Adolphe GATIN1847 - 1892
- Status : Prêtre
- Identifier : 1095
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1871 - 1892 (Chengdu)
Biography
[1095]. GATIN, Marie-Adolphe-Augustin-Nicolas, naquit le 13 novembre 1847 à Joinville (Haute-Marne). Après avoir fait ses études au petit séminaire de Langres, et passé quelque temps au grand séminaire de cette ville, il entra tonsuré au Séminaire des M.-E. le 15 septembre 1868, fut ordonné prêtre le 30 juillet 1871, et partit le 30 août suivant pour le Se-tchoan occidental. Il apprit très vite la langue, et en septembre 1872, il était chargé du district de Long-ngan fou. Deux ans plus tard, professeur au séminaire de la mission d'abord à Mou-pin, puis à Ho-pa-tchang où l'établissement fut transféré en 1875, il y fut apprécié, tant à cause de ses dons pédagogiques que de son bon caractère.
Il reçut ensuite la direction des districts de Koan hien et de Fen-tcheou ; en 1879, il passa à Tong-kiang, et en 1883, à Lin-choui très éprouvé par de fréquentes persécutions ; il y travailla sept ans. La situation devint particulièrement difficile pendant la guerre franco-chinoise, 1885, et il lui fallut beaucoup de prudence et de tact pour éviter tout conflit. Vers 1890, on l'envoya à Su-lin hien ; il y succomba le 28 juillet 1892.
Obituary
M. GATIN
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU SU-TCHUEN OCCIDENTAL
Né le 13 novembre 1847.
Parti le 30 août 1871.
Mort le 28 juillet 1892.
M. Têtu nous a adressé la notice suivante :
« Vingt ans de ministère apostolique en Chine, à travers beaucoup de difficultés et dans des postes qui exigeaient bien des qualités de la part de celui qui en était chargé, telle est l’œuvre accomplie par M. Gatin, qui fut toujours à la hauteur de ses emplois et sut mériter la confiance de ses supérieurs et l’estime de ses confrères.
« M. Adolphe-Augustin Gatin naquit à Joinville (Haute-Marne), le 13 novembre 1847. Il n’avait que quarante-cinq ans, quand la mort est venue nous le ravir et nous priver des fruits abondants que pro¬mettaient son expérience des hommes et sa connaissance approfondie du langage de la Chine.
« Il fit ses études au petit séminaire de Langres, où l’on put déjà apprécier la générosité de son cœur et l’ardeur de ses sentiments pour tout ce qui est grand aux yeux du chrétien. Il entra ensuite au grand séminaire de la même ville, où il fit une partie de sa théologie et reçut la tonsure. Obéissant à ses généreuses inclinations ainsi qu’à la voix de sa conscience qui lui montrait la conversion des infidèles comme le but de sa vie, il fit le sacrifice de sa famille, du pays natal, et se rendit à Paris pour achever de mûrir sa vocation au Séminaire des Missions-Étrangères.
« Un événement considérable, je veux parler de la guerre entre la France et la Prusse, interrompit, pendant près d’un an, le cours de ses études. Il dut, comme la plupart des aspirants des Missions-Étran¬gères, retourner dans ses foyers pendant le siège de Paris. Pour utiliser ce repos forcé il enseigna, quelques mois, dans une institution ecclésiastique, puis revint à la rue du Bac, avant même la fin des hostilités. Devenu prêtre, il partit au milieu de l’année 1871, pour la mission du Su-tchuen occidental qui lui était assignée par ses supérieurs.
« Parvenu dans sa mission au commencement de l’année 1872, il se mit avec ardeur à l’étude de la langue chinoise. Le langage parlé, qui offre tant de difficultés au plus grand nombre des missionnaires, fut comme un jeu pour lui. En très peu de temps, il put tenir une conversation ; au bout de deux mois, il affrontait déjà la prédication dans l’assemblée des fidèles, et dès la même année, au mois de septembre, son Vicaire apostolique le mettait à la tête du district de Long-ngan-fou, pays de montagnes, où les courses, tant pour la visite des chrétiens que pour celle des malades, sont légendaires, même de nos jours, malgré le nombre plus grand des missionnaires qui permet de circonscrire l’étendue des districts.
« Il visita Long-ngan, pendant deux ans, puis, fatigué d’une vie si agitée, capable de briser les plus robustes, il demanda à être nommé professeur au collège de la mission, qui se trouvait alors à Mou-pin. Sa demande fut agréée. Il professa les belles-lettres, à Mou-pin et à Ho-pa-tchang, où le collège fut transféré en 1875. Les élèves aiment à parler de sa facilité et de ses aptitudes pour l’enseignement, de sa bonne humeur, de ses réparties vives et allègres et de son aimable entrain.
« Quand notre confrère, au milieu des paisibles occupations du collège, se crut suffisamment remis de ses fatigues, il désira reprendre la visite des chrétiens, et fut nommé curé du district de Fen-tcheou.
« Dans ce nouveau poste, il apportait une expérience vieille de plu¬sieurs années. Il connaissait à merveille la langue chinoise et faisait l’étonnement de tous ceux qui l’entendaient, par la clarté de son élo¬cution et la facilité de l’expression. Fen-tcheou est un vaste district, dont une partie se trouve dans les montagnes et l’autre dans la plaine. Pendant trois ans, notre cher confrère alla de Kan-kia-lin à Tsa-ko-lao, parcourant souvent plus de quarante lieues pour porter les secours de la religion à près de mille chrétiens qui, jusqu’à ce jour, lui con¬servent le plus tendre souvenir.
