François LABULLY1866 - 1941
- Status : Prêtre
- Identifier : 2045
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1893 - 1941
Biography
[2045] LABULLY François, Marie, est né le 30 octobre 1866 à St Maurice-de-Rotherens (Savoie), au diocèse de Chambéry. Il fait ses études secondaires au Petit Séminaire de Pont-de-Beauvoisin, puis entre au Grand Séminaire de Chambéry. Il entre le 18 avril 1890 au Séminaire des Missions Étrangères où il sera maître de cérémonies : il en gardera toujours un goût spécial pour la liturgie. Ordonné prêtre le 25 février 1893, il part le 26 avril suivant pour la mission du Kouangsi.
Il fait son stage de langue hakka à Kweihsien, à la résidence du Préfet apostolique qui l'initie aux us et coutumes du pays. Il est ensuite chargé de la station de Taoutong avec les annexes de Yolin et Kweiping. En 1895, il se met à l'étude du mandarin à Lieaokiato où son action sera ralentie par la persécution qui suit le meurtre du Père Mazel à Loti. Il y contracte la malaria. En 1900, il devient chef du district de toute la région de Silin où il bâtit une chapelle en l'honneur du Bienheureux Chapdelaine : elle sera bénie le 15 décembre 1901.
En juillet 1902, le Père Labully est appelé à Nanning pour prendre la direction du Petit Séminaire : il y restera 13 ans, passant d'une fonction à une autre et agrandissant la chapelle. En 1910, il construit un bâtiment qui va devenir le Grand Séminaire où il sera professeur de théologie. En 1915, il retourne à Kweihsien aider le Père Poulat : ils dotent la plupart des postes de chapelles, d'écoles et de résidences et puis bâtissent l'église de Kweihsien (1920-1921).
Survient la guerre civile de 1921 à 1924; le Père Labully va vivre chez ses chrétiens et puis, à 60 ans, redevient broussard, mais y ruine sa santé. En 1926, il prend donc un congé à Hongkong puis en France. À son retour en 1927, il est nommé à Nanning curé de la cathédrale; il sera représentant des Confrères à l'Assemblée de 1930 et pendant la nouvelle guerre civile, il s'occupera encore des séminaristes. À partir de 1936, il est prédicateur de retraites au clergé local et aux religieuses chinoises. Il devient aussi l'historien des différentes régions de la mission : il publie plusieurs articles dans le bulletin des Missions Étrangères. Il s'occupera quelques temps de la station de Pinyang et y bâtira une maison de campagne pour les religieuses et puis passera à Liuchan. À la fin de 1939, il est renommé provisoirement à Kweihsien, devenant à 73 ans le chef du plus important district de la mission; cela en période de guerre. À partir d'avril 1941, il est la proie de fièvres presque continues. Le 20 mai il reçoit les derniers sacrements et le 23 il rend son âme à Dieu à l'âge de 75 ans. Il repose maintenant près du Père Poulat, son ami de toujours.
Obituary
M. LABULLY
MISSIONNAIRE DE NANNING
(Kouangsi)
M. LABULLY (François-Marie) né le 30 octobre 1866 à Saint-Maurice-de-Rotherens, diocèse de Chambéry (Savoie). Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 18 avril 1890. Prêtre le 25 février 1893. Parti pour le Kouang-Si le 26 avril 1893. Mort à Kweihoien le 23 mai 1941.
Né le 30 octobre 1866 à Saint-Maurice-de-Rotherens, petite commune de la Savoie où son père, Joseph Labully, exerçait les fonctions d’instituteur, c’est de ce vénéré père que notre missionnaire tenait sans doute une réelle aptitude pour l’enseignement, et le don de faire comprendre aux enfants les idées les plus abstraites. Il y avait neuf enfants dans la famille, et sur ce nombre quatre sœurs sont encore vivantes ; l’éducation y était virile autant que religieuse, aussi porta-t-elle d’excellents fruits. Par sa mère, Françoise Carlet, M. Labully était apparenté à deux prêtres : un oncle mort archiprêtre de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), et un cousin, professeur à l’Institution St-Pierre à Bourg (Ain), décédé en 1920.
