Amédée MAURY1822 - 1884
- Status : Prêtre
- Identifier : 0615
- Bibliography : Consult the catalog
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1851 - 1863 (Pondichéry)
Biography
[0615] MAURY Amédée, né le 3 septembre 1822 à Rivière dans l’Aveyron, fait ses études au collège de Millau, puis au petit séminaire de Saint-Pierre et enfin au grand séminaire de Rodez. Après son ordination sacerdotale le 29 mai 1847, il exerce son ministère en qualité de vicaire à Rignac. Il y reste jusqu'au 22 novembre 1850 et se présente le 29 du même mois au Séminaire des MEP où il était officiellement admis depuis quelque temps.
Aux Indes
Il part pour la mission de Pondichéry le 6 juillet 1851. Après un séjour de deux ans à Vellore, il administre de 1853 à 1858 le vaste district de Covilour-Darmaboury et est durant quelques mois chargé d'Attipakam. Supérieur du petit séminaire en 1859 et 1860, il devient à la fin de 1860 principal du collège colonial. En 1863, il est placé à la tête du district de Tiruppatur (1), mais son état de santé l'oblige à rentrer en France.
Au Séminaire des MEP
Les missions de l'Inde l'ayant choisi pour procureur, il est le 6 mars 1865 reçu directeur du Séminaire des MEP. Il y professe d'abord la théologie morale (cours de 1ere année) et pendant près de dix ans la pastorale. Aux élections de 1883, il est nommé professeur de dogme (1ere année). Le 9 juillet 1874, il est élu assistant du supérieur pour l'extérieur, fonction qu’il remplit pendant trois ans. Quand une nouvelle famine frappe l'Inde en 1877-1878, il suscite de nombreux dons de charité chez les catholiques, et "rend ainsi des services inappréciables aux missions de ce pays’", comme le souligne très justement Mgr Laouënan dans une circulaire du 16 avril 1884. Par ailleurs, de 1879 à 1881, il publie dans la Revue religieuse du diocèse de Rodez les biographies des missionnaires de la Société des MEP originaires de ce diocèse. Ce travail est apprécié.
Il succombe à un mal presque subit le 21 octobre 1884 dans son pays natal à Rivière où il était allé passer quelques semaines.
1 – Tiruppatur : village relevant du district de Tiruchirappalli au Tamil Nadu
Obituary
M. MAURY
DIRECTEUR DU SÉMINAIRE DES MISSIONS ÉTRANGÈRES
M. Amédée Maury naquit à Rivière dans le diocèse de Rodez, le 3 septembre 1822. Sa famille, une des plus honorables de la localité, avait conservé ces traditions de foi et de piété, encore de nos jours si vivaces dans l’Aveyron. Ses vertueux parents qui constataient avec joie les heureuses dispositions que manifestait le jeune Amédée, ne reculèrent devant aucun sacrifice pour le mettre à même de répondre à l’appel de Dieu.
Tout d’abord placé comme externe au collège de Millau, il se fit remarquer, nous écrit un vénérable prêtre, son ancien condisciple, par sa piété et sa vertu, et on a gardé de lui le meilleur souvenir de son séjour dans cette maison. Au petit séminaire de Saint-Pierre où il vint faire ses humanités, pendant les trois années qu’il y demeura, il fut constamment un des meilleurs élèves de sa classe, et un des plus pieux et des plus réguliers de l’établissement. Il était aimé et estimé de tous, maîtres et élèves, et son vénérable supérieur, M. Foulquier, plus tard évêque de Mende, lui témoigna une affection toute spéciale dont il se montra toujours parfaitement digne.
Ce fut durant son séjour au petit séminaire que le jeune Maury sentit naître en lui les premiers germes de la vocation à l’apostolat. Nul plus que lui ne contribua à faire connaître et à faire aimer de ses condisciples l’Œuvre de la Propagation de la Foi. Bien qu’il s’efforçât de dissimuler les aspirations de son âme, il ne laissait pas d’en trahir souvent le secret, et le sujet préféré de ses conversations était l’œuvre sublime à laquelle il rêvait de consacrer sa vie. Il ne put immédiatement donner suite à son projet, mais ni les difficultés, ni le temps ne réussirent à le lui faire perdre de vue .
