Joseph LEBLANC1913 - 2006
- Status : Prêtre
- Identifier : 3607
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1938 - 1953 (Nanning)
- 1953 - 1959 (Hong Kong)
Biography
[3607] LEBLANC Joseph est né le 25 mars 1913 à Chauvé (Loire-Atlantique).
Il fait ses études secondaires aux séminaires de Guérande et de Notre-Dame-des-Couëts puis au séminaire des MEP à Bièvres. Après son service militaire, il termine ses études théologiques au séminaire de la rue du Bac. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1938 et part le 13 septembre suivant pour la mission de Nanning (Chine).
Arrivé dans sa mission, il étudie le chinois à Luichow. Il est ensuite affecté à Chung Ping (1941-1947) et au poste de Chung Tan (1947-1953).
Expulsé de Chine en 1953, il séjourne à Hong Kong jusqu’en 1955 et s’occupe des exilés chinois, puis il se retire pendant trois ans à l’abbaye cistercienne de Lan Tao, émigrée de Chine.
En 1959, il rentre en France et devient aumônier de l’école Jeanne d’Arc de Saint-Jean d’Angely en Charente-Maritime (1959-1962) puis de l’hôpital Saint-Jacques de Nantes (1962-1978). Il se retire alors dans sa famille à Chauvé et se met au service de sa paroisse. Des problèmes de santé l’obligent à rejoindre la maison de retraite du Bon Pasteur à Nantes en 1998.
Il meurt le 18 août 2006. Il est inhumé le mardi 22 août à Chauvé, son village natal.
Obituary
Le Père Joseph LEBLANC
Joseph Pierre Marie LEBLANC a fait son entrée dans ce monde le 25 mars 1913. Si je ne m’abuse, le 25 mars, c’est bien le jour où l’Eglise célèbre l’entrée dans le monde – encore invisible certes mais non moins réelle - de notre Sauveur, Jésus. Etait-ce un signe d’appel futur dans l’angoisse du présent ? 1913 : la soi-disant « der des ders » se profilait à l’horizon. D’une fratrie de quatre, il était le fils de Joseph et de Philomène Chiffoleau, cultivateurs à Chauvé, dans la Loire Atlantique, au diocèse de Nantes.
C’est donc dans l’église de ce bourg qu’il fut baptisé, le lendemain même – encore un signe, mais celui-là de la vitalité chrétienne de ses parents -.
Bien que sa fiche -sobre de détails par ailleurs - n’en porte pas mention on ne peut douter qu’il fut confirmé.
Après ses études primaires à Saint Père en Retz, toujours dans le 44, il entra aux petits séminaires de Guérande puis de Notre Dame des Couëts où il accomplit le cycle secondaire, philosophie comprise.
C’est là que sa vocation missionnaire germa et se développa et, après mûre réflexion pendant les vacances, il prit sa décision. Voici en quels termes il adressa sa supplique au supérieur général des Missions Etrangères :
Monseigneur,
Le champ du Maître est vaste et, si j’en crois tout ce qu’on m’en dit, les ouvriers sont peu nombreux. Aussi, pour remédier à une aussi grande pénurie et tout autant pour contenter mon désir de convertir les âmes, je me présente à votre porte et vous demande de bien vouloir recevoir un petit séminariste nantais qui veut être un serviteur fidèle de Jésus Christ et de son Eglise.
Je suis sorti de philosophie au mois de juillet dernier, non peut-être en bon rang – 24ème sur 28 -, et non avec le brio de mes condisciples bacheliers mais j’espère que le Bon Dieu m’aidera et que je pourrai faire du bon travail. Daignez agréer, …
A la demande de renseignements de celui-ci, le supérieur de Notre Dame des Couëts, l’abbé Manager, répondit :
Monseigneur, Vous pouvez recevoir Joseph Leblanc en toute confiance : il est suffisamment intelligent, pieux, plein d’entrain, débrouillard, comme ils disent entre eux. Je crois qu’il a l’âme d’un vrai missionnaire.
