Toussaint LE BONZEC1856 - 1926
- Status : Prêtre
- Identifier : 1667
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1886 - 1926 (Coimbatore)
Biography
[1667] LE BONZEC Toussaint, Marie naît le 2 novembre 1856 à Ploëmeur dans le diocèse de Vannes. Il entre au grand séminaire de Vannes et est ordonné prêtre le 18 décembre 1880. Après quelques années de ministère dans son diocèse, il demande à être admis aux Missions Étrangères. Il passe une année à la rue du Bac et reçoit sa destination en septembre 1885 : Coimbatore.
Il s'embarque pour l'Inde le 22 novembre 1885 et se met aussitôt à l'étude de l'anglais et du tamoul. Puis, il exerce son ministère à Saveriarpalayam dans la plaine, ensuite à Ootacamund dans les Montagnes bleues(1) et à Erode(2) de nouveau dans la plaine, où il obtient quelques conversions parmi les Hindous. En janvier 1897 qu'il est nommé dans la paroisse de Valipalayam (3), où il passera le reste de sa vie. Baptistant peu de gens de caste, ordinairement très attachés à leurs traditions de famille et à la religion hindoue, il se concentre sur les chrétiens de sa paroisse. Il leur construit une église, large et spacieuse et dans l'une de ses dessertes il érige une chapelle suffisante pour les besoins de la population.
La tradition pastorale dans ce pays veut que le missionnaire, chaque année après Pâques, aille résider quelque temps dans les villages chrétiens, pour la "isséranei", c'est-à-dire l'administration spirituelle de tous ses paroissiens. En mai 1926, il est dans un village et les derniers jours qu’il y passe se révèlent pénibles. Le Père se sent très fatigué, surtout en cette saison très chaude, peu propice au travail. Il perd connaissance. On informe son plus proche voisin, le P. Gaucher, qui le fait transporter à la ville voisine où le docteur déclare qu'il a un épanchement du cerveau et que son état est très grave. Il reçoit l'Extrême Onction et au milieu de la nuit il rend le dernier soupir le 9 mai 1926. Après les funérailles, il est inhumé dans le cimetière de Valipalayam, cette grosse paroisse où il s'est dévoué pendant près de trente ans dans la plaine torride de Coimbatore.
1 – Les Nilgiri.
2 – Au nord-est de Coimbatore.
3 – Probablement Pallipalayam, ville proche d’Erode.
Obituary
M. LE BONZEC
MISSIONNAIRE DE Coimbatore.
M. LE BONZEC (Toussaint-Marie) né à Ploëmeur (Vannes, Morbihan) le 22 novembre 1856. Prêtre le 18 décembre 1880. Entré au Séminaire des Missions-Étrangères le 11 octobre 1884. Parti pour le Coïmbatour le 18 novembre 1885. Mort à Valipalayam le 9 mai 1926.
M. Toussaint Marie Le Bonzec naquit à Ploëmeur, diocèse de Vannes, le 22 novembre 1856. Nous ne savons rien de sa famille sinon par le caractère droit et énergique qu’elle lui légua et dont il fit preuve toute sa vie. Nous ignorons également ce que fut sa prime jeunesse, mais à partir de son entrée au grand Séminaire de Vannes ses notes intimes le révèlent d’une piété et d’une régularité remarquables.
Il nous apprend dans ces notes qu’il était affligé d’un défaut de prononciation très marqué. Il en souffre, mais uniquement parce que cette infirmité peut nuire à son ministère. Il prie et supplie la Sainte Vierge de l’en guérir ; il fait plusieurs neuvaines à cette intention et il se réjouit d’avoir été exaucé. Cependant des restes de ce défaut se manifesteront encore assez souvent surtout lorsqu’il se trouvera sous l’influence d’une émotion un peu vive.
