Prosper DELPECH1827 - 1909
- Status : Prêtre
- Identifier : 0616
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Identity
Birth
Death
Status
Missions
- Country :
- Malaysia - Singapore
- Mission area :
- 1852 - 1855 (Penang)
Biography
[616]. DELPECH, Prosper-Bernard, directeur du Séminaire des M.-E. pendant 54 ans, supérieur pendant 35 ans, et le seul supérieur honoraire depuis la fondation du Séminaire en 1663, naquit à Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne) le 9 avril 1827. Il fit ses études au petit séminaire de Moissac et au grand séminaire de Montauban, où il reçut la prêtrise le 21 juillet 1850. Le 25 septembre suivant, il entrait au Séminaire des M.-E., et le 25 octobre 1851, en partait pour le Collège général de Pinang, où se trouvaient alors de nombreux élèves des missions persécutées de Chine et d'Indo-Chine. Le 5 avril 1852, il fut nommé secrétaire du Conseil ; le 23 janvier de l'année suivante, professeur de rhétorique ; le 6 février 1854, procureur du Collège. En même temps, il dirigea l'imprimerie, et édita des exercices du Chemin de Croix en latin.
Rappelé au Séminaire des M.-E. le 16 avril 1855, il fut reçu directeur le 15 octobre suivant. Il professa d'abord la théologie morale, et son enseignement clair, précis et bien ordonné eut un vif succès. Quelques années plus tard, on adjoignit à sa charge de professeur celle de directeur des aspirants ; le 16 octobre 1865, on le nomma assistant du supérieur, M. Albrand.
A la mort de celui-ci, il fut choisi, le 6 juin 1867, comme supérieur provisoire, et le 11 octobre 1868, il devint supérieur à titre définitif. Aux trois élections consécutives, - autant que le permettait le Règlement - son mandat fut renouvelé : les 9 septembre 1871, 9 juillet 1874, 30 juin 1877.
Placé à la tête du Séminaire des M.-E., qui est comme le centre de la Société, il eut à s'occuper des questions d'intérêt commun ; les principales furent : l'agrandissement des bâtiments du Séminaire en 1869 et 1876 (Séminaire des M.-E., grav., A. M.-E., 1898, p. 51) ; l'amélioration du Règlement général, auquel il travailla de concert avec M. Rousseille, et qu'étudièrent et sur lequel se prononcèrent, en de nombreuses séances, les vicaires apostoliques réunis à Rome pour le concile du Vatican (Règlement approuvé par Rome le 28 juin 1874 pour dix ans, et définitivement le 12 août 1890) ; la formation d'un groupement de Frères auxiliaires ; l'installation, 1874, d'un sanatorium à Hong-kong ; l'établissement, 1878, d'un cours de philosophie au Séminaire des M.-E., ce qui permit de recevoir un plus grand nombre d'aspirants ; la fondation définitive, 1879, de la procure de Marseille.
En 1871, les comptes-rendus annuels autographiés avaient été remplacés par des comptes-rendus imprimés : le premier est de 1872, il renferme 54 pages et n'a pas de nécrologe.
Pendant cette période, le Séminaire des M.-E. reprit la libre disposition de son église, qui avait fait entre lui et la ville de Paris l'objet d'un contrat de location pour la paroisse Saint-François-Xavier. Ce contrat expira le 16 juillet 1874.
En 1880, n'étant pas rééligible comme supérieur, Delpech fut nommé, le 4 juillet, procureur général de la Société à Rome. En 1883, le Règlement permettant de le réélire supérieur du Séminaire, on le choisit de nouveau, le 6 juillet. Le supériorat lui fut continué par votes successifs : le 5 juillet 1886, le 8 juillet 1889, le 4 juillet 1892.
Trois ans plus tard le 1er juillet 1895, on le nomma assistant. En 1896, son successeur, Armbruster, étant décédé, il le remplaça le 10 février, et fut réélu supérieur le 27 juin 1898 et le 24 juin 1901. Il conserva ces fonctions jusqu'au 27 juin 1904.
Pendant cette seconde période de supériorat furent établis : à Meudon en 1883, puis à Bièvres en 1890, une section du Séminaire des M.-E. (Séminaire de l'Immaculée Conception, grav., A. M.-E., 1898, p. 61) ; en 1884 la maison de Nazareth, d'abord à Macao, puis définitivement à Hong-kong ; en 1885 un sanatorium à Montbeton ; en 1899 un autre sanatorium à Wellington, dans le Coïmbatour, et en 1901 une procure à Saïgon.
Dans l'élaboration, comme dans l'organisation de ces différentes œuvres faites de concert avec le Conseil du Séminaire, il montra de l'initiative et de la prudence.
Président du Conseil d'administration du Séminaire qui est reconnu par l'Etat, il suivit, sur les lois fiscales qui frappèrent les Congrégations religieuses, la même ligne de conduite que son prédécesseur M. Armbruster, et il le fit avec une décision et une pondération dont l'avenir a prouvé la sagesse.
Très attentif à entretenir les meilleures relations avec les chefs des diocèses et des séminaires dans lesquels la Société recrute ses membres, il vit continuellement augmenter le chiffre des aspirants, qui en 1900 dépassa 300. La conséquence fut l'accroissement du nombre des missionnaires qui, en 1867, au commencement de son supériorat, était de 348, et s'élevait à 1305 en 1904, au moment où il quitta cette fonction.
En 1900, lors de la Béatification de 49 martyrs de la Société et des missions, il composa des hymnes en leur honneur, ainsi que les leçons de leur office. Il le fit également pour les 33 martyrs béatifiés en 1909.
