Louis QUÉMENER1644 - 1704
- Status : Évêque titulaire
- Identifier : 0087
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Biography
[0087] Louis QUÉMENER, originaire de Brest (Finistère), naît vers 1644.
Chine (1685-1700)
Il part le 6 avril 1682 pour la Chine. Il arrive au commencement de l’année 1685. Il gère la procure de Canton, tout en exerçant de temps à autre le ministère apostolique dans les provinces de Kouang-tong, Fo-kien, Tche-kiang.
En 1689, le bruit se répand en Extrême-Orient que le Pape Alexandre VIII va confier le protectorat des missions de Chine au Portugal, et enlever leurs pouvoirs aux vicaires apostoliques français. Ces derniers craignant les effets de cette mesure, plusieurs d’entre eux députent le P.Quémener à Rome pour y exposer leur opinion. Le missionnaire quitte l’Extrême-Orient en 1690, après avoir prévenu Mgr Laneau, doyen des vicaires apostoliques, de la délégation qu’il venait de recevoir. Non seulement l’évêque de Métellopolis la lui confirme, mais il lui adresse une instruction datée du 28 juillet 1690, accompagnée d’une lettre pour la Propagande, écrite le 5 août suivant.
Les rumeurs publiques sont exagérées, mais non sans fondement. En 1690, en effet, SS Alexandre VIII érige et confie aux Portugais les deux évêchés de Pékin et de Nankin (Jus Pont. de Prop. Fid., ii, p. 125)¬ ; en même temps, l’ambassadeur de la cour de Lisbonne à Rome travaille à étendre sur toute la Chine la juridiction des deux titulaires de ces évêchés. Quand le P.Quémener arrive à Rome en 1692, il y entend les nombreux reproches faits aux Français, que l’on disait¬ impatients, remuants, difficiles à vivre, etc.¬ ; il était question de ne laisser aux vicaires apostoliques français que le Siam et le Tonkin.
Le Secrétaire de la Propagande déclare à l’envoyé que le Saint-Siège est content des MEP, mais que, s’il leur ordonne de quitter la Chine, elle devra obéir. Le P.Quémener ne conteste pas l’obligation d’obéir¬ ; seulement, il craint qu’on ne l’impose¬ ; il s’efforce d’être patient et modeste¬ ; il travaille activement à étudier les droits que les décrets ou les brefs précédents ont concédé aux vicaires apostoliques, et ceux que le décret d’Alexandre VIII accorde aux Portugais¬ ; il résume le tout dans plusieurs mémoires très précis. Il prouve que l’érection des évêchés de Nankin et de Pékin ne donne pas aux titulaires de ces évêchés des droits sur toutes les missions de Chine et que l’évêque de Macao seul a droit sur le Kouang-tong et le Kouang-si.
Jugeant que les membres de la Congrégation des affaires de Chine étaient trop aisément conduits par le Secrétaire de la Propagande qui recevait une pension du Portugal, il demande et obtient que le cardinal Albani, bien au courant de la question, fasse partie de la Congrégation¬ ; il demande également que, parmi les Sociétés et Ordres religieux évangélisant la Chine, des missionnaires soient choisis pour être vicaires apostoliques de toutes les provinces excepté celles du Kouang-tong et du Kouang-si, et les diocèses de Nankin et de Pékin. Il écrit plusieurs fois au pape Innocent XII, successeur d’Alexandre VIII, lui exposant modestement, mais nettement, ses pensées. L’affaire dure quatre ans, à la fin desquels la thèse du P. Quémener est en partie acceptée.
Le 31 juillet 1696, le Pape divise la Chine en quinze circonscriptions ecclésiastiques, et en confie six aux missionnaires Portugais, trois aux Français, deux aux Espagnols, quatre aux Italiens, édictant comme il le fait aussi par la bulle E Sublimi (Jus Pont. de Prop. Fid., ii, p. 158), du 15 octobre suivant, que les neuf dernières de ces circonscriptions sont indépendantes des évêques de Macao, Nankin et Pékin. En rapport avec cette décision, le Fo-kien, le Se-tchoan et le Yun-nan sont confiés aux MEP, et ont pour vicaires apostoliques¬ les pères Maigrot, de Lionne, et Le Blanc.
Le 13 août 1697, le P.Quémener est nommé évêque de Sura sans vicariat apostolique, et un indult du même jour l’autorise à recevoir la consécration épiscopale en France, au lieu de la recevoir en Chine. Il est sacré à Paris en 1698, probablement au mois de janvier, et repart pour l’Extrême-Orient au mois de mars suivant.
Le prélat ne s’est pas contenté d’étudier la question religieuse, il s’est occupé d’affaires politiques. Il a plusieurs entretiens avec les ministres de Louis XIV, et leur a exposé de vive voix et par écrit l’utilité de faire reprendre à la France la route du Siam. Il a été assez écouté pour recevoir un mémoire du gouvernement français, dont voici les points principaux¬ : intention du roi de France de construire un fort à Mergui afin de protéger ses vaisseaux, mais non de s’emparer d’aucune partie du territoire du Siam¬ ; accord au sujet des douanes¬ ; avantages pour le roi du Siam de la présence des Français à Mergui¬ ; après la fondation de l’établissement de Mergui, relèvement de celui de Bangkok¬ ; accord au sujet du paiement des dettes anciennes de la Cie française.
Inde , Siam , Chine (1699-1704)
Après son arrivée en Inde, Mgr Quémener reste près de deux ans à Pondichéry et y reçoit d’une chrétienne, Maria May, veuve de Coloudeappa, une propriété dans laquelle est élevée une procure pour les MEP.
Parvenu à Juthia (ville de Siam) en 1701, il demande une audience au premier ministre, et l’obtient¬ ; il lui expose les motifs qu’il croit les meilleurs pour aider à un rapprochement entre la France et le Siam. Le barcalon (titre du premier ministre du Siam) se contente de lui répondre qu’il trouve sa proposition « très déraisonnable». Il n’y a pas à insister. L’évêque se rend ensuite à Canton. Peu après il tombe malade.
Il meurt le 17 novembre 1704 à Chao-tcheou, dans la province du Kouang-tong.
References
Notes bio-bibliographiques.
— Hist. gén. des miss. cath., ii, 2e part., p. 439.
— Hist. gén. Soc. M.-E., Tab. alph. — Hist. miss. Inde, Tab. alph.
— Lett. à l’év. de Langres, pp. 146 et suiv., 181. — Mém. de la Cong., vi, p. 862.
— Rép. de Mess. des M.-E., p. 186.
— La Franc. pont., ii, p. 702.
— Les pr. voy. fr. à la Chine, pp. 89, 116, 215, 220, 246, 259.