Au grand séminaire de Rodez, M. Maury fut ce qu’il avait été à Saint-Pierre et à Millau, avec ce perfectionnement que donnent la maturité de l’âge et le sérieux de l’esprit. Sa piété et son zèle se trouvaient à l’aise dans ce milieu où tout porte à Dieu.
Sans qu’il fît beaucoup de bruit, il était considéré comme un des élèves les plus capables de son cours. Dans les questions de morale, il se distinguait par la sagacité de son esprit et la maturité de son jugement. Le sermon qu’il prêcha avant le sous-diaconat, sur les triomphes de l’Église, fut très remarqué. D’ailleurs, l’abbé Maury passait pour un des meilleurs littérateurs du séminaire.
Sa piété n’avait rien d’austère ; sérieux par caractère, il savait être enjoué à l’occasion, et « parfois il assaisonnait ses conversations de ce bon sel gaulois qui déride les fronts, sans blesser personne. »
Il existait alors au séminaire de Rodez une pieuse association, dont le but était de travailler par la prière et la pénitence à l’extension du royaume de Dieu dans le monde. Sa place était toute marquée dans cette association dont il fut bientôt l’âme.
Cependant ses vœux ne devaient pas encore se réaliser. Après son ordination, il eût désiré partir immédiatement pour le séminaire des Missions étrangères, mais il lui fallut céder devant l’opposition qu’il rencontra dans sa famille, et surtout de la part de son Évêque, qui désirait le conserver dans son diocèse et qui s’empressa de lui donner une destination. Sur trente et quelques jeunes prêtres qui furent ordonnés avec lui, il fut le seul à être placé de suite, et c’est à Rignac qu’il fut envoyé comme vicaire de M. Boutonnet, alors curé de cette importante paroisse, et depuis évêque de Basse-Terre.
M. Maury demeura quatre ans à Rignac. Justement apprécié des paroissiens, il ne le fut pas moins du pasteur. Instruit des généreux desseins de son vicaire, M. Boutonnet fit tout son possible pour le retenir dans sa paroisse, et quand l’évêque de Rodez, cédant aux instances réitérées de M. Maury, lui eut enfin permis de suivre sa vocation, le curé de Rignac exprima hautement ses regrets.
Libre enfin de se vouer à l’apostolat, notre confrère prépara en secret son départ. Sachant, pour en avoir déjà fait l’expérience, les obstacles que ses parents ne manqueraient pas de mettre à son projet, il alla les visiter une dernière fois, mais il se garda bien de leur en rien dire ; on remarqua seulement qu’il paraissait, en les quittant, plus empressé et plus affectueux qu’à l’ordinaire. Mais dans la conviction où ils étaient que depuis longtemps il avait renoncé à un dessein dont il ne les entretenait plus, leur affection ne fut pas mise en éveil et ils ne se doutèrent de rien. Ce fut seulement à son arrivée à Paris que M. Maury leur fit savoir avec tous les ménagements possibles que sa résolution était irrévocable. De Rivière, au lieu de retourner à Rignac, il était directement parti pour Paris le 29 novembre 1850.
Après sept mois de séjour au séminaire, M. Maury fut destiné pour les Indes et partit pour Pondichéry le 6 juillet 1851. La traversée dura quatre mois, elle fut sans incidents notables.
A son arrivée le nouveau missionnaire fut envoyé dans l’intérieur des terres, pour étudier la langue et exercer le saint ministère. La mission du Pondichéry comprenait alors le territoire qui depuis en a été distrait pour former le vicariat de Coïmbatour. Sa grande étendue en rendait l’administration plus difficile, de plus le nombre des missionnaires était à peine la moitié de ce qu’il est aujourd’hui. Aussi, la part de travail était-elle plus considérable pour chacun.
M. Maury aimait à parler de son vaste district de Sattiappatty ; il avait gardé le meilleur souvenir du temps qu’il y avait passé, des travaux qu’il y avait accomplis et des consolations qu’il y avait trouvées. Ses vieux chrétiens ne l’ont pas oublié non plus, et s’il faut en croire des lettres récentes, les anciens du district aiment encore à s’entretenir de celui qui fut leur Père et à faire l’éloge de son zèle et de son dévouement.