Aux élections de 1904, il exprima le désir d'être déchargé du supériorat, dont son âge et ses infirmités ne lui permettaient plus de remplir les obligations. On fit droit à ses vœux, mais en reconnaissance de ses éminents services, on le nomma, le 27 juin, supérieur honoraire du Séminaire.
Il s'affaiblit peu à peu et s'éteignit le 19 novembre 1909 au Séminaire des M.-E. à Paris méritant que l'on portât sur lui ce jugement où l'éloge n'est que stricte justice : " Il possédait un rare assemblage de force et de bonté, de sagesse et de piété, de science et de jugement, de raison et d'autorité, d'humilité et de dignité, de courage et de prudence, qui se combinaient, s'équilibraient, s'harmonisaient, et formaient cette remarquable pondération, caractéristique très nette de sa personnalité. "
Obituary
M. PROSPER-BERNARD DELPECH
SUPÉRIEUR HONORAIRE DU SÉMINAIRE DES MISSIONS-ÉTRANGÈRES
Né le 9 avril 1827
Parti le 22 octobre 1851
Mort le 19 novembre 1909
M. Delpech eut, pendant de longues années, sa vie intimement liée à celle du Séminaire des Missions-Étrangèresm parler de lui sans indiquer les destinées de la maison qu’il présida et sans raconter les faits généraux auxquels il prit une part active et souvent prépondé¬rante ; dire ses vertus et ses qualités en taisant les circonstances dans lesquelles elles se déployèrent ; présenter sa carrière en faisant abstraction du milieu où elle se développa, me paraissent être autant d’ombres affaiblissant ou cachant les traits les plus chers et les plus saillants de sa physionomie, autant d’obstacles rendant impossible de présenter avec vérité la nature et l’importance des services qu’il a rendus à notre Société. Je place donc le portrait que j’essaie de tracer, dans le seul cadre qui lui convienne : le Séminaire des Missions-¬Étrangères et son histoire pendant les trente-quatre ans du supériorat de notre vénéré Père. Le portrait est imparfait, le cadre insuffisamment fouillé ; mes confrères et les amis de notre œuvre, pour lesquels j’écris, parachèveront l’un et l’autre en écoutant leur affection et leurs souvenirs.
I
M. Prosper-Bernard Delpech naquit le 9 avril 1827, à Saint-Antonin 1 , dans le diocèse de Montauban. Son père, fort intelligent, entendu en affaires, doué d’un caractère vif, ferme, dur parfois, exerçait très habilement la profession de charpentier de moulins ; sa mère, Marie-Anne Loupiac, avait à peu près les mêmes qualités et les mêmes défauts, mais moins accentués. Tous les deux furent assez longtemps des chrétiens fort ordinaires, plus préoccupés des choses de la terre que de celles du ciel. Ils eurent quatre fils. Deux d’entre eux, Jean-Baptiste et Ferdinand, fournirent une belle carrière civile ; le premier devint ingénieur principal dans la Compagnie Paris-Lyon-Méditer¬ranée et officier de la Légion d’honneur 2 ; le second, directeur de la Compagnie du Touage, à Paris 3 ; le troisième partit pour l’Amérique où il mourut après un séjour de quelques années. Prosper-Bernard était le quatrième ; il avait 12 à 13 ans, quand un vicaire de la paroisse, M. Seynac, remarquant son intelligence, sa piété, son heureux caractère, lui demanda s’il désirait étudier le latin et devenir prêtre. L’enfant répondit affirmativement, mais en exprimant la crainte de voir son père et sa mère s’opposer à ce projet. Le vicaire alla trouver les parents, exposa le désir de leur fils et le sien et se heurta au refus prévu. Les Delpech voulaient bien faire quelque chose du plus jeune de leurs garçons, mais l’état ecclésiastique ne leur paraissait pas, dit-on, un avenir assez brillant. Cependant, après plusieurs semaines de réflexion, entendant l’enfant appuyer son désir sur des raisonnements sérieux, voyant quatre de ses camarades aller régulièrement chez l’abbé Seynac, ils accordèrent leur consentement, et Prosper commença ses études de latin, qui ne durèrent pas longtemps à Saint-Antonin, car, quelques mois plus tard, il entra au petit séminaire de Moissac, en classe de huitième. Travailleur, intelligent, doué d’une mémoire remarquable, il passa en septième au bout de deux mois et, peu après le 1er janvier, en sixième. Cette rapidité d’études ne l’em¬pêcha pas de prendre la tête de son cours et de s’y maintenir jusqu’à la fin de ses classes. « J’ai connu ses professeurs de sixième et de rhétorique, nous a écrit un missionnaire du Michigan, dans l’Amé¬rique du Nord, M. Vermare, quels éloges ils faisaient, sous tous les rapports, de ce jeune élève ! L’un d’entre eux, répétant une parole de Mme de Sévigné à sa fille, aimait à dire : « Je me divertis autant à causer avec lui que je laboure avec les autres. »
1. Saint-Antonin est une petite ville d’environ 5.000 hahitants, elle est située sur l’Aveyron. L’archidiaconé de Saint-Antonin appartenait autrefois au diocèse de Rodez, Sanctus Antoninus in Valle Nobili, avec Sainte-Sabine et Saint-Roch de la Mandine pour annexes. Elle fut fondée au quatrième siècle par Festus, seigneur de Noble-Val. Les moines de saint Benoît vinrent en 763 s’établir près de l’église Saint-Antonin, et depuis lors son histoire se confond avec celle de l’abbaye bénédictine. La ville s’éleva autour des murs de l’abbaye sur les terres du domaine royal : elle dépendait du comté de Rouergue (Rutenicus pagus) dont la capitale, Segodunum, devint, sous le nom de Rodez, chef-lieu du comté, à l’époque franque.
