Jean-Marie POULIQUEN1879 - 1904
- Status : Prêtre
- Identifier : 2667
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1903 - 1904 (Pondichéry)
Biography
[2667] POULIQUEN Jean-Marie naît à Commana dans le Finistère le 12 décembre 1879. Il fait ses études au Petit séminaire de Pont-Croix et entre laïque au Séminaire des MEP le 14 septembre 1898. Prêtre le 22 juin 1902, il ne peut partir pour Pondichéry que le 12 novembre suivant en raison de son état de santé.
Un apostolat miné par la maladie et sublimé par la foi
Malade un mois après son arrivée, il ne recouvre jamais entièrement ses forces. En décembre 1903, Mgr Gandy le nomme vicaire à Cuddalore (1). Mais la tuberculose le mine et il meurt à Pondichéry le 1er octobre 1904.
Le jour où il reçoit l'extrême-onction, il écrit à un de ses amis : ’‘J'ai fait le sacrifice de ma vie pour la mission de Pondichéry, mes parents et mes amis. Je suis content de mourir ; car cette mort, qui bientôt finira ma vie, m'apparaît comme un rayon de gloire’’.
1- Ville côtière des Indes britanniques, juste au sud de Pondichéry.
Obituary
M. POULIQUEN
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE PONDICHÉRY
Né le 12 décembre 1879
Parti le 12 novembre 1902
Mort le 1er octobre 1904
Jean-Marie Pouliquen naquit à Commana (Quimper, Finistère), le 12 décembre 1879, dans une famille de riches cultivateurs dont la foi fut toujours le premier apanage. C’était un vrai fils de la terre de gra¬nit, un Breton au parler franc et qui, sous un cœur d’or, cachait une âme très sensible. Petit enfant, il aimait beaucoup les chevaux, et les voisins, en le voyant monter à cheval, disaient : « En voilà un, au moins, qui sera bon cultivateur et bon cavalier. » Mais Dieu le desti¬nait à d’autres travaux que ceux des champs.
Vers l’âge de onze ans, Jean-Marie entrait au petit séminaire de Pont-Croix. Sa franchise et sa gaieté lui valurent l’estime de ses professeurs et l’amitié de ses camarades. Il n’avait alors d’autre ambition que de se rendre digne du sacerdoce, si telle était la volonté de Dieu. Pieux, il priait pour connaître sa vocation. Il la connut bientôt : Dieu voulait qu’il fût missionnaire.
Vers la fin de sa rhétorique, il manifesta à ses parents son intention d’entrer au séminaire des Missions-Étrangères. « Mes chers parents, leur écrivait-il, je désire, de toute l’ardeur de « mon âme, que cette lettre vous trouve bien forts, bien généreux, bien chrétiens. La nouvelle « que j’ai à vous annoncer va tout d’abord vous faire de la peine, mais le bon Dieu adoucira « beaucoup votre chagrin par sa sainte grâce. Il m’en coûte de tout vous révéler ; il m’en coûte « surtout de vous faire de la peine. Maman me dit toujours dans ses lettres : « Mon cher « enfant, tu dois aimer Dieu par-dessus tout et obéir à son appel. » Eh ! bien, je veux être « missionnaire, et d’accord avec mon directeur, je suis décidé à partir pour les Missions-« Étrangères à la fin des vacances. » La réponse désirée ne se fit pas attendre. Homme d’une foi profonde, discrètement conseillé par une femme aussi pieuse que dévouée, Jean-François Pouliquen savait que Dieu ne se laisse jamais vaincre en générosité et qu’il paie au centuple les services rendus à sa cause : il accorda à son fils la permission demandée. « Mon cher « enfant, lui dit-il, nous aurions certainement préféré pour toi autre chose, mais puisque tu « désires les missions, pars dans les missions, si tel est l’avis de ton directeur. Que la volonté « de Dieu soit faite en tout et partout ! Mon cher enfant, tu laisseras un grand vide après toi « ici, surtout dans nos cœurs. Que tu sois heureux, cher enfant, c’est ce que nous désirons : « Notre cœur te suivra, te suivra partout. »
Sa rhétorique achevée, l’aspirant missionnaire n’eut rien de plus pressé que de solliciter son admission au séminaire des Missions-Étrangères. Il y entrait laïque le 14 septembre 1898. Il étudia la philo¬sophie au séminaire de Bel-Air. Aspirant régulier, studieux et pieux, sa franchise lui valut l’estime et l’affection de tous. Cependant les études l’avaient fatigué, et en 1900, on lui permit de passer les vacances dans sa famille. En rentrant à Commana, il trouva un grand vide au foyer paternel, car sa bonne et sainte mère n’y était plus. Geneviève Kervern était morte le 14 février 1899, emportée par la fièvre typhoïde, après un mois de souffrances.
