaient bien. Aussi, ce fut pour lui un vrai déchirement de cœur, quand il fallut s’en sépa¬rer pour aller travailler ailleurs. En 1912, Mgr Chatagnon lui con¬fia l’importante paroisse de Tseleouk’an au pied du mont Omei. Là il se donna bien de la peine et souffrit beaucoup. Il fit tous ses efforts pour rendre ses enfants meilleurs encore et en augmen¬ter le nombre. Malheureusement, parmi eux, quelques-uns fu¬maient l’opium et plusieurs familles ruinées disparurent. Quant aux païens de cette plaine opulente d’Omei, ils sont pour la plu¬part fortunés et ne s’inquiètent pas des choses de l’autre monde. Quand on leur parle du ciel et de l’enfer, ils n’écoutent que d’une oreille distraite, calculant dans leur esprit combien la pro¬chaine récolte leur apportera. M. Le Roux était navré de voir tant d’âmes se perdre. A travers champs, sur les routes, dans les auberges, en traversant les rizières, il s’efforçait de convertir à la vraie foi ces pauvres païens trop attachés aux biens de la terre. Tout fut inutile. Dans cette contrée fertile où les grasses rizières sont entourées de mûriers et d’arbres à cire, il prêchait dans le désert. Pour honorer Dieu dans ce pays ingrat sur lequel semblait peser l’ombre maudite du mont Omei où régnait le diable, il fut le premier qui organisa au Setchoan méridional les processions de la Fête-Dieu. Ses chrétiens devinrent peu à peu plus fervents ; et, quand il vit flotter dans le ciel bleu la bannière de Sainte-Anne avec d’autres drapeaux et bannières, et entendit les chrétiens accourus de partout chanter leurs canti¬ques populaires au Saint-Sacrement et à la Sainte Vierge, il se crut dans un coin béni de Dieu sous le ciel gris de sa chère Bre¬tagne. Les païens aussi finiront par s’ébranler, accourant par milliers au son des cloches. M. Le Roux, les voyant si respectueux et émus par les cérémonies religieuses, espérait dans son cœur d’apôtre qu’un jour prochain ces âmes encore païennes se laisse¬raient toucher par la grâce. Hélas, ce bonheur espéré fut de courte durée.
Les voyageurs qui ne font que traverser la plaine d’Omei en gardent un agréable souvenir de richesse et de prospérité et pen¬sent qu’on doit vivre heureux dans ce charmant paradis. Mais ce bonheur n’est pas pour les missionnaires qui y sont à de¬meure. Malgré bien des précautions, ils sont en danger constant d’être dévorés par les moustiques qui sont bien plus dangereux que tous les korrigans et les farfadets de Bretagne, car ils inocu¬lent les microbes de la malaria. M. Le Roux miné par la fièvre dut prendre de fortes doses de quinine qui lui fatiguèrent beaucoup l’estomac. Voyant sa santé fortement ébranlée, et ne pouvant plus remplir son ministère auprès des âmes, il demanda à en être dé¬chargé.
Il se retira d’abord à Kiating et ensuite à Suifu où il rendit encore de grands services, il prêcha des retraites fort goûtées par les séminaristes et par les Filles de la Doctrine chrétienne. Homme de style élégant, il envoya de temps en temps à la Revue d’His¬toire des Missions, aux Missions Catholiques et aux diverses publi¬cations des Missions-Etrangères des articles très appréciés. Il écrivit des pages intéressantes sur le pèlerinage du Mont Omei. De plus, il était le correspondant fidèle de 1’« Agence Fides » pour toutes les nouvelles concernant la Mission de Suifu. Il avait aussi commencé à écrire l’Histoire de sa Mission.
Le 28 novembre il tomba malade, eut des vomissements de sang et le docteur constata que notre confrère avait un can¬cer à l’estomac. M. Le Roux ne souffrait pas, mais chaque jour il sentait ses forces diminuer. Le 10 décembre une seconde hémor¬ragie interne se produisit qui nous fit perdre tout espoir. M. Du¬bois, assisté de MM. Cambourieu et Corfmat, lui administra les derniers sacrements qu’il reçut avec une piété touchante. Soigné avec dévouement par les Sœurs Franciscaines il vécut encore trois jours, gardant sa pleine connaissance jusqu’à la fin. Le 12 décem¬bre, vers 20 heures, la respiration devint plus difficile, M. Dubois suggéra au moribond quelques pieuses invocations et lui donna de nouveau l’absolution. A 22 heures et demie, M. Le Roux rendit son âme à Dieu.
Pendant trois jours, ses confrères et les chrétiens des diverses paroisses de Suifu prièrent près de son cercueil exposé dans la grande église du Si-men. Le 15 décembre, son compatriote, M. Le¬breton, Provicaire, chanta la messe des funérailles avec le concours des séminaristes. Les Sœurs Franciscaines, les Filles de la Doctrine Chrétienne et tous les élèves des écoles catholiques assistèrent aux obsèques. S. Exc. Mgr Renault, Vicaire Apostolique de Suifu, absent, put être averti à temps par télégramme du décès de son missionnaire et voulut lui donner une dernière marque de sympathie en venant assister à l’enterrement.
Notre bien-aimé confrère repose dans le petit cimetière tran¬quille de Hotikeou. Son âme a dû s’envoler droit au Paradis. Il prie maintenant pour ses chinois qu’il a tant aimés ; il nous laisse à tous le parfum de ses vertus et le bel exemple d’un mission¬naire qui resta jusqu’au bout fidèle à sa vocation. Dieu veuille par son intercession envoyer à la Mission de Suifu d’autres ouvriers de sa trempe, ayant son zèle et sa persévérance.
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References
[2668] LE ROUX Prosper (1877-1936)
Références bio-bibliographiques
AME 1903 p. 58. 1909 p. 36. 1925 p. 205. 1936 p. 162 (art.). 1937 p. 47. 1939 p. 248. CR 1902 p. 302. 1904 p. 107. 1906 p. 86. 1907 p. 114. 1908 p. 88. 1911 p. 348. 1912 p. 485. 1917 p. 47. 48. 1918 p. 34. 1922 p. 47. 48. 1923 p. 63. 1924 p. 44. 1925 p. 51. 1929 p. 289. 1935 p. 51. 1936 p. 234. 332. 1937 p. 59. BME 1925 p. 1 (art.). 63. 76. 125. 185. 1928 p. 26. 40. 1929 p. 745. 1931 p. 898. 1932 p. 240. 321. 1933 p. 532. 1935 p. 265. 1937 p. 117. 862. 1939 p. 644. R.H.M 1926 p. 310. 1934 p. 52. 81. 1933 p. 206. 237. MC 1930 p. 274. 1932 p. 366. 507. 1934 p. 283. 1935 p. 562. 564. EC1 N° 348.
Bibliographie
Un pèlerinage bouddhique en Chine: le mont Omei", H.K, Nazareth, 1925.
"L'oeuvre des Séminaires et du Clergé séculier au Setchoan méridional", HK, Nazareth, 1932.