C’est à Sattiappaty que la confiance de Mgr Bonnand alla le chercher pour lui donner la direction de son petit séminaire. Il remplit cette importante charge pendant deux ans. Il était supérieur de cet établissement lorsqu’il eut à prononcer l’éloge funèbre de l’illustre évêque de Drusipare. La tâche était d’autant plus difficile que le sujet en était plus élevé : On peut dire que l’éloge fut digne de celui qui en était l’objet. Ce remarquable discours fut reproduit par la presse de Pondichéry et forme une petite brochure.
Du petit séminaire M. Maury passa au Collège colonial, où il remplit les fonctions de principal. Cependant, en 1863, notre confrère, dont la santé avait été éprouvée par le climat de l’Inde, revint en France. Il y était depuis deux ans, lorsque les suffrages des trois missions de la péninsule, confiées à notre Société, l’appelèrent au séminaire de Paris pour y gérer leurs intérêts en qualité de procureur.
C’est dans l’exercice de cette importante fonction que notre confrère a passé le reste de sa vie. Chargé pendant un temps de professer la théologie, il visa constamment à rendre son enseignement avant tout pratique. Tout le temps qui n’était pas employé à sa classe, il le dévouait aux intérêts des missions dont il était le représentant, et il leur rendit de très importants services. Lorsque, en 1877 et 1878, éclata la terrible famine qui fit tant de victimes dans le sud de l’Inde, il se prodigua avec un zèle admirable, pour fournir à ses missions désolées les ressources qui leur étaient si nécessaires. Dieu bénit ses efforts, et grâce à lui bien des vies furent sauvées, nombre d’âmes connurent la vérité et échangèrent leur misérable existence pour la bienheureuse éternité. Qu’il nous soit permis de reproduire ici la circulaire que Mgr Laouënan adressa à ses missionnaires au commencement de cette année, lorsque M. Maury, dont les forces déclinaient rapidement, transmit à M. Fleury, le nouveau procureur des Indes, les intérêts qui étaient confiés.
Pondichéry, le 16 avril 1884.
« Messieurs et très chers Confrères,
« Des lettres de notre séminaire de Paris m’ont fait connaître que le cher P.Maury va prochainement céder au P. Fleury la procure et le soin des intérêts de nos missions de l’Inde : c’est donc à ce dernier que nous devrons désormais nous adresser pour nos affaires personnelles, aussi bien que pour les affaires générales du vicariat.
« Je ne puis, ni ne veux laisser s’accomplir un tel changement, sans exprimer les sentiments de respect et de gratitude que j’éprouve, que nous avons tous dans le cœur envers le P. Maury.
« Pendant environ vingt ans, il s’est occupé de nos intérêts avec un zèle, un dévouement et une exactitude au-dessus de tout éloge. Mais c’est principalement durant la grande famine de 1877-1878 et depuis lors, qu’il nous a rendu des services inappréciables. Je ne sais si l’on pourrait calculer le chiffre des secours de tout genre qu’il nous procurés. C’est à lui aussi que nous sommes redevables, en très grande partie, de ces intentions et honoraires de messes qui viennent régulièrement suppléer à l’extrême modicité de nos ressources.
« Il convient qu’en cette circonstance nous nous rappelions les services que ce cher confrère nous a rendus, et surtout que, dans nos prières et saints sacrifices, nous demandions à Dieu de vouloir bien l’en récompenser en ce monde et en l’autre.
« Me recommandant……
« † F. M. J. LAOUENAN,
évêque, vic.ap. »
La vie du séminaire est, on le sait, une vie paisible, obscure, une vie de retraite, d’étude et de prière ; rarement un incident en vient troubler l’uniformité. Cette vie allait parfaitement au caractère, au tempérament de M.Maury. Pendant les dernières années, à part le voyage qu’il faisait tous les ans au pays natal, il ne sortait jamais du séminaire ; on était sûr de le trouver toujours dans sa chambre ou à la chapelle. Cette vie de règle, dont la prière absorbait bien des moments et que son zèle, comme nous l’avons vu, rendait si utile aux missions, cette vie fut, nous en avons la confiance, précieuse et méritoire devant Dieu ; elle le prépara parfaitement à la mort et à l’éternité.