2. Il mourut le 13 octobre 1863 à Paris. Les ouvriers qu’il avait sous sa direction particulière lui élevèrent, en reconnaissance de sa bonté pour eux, un très beau mausolée dans le cimetière du Père-Lachaise.
3. Mort vers 1875 ou 1876.
Cet excellent élève était un camarade aimable, heureux de faire plaisir, aimant à raconter des histoires, joyeux sans exubérance, plus porté à taire ses succès qu’à s’en vanter ; il se concilia l’amitié de ses condisciples et exerça sur plusieurs d’entre eux une heureuse influence. Pendant les dernières années de son séjour à Moissac, sa piété devint plus vive, et son confesseur lui permit la sainte communion plusieurs fois chaque semaine.
On raconte que, pendant les vacances, il se montrait d’humeur quelque peu aventureuse, préférant ouvrir un sentier plutôt que de suivre les routes tracées, et ne craignant pas les ascensions sur les roches escarpées ou les marches sur le bord des précipices. Bon nageur, canotier hardi, il naviguait souvent sur l’Aveyron sans souci du danger. Un jour, faisant une partie de canot avec un de ses cama¬rades, M. Caissac, il arriva en vue d’une chaussée, du haut de laquelle les eaux se précipitaient en bouillonnant. Les flots couraient rapides, et il était trop tard pour aborder à la rive ; redoutant le péril qui était réel, le camarade se précipita sur un des côtés de la chaussée où il resta, s’accrochant aux pierres et regardant ce qui allait advenir ; le jeune Delpech demeurait paisiblement debout, les bras croisés, dans la barque, qui de la chaussée plongea à trois mètres de profondeur, puis reparut avec son pilote, toujours tranquille, et « désireux, dira-t-il ensuite, de voir comment cela faisait en passant de l’autre côté ».
En 1846, il entra au grand séminaire de Moutauban ; il y eut pour supérieur M. de Cazalès, qui devint, sous la République de 1848, député du Tarn-et-Garonne ; pour professeur un Jésuite, connu par un ouvrage sur la sainte Vierge, le P. Jeanjaquot.
Les études philosophiques et théologiques captivèrent son esprit sérieux, précis et élevé ; il fut un étudiant très remarquable et très remarqué, que l’on chargeait de soutenir les thèses publiques à cause de la sûreté et de l’habileté de ses réponses.
Sa piété le conduisait parfois à la chapelle pendant la nuit, et lui-même racontait y avoir trouvé M. de Cazalès couché sur le marbre du sanctuaire, plongé dans une muette adoration. Sa mortification durant le carême et aux jours de jeûne commandés par l’Église se contentait souvent, le soir, de pain et d’eau. On cite un trait de cette mortification : Sacristain et chargé de l’oratoire de la sainte Vierge, il avait rêvé, pour le premier jour du mois de mai, un décor que ses modestes ressources ne lui permettaient pas d’acheter, et il causait de son embarras avec quelques condisciples, parmi lesquels s’en trouvait un assez fortuné ; sa causerie discrète s’adressait surtout à celui-là. Comprenant à demi-mot, l’un des interlocuteurs interpelle le quêteur, qui à ce moment tenait un godet plein d’huile à brûler pour les illuminations : « Nous vous donnons 5 francs, lui dit-il, si vous buvez un verre de cette huile. — Ça y est », fit le pieux sacristain qui, sans hésiter, porta le verre à ses lèvres et avala la moitié du contenu ; il allait boire le tout, si ses compagnons ne l’en avaient empêché et ne lui avaient immédiatement remis les 5 francs désirés.
Il fut ordonné prêtre le 21 juillet 1850 dans la chapelle particulière de Mgr Doney. Ce moment de grâce insigne lui parut favorable pour mettre à exécution un projet dont sa grande réserve sur l’intime de sa vie ne nous a pas laissé connaître la genèse.
Autour de lui, on avait songé à l’avenir de ce séminariste qui promettait d’être un prêtre accompli. Le P. Jeanjaquot l’aurait volon¬tiers incliné à entrer dans la Compagnie de Jésus ; M. de Gazalès songeait à le demander pour collaborateur dans la fondation d’une Société de missionnaires diocésains, œuvre à laquelle M. Delpech se serait dévoué, a-t-il écrit, s’il avait connu les desseins de son supé¬rieur ; l’évêque de Montauban avait à peu près résolu de le prendre pour secrétaire. Lui avait songé aux millions d’infidèles sans pasteur, et, si l’on en croit la théorie qu’il exposera plus tard sur la vocation apostolique, il dut, avant de s’engager, prier et réfléchir longuement et ne prendre une décision définitive qu’avec la conviction de l’appel de Dieu et de ses aptitudes personnelles à cette carrière.