François fit ses études secondaires au petit séminaire de Pont-de-Beauvoisin, établissement supprimé lors de la loi de séparation et qui, en son temps, fut une pépinière de vocations apostoliques pour notre Société des Missions-Étrangères. Il parlait peu de lui-même ; nous savons néanmoins que ses études furent couronnées par le diplôme de bachelier.
Il était en première année de théologie à Chambéry quand, au printemps de 1890, M. le Supérieur du grand séminaire le présenta lui-même pour le faire admettre au Séminaire des Missions-Étrangères : « C’est un esprit sérieux, écrivait-il à son sujet, d’un caractère doux et ferme ; ces qualités, et d’autres encore, s’unissent en lui à une grande modestie. » Ce jugement sur le jeune homme de 24 ans aurait pu aussi bien convenir 50 ans plus tard à l’apôtre septuagénaire.
Entré le 18 avril 1890, au Séminaire de la rue du Bac, il eut à y remplir la charge de maître de cérémonies : toute sa vie il conservera un goût spécial pour la liturgie ; aussi se révélera-t-il un formateur précieux pour les séminaristes et jeunes prêtres du Kouang-Si. Grâce à lui les offices religieux se feront à la cathédrale de Nanning avec le même cérémonial que dans la plus vivante communauté ecclésiastique, et il méritera, après une Semaine Sainte passée à Bel-Air, lors d’un séjour en France en 1928, ce compliment d’un aspirant : « C’est un moine bénédictin qui vient de nous quitter, tant les moindres gestes liturgiques lui sont familiers. »
M. Labully fut ordonné prêtre le 25 février 1893 et partit pour le Kouang-Si le 26 avril suivant. La résidence du Préfet apostolique était à cette époque à Kweihsien, c’est donc là que le nouveau missionnaire arriva dans le courant de l’été 1893. Mgr Chouzy l’accueillit à la manière apostolique, et sans tarder le mit à l’étude de la langue hakka en même temps qu’il l’initiait aux us et coutumes du pays. M. Labully était à bonne école ; il sut en profiter. Son évêque parlait chinois à la perfection et il voulait que ses missionnaires arrivassent à parler parfaitement la langue. La « cathédrale » de Kweihsien consistait alors en une minuscule chapelle, une chambre un peu plus grande que les autres ; mais chaque dimanche, malgré le peu de monde présent, Mgr Chouzy y faisait un sermon en règle, se servant, dans un chinois impeccable, des arguments les plus aptes à toucher ses auditeurs. Le chef du district était le bon et saint M. Poulat, de santé délicate, mais d’un dévouement à toute épreuve. Toute sa vie, M. Labully eut leurs exemples devant les yeux.
D’abord chargé de la station de Ta-ou-tong et des annexes de Yolin et de Kweiping, il revenait fréquemment à Kweihsien prendre conseil de l’un et de l’autre et, en 1895, il pouvait voler de ses propres ailes. M. Streicher venait alors de mourir dans la région nord-ouest de la province ; ce fut M. Labully qui le remplaça. C’était une nouvelle langue en perspective à apprendre, et une population bien différente de celle du sud à évangéliser ; mais cela n’était pas pour effrayer notre jeune apôtre, d’autant plus qu’il devait recueillir l’héritage du Bx Chapdelaine, mort martyr à Silin en 1856 : « La campagne promet d’être rude, écrivait-il peu après son arrivée, un grand nombre de mes ouailles s’étant passablement écartées du bon chemin, ces pauvres gens pèchent surtout par ignorance ; c’est donc par l’instruction religieuse qu’il faudra les ramener. » Son voisin, M. Lavest, devina vite quel cœur d’apôtre cachait la réserve habituelle de son jeune confrère ; de fait, ils allaient, pendant quelques années, réaliser ensemble des merveilles d’apos¬tolat.
