François-Isidore GAGELIN1799 - 1833

[342] Bienheureux François-Isidore Gagnelin est originaire de Montperreux (Doubs). Il vient au monde le 10 mai 1799, et, de bonne heure, affirme sa volonté d'être prêtre et missionnaire. Ses études se déroulent à Pontarlier, à Nozeroy, à Dôle, et au grand séminaire de Besançon. Au Séminaire des MEP où il entre en 1819 clerc tonsuré, on l'apprécie très vite, et on l'envoie dans la mission de Cochinchine, dès le 7 novembre 1820, bien qu'il n'a encore que 21 ans, et n’est que sous-diacre. A son arrivée, en septembre 1821, il commence par enseigner au petit séminaire de Phuong-ruou ( An-ninh).
Après son ordination sacerdotale, le 28 septembre (et non le 28 décembre) 1822 à Nhut-dong, il se met aux travaux apostoliques dans les paroisses environnantes, tout en restant professeur. En 1823, la persécution menaçant le collège, il se rend en Basse Cochinchine ; il visite les chrétientés des provinces de Ba-ria et du Dong-nai, et enseigne au petit séminaire de Lai-thieu.
Sur ces entrefaites, il est, ainsi que d'autres missionnaires, appelé à Hué par le roi Minh-mang, sous prétexte de services scientifiques, en réalité pour être gardé à vue. Minh-Mang, en réunissant ainsi auprès de lui les ouvriers apostoliques, espérait arrêter l'évangélisation. Le P.Gagelin réussit à tirer parti de ses moindres instants pour exposer les vérités de la religion dans la ville comme au palais ; il parvient à se rendre de loin en loin dans les paroisses du voisinage. Il subit cette demi-captivité pendant un an, quand le vice-roi de Saïgon, venu à Hué, obtient sa liberté et celle de ses compagnons.
Le 1er juin 1828, il retourne en Basse Cochinchine ; en route, il essaie d'instruire des Ciampoi, puis il remonte le Mékong et administre les districts des provinces de Mi-tho, Vinh-long, Chau-doc. Il réapparait dans cette région en 1829, et visite Bac-lieu et les environs. La même année, il fait vainement quelques essais d'évangélisation parmi les populations à demi sauvages des forêts du Cambodge, voisines de Ha-tien. Au retour de cette expédition, Mgr Taberd le nomme provicaire ; en 1830 il et l'envoie dans la partie centrale de la Cochinchine (Cochinchine orientale). Il visite le Phu-yen, le Binh-dinh et le Quang-ngai ; partout, ses efforts sont fructueux.
Au début de 1833, un édit de persécution est publié, il se réfugie à Phuong-hoa. Il se disposait à passer dans le pays habité par les sauvages, lorsqu'il apprend que de nombreux fidèles faiblissent sous les tortures et renient leur foi, au moins de bouche. Pour les encourager ou faire cesser la persécution, il décide de se livrer aux mains des persécuteurs ; il se rend à la fin du mois de mai auprès du sous-préfet de Bong-son. Le 23 août, il est incarcéré à Hué.
Après plusieurs interrogatoires et un jugement juridique, il est condamné à la strangulation pour avoir prêché le catholicisme.
Il est exécuté le 17 octobre 1833 sur le bord de la rivière de Hué, à Bai-dau. Inhumés à Phu-cam, ses restes ont été, en janvier 1847, remis par Mgr Cuenot au P. Chamaison qui les rapporte en France ; ils ont reconnus officiellement au Séminaire des MEP le 9 septembre de la même année, et aujourd'hui ils reposent sous l'autel des Saints Anges dans la crypte des MEP.
Le musée de la Propagation de la Foi à Lyon possède quelques souvenirs du martyr.
Le P.F. Gagelin a été déclaré Vénérable par Grégoire XVI le 19 juin 1840 (décret d'introduction de sa Cause), et Bienheureux par un bref de Léon XIII, en date du 7 mai 1900 ; les solennités de sa Béatification ont été célébrées à Saint-Pierre de Rome le 27 mai1900.