A cette époque, il résumera la raison dernière de son désir des missions, dans ces paroles qu’il redira bien souvent aux aspirants placés sous sa direction, à leurs parents et à leurs amis : « Pour remplir l’œuvre ordinaire du ministère dans un diocèse, il ne manque ni bras, ni zèle ; et il y a, sur les terres éloignées, des chrétiens qui sont quelquefois de longues années sans voir de prêtres. Voilà pourquoi le bon Dieu m’a donné la pensée des missions étran¬gères. »
Quand il s’ouvrit à sa famille de ses intentions, il reçut un refus absolu. Averti de cette opposition, l’évêque, dans sa paternelle bonté, envoya un des prêtres 1 de sa maison pour la fléchir. Flattés de cette démarche qui honorait leur fils, ravivant leurs sentiments chrétiens auxquels on faisait appel, les parents accordèrent leur autorisation. Quelques jours plus tard, annonçant son départ à un ami, le jeune prêtre lui donnait ce mot d’ordre : « Unum est necessarium ; faire la sainte volonté de Dieu. Et la volonté de Dieu sur un prêtre, voulez-vous la connaître ? C’est que ce prêtre monte sur l’autel du sacrifice et que dans les flammes de la charité il consume jusqu’aux derniers instants de sa vie pour lui et pour ses frères. Voilà, je l’espère, ce que nous ferons un jour. »
1. Les uns disent un de ses vicaires généraux ; les autres le secrétaire de l’évêché, M. l’abbé Dutemps, mort doyen du chapitre de Montauban.
Le 25 septembre 1850, M. Delpech entra dans notre Séminaire. Un demi-siècle plus tard, au jour de son jubilé sacerdotal, il dira : « Voilà cinquante ans que j’entrais au Séminaire des Missions-Étrangères, et si j’avais à recommencer, je recommencerais ; je viendrais frapper à la porte de cette maison en priant qu’on voulût bien m’y admettre. » Commentaire pratique, singulièrement édifiant, de la parole de l’Imitation 1 : « que ce n’est pas peu de chose de vivre dans une communauté en pleine paix et harmonie avec tous, et d’y persévérer jusqu’à la mort. »
1. Liv. 1, chap. XVII.
L’unique survivant de ces jours déjà lointains, M. Chirou, nous a exprimé en ces quelques lignes le souvenir qu’il a gardé de son condisciple aux Missions-Étrangères :
« M. Delpech était aimable envers tous, toujours de bonne humeur et prêt à rendre service. D’une grande modestie, il ne cherchait pas à se faire valoir. En classe, au grand cours, il se contentait d’écouter. Mais comme parfois, en récréation, on parlait théologie, on ne tarda pas à s’apercevoir qu il était très au courant de n’importe quelle question, et qu’il possédait à fond toute la théologie de saint Alphonse de Liguori.
« Il était déjà l’homme généreux que nous avons connu. Un aspirant prêtre allait chaque jour célébrer la messe chez une de nos voisines, vieille dame souffrante ; l’honoraire était de 5 francs ; lorsque M. Delpech s’y rendait, il ne manquait jamais de donner la moitié de cet honoraire à son servant de messe. »
Quand sonna l’heure du départ, il fut envoyé au collège général à Pinang. On lui prêterait peut être le rêve d’un autre avenir, s’il eût été capable de désirer une destinée que ses supérieurs ne lui auraient pas choisie. Il partit le 22 octobre 1851. De Londres, où il s’embarqua sur le Tagliony, il écrivit une lettre que l’amitié a conservée ; elle porte la date du 27 octobre ; elle laisse entrevoir la trace d’une légère émotion, sans trouble aucun, mais combien plus clairement la joie du sacrifice et l’amour de Dieu : « Le départ ne me fait pas peur. Dieu m’est témoin que c’est là l’accomplissesnent de mes vœux les plus chers. Mais l’homme vit encore, et l’on ne peut pas voir l’Europe s’évanouir peu à peu sans éprouver une petite émotion. Je laisse dans la patrie des parents très chers, des âmes que j’aime, il faut tout sacrifier d’un coup. Eh bien ! que la sainte volonté de Dieu soit faite ; il le veut, je le veux. C’est de grand cœur que j’abandonne tout : parents, amis, patrie, consolations, tous ces objets de mon affection, je les dépose sur l’autel de la charité divine, je veux ne les aimer qu’en Dieu et autant que cet amour peut se concilier avec les devoirs de ma vocation. » Après six mois de navigation, le voya¬geur débarquait dans l’île de Pinang.
II
Le Collège général, où il était nommé professeur, renfermait alors 107 élèves, venus de nos missions de Chine, et principalement d’Indo¬chine où les persécutions détruisaient les séminaires à mesure que le zèle les édifiait. Beaucoup d’entre eux étaient fils, petits-fils ou frères de martyrs ; plusieurs devaient sceller de leur sang leur foi en Jésus-¬Christ. Ils se signalaient non seulement par leur piété et leur attachement à leur vocation, vertus bien nécessaires chez des jeunes gens qui dans un prochain avenir seraient exposés à tant de périls, mais encore par une formation classique et théologique solide ; par une science appro¬fondie de la langue latine qu’ils parlaient et écrivaient avec correction et souvent avec élégance ; par une dignité et un savoir-vivre vraiment ecclésiastiques ; peut-être même serait-il permis de dire que l’on reconnaissait aisément à leurs qualités les prêtres indigènes instruits à Pinang.
Enseigner de tels écoliers était bien propre à élever le cœur et l’âme du nouveau missionnaire et à satisfaire son esprit. Les séminaristes vouèrent à leur professeur une affection et une estime profondes, jouissant délicieusement de son enseignement et de sa bonté ; ils ne l’oublièrent jamais et plusieurs conservèrent avec lui des relations épistolaires. Il y a une dizaine d’années, un prêtre du Kouy-tcheou me remettant une lettre pour lui, me disait quelle vénération il lui portait, et il ajoutait : Pater Delpech erat perfectus, perfectior quam collegii Superior, qui tamen multis dotibus prœditus erat. Comme je lui demandais si telle était l’opinion des autres séminaristes, ce bon vieux P. Ouang, souriant mais convaincu, et avec un grand geste comme s’il prenait à témoin tous ses anciens camarades, me répondit : Omnes, Pater, omnes ; talis erat universalis consensus.