Depuis deux ou trois ans, notre regretté confrère sentait ses forces diminuer, l’été lui était particulièrement pénible ; néanmoins rien ne nous faisait présager que le danger fût imminent. En septembre 1882, un accident lui était arrivé, une chute avait occasionné la fracture de la jambe droite, mais il s’était remis peu à peu, et avait pu reprendre ses occupations habituelles. En 1883, Dieu lui avait accordé la joie de voir un de ses neveux monter au saint autel et aller prendre sa place dans les missions. Il avait voulu être témoin de la dernière entrevue que le nouveau missionnaire eut avec ses parents et adoucir pour ceux-ci les amertumes de la séparation.
Au mois de septembre dernier, il alla à Rivière selon son habitude. Dès son arrivée, il éprouva un malaise qui, sans paraître grave, était un premier avertissement. Enfin, le 21 octobre dans l’après-midi, étant sorti pour se rendre à l’église, il s’arrêta chez un de ses frères dont la maison se trouvait sur son chemin. Il était à peine entré qu’il se sent défaillir, on s’empressa de le secourir, mais déjà il n’était plus.
Justi epulentur, et exultent in conspectu Dei :
et delectentur in lœtitia !
(Psalm., LXVII, 4.)
References
[0615] MAURY Amédée (1822-1884)
Bibliographie. - Eloge historique de Mgr Clément Bonnand, évêque de Drusipare, vicaire apostolique de Pondichéry, prononcé le 30 juillet 1861, à la distribution solennelle des prix du petit séminaire. - P.-E.-M. Saligny, imprimeur du Gouvernement, Pondichéry, 1861, in-8, pp. 16.
Discours prononcé à la distribution solennelle des prix au collège colonial de Pondichéry, le 24 juillet 1862. - E.-V. Géruzet, imprimeur du Gouvernement, Pondichéry, 1862, in-8, pp. 11.
Lettre commune, n° 4, 24 mai 1876 [Notice nécrologique de M. Tesson]. - Typographie Georges Chamerot, 19, rue des Saints-Pères, Paris, in-8, pp. 14.
Notice biographique du P. Emile-François Saladin, missionnaire apostolique de Siam (Indo-Chine) [Extrait de la Revue religieuse de Rodez et de Mende, oct. et nov. 1880]. - Imprimerie Ve E. Carrère, Rodez, in-8, pp. 27.
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1871, p. 9 ; 1874 (déc.), p. 38 ; 1876, p. 14 ; 1888, p. 44. - A. P. F., xlv, 1873, p. 203. - M. C., vi, 1874, p. 147 ; viii, 1876, pp. 363, 365 ; ix, 1877, p. 628 ; x, 1878, Famine et conversions, pp. 9, 184, 496 ; Ib., Baptêmes à Pondichéry, au Maïssour, au Coïmbatour pendant la famine, p. 553 ; xiii, 1881, p. 603 ; xvi, 1884, p. 528.
Rev. rel. Rodez et Mende, 1877, Notice sur M. Dalquié, p. 294 ; Ib., La famine dans l'Indoustan et la Chine, pp. 391, 426, 550, 732, 770, 781 ; 1878, pp. 58, 182, 963 ; 1879, Notice sur la Congrégation des M.-E. et sur les missionnaires nés dans le diocèse de Rodez, nos des 24 janv. ; 7, 21, 28 fév. ; 14, 28 mars ; 9 mai ; 24 oct. ; 7, 28 nov. ; 19 déc. ; 1880, nos des 2, 16 janv. ; 5, 12 mars ; 2, 23 avril ; 28 mai ; 18 juin ; 23, 30 juill. ; 27 août ; 1, 15, 29 oct. ; 19 nov. ; 10, 24 déc. ; 1881, nos des 7, 28 janv. ; 11 fév. ; 11 mars ; 15, 29 avril ; 6, 27 mai ; 3, 17 juin ; 29 juill. ; 5, 19, 26 août ; 2, 9, 23 sept. ; 7, 27 oct. ; 4 nov. ; 2, 30 déc. ; 1882, n° du 20 janv. ; 1884, Massacre de M. Séguret, p. 225 ; Ib., Notice, p. 700. - Annuair. petit sém. Saint-Pierre, p. 183.
Sem. rel. Nantes, 1878, p. 401. - Sem. rel. Bayeux, 1878, p. 427. - Sem. rel. Séez, 1878, Famine dans l'Inde, pp. 35, 51, 67, 83, 647, 725, 742, 821.
Hist. miss. Inde, Tab. alph. - Hist. gén. Soc. M.-E., Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1884, p. 205.