« Un ordre du Vicaire apostolique l’appelait à un nouveau poste en 1879. Tong-kiang est situé sur la frontière nord de la province. Le pays est pauvre et sans ressources : les habitants, vrais montagnards, ont les défauts et les qualités qui sont l’apanage des gens de la mon¬tagne. M. Gatin, du premier coup, comprit la position, sut se mettre à la portée de son monde, et, à Tong-kiang comme à Lon-ngan et à Fen-tcheou, s’attira l’affection et le respect, non seulement des chrétiens, mais aussi des païens. Tous se montrèrent inconsolables quand, plus tard, un nouvel ordre du Vicaire apostolique le désigna pour un autre poste encore bien plus difficile, à cause des persé¬cutions qui se succédaient fréquemment en la ville de Lin-chouy, district si éprouvé que venait de quitter Mgr Coupat, appelé par le Souverain Pontife à gouverner la mission du Su-tchuen oriental.
« M. Gatin resta sept ans à la tête du district de Lin-chouy.
« Bien des événements se passèrent pendant ce laps de temps. Le plus important, à cause de ses conséquences, fut la guerre entre la France et le Tonkin. Le gouvernement chinois s’imaginait que les missionnaires travaillaient pour le compte de leur propre pays. Dans une province plus voisine du théâtre de la guerre, évêque et missionnaires durent quitter leurs troupeaux pour un temps. Au Su-tchuen, l’ordre était venu de la capitale de chasser les missionnaires. Mais le gouverneur de la province, homme très estimé et réputé juste par tout le monde, s’opposa à cet acte de mauvaise politique. Les missionnaires restèrent donc à leurs postes respectifs. Mais que de prudence il fallait pour ne pas exaspérer les païens ! Que de fois le prêtre dut modérer son zèle pour ne pas attirer la tempête sur sa tête ! A Lin-chouy surtout, les esprits étaient montés. La tourbe païenne eût avec plaisir vengé la défaite des armées chi¬noises au Tonkin en renversant les églises, pillant les chrétiens et se livrant à tous les excès, si le mandarin local, se conformant aux instructions du gouverneur, n’eût conjuré le mal qu’on se préparait à faire. M. Gatin n’eut donc aucun malheur à déplorer. Mais les longues incertitudes par lesquelles il passa, à cette époque, jointes à une infirmité qui lui rendait pénibles les courses à travers les monta¬gnes, lui firent accepter avec plaisir son changement de district. Il fut envoyé à Su-lin-hien, qui était, à vrai dire, un lieu de repos, si on le compare aux autres districts administrés successivement par notre cher confrère.
«Dieu réservait encore à M. Gatin trois ans de vie, durant lesquelles nous le vîmes tel qu’il avait toujours été. Sa verve et son entrain, dans les réunions intimes, montraient le plaisir qu’il goûtait au milieu de ses confrères. En le voyant naguère, il y a une quarantaine de jours, à l’occasion de la réunion générale de Tchen-tou, qui de nous aurait cru que c’était pour la dernière fois ? Son esprit aimable et fin s’était pour ainsi dire surpassé. Nous nous étions quittés en espérant bien que la bonne Providence nous le conserverait encore de longues années ; il avait à peine quarante-cinq ans ! Mais voici que des chaleurs intolérables surviennent, pendant tout le mois de juillet. M. Gatin les redoutait extraordinairement : sa complexion en était la cause. Je laisse la parole à M. Bauquis qui l’assista à ses derniers moments et qui nous adresse la lettre suivante datée du 28 juillet :
« J’ai la douleur de vous apprendre la mort presque subite de M. Gatin, décédé entre mes « bras, ce soir même, il y a environ deux heures, à la tombée de la nuit. J’avais quitté mon « district de Tchou-Iin-tsin pour me rendre à mon nouveau poste de Kouang-iuen, et je me « reposais ici, depuis une semaine, en attendant la fin des chaleurs. Depuis trois jours, M. « Gatin se plaignait toujours de la chaleur et disait que l’air lui manquait. Puis, tout à coup, je « le vis en délire. J’appelai à la hâte deux médecins de la ville : point d’espoir. J’eus le temps « de lui conférer une dernière absolution et l’Extrême-Onction. Il cracha du sang à deux « reprises, et ce fut fini. » Oui, c’était fini. Malgré la promptitude du coup, l’infinie bonté de Dieu avait ménagé à M. Gatin la présence d’un confrère qui lui administra les derniers sacrements. C’est là qu’on reconnaît la tou¬chante attention de la Providence, à l’égard de ceux qui, pour la gloire de Dieu et le salut du prochain, ont quitté parents, amis, pa¬trie, se vouent à une vie cachée aux hommes et travaillent sous l’œil de Dieu. Les hommes ignorent le missionnaire ; ceux qui vivent près de lui soupçonnent à peine ses veilles, ses fatigues, ses renonce¬ments. Malgré cela, le missionnaire est heureux. Dieu, qui voit tout, lui rend déjà le centuple en ce monde, et, dans l’autre, le bonheur éternel. »
References
[1095] GATIN Adolphe (1847-1892)
Notes bio-bibliographiques. - Sem. rel. Langres, 1879.
Notice nécrologique. - C.-R., 1892, p. 359.