Le jeune prêtre s’occupa également d’une petite imprimerie, et c’est là sans doute qu’il puisa le goût des impressions nettes et régulières qu’il conserva toujours.
Il était à Pinang depuis trois ans, lorsque, dans les premiers mois de l’année 1855, les directeurs du Séminaire des Missions-Étrangères, sûrs de trouver en lui un collaborateur doué de toutes les qualités désirables, soit pour l’enseignement, soit pour la direction de la communauté, le rappelèrent parmi eux. M. Martin, le supérieur du Collège général, insista pour conserver ce collaborateur « plus précieux que les autres » ; il dut se résigner à le laisser partir, malgré ses regrets qui, en 1856, lui inspiraient cette humoristique appréciation écrite à M. Albrand : « Vous savez que dans ce pays-ci deux roupies valent une piastre ; en nous enlevant M. Delpech et en nous envoyant à sa place MM. Greiner et Lemonnier, je crois que vous nous avez donné deux roupies pour une piastre. » Un missionnaire, qui partit en 1860 pour Pinang, M. Boyer, exprimera sous une autre forme combien vif était le souvenir de tous : « Chaque fois qu’un navire d’Europe arrive ici, on regarde si le P. Delpech ne débarque pas. »
Regrets à Pinang, joie à Paris où l’on partageait l’opinion de M. Theu¬rel, le futur Vicaire apostolique du Tonkin occidental, qui avait écrit : « Vous avez rappelé M. Delpech, c’est la meilleure recrue que vous pouviez faire, il sera votre appui, et si jamais il vous succède, dans bien des années, n’est-ce pas, vous n’aurez pas à craindre pour l’avenir de notre cher Séminaire. »
III
Le Supérieur du Séminaire des Missions-Étrangères était alors M.F. Albrand, dont toute la carrière apostolique s’était écoulée au Collège général, et parmi les cinq autres directeurs se détachait l’originale, énergique et pieuse physionomie de M. Charrier, confes¬seur de la foi en 1842 et 1843 dans les prisons du Tonkin et de l’Annam. On comptait 53 séminaristes, et 24 jeunes missionnaires avaient, cette même année, pris la route d’Extrême-Orient.
Le 15 octobre 1855, M. Delpech fut officiellement reçu directeur, fonc¬tions qu’il remplit pendant cinquante-quatre ans, en réalisant, dans la mesure humainement possible, ces prescriptions du règlement général : « Leurs fonctions imposent aux directeurs un amour ardent pour la Société, un dévouement entier pour les Missions, une obéissance exacte au règlement particulier du Séminaire, une disposition conti¬nuelle de rester au Séminaire ou de retourner dans les Missions, selon qu’il plaira à Dieu, une prudence et une discrétion absolues dans leurs conversations et leurs correspondances, une étroite union entre eux et avec les supérieurs des Missions, une grande économie et une scrupuleuse impartialité dans l’administration et la répartition des biens et revenus de la Société et des aumônes qui lui sont faites. » A ces qualités principales, le règlement ajoute la régularité qui édifie, la charité qui rend des services et conserve l’union, le désintéres¬sement et le courage qui sont au premier chef des qualités aposto¬liques.
Dès le début, professeur de théologie morale, et plus tard, quand il était supérieur, professeur de droit canonique, M. Delpech travailla sous l’empire de cette pensée, « que de son enseignement dépendait la moyenne de la science ecclésiastique dans notre Société et que, pour la tenir à un niveau convenable, il était indispensable de posséder à fond les sujets traités et de mettre dans son mode d’enseignement la clarté, l’ordre et la précision, sans lesquels des esprits encore peu formés ne pourraient pas en profiter ».
Son intelligence vigoureuse et remarquablement claire réalisa faci¬lement ce programme, et toujours il fit preuve d’une doctrine sûre, conforme aux définitions du Saint-Siège et aux décisions des Congrégations romaines, d’une facilité exceptionnelle à saisir le fond des questions, à les mettre en lumière par une exposition précise sans omission essentielle et sans sécheresse, complète sans prolixité de détails, pratique sans laisser de côté les principes, et si limpide que toutes les intelligences la pouvaient saisir. Mgr Biet, le Vicaire apostolique du Thibet, ajoute qu’ « il fut goûté à ce point que des séminaristes, déjà prêtres et qui ne faisaient pas partie de sa classe, se tenaient derrière la porte pour l’écouter ». « Quelle joie, disait M. Huin, un de nos martyrs en Corée, de refaire ses études sous un tel maître. »
Assurément, il localisa son activité intellectuelle, et son horizon scientifique s’arrêtait aux études ecclésiastiques ; mais ces études sont assez hautes pour que l’on ne puisse accuser cet horizon d’être trop restreint.
Quelques années après, il joignit au professorat la charge de direc¬teur des aspirants.