A Lieou-kia-to où il a été envoyé, M. Labully s’adonne avec ardeur à l’étude de la langue mandarine qu’il mène de front avec la science des caractères chinois, et peu de mois plus tard, de Changtsin, village chrétien de son district, il peut étendre son action pour travailler avec succès à la conversion des infidèles. Malheureusement, pas plus que ses prédécesseurs, MM. Collonge et Streicher, il n’est immunisé contre la malaria ; il continue cependant, autant que ses forces le lui permettent, à se dévouer, et ainsi à gagner à Dieu de nouvelles âmes. Les païens ne voient pas d’un œil favorable le christianisme s’étendre, il persévère quand même à semer la bonne semence et profite de toutes les circonstances ¬favorables pour évangéliser. Le meurtre de M. Mazel à Loli, et la persécution qui suivit, arrêtent un instant son action, pour reprendre ensuite avec une nouvelle ardeur le travail interrompu.
En 1898, malgré la fièvre qui le fatigue énormément, M. Labully visite ses jeunes néophytes et administre de nouveaux baptêmes ; de plus, la béatification du Bx Chapdelaine étant prévue comme prochaine, il prépare les matériaux nécessaires à l’érection d’un monument commémoratif au martyr. Un nouveau confrère, M. Séguret, lui est alors adjoint comme vicaire. Bientôt la chapelle en l’honneur du Bienheureux sort de terre à Silin, et un triduum peut y être célébré lors des fêtes de béatification. Dans l’intervalle, à la mort de Mgr Chouzy, ce fut M. Lavest qui fut nommé Préfet apostolique ; M. Labully devint alors chef de district de toute la région de Silin. Il bâtit une résidence à Pinkouang, berceau du christianisme au Kouang-Si, et s’établit, malgré l’opposition du mandarin et de ses satellites, à Setchen où la ténacité du missionnaire l’emporta ; habitant d’abord une pagode, « logé avec tous les diables » selon sa propre expression, il put enfin prendre pied dans une maison achetée dans cette ville qui allait devenir le centre de son district.
La bénédiction de la chapelle commémorative de Silin, monument du meilleur goût au dire de ceux qui l’ont visitée, eut lieu le 15 décembre 1901. Mgr Lavest était venu de Nanning, le vice-consul de France de Longtchéou avait eu la délicatesse de prendre part à la cérémonie, et un délégué du Gouvernement de l’Indochine avait été envoyé de Hanoï. L’inauguration se déroula en présence des cinq missionnaires de la région, de deux mandarins chinois, successeurs de ceux qui avaient mis à mort le Bx Chapdelaine 45 ans auparavant, et d’un grand nombre de chrétiens. M. Labully fut chargé de faire le discours de circonstance ; après avoir été à la peine, n’était-il pas juste qu’il fût aussi à l’honneur ? Il s’en tira à merveille en exposant les leçons que comportait une telle cérémonie ; tous les assistants, même les païens, en furent satisfaits.
Quelques mois plus tard, en juillet 1902, il était appelé provisoirement à Nanning pour prendre la direction du petit séminaire en attendant le rétablissement du supérieur gravement malade ; le provisoire devait durer 13 ans. C’était un changement radical dans la vie du missionnaire : professeur de toutes sortes de matières, directeur des séminaristes, supérieur, économe, sans compter d’autres fonctions accessoires ; il sut tout mener à bien. Sur une cinquantaine d’élèves qui passèrent au séminaire de Nanning pendant son supériorat, dix sont devenus prêtres, ce qui est un record en Chine. Le professeur était clair dans son enseignement, le directeur ferme en lecture spirituelle, le supérieur craint et aimé de tous, sa sévérité ordinairement tempérée par une grande bonté ; aussi ceux qu’il a formés lui ont-ils toujours témoigné la plus grande estime.
A Silin, se reconnaissant quelque talent d’architecte, il s’en servit à Nanning pour agrandir la chapelle du séminaire et élever ensuite d’un étage un des deux corps du bâtiment. Il fit même davantage. En 1910, il construisit un établissement assez vaste pour devenir le grand séminaire. Mgr Lavest désirait en effet que les futurs prêtres pussent être formés dans leur province natale sans être obligés de s’expatrier : ce fut encore M. Labully qui, durant plusieurs années, devint professeur de théologie.