A cette époque, à la veille de l’accession aux ordres, une enquête était diligentée auprès des curés des paroisses où les séminaristes passaient leurs vacances. La réponse à cette enquête plutôt détaillée, faite par monsieur le Curé Belliot à Chauvé, est on ne peut plus élogieuse : il lui ai mis 10 sur 10. Je résume : Il se comporte partout et envers tous avec la dignité qu’exige son état. Personne n’a de reproches à lui faire. Tout le monde pense qu’il sera prêtre un jour.
Le 15 septembre 1932, il entre donc au séminaire des Missions Etrangères à Bièvres, à l’époque en Seine et Oise, pour y accomplir le cycle des études de philosophie scolastique et la première année de théologie.
Il accomplit son service militaire d’octobre 33 à mars 34, dans le diocèse de Verdun et, de mars à juillet 34, dans celui de Reims, ainsi que l’attestent les lettres testimoniales de ces deux évêchés.
En septembre 34, il entre à la rue du Bac, pour y terminer ses études et sa préparation au sacerdoce et, le 7 juillet 1935, il y est tonsuré et agrégé aux Missions Etrangères sous le numéro 3607.
Ordonné lecteur le 21 décembre suivant, acolyte le 5 juillet 36, sous diacre le 4 juillet et diacre le 18 décembre 37, il reçoit le presbytérat le 29 juin 1938. Destiné à la Chine, il y part le 13 septembre suivant pour la mission de Nanning
Nanning, ville de plus d’un million d’habitants est la capitale de la province méridionale du Kouang-Si, à la frontière nord est du Vietnam. D’une superficie d’environ 220 .400 km², cette province est peuplée actuellement de plus de 42 millions d’ha. Excusez du peu pour une province !
Il étudie la langue, le cantonnais, à Luichow, de 38 à 41, fait ses premières armes à Chung Ping de 41 à 47, puis à Chung Tan de 48 à 51.
Nous avons de lui cette lettre de 1939 adressée à sa paroisse natale de Chauvé :
Je ne suis plus à Nanning, ma nouvelle résidence se trouve à Luichow où j’apprends la langue. Cette ville est d’une grande importance stratégique en raison de sa situation en pays de montagne. Les Japonais auraient bien du mal à s’y frayer un passage, s’ils osaient aborder ces régions. Elle commande un grand carrefour de routes filant vers le nord et l’ouest : toutes ces qualités ont été bien remarquées des Japonais et ils viennent souvent rôder dans ces parages avec leurs avions pour bombarder les positions importantes et même, ce qui est criminel, les populations civiles. C’est ainsi que je suis arrivé dans ma nouvelle résidence sous le signe de la bombe. Le lendemain même de mon arrivée, des avions furent signalés. Comme la résidence se trouve en banlieue, non loin de la montagne, je me suis réfugié, avec l’un des pères, sur le flanc de cette montagne d’où nous dominions la ville. Je crus ma dernière heure arrivée quand je vis les avions au dessus de ma tête. Les bombes se décrochaient en effet juste au dessus de nous. « Couchons-nous, dis-je au père, on est fichu ». Je me campai de mon mieux dans une anfractuosité du rocher …le coeur battait à se rompre…les secondes paraissaient des heures…Plus de deux cents maisons furent démolies. Sainte Thérèse heureusement nous a protégés. En ce moment nous construisons une chapelle pour réunir la centaine de chrétiens qui composent notre modeste bercail. Une niche a été ménagée pour saint Joseph mais elle l’attend : il est encore en France ! Puissiez-vous par une petite souscription nous aider à achever notre chapelle et à payer le voyage à saint Joseph pour qu’il vienne nous aider à évangéliser les Chinois.
Les difficultés et les soucis ne m’ont pas manqué, le sacrifice a été très dur mais je le referais encore plus volontiers maintenant que je connais la grande détresse de ce pauvre peuple.
Dans cette mission de Nanning, il donne pleine satisfaction à son archevêque, Mgr Paulin Albouy.
Expulsé de Chine, - je ne dispose d’aucun document personnel sur les circonstances de son expulsion – il quitte l’Empire du milieu le 27 octobre 1951, arrive en France le 28 novembre et y demeure jusqu’au 4 décembre 1953.