Les aspirants sont au Séminaire des Missions-Étrangères pour recevoir une bonne formation sacerdotale et apostolique ; l’exé¬cution pratique de ce devoir incombe à celui qui est spécialement chargé d’eux, et dont la fonction équivaut à peu près à celle de maître des novices dans les Sociétés religieuses. Ce directeur doit présider la plupart des exercices de la communauté, expliquer le règlement, veiller a son exécution, et donner sur l’oraison, sur la vie spirituelle, sur le bon emploi du temps, toutes les instructions nécessaires. Mêlé intimement à la vie des séminaristes, il a des occasions nombreuses de les étudier, de connaître leurs qualités et leurs défauts, de leur donner des conseils et de voir comment ils les suivent, en un mot d’apprécier la force de leur vocation ou la faiblesse du sentiment qui leur en tient lieu. Si du professeur dépend la moyenne de la science dans la Société, du Directeur des aspirants dépend, moins complètement sans doute, mais notablement, la moyenne de la vertu et de la discipline dans le Séminaire. M. Delpech, à peine âgé de 34 ans, remplit cette double charge, plus diflicile aujourd’hui qu’autrefois, disent les vieillards, mais qui n’a jamais passé pour être aisée.
Mesuré dans son commandement, toujours éloigné des extrêmes, soit des rigueurs qui découragent, soit des faiblesses qui amollissent ; habile à persuader par des raisons d’où le cœur n’était pas absent ; apte à imposer son autorité par une grande dignité de tenue et de parole ; sachant attirer la confiance et l’affection par une bonté pater¬nelle et par une cordiale générosité ; s’entendant à laisser à la liberté individuelle une initiative suffisante pour qu’elle apprenne graduellement à s’exercer sous le seul contrôle de la conscience ; capable de préparer par une application soutenue, par une religion forte, simple, droite et communicative, par un grand amour de l’Église, des carac¬tères de prêtres et de missionnaires, en qui la volonté devra être invariablement affermie, la piété et la discipline solidement enracinées, il réalise toutes les espérances que l’on avait conçues. Ses hautes qualités ne l’empêchent pas de descendre au niveau de ceux qui ont vingt ans, d’écouter leurs histoires, d’en raconter quelquefois, d’y ajouter le rire du père qui se sent à l’aise à la tête de sa famille, sans y mettre d’ailleurs la moindre familiarité, car sa gaieté, pas plus que sa gravité, ne dépasse la mesure : il est de ceux qui se possèdent et qui savent posséder les autres, c’est-à-dire les conduire quand ils doivent marcher, les arrêter quand ils vont trop loin.
Il a d’autres qualités très grandes : il ne fait acception de personne, s’il a des préférences, sa bienveillance, la même pour tous, ne les laisse ni voir ni deviner ; il a une égalité de caractère aussi parfaite que possible, et le premier et le mieux de tous, il met en pratique ce conseil qu’il donne : « Exercez-vous surtout à une grande égalité d’humeur ; je ne veux pas exclure la joie, pas même les jeux, cela vous est néces¬saire ; mais que cette égalité règne dans votre esprit, que celle qui paraît à l’extérieur ne soit qu’une dérivation de celle qui est dans l’âme. »
Il sait discerner les caractères et ne pas attribuer à la mauvaise volonté, à laquelle d’ailleurs il croît très peu, ou même à la légèreté, ce qui n’est que l’exubérance du tempérament. Aussi, quand, après avoir lestement monté l’escalier, il surprend un futur missionnaire du Yun-nan, Parguel, qui, à 5 heures du matin, joue du cor de chasse pendant que sonne la cloche du réveil, il se contente d’une brève et très paternelle admonestation. Ses qualités physiques auraient facilement augmenté son ascendant : la taille est au-dessus de la moyenne, le buste droit, les épaules larges, l’encolure forte, la tête solidement plantée, les cheveux fournis, le teint bronzé, la voix grave, l’expres¬sion générale pleine de sérieux et de bonté, et quand les yeux très noirs s’arrêtent d’un regard fixe et scrutateur sur son interlocuteur, celui-ci comprend qu’il est devant un maître. Mais avec tout cela, le directeur des aspirants garde dans son allure quelque chose qui l’empêche d’être solennel et qui plaît à la jeunesse ; la démarche souple, le geste facile, le chapeau parfois un peu penché, le camail roulé passé en sautoir indiquent à ceux qui le voient, lors des promenades hebdomadaires, que la liberté du missionnaire a laissé sur lui son empreinte. Je parle de M. Delpech de 1864.
Sa direction spirituelle particulière offre les mêmes caractères que sa direction générale : elle est ferme avec modération, égale, raison¬nable, en ce sens que ses conseils reposent sur la raison autant que sur la foi. Il demande une piété solide et affectueuse, beaucoup d’énergie dans la volonté, de persévérance dans l’effort personnel et dans l’attachement à la vocation apostolique. Ses dirigés sont nombreux, et il se voit même obligé, faute de temps, de refuser plusieurs séminaristes désireux de s’adresser à lui.
Ordinairement, il se contentait de quelques jours de vacances, parfois même il ne quittait pas la communauté. Après deux ou trois ans, il allait faire une courte visite à ses parents, à Saint-Antonin, et c’était plaisir de le voir dépouiller un peu de sa gravité ordinaire, et prendre ce qu’au pays de Gascogne on appelait son « air bon enfant» ; de l’entendre avec ses anciens camarades s’entretenir en la langue d’oc du dix-neuvième siècle dont il connaissait bien les finesses ; dire, comme eux, que contempler le roc d’Anglar, en face duquel poussait une de ses vignes, c’est contempler au moins l’envers du ciel ; et retrouver dans sa mémoire quelques strophes de son parrain, Bernard Bès, l’Escaoudal célèbre sur les rives de l’Aveyron ; puis, revenu à la maison paternelle, il donnait à ses parents de respectueux conseils dictés par sa piété. Sa mère mourut très chrétiennement en 1863 ; son cœur de fils toujours aimant en éprouva une émotion profonde : « Je n’aurais jamais cru, écrivait-il, que la mort d’une mère pût bouleverser à ce point la nature. » Quelques années après, il perdit son père, enlevé subitement, et dès lors Saint-Antonin le revit rarement, mais la petite ville a conservé son souvenir et s’honore de le compter au nombre de ses enfants.