Par ailleurs, Mgr Lavest avait fondé un petit organe pour ses missionnaires dispersés : « Le Petit Message du Kouangsi », qui commença à paraître en décembre 1908 et fut imprimé au séminaire. Souvent il en était le rédacteur et surveillait le travail des imprimeurs bénévoles du début ; séminaristes et leur dévoué professeur de littérature chinoise, M. Houâng. Cette feuille de nouvelles intéressait tous les missionnaires qui l’attendaient chaque mois avec impatience ; elle vécut jusqu’en 1915.
Ses vacances étaient ordinairement employées dans un but apostolique. En 1907 en effet, il accompagna M. Albouy en voyage d’exploration chez les Thos de la sous-préfecture de Ou-yuen ; une autre fois, il alla au Tonkin faire visite à son vieil ami M. Lecornu et se rendre compte sur place du recrutement des séminaristes dans cette contrée ; en 1911, il suivit son nouveau Vicaire apostolique dans le nord-ouest du Kouan-Si ; mais il allait de préférence à Kweihsien où il avait débuté, heureux de retrouver le bon M. Poulat et de se remémorer ensemble les jours troublés des premières années du district.
Aussi lorsqu’en 1915, sur ses instances, Mgr Ducœur lui donna un successeur, fut-il au comble de la joie et partit tout de suite prêter main forte à son fidèle ami de Kweihsien. Plusieurs de ses confrères s’étaient figuré que M. Labully, après avoir passé plus de dix ans au séminaire, ne saurait plus comprendre la mentalité chinoise. Il n’en fut rien. Il montra incessamment son savoir-faire, tantôt chevauchant à travers la brousse sur sa petite monture, tantôt organisant avec M. Poulat le centre du district. Tout d’abord les deux missionnaires dotèrent la plupart des postes de chapelles, d’écoles et de résidences. M. Poulat était bailleur de fonds et M. Labully architecte et constructeur. Leur tâche principale fut la construction de la belle église de Kweihsien, en 1920-1921, qui devait remplacer la chapelle minuscule servant pour le culte depuis une quarantaine d’années. A cette époque, la guerre était déchaînée en Europe avec ses conséquences désastreuses. Néanmoins le district n’en souffrit pas, grâce au zèle clairvoyant déployé par les ouvriers apostoliques et à la générosité des amis du vénéré M. Poulat.
Puis ce fut la guerre civile qui dura de 1921 à 1924, et le mouvement xénophobe qui suivit. Les grands chefs trouvaient refuge dans les chrétientés, ce qui les fit généralement respecter, mais que de soucis pour les missionnaires ! M. Labully se montra toujours à la hauteur de la situation, calme et digne autant que confiant en la divine Providence. Des gens de toute condition, riches et pauvres, grands négociants et petits paysans, n’eurent qu’à se louer de l’accueil reçu dans les résidences de la ville et de la campagne ; bien plus, les païens hébergés, firent par reconnaissance, quelques dons pour couvrir les dépenses occasionnées par les constructions. « A la moindre alerte, racontait M. Labully, les gens s’engouffraient dans nos établissements comme dans des citadelles inexpugnables ; les chrétiens nous suppliaient de les défendre contre les soldats et les pirates, le bon Dieu nous donnait cette influence pour nous faire connaître à l’extérieur et ménager aux âmes de bonne volonté une occasion de se convertir. »
Dès 1919, il avait enregistré de nombreuses conversions chez les Hakkas de la rive droite du fleuve, principalement dans la sous-préfecture de Hinnié, d’où l’année suivante, recrudescence de haine de la part des païens s’acharnant à discréditer le catholicisme et ses ministres par toutes sortes de calomnies infamantes ; mais les épreuves ne firent que fortifier les nouveaux chrétiens et les catéchumènes dans la foi. Pour les soutenir davantage et se faire tout à tous à l’exemple de Saint-Paul, M. Labully va habiter chez eux, passant d’une maison à une autre et profitant de ces occasions pour les catéchiser plus à fond ; il put ainsi baptiser 80 adultes en 1923.