Il manifeste alors le désir d’entrer en religion, à la Trappe. Ce n’est pas un cas unique aux MEP. Mais son archevêque, alors exilé à Hongkong, s’intéresse vivement à la fondation d’une œuvre, pour s’occuper des Chinois exilés comme lui, mais restés à Hongkong, - en fait un camp de réfugiés - et il insiste pour que Joseph y revienne afin d’aider dans l’organisation de cette fondation, avec un autre père, Mep comme lui, Joseph Madéore.
Joseph réfléchit, se décide et retourne effectivement en Asie fin 53.
Mais son désir d’entrer en religion ne fait que croître. Il a une vocation de contemplatif. Sur sa demande, il est autorisé à faire un essai dans le monastère cistercien de l’Ile de Lan Tao, près de - et dépendant de - Hongkong. Les moines de ce monastère, auparavant au centre de la Chine, dans le Se Chouan, sont eux aussi émigrés. Il leur faut repartir à zéro et faire du neuf.
Joseph fait là une expérience de 10 mois aidant à la construction des nouveaux bâtiments. L’essai est satisfaisant. Joseph désire être trappiste et le prieur de ce monastère Notre Dame de Liesse est prêt à l’accepter pour un noviciat de deux ans. Le Conseil permanent de Paris donne un avis favorable.
Le prieur de l’époque, un chinois, Dom Paulinus Lee, constatant qu’il donne suffisamment de marques de force et de santé, physique et spirituelle, pour être trappiste et que les autres moines chinois le trouvent bien aimable et édifiant pour la communauté, fait alors demander à Rome un décret d’ex claustration des MEP pour qu’il puisse accomplir ses deux ans de noviciat.
Monseigneur Sigismondi, alors préfet de la Sacrée Congrégation de la Propagande, accorde cette permission et Joseph commence ce noviciat le 1 novembre 1955. Il est le premier novice de cette fondation nouvelle.
Mais, alors que tous sont satisfaits de lui, il fait tellement d’efforts pour mériter d’y passer sa vie – et, à n’en pas douter, pour s’adapter à cette communauté chinoise - qu’il s’épuise physiquement et, craignant de ne pouvoir faire ses vœux, fait un début de neurasthénie.
En mai 1957, un médecin chinois, le docteur Jang, le soigne et le rétablit, mais écrit-il, l’épuisement nerveux nécessitera encore un long traitement par repos et un changement de vie quotidienne.
C’est ainsi que Joseph rentre en France le 11 novembre 1957 : il y restera. Après un séjour en famille, on le trouve de 59 à 62, aumônier à l’école Jeanne d’Arc à Saint Jean d’Angély, en Charente Maritime.
Puis de 62 à 78, il entre dans l’équipe d’aumônerie de l’hôpital saint Jacques, le C.H.U. de Nantes.
Il amorce là un ministère auprès des malades où il accepte de jouer un rôle que, se connaissant, il aurait dû refuser, à savoir le service de nuit, sans compensation suffisante de repos. Alors arrive ce qui était à craindre : une mini embolie cérébrale le terrasse.
Le 6 septembre 77, il écrit au Supérieur général à Paris :
Depuis deux ans, j’ai des ennuis de santé assez importants : ça a d’abord commencé par des varices aux jambes avec hémorragie en 75. L’année dernière, une arthrose lombaire m’a fait perdre le sommeil. Cette année, fin juin, un commencement d’hémorragie cérébrale est venu compléter le tableau en laissant comme séquelle une sérieuse baisse de mémoire. Alors je lutte pour récupérer mais ça ne revient pas aussi vite que je pensais. C’est pourquoi pour ne pas déséquilibrer l’équipe ici (nous sommes quatre aumôniers) j’envisage de prendre la retraite l’année prochaine pour aller me reposer un moment chez ma sœur. Je vous demanderais donc l’autorisation de présenter ma demande à l’évêché de Nantes au moins six mois à l’avance pour leur donner le temps de compléter l’équipe.
Et quelques mois plus tard, il ajoute : Ici, on négocie mon remplacement : l’évêque est passé le mois dernier et aujourd’hui on reçoit le vicaire général. Si on me propose quelque chose je demanderai une maison de personnes âgées, mais en campagne, car je ne peux plus dormir en ville. Je pense obtenir auparavant un repos de trois ou quatre mois chez ma sœur. Il faut absolument retrouver un sommeil normal sans quoi…
Il se retire alors près de sa famille, à La Pauvredrie et se met à la disposition du clergé local.
