Édouard DURAND1856 - 1918
- Status : Prêtre
- Identifier : 1659
Identity
Birth
Death
Biography
[1659] DURAND Édouard, Jean-Baptiste, naquit le 3 juillet 1856 à Sugny, diocèse de Reims (Ardennes). Il fit ses études secondaires au Petit Séminaire du diocèse et, de là, il entra au Grand Séminaire de Reims. Ordonné diacre le 7 juin 1884, il entrait le 27 septembre suivant au Grand Séminaire des Missions Étrangères. Ayant reçu l'onction sacerdotale le 27 septembre 1885, il fut nommé à la mission du Japon Méridional (Nagasaki). Parti le 4 novembre 1885, il arriva à Osaka le 20 décembre.
Tout d'abord confié au Père Aurientis, responsable du poste d'Ise, pour apprendre la langue et les usages japonais, il fut appelé en 1886 à Nagasaki et nommé à Amakusa. En septembre 1888, son évêque lui confia le district nord des îles Gôto. Enfin, en 1892, Mgr. Cousin lui demanda d'assurer le ministère des îles situées devant le port de Nagasaki. Il y résida jusqu'au début de 1917. Sa santé s'étant détériorée, il dut faire un séjour à Hongkong pour la rétablir. C'est au Sanatorium des Missions Étrangères qu'il rendit son âme au Seigneur, le 21 juillet 1918.
Obituary
M. DURAND
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE NAGASAKI
M. DURAND (Edouard-Jean-Baptiste), né à Sugny, paroisse Mont-Saint-Martin à Sugny (Reims, Ardennes), le 3 juillet 1856. Entré diacre au séminaire des Missions-Etrangères le 27 septembre 1884. Prêtre le 27 septembre 1885. Parti pour le Japon méridional (Nagasaki), le 4 novembre 1885. Mort au sanatorium des Missions-Etrangères à Hongkong le 21 juillet 1918.
Originaire de Sugny (Ardennes), où il naquit en 1856, M. Durand commença ses études un peu tard. Pendant son séjour au petit séminaire il songea aux Missions-Etrangères, mais c’est au grand séminaire de Reims, sous la direction de l’évêque actuel de Soissons, Mgr Péchenard, que se décida sa vocation apostolique.
Il arriva le 20 décembre 1885 à Osaka. Après quelques jours de repos, il fut confié à M. Aurientis, alors chargé du district de Ise. L’année suivante, il reçut sa destination pour Nagasaki et commença le ministère apostolique à Amakusa, sous la direction de M. Ferrié. A l’époque de la retraite annuelle, il garda le poste. Dans un hameau du village de Oye, M. Ferrié avait travaillé, depuis assez longtemps et sans succès apparent, à ramener à la religion chrétienne 200 à 300 personnes dont les ancêtres avaient été catholiques. Pendant son absence, une députation vint trouver M. Durand et lui déclara que tous ses membres et les habitants restés au village voulaient désormais faire partie de l’Eglise romaine. Quelle fut la joie du jeune missionnaire, je vous le laisse à deviner ! Malgré son inexpérience de la langue et des politesses japonaises, il sut si bien arranger les choses, que M. Ferrié, à son retour, n’eut plus qu’à instruire et à préparer au baptême ces braves gens. Il n’eut pas de catéchiste plus zélé que M. Durand, dont il dut parfois modérer l’ardeur.
En septembre 1888, notre cher confrère fut nommé au district nord des Goto. Dans ses voyages nécessairement nombreux, il fut plusieurs fois pris pour un Japonais par des voyageurs étrangers, tant il leur ressemblait par son teint jaune et sa barbe clairsemée ; mais il n’en avait point le tempérament. Il était nerveux et primesautier ; on disait souvent en riant qu’il ressemblait à du vin de Champagne.
Il tempérait cette impétuosité par son bon cœur et sa générosité. Plus on le connaissait, plus on l’aimait. Les chrétiens du nord des Goto d’un caractère plutôt mou furent d’abord étonnés de cette exubérance, mais ils ne tardèrent pas à sentir combien le nouveau pasteur les aimait et leur était dévoué. A quelque heure du jour ou de la nuit, on pouvait recourir à ses services ; il était prêt aussitôt à monter en barque ou à grimper par des sentiers de chèvre au village perché sur la montagne.
Il aida ses chrétiens à réparer ou à construire des églises, à procurer des champs à une petite communauté de religieuses japonaises et à secourir les malheureux.
En 1892, il remplaça dans les îles de l’entrée du port de Nagasaki, M. Marmand, qui venait d’offrir son dévouement à Mgr Cousin pour aider M. Ferrié à Oshima.