La paix et la tranquillité sont revenues, il en profite pour rayonner davantage encore : M. Séosse ayant été nommé à Kweihsien. M. Labully, à 60 ans, redevient « broussard » comme au temps de sa jeunesse apostolique. Toujours par monts et par vaux, il a de nombreuses conversions, mais il y ruine sa santé. Dur pour lui-même, il se préoccupe peu de la nourriture dans ses voyages, se contentant de ce qui lui est présenté, vivant comme les Chinois, mangeant plutôt mal que bien, logeant dans des chambres peu aérées, surchauffées par le soleil et sans le moindre confort. Bref, en 1926, il dut se rendre dans notre sanatorium de Hong-Kong, et l’année suivante, il rentra en France, bien à contre-cœur, pour répondre au désir de Mgr Ducœur. Car, pensait-il, il est plus conforme à l’esprit de Notre-Seigneur et de la Société de mourir sur la brèche, dût-on pour cela abréger sa vie de quelques années. Après un an de séjour au pays natal, il était de retour dans sa Mission. Nommé curé de la cathédrale de Nanning, il est choisi par ses confrères comme leur représentant à l’Assemblée générale de la Société en 1930.
Mais la mort de Mgr Ducœur qui survient alors, puis la prise de pouvoir de M. Costenoble comme Supérieur intérimaire de la Mission, firent que son travail se trouva bientôt accru dans de notables proportions. Et ceci coïncida avec une nouvelle guerre civile qui éclata entre les deux provinces du Kouangtong et du Kouang-Si. M. Labully, remplaçant le supérieur et les professeurs du séminaire, vint garder les séminaristes pendant que M. Costenoble veillait sur la paroisse. On connaît ce qui s’ensuivit : bombardements, destruction partielle de la cathédrale, investissement de la ville pendant plusieurs semaines. M. Labully resta calme comme à l’ordinaire, encourageant les futurs lévites et présidant leurs exercices de piété, les distrayant et les conduisant même en promenade comme au temps où, 20 ans auparavant, il était supérieur de l’établissement. Les autorités de la ville se souvinrent de ce vieillard qui n’avait pas eu peur au moment du danger, car, en novembre de cette même année 1930, ils l’élurent conseiller de la Croix-Rouge de Nanning.
Une nouvelle maladie allait encore arrêter pour quelque temps son activité : une affection de la vessie le contraignit à partir précipitamment pour Hong-Kong. C’est alors que ses confrères, voulant conserver à leur Mission un si bon ouvrier, s’adressèrent à Ste Thérèse de l’Enfant Jésus ; tous ensemble ils firent une neuvaine à la suite de laquelle le cher malade se sentit renaître à la vie. M. Labully devait vivre, encore 10 ans pour l’édification de tous ceux qui purent être témoins du travail de notre doyen. De retour parmi nous, il reprit son poste de Nanning, avec le titre de curé de la cathédrale qu’il conserva jusqu’en 1936. Il paraissait un peu diminué, mais il conservait tout son zèle et son esprit surnaturel ; Mgr Albouy les mit à profit en lui demandant de prêcher des retraites au clergé indigène et aux religieuses chinoises. Pour occuper ses loisirs, M. Labully pensa alors être utile à ses confrères et à ceux qui viendraient après eux, en rédigeant l’histoire des différentes régions de notre Mission. Les difficultés de nos devanciers et le courage montré par eux dans les épreuves furent ainsi mis en ve¬dette dans quelques articles qu’il publia dans le Bulletin des Missions-Étrangères de Hong-Kong : Essai d’évangélisation du Kouang-Si au XVIIe siècle, Catholicisme chez les Thos, Rétablissement du catholicisme à Nanning, Fondation et développement du district de Kweihsien, sont des études vivantes et pleines d’intérêt pour ceux qui s’intéressent à l’histoire des missions. Il se considérait comme missionnaire à la retraite, mais jamais il ne cessa de rendre service, et, de fait, les années qui lui restaient à vivre allaient se passer à faire des intérims qui lui ont valu la reconnaissance de tous ceux qu’il a obligés. Lorsque fut fondée la station de Pinyang, il s’en occupa pendant quelque temps et bâtit là une petite maison de campagne destinée aux religieuses ; l’année suivante, il vint à Liuchow tenir compagnie à M. Madéore.