Le 18 octobre 1865, il fut nommé assistant du Supérieur, M. Albrand ; il vécut avec lui dans « une étroite union et une fidèle correspondance ».
A la mort de ce dernier, il fut élu, le 6 janvier 1867, Supérieur pro¬visoire et, le 11 octobre 1868, Supérieur à titre définitif. Son mandat fut renouvelé trois fois, autant que le permettait le règlement : le 9 septembre 1871, le 9 juillet 1874, et le 30 juin 1877.
IV
M. Delpech était le vingt-quatrième Supérieur du Séminaire des Missions-Étrangères depuis la fondation de cette maison en 1663 ; mais à considérer ceux de ses prédécesseurs auxquels la Providence accorda une longévité que lui-même devait atteindre ou dépasser, quatre ou cinq générations seulement de directeurs le séparaient de nos premiers Supérieurs. M. Albrand avait été le collaborateur de M. Langlois qui fut le disciple M. Hody, comnpagnon de M. Lesperonnière de Vrys, et par ce dernier on touche à M. Jacques de Brisacier et à M. Tiberge, les fidèles amis de nos fondateurs, Mgr Pallu et Mgr de La Motte Lambert. Il continuera leur œuvre en l’agrandissant, mais sans s’éloigner jamais de l’esprit qui les guida, et, au milieu des nou¬veautés qui nous environnent et dont cependant il ne méconnaîtra pas l’utilité, il aimera à redire : « Que notre Société est restée dans le cadre exclusif de son institution première, que nous ne faisons aujour¬d’hui que ce qu’ont fait nos anciens, avec le même but, par les mêmes moyen et le plus souvent dans les mêmes milieux et dans les mêmes circonstances. »
Résumons donc ici ce qu’est la Société des Missions-Étrangères et quelle part d’action, devoirs et droits, incombe au Supérieur du Sémi¬naire :
Les Missions-Étrangères sont une Société apostolique formée par l’union de toutes les Missions que le Saint-Siège a confiées à cette Société et du Séminaire des Missions-Étrangères établi à Paris.
Missions et Séminaire forment une confédération. Cette confédération n’a pas de Supérieur, pas de Président ; elle a pour chef l’ensemble de tous les Supérieurs des Missions et le Conseil des directeurs du Séminaire. Elle possède une sorte de pouvoir exécutif, mandataire des Supérieurs, lien de tous ses membres, gardien de son règlement et de ses intérêts, qui est le Séminaire des Missions-Étrangères.
Le Séminaire est donc le centre de la Société et le bureau d’admi¬nistration de ses affaires générales ; il est de plus le lieu de formation de ses membres, les futurs missionnaires. Le Conseil des directeurs qui le gouverne remplit des fonctions assez étendues ; il a une part dans l’administration de la Société, par exemple dans la nomination des évêques, la division des Vicariats apostoliques, l’acceptation ou le refus de nouvelles Missions ; il est chargé en Europe de ses intérêts géné¬raux, de la répartition des dons, secours, revenus ; des missionnaires lors de leur retour ; de l’observance du règlement ; il a sous son autorité directe le Séminaire avec les aspirants, les Frères coadjuteurs et les établissements communs de la Société. Tous les directeurs formant le Conseil ont les mêmes droits et les mêmes devoirs ; mais, ce Conseil, ne pouvant par lui-même exercer ces droits ni remplir ces devoir pratiques et quotidiens, les remet à son représentant officiel, le Supérieur.
Les pouvoirs de ce Supérieur sont restreints ; pour les affaires d’intérêt général de la Société, il n’est que le président du bureau d’administration ; en ce qui regarde le Séminaire et les questions importantes spécifiées par le règlement, il n’est que le président du Conseil ; et c’est seulement dans un certain nombre de choses secondaires relatives à la conduite intérieure du Séminaire que son autorité peut s’exercer en liberté, encore cette liberté est-elle plutôt atténuée qu’augmentée par cette remarque du règlement : que « le Supérieur visera à traiter ces questions de préférence dans les assemblées avec 1es autres officiers et directeurs, non seulement parce que cette com¬munication lie les esprits et les cœurs, mais aussi parce qu’elle est propre à attirer des lumières et des grâces particulières d’En-haut » .