Le 28 juin 1978, il écrit au délégué :
Avant de me mettre au repos pour une durée indéterminée mais que je souhaite aussi courte que possible je t’envoie un petit mot pour te signaler encore un changement d’adresse. J’espère que je n’aurai pas à le faire trop souvent. Le vicaire général est venu me voir hier soir. Il m’a proposé une autre affectation où je n’aurais pas tout le casse tête qui m’empêche de remonter à la surface, dans une maison hospitalière de moindre importance. Et pourtant Dieu sait si c’était sympathique ici. Je t’en donne comme preuve que le personnel m’a offerte comme cadeau de départ un poste TV en couleurs pour m’aider à me détendre. Tout ça c’est bien chic mais ce qui m’a le plus réconforté c’est ce témoignage de sympathie profonde et sincère qui m’a été exprimé par tous les malades. J’ai l’impression de n’avoir pas perdu mon temps mais à côté de cela que de lacunes. Enfin c’est réglé, je pars vendredi me reposer chez ma sœur à La Pauvredie dont voici adresse….
De là, à l’automne de cette d’année, il donne quelques nouvelles au délégué :
Je continue à me reposer dans le calme. Je rends quelques services à mon curé dans la mesure de mes possibilités. Avec ma petite Diane, plusieurs fois par semaine, je vais assurer le service religieux dans une importante école de jeunes aveugles située sur la paroisse. Comme cela, je mène une petite vie calme et tranquille très favorable pour reprendre mon équilibre. Maintenant, j’ai abandonné tout traitement médical et le sommeil commence à revenir normalement, bien sûr quand il n’y a pas de bruit dans le voisinage. Ce genre de vie ma rappelle le bon temps de l’île de Lantao à HongKong sans être astreint à la même règle : pas question de se lever à 2 h du matin ! Mais, à part cela, c’est le même genre de vie avec un horaire élastique : travail manuel, jardin, bricolage, beaucoup de contemplation dans la belle nature auprès de la grande bleue.
Les enquêtes l’agacent, les questionnaires le fatiguent. En 79, suite à des séries de questions posées par Ad exteros en vue de l’Assemblée générale de l’année suivante, il répond :
Je ne sais quoi répondre à toutes ces questions : Assemblée, Chine, etc. On oublie peut être trop que nous sommes prêtres de Jésus Christ et que chaque matin on se retrouve tous comme les apôtres au cénacle autour du Maître vivant et ressuscité.
Il laisse les experts en sociologie ratiociner sans fin sur le présent et sur l’avenir. Il est homme de terrain. Il se considère comme aumônier ambulant pour le service à domicile des malades et personnes âgées.
Le 25 juin 1988, à la veille de ses noces d’or, il écrit au supérieur général des Mep :
Très révérend Père,
En ces temps où nous acclamons nos saints martyrs du Vietnam et d’ailleurs, une pensée, une mauvaise pensée peut-être ou du moins une tordue, me trotte dans l’esprit. Car je devrais me garder de faire un rapprochement aussi idiot avec ces martyrs. Pour l’un d’entre eux, en effet, il n’a fallu que cinq coups de sabre pour le décapiter tandis que ma pauvre tête a tenu 15 ans avant d’être lessivée. Enfin je ne me jette pas la pierre, ni à personne d’autre, et je ne regrette pas de m’être ainsi usé au service de mes frères et sœurs désormais partis en Paradis, car, comme le faisait remarquer hier le père Louis de l’Abbaye de Meilleraie : « Si j’ai perdu un bataillon de neurones il y a en face une armée de bonnes âmes qui m’aideront à remporter la victoire finale ».
Grâce à ce réconfort moral et bien assuré de l’assistance de vos prières dont je vous remercie bien sincèrement, le 29 juin, pour fêter mes noces d’or, je monterai avec joie et plein de reconnaissance à l’autel du Seigneur qui comblera tout ce vide par la richesse de son amour.
C’est ainsi que de 86 à 97, bien entouré par sa famille, son frère et sa sœur, bien intégré dans le doyenné, il partage son temps entre les services rendus à l’Eglise locale comme prêtre habitué, assurant le service à St Père en Retz quand le curé défaille, et la mise en valeur d’un terrain paroissial, Il vit une retraite quasi monastique mais pas pour autant indifférente à l’actualité.