Après son ordination sacerdotale, 18 décembre 1880, il exerça quelques années le ministère paroissial dans son diocèse, mais l’apostolat chez les infidèles attirait son zèle vers les missions. Il ne voulut cependant rien brusquer et ce n’est qu’après mûre réflexion et après avoir obtenu la permission de son directeur qu’il vint frapper à la porte du Séminaire des Missions-Étrangères, le 11 octobre 1884. Un an après il recevait sa destination pour la mission de Coimbatore.
C’est le 22 novembre 1885, anniversaire de sa naissance, qu’il s’embarqua sur le Yangtse. Dès son arrivée à Coimbatore, il se mit avec ardeur à l’étude de l’anglais et du tamoul. Il exerça successivement le ministère à Saveriarpalayam, à Ootacamund et à Erode. Dans ce dernier district, il rencontra quelques païens qui prêtèrent l’oreille à ses invitations pressantes et il eut la joie d’en baptiser quelques-uns.
En janvier 1897, il alla remplacer à Valipalayam M. L. Boulanger, rappelé à Paris comme Directeur. Il administra ce district jusqu’à sa mort, et on peut dire qu’il en fit un district modèle. Fidèle au règlement de la Société dont le premier but est de fonder un clergé indi-gène, il était très zélé pour son recrutement. Si les enfants qu’il avait distingués appartenaient à des familles pauvres, il s’imposait des sacrifices pour les faire étudier jusqu’à leur admission au séminaire. Deux de ces enfants furent reçus au Séminaire quelques jours après sa mort.
Il aimait ses chrétiens de toute son âme, mais en Dieu et sans faiblesse. Il était très zélé pour les instruire. Tous ses sermons étaient soigneusement préparés et il les faisait pratiques. Il voulait que ses chrétiens fussent dignes de ce nom et quand l’un ou l’autre manquait à ses devoirs, il le rappelait à l’ordre et ne cessait ses admonestations que lorsque le délinquant était venu à résipiscence. Ceux qui étaient réprimandés le trouvaient sévère mais ils ne tardaient pas à reconnaître que c’était pour le bien de leur âme.
Il apportait un soin particulier à l’instruction religieuse des enfants. En dehors de l’administration annuelle, il les réunissait chaque dimanche à l’église et, une heure durant, leur faisait le catéchisme. En outre, la semaine des Quatre-Temps de chaque saison était consacrée tout entière à l’instruction religieuse des enfants. Ils devaient venir chaque jour de cette semaine pour étudier le catéchisme et recevoir les explications du Père.
Malgré tous ses efforts, ses chrétiens n’étaient pas des anges et quelquefois des différends surgissaient entre eux. Pour les dirimer et pour maintenir la charité fraternelle, il avait établi un petit tribunal paroissial où ses chrétiens venaient terminer leurs disputes.
Il ne négligeait pas les païens ; il priait pour leur conversion et cherchait à les amener à la vraie religion. Quand il en avait l’occasion, il allait les voir chez eux. Il fit plusieurs conférences dans les villages païens, mais il n’eut pas la consolation de nombreuses conversions : il ne put que glaner quelques épis.
L’église de son chef-lieu de district était devenue beaucoup trop étroite, le nombre de ses chrétiens allant toujours en augmentant. De toute nécessité il fallait en construire une autre plus spacieuse. Il y intéressa ses chrétiens qui répondirent généreusement à son appel ; il y consacra toutes ses petites économies ; il obtint un secours substantiel de la Mission ; mais comme cela ne suffisait pas, il se fit quêteur et il eut la joie de réunir les sommes suffisantes pour édifier une spacieuse église. Il eût voulu la doter d’un clocher et d’une cloche : c’était un de ses plus grands désirs vers la fin de sa vie. Dans ce but il économisait, recevait les aumônes de ses chrétiens, mais il n’aura pas eu le temps de mettre son projet à exécution. Il dota aussi une de ses chrétientés d’une chapelle convenable et suffisante pour les besoins de la population chrétienne.