Ce district que M. Durand dirigea jusqu’à la fin de sa vie comprend 6 à 7 îles et 2 chrétientés situées dans les montagnes. Là aussi il eut à réparer plusieurs églises, en construisit deux nouvelles, ainsi que des presbytères, modestes, bien aérés et salubres. Partout il sut inspirer aux enfants le respect de l’église, qui se manifestait par leur bonne tenue dans le lieu saint et leur pieuse récitation des prières.
Très économe pour lui-même, il avait toujours la main ouverte pour donner. Son dévouement était sans bornes. Plus d’une fois la dysenterie, le choléra sévirent parmi ses chrétiens ; il leur prodigua ses soins, leur fournit du linge. A quelques-uns, abandonnés de tous, il rendit les derniers devoirs, les mettant lui-même dans le cercueil.
Jusqu’en 1898, il jouit d’une parfaite santé. Mais au mois de février de cette année, le jour du mardi-gras, appelé par un malade, il s’embarqua à Takajima. La mer était houleuse. Subitement des rafales de vent firent chavirer la barque et tout le monde fut précipité dans les flots. Retourner une barque est un jeu pour nos bateliers ; mais à peine retournée, la barque chavira de nouveau ; M. Durand, qui ne savait pas nager, tournoya avec elle. Vêtu de gros habits d’hiver chargés d’eau, il eut peine à être remonté et pendant quelques instants il fut sans connaissance.
Depuis cet accident, il sentit ses forces diminuer et les premières atteintes de douleurs à l’estomac et aux entrailles. Quelques années plus tard la population catholique augmentant sans cesse, tandis que la vigueur du missionnaire diminuait, Mgr Cousin jugea nécessaire de lui adjoindre un vicaire japonais.
M. Durand fut un curé modèle, exempt de jalousie et de susceptibilité. Il ne tarissait pas d’éloges pour son vicaire qui le méritait bien et qui resta avec lui pendant 13 ans.
Plusieurs fois il le laissa seul dans le poste, étant obligé d’aller demander des soins aux Religieuses de Saint-Paul, ou aux Pères Trappistes de Notre-Dame du Phare ; à tous il sut témoigner généreusement sa reconnaissance ; et si les Pères Trappistes s’installent, comme il en est question, dans le diocèse de Nagasaki, c’est à M. Durand que nous le devrons.
Peut-être, s’il était resté plus longtemps à la Trappe se sera-t-il rétabli complètement ; mais le départ de tant de missionnaires pour la France, sa grande activité et l’espoit d’être utile encore à ses chrétiens, et peut-être aussi l’ennui de s’astreindre à un régime, le ramenèrent dans ses îles. Il put encore travailler quelques mois, puis il retomba. Il reçut les derniers sacrements en pleine connaissance, dans une entière résignation à la volonté divine et demandant pardon à tous des saillies de son caractère. C’était à l’issue de notre retraite en septembre 1916. Avant de retourner dans leurs districts, les confrères lui adressèrent leurs derniers adieux. M. Durand avait déjà fait préparer son cercueil et l’avait essayé.
Cependant contre toute espérance, il reprit assez de forces pour tenter, au commencement de 1917, un voyage au sanatorium de Hongkong. Il y eut des alternatives de bien et de mal. Il passait de longs moments à la chapelle, faisant le chemin de la croix, récitant son bréviaire et les prières indulgenciées dont il avait fait un recueil et lisant la vie de Notre-Seigneur.
« Il s’éteignit sans secousse le 21 juillet 1918 à 1 h. ¾ du matin, écrit M. Marie, supérieur de Béthanie. Quelques jours auparavant le 13 juillet, M. Vignal, entouré de tous les confrères lui avait administré l’extrême-onction, et le malade, en pleine connaissance, répondit lui-même à toutes les prières du Rituel. Le lendemain il put recevoir le Saint-Viatique.
« L’inhumation eut lieu le lundi 22 juillet. Plus de 20 confrères et deux missionnaires italiens y assistaient. Le provicaire du Tonkin occidental, M. Schlicklin qui, au séminaire des Missions-Etrangères, avait donné des répétitions à M. Durand, chanta la messe et conduisit le défunt à sa dernière demeure. »
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References
[1659] DURAND Édouard (1856-1918)
Références biographiques
CR 1885 p. 143. 1888 p. 29. 1891 p. 72. 1893 p. 62. 1894 p. 65. 1895 p. 69. 1899 p. 26. 1903 p. 17. 1912 p. 27. 1913 p. 32. 1915 p. 13. 1916 p. 10. 14. 1918 p. 126. 185. BME 1931 p. 727.