Malgré cette autorité peu étendue, les devoirs du Supérieur sont assez considérables, et par certains côtés ils sont fort importants ; le règlement les précise :
« Au sujet de ses collaborateurs, « qui sont des personnes libres », le Supérieur doit les appliquer à ce qu’elles ont à faire pour le bien commun » ; des séminaristes, « il veillera sur eux avec une attention spéciale et se servira de toutes les occasions pour les connaître et les animer à persévérer dans leur vocation »; des Missions, « il pro¬posera en temps utile au Conseil les réponses à faire à leurs supérieurs, il n’oubliera pas que c’est de lui principalement que dépendent les bonnes relations entre les Missions et le Séminaire et il les entre¬tiendra par sa correspondance privée, par sa déférence cordiale et respectueuse, par son dévouement et sa promptitude à leur rendre service »; de la Société entière, il en assurera le recrutement. N’ayant pas d’écoles apostoliques, ni de juvénats à son service, la Société ne peut compter que sur les élèves des petits et des grands sémi¬naires ; elle a, en conséquence, besoin de la bienveillance et du concours des évêques et des supérieurs de ces établissements. Aussi le règlement fait-il au Supérieur ces recommandations : « Il s’appliquera à entretenir et au besoin à créer de bonnes relations avec les évêques de France et avec les supérieurs des grands et petits séminaires ; il suivra avec assiduité les vocations ecclésiastiques qui ont besoin souvent pour arriver à terme d’être soutenues, éclairées, encouragées. »
Que l’on étudie avec soin la situation qui ressort de ces différents devoirs, qu’on en scrute les détails, et on verra que des travaux nombreux, des soucis graves et une responsabilité réelle pèsent sur le Supérieur du Séminaire. Il sera également facile de comprendre combien les fonctions de Supérieur, unies à celles de président du bureau d’administration, exigent de tact, de modération, d’ouverture et de conciliation d’esprit. Le Supérieur ne pourrait-il pas plus aisément se souvenir de son titre de Supérieur, qui lui donne des droits, que de celui de président de bureau d’administration, qui lui impose surtout des devoirs ? Ne serait-il pas tenté parfois de prendre une initiative qui, dans une Société comme la nôtre où le vote joue un si grand rôle, serait hors de ses attributions ? D’autre part, si le régi
References
[0616] DELPECH Prosper (1827-1909)
Bibliographie. - Via crucis. - Typis Seminarii Generalis, Pulo - Pinang, 1860, in-16, pp. 24.
Quelques renseignements sur le Séminaire des Missions-Etrangères, rue du Bac, 128, à Paris. - Imprimerie de l'Œuvre de Saint-Paul, 51, rue de Lille, Paris, in-8, pp. 8 [plusieurs fois réimprimé].
Lettres circulaires (1873-1902) [Toutes, excepté la lettre du 12 août 1895, ont été signées par lui]. - Séminaire des Missions-Etrangères, 128, rue du Bac, Paris, 1902, in-4, pp. 221.
Lettre commune, n° 7. 31 mars 1877. Notice nécrologique de M. Voisin. - Typographie Georges Chamerot, 19, rue des Saints-Pères, Paris, in-8, pp. 7.
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Lettre au Souverain Pontife Léon XIII. 17 juin 1884. Sur les massacres en Indo-Chine [Reproduite dans la Lettre Commune n° 15 du 14 septembre 1884, p. 17]. - In-8, pp. 2.
Lettre commune, n° 15. 14 septembre 1884. Sur les massacres en Indo-chine, avec une lettre de Léon XIII. - In-8, pp. 19.
Prière pour demander à Dieu la béatification de nos Vénérables martyrs [Hymne : Jesu tuorum Martyrum]. Imprimatur, Parisiis, die 13 julii 1887. † Franciscus, Arch. Parisiensis. - Imprimerie A. Lahure, 9, rue de Fleurus, Paris, in-12, pp. 2.
Lettre circulaire, 22 avril 1888. Révision complémentaire du Règlement. - In-4, pp. 83.
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A la louange des martyrs du Séminaire des Missions-Etrangères [4 Hymnes]. Essai par un prêtre du même Séminaire. - Imprimerie Téqui, 92, rue de Vaugirard, Paris [1900], in-8, pp. 12.
Die XXIV novembris. In festo BB. Joannis Gabrielis episc., Petri atque Sociorum martyrum [Oraison, 3 Leçons].
A la mémoire de nos 33 Bienheureux martyrs [Hymne : Semper virens Ecclesia]. Imprimatur : Parisiis, die 24 febr. 1909. † Leo-Adolphus, Arch. Parisien. - In-8, pp. 4.
Hymne à la louange des BBx martyrs de la Société des Missions-Etrangères [Hymne : Cœlestium concentibus]. Imprimatur : Parisiis, 30 juin 1909. G. Lefebvre. - In-8, pp. 4 [Voir Notes bio-bibliographiques : Cent. morc. div.]
Die 18 februarii. In festo BB. Stephani episc., Joannis atque Sociorum martyrum (Oraison, 3 Leçons).
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Collect., 3 mars 1873 [Rites] : n° 1798 ; 27 sept. 1873 : n° 2107 ; 5 juill. 1874 : nos 748, 1167, 1176 ; 4 juill. 1875 : n° 1204 ; 6 fév. 1876 : n° 694 ; 24 nov. 1878 : n° 749 ; 30 janv. 1892 : n° 2080 ; 3 déc. 1892 : n° 1247 ; 12 déc. 1893 : n° 208.
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Biographie. - M. Prosper Bernard Delpech, supérieur honoraire du Séminaire des Missions-Etrangères, 1827-1909, par Adr. Launay. - Imprimerie Téqui, 92, rue de Vaugirard, Paris, in-8, pp. 44 [Extrait du C.-R., 1909, p. 271].
Portrait. - Peint à l'huile, est au Séminaire des M.-E. - A. P. F., lxxxii, 1910, p. 75. - M. C., xii, 1880, p. 361 ; xxxix, 1907, p. 454 ; xli, 1909, p. 587. - A. M.-E., 1900, p. 261. - The Field afar, 1910, aug.-sept., n° 4. - Le Vénérable J. Th. Vénard (édit. 1908), p. 110. - Souvenir mortuaire, héliogravure Dujard