M. Le Bonzec fut toute sa vie d’une piété et d’une régularité exemplaires. Dieu seul sait le nombre de chapelets qu’il a récités en se promenant sous sa véranda. Une grande partie de sa journée était consacrée à la prière. Sa régularité était celle d’un religieux. Chaque jour il se levait à heure fixe et tous ses exercices de piété étaient réglés. Ses voyages mêmes étaient déterminés d’avance et à l’heure dite il se mettait en route. Bien des fois ses confrères cherchèrent à le prendre en défaut, essayant de le retenir une journée, une heure même, mais ce fut toujours peine perdue. Quand le moment de partir était venu, il faisait atteler sa charrette à bœufs et se mettait en route.
Mais lorsque des empêchements imprévus s’opposaient à la réalisation de ses désirs, il faut bien le dire, la patience n’était pas sa qualité dominante et alors son humeur avait des accès qui n’étaient pas bénins.
Il a travaillé jusqu’à son dernier jour et on peut dire qu’il est tombé sur la brèche. Il avait l’habitude de faire chaque année, aussitôt après Pâques, l’administration d’une chrétienté à seize milles de sa résidence. C’est l’époque la plus chaude de l’année, mais aussi celle qui convient le mieux à ses chrétiens. Aussi, sans s’inquiéter de la fatigue ni du pauvre logement qui l’attendait, il partit, comme d’habitude, visiter cette chrétienté. Les derniers jours de l’administration, furent pénibles. Plusieurs fois il tomba sans connaissance, mais le vieux Breton se raidit et voulut terminer. Le dimanche 9 mai, il dit la messe de clôture, prêcha et donna la première communion. Aussitôt après la messe, il perdit connaissance Les chrétiens s’empressèrent autour de lui, mais dès qu’il fut revenu à lui il les congédia, se leva et commença à réciter son chapelet en se promenant. Vers midi, les chrétiens le trouvèrent étendu par terre, sans connaissance, en plein soleil et la tête découverte. Ils le transportèrent à l’intérieur et envoyèrent un exprès au missionnaire plus proche voisin qui ne put arriver qu’à la nuit tombante. A son arrivée, M. Gaucher lui demanda comment il aillait : Bien, fut la réponse. Puis, me reconnaisses-vous ? — Regina apostolorum, ora pro nobis, et il continua à réciter les litanies de la Sainte Vierge. Désormais il ne répondit plus à aucune question, mais il continua à prier.
On le transporte aussitôt à la ville voisine, distante de huit milles, où le docteur déclara qu’il avait un épanchement du cerveau et que son état était très grave. Il reçut l’Extrême-Onction, et à minuit, et demi il rendait le dernier soupir.
Les chrétiens de son chef-lieu de district, à la nouvelle de ce qui était arrivé, accoururent nombreux. Ils le transportèrent chez eux et durant toute la journée prièrent autour de la dépouille mortelle. MM. Béchu, Vicaire Général, Gaucher, Petit, Panet et Joseph assistèrent aux funérailles qui furent très pieusement suivies. Les chrétiens firent célébrer plusieurs messes et demandèrent un service solennel pour le trentième jour anniversaire. Mgr de Coimbatore célébra lui-même cette messe.
En attendant la résurrection, M. Toussaint Marie Le Bonzec repose à Valipalayam, son village tant aimé. Du haut du Ciel où, nous l’espérons, il jouit de la récompense promise au bon serviteur, il veillera sur le district pour lequel il s’est dépensé et lui obtiendra de nombreuses grâces de salut.
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References
[1667] LE BONZEC Toussaint (1856-1926)
Références biographiques
AME 1905 p. 186 (art.). 1926-27 p. 160. CR 1885 p. 144. 257. 1890 p. 200. 1893 p. 254. 1894 p. 288. 1895 p. 318. 1900 p. 238. 1903 p. 288. 289. 1904 p. 272. 1906 p. 255. 1910 p. 280. 1912 p. 196. 1926 p. 157. 216. 1951 p. 128. BME 1926 p. 457. EC RBac N° 108.