A la fin de 1939, la maladie, puis la mort de M. Séosse le firent désigner de nouveau pour aller occuper provisoirement le poste de Kweihsien. A 73 ans, il redevenait chef du plus important district de la Mission, et cela dans une période de guerre où les alertes se succédaient sans répit et où il fallait prendre des mesures appropriées aux circonstances. Malgré ses forces défaillantes, il fit en ville ce qui était nécessaire, et un vicaire venait de lui être donné en la personne de M. Mamet, quand l’heure du repos sonna pour le bon serviteur qu’il avait toujours été.
Pendant près d’un mois, à partir d’avril 1941, il fut en proie à une fièvre presque continuelle. Ses voisins, MM. Crocq et Bacon, crurent qu’il se rétablirait encore une fois et nous resterait en attendant la relève ; mais, dès le 20 mai M. Mamet, ne se faisant plus illusion, lui administra les derniers sacrements. Le 23, il rendait paisiblement son âme à Dieu à l’âge de 75 ans. « Sur son lit funèbre, écrivait M. Crocq au lendemain de son décès, notre très regretté confrère garde un visage souriant, on dirait qu’il jouit déjà de la félicité éternelle, ses traits bien reposés expriment le bonheur et semblent dire : « Ne pleurez pas, il fait bon là-haut chez le bon Dieu, les souffrances de cette vallée de larmes sont passées, faites comme moi et vous verrez combien il est doux de mourir. »
Le jour des funérailles, 200 chrétiens approximativement, venus des environs, et beaucoup de païens assistèrent avec les autorisés civiles de la ville à l’office religieux avec un silence respectueux. Après la messe, célébrée par M. Crocq assisté de deux prêtres chinois, le corps fut conduit au cimetière où il repose maintenant à côté du bon M. Poulat, son ami de toujours.
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References
[2045] LABULLY François (1866-1941)
Références biographiques
AME 1893 p. 1. 1902 p. 194. 1923 p. 133. 1925 p. 28. 66 (art.). 1931 p. 30. CR 1893 p. 266. 1894 p. 171. 1895 p. 179. 1896 p. 154. 155. 1897 p. 126sq. 292. 1898 p. 136. 1899 p. 167. 1900 p. 136. 1901 p. 132. 137. 138. 1902 p. 151. 1903 p. 139. 1904 p. 121. 1906 p. 186. 1910 p. 140. 141. 1911 p. 124. 1912 p. 169. 1913 p. 177. 1916 p. 99. 1917 p. 73. 1918 p. 57. 1919 p. 61. 1920 p. 44. 1921 p. 66. 67. 1922 p. 81. 1923 p. 97. 98. 1924 p. 75. 1925 p. 84. 1928 p. 92. 181. 1929 p. 248. 1931 p. 134. 1933 p. 120. 1934 p. 119. 1937 p. 258. 259. 1938 p. 114. 1947 p. 67. 171-178 (notice). BME 1922 p. 51. 102. 1924 p. 601. 668. 1926 p. 708. 1928 p. 175. 176. 281. 496. 1929 p. 243. 1930 p. 57. 811. 1931 p. 67. 94. 272. 276. 339. 348. 453. 753. 858. 874. 1932 p. 675. 682. 751 (art.). 1933 p. 85. 169. 862. photo p. 16. 1934 p. 5. 85. 87. 169. 174. 272. 642. 1935 p. 516. 1937 p. 52. photo p. 40. 1938 p. 118. 693. 1939 p. 132. 203. 1940 p. 277. 280. 397. 415. 496. 557. 696. 750. 1941 p. 230. 478. 480. APF 1925 p. 155. 1929 p. 101. RHM 1925 p. 623. 1931 p. 477. MC 1925 p. 193. 1929 p. 260. 305. 1930 p. 34. 287. 1932 p. 16. EC1 N° 118. 120. 130. 141. 429.