Voici qu’au début de 97, sa situation se détériore, suite à un nouvel accident cérébral, qui cause un début d’hémiplégie à gauche. Hospitalisé le 14 mars au C.H. de St Nazaire, il reste handicapé et ne peut pas retourner chez lui, à Chauvé, à sa sortie. Des démarches sont entreprises pour entrer à la maison de retraite du diocèse, le Bon Pasteur, sa famille désirant qu’il reste dans la région.
L’année suivante, il y célèbre son jubilé de diamant.
Au Bon Pasteur, il reste égal à lui-même d’une année à l’autre mais quand même soumis à la servitude de la dépendance pour le transport à domicile.
Jouissant d’une autonomie suffisante pratiquement jusqu’au bout pour se nourrir, lire et regarder la télé à volonté, il a cependant de grosses difficultés d’élocution. Il était difficile de le comprendre mais ce n’était pas réciproque : il saisissait tout ce qu’on disait, n’ayant aucune gêne auditive et il le faisait savoir d’un clin d’œil et en ponctuant ses réponses par des éclats de voix ou de rires assez sonores. Il reconnaissait les personnes mais sans pouvoir dire leur nom.
A l’évocation du nom de son ancienne mission, il s’échauffait et s’exclamait : Nanning, ah Nanning !
Il donnait alors l’impression que quantité de souvenirs remontaient du plus profond de sa mémoire et affluaient devant son regard extérieur. Les mots se bousculaient dans sa bouche. Tout sûr que s’il avait été valide et que cela ait été possible il y serait retourné !
Il fait la joie et l’admiration du personnel et de ses confrères du Bon pasteur par sa gentillesse : Tout le monde l’aime bien car il n’est pas exigeant, jamais la moindre plainte, toujours souriant et content, dit le supérieur de l’époque. Les femmes de service l’embrassent sur le front. Il leur baise les poignets.
Il participe à l’Eucharistie quotidienne et conserve son chapelet à portée de main. Mais c’est vrai que dans cette famille du Bon Pasteur, composée de prêtres et de laïcs, il a bénéficié d’un accueil et d’un dévouement tout à fait évangéliques.
Le jour même de son départ, il reçoit, lucidement, le Sacrement des malades et, peu après, il s’endort, paisiblement, pour toujours, sans agonie, en présence de sa sœur et de sa petite nièce.
Je crois qu’on peut dire qu’il a été effectivement religieux de cœur, à défaut d’avoir pu l’être dans un monastère et authentiquement missionnaire de Chine, à défaut d’être dans le Kouang-Si. Je pourrais citer de nombreuses réflexions qu’il m’a faites au fil des ans et qui révèlent son âme. L’expulsion, puis les ennuis de santé l’ont empêché de réaliser le rêve de sa vie : être missionnaire. Mais il le fut de cœur, depuis son expulsion, et il n’a vécu en France que pour l’Eglise en Asie.
Ce sacrifice, comme celui de tant d’autres de ses confrères missionnaires de tous pays, a déjà porté des fruits, en témoigne la fidélité de l’Eglise dans ce pays que plus de cinquante ans de régime athée marxiste n’a pas ébranlée.
Son passage au Bon Pasteur de Nantes lui a permis de couronner sa vie en portant la croix de la dépendance. Dans tous les cas, ce ne fut certes pas la partie la moins fructueuse de sa vie missionnaire.
Son passage sur terre se situe entre le 25 mars 1913 et le 22 août 2006, c'est-à-dire entre deux fêtes mariales, l’Annonciation et le Couronnement de Marie au Ciel. Hasard ? - on dit qu’il n’existe pas –. Alors clin d’œil providentiel.
Dans l’Etat de la Société de 2005, au chapitre III : Régions et groupes missionnaires, sous le titre : Missions de Chine, à la page 17, figurait depuis plusieurs années un seul nom : Leblanc Joseph, comme ancien missionnaire de Nanning. Il était le dernier. La rubrique Chine a disparu, en même temps que lui.
Jusques à quand ? Jean Pierre Morel