Les vacances terminées, M. Pouliquen entra au séminaire de Paris. Il fut à Paris ce qu’il avait été à Bel-Air. Il se préparait avec soin aux ordinations. Ses notes intimes et les lettres écrites à ses tantes reli¬gieuses en font foi.
Ordonné prêtre le 22 juin 1902, et destiné à la mission de Pondi¬chéry, son départ fut ajourné jusqu’au mois de septembre, à cause de la fatigue qu’il éprouvait. Il alla donc de nouveau se reposer dans sa famille.
Parti de Paris le 12 novembre, de Marseille le 16 du même mois, M. Pouliquen aborda à Pondichéry, sa nouvelle patrie, le 6 décembre. Il était plein de vie, de gaieté et d’ardeur, heureux d’avoir enfin atteint le but de toutes ses aspirations. Il allait donc travailler à la conversion des infidèles et donner de son abondance aux âmes que la Providence placerait sous sa houlette. Il se mit avec entrain à l’étude de la langue, et commença, sans le moindre respect humain, à bégayer les premiers mots de tamoul avec les élèves du petit sémi¬naire de Pondichéry.
L’homme propose et Dieu dispose. Un mois après son arrivée, notre cher confrère tomba malade. On crut d’abord à un gros rhume, mais le mal apparut bientôt avec tous les symptômes de la phtisie, com¬pliquée d’une forte fièvre typhoïde. Transporté à l’hôpital, il reçut les soins les plus dévoués du Dr Gouzien, médecin principal de la marine, et des religieuses de Saint-Joseph de Cluny, qu’il étonna par son cou¬rage extraordinaire. Mgr Gandy et les confrères allèrent souvent le voir sur son lit de douleur. Hélas ! malgré tous les soins qu’on lui pro¬diguait, il dépérissait à vue d’œil. Le 15 février, Mgr l’archevêque lui proposa de recevoir les derniers sacrements : « Je suis guéri, Monseigneur, répondit-il à Sa Grandeur ; « dans quelques jours, je dirai la sainte messe. » Le lendemain, en effet, le cher malade se trouvait mieux et, quelques jours plus tard, il était hors de danger.
La convalescence fut longue. On peut même dire que, depuis cette terrible secousse, M. Pouliquen n’a jamais été bien. Au mois d’avril, il quitta Pondichéry pour passer l’été à Bangalore. Là, il fit tout son possible pour reprendre des forces, mais en vain : les forces ne reve¬naient pas. Il regagna Pondichéry, où il suivit encore un traitement. En décembre1903, il fut placé comme vicaire à Cuddalore. Quoique l’état général de sa santé parût assez satisfaisant, le mal qui le minait continuait de faire des progrès. Il se vit obligé de retourner à Bangalore. Le docteur anglais, voyant que rien ne pouvait calmer les douleurs du malade, lui conseilla de partir pour la France : « Retourner en France, écrivait-il à cette époque, n’a « jamais été mon rêve. Quand j’ai quitté la France, c’était pour toujours ; je veux mourir en « mission. Cependant si, à Pondichéry, on juge le voyage nécessaire, j’obéirai, mais à contre-« coeur. » Le major Camail, qui avait soigné M. Pouliquen à Pondichéry et à Cuddalore, fut consulté et répondit : « M. Pouliquen, vu la gravité de son état, ne peut partir pour la France. »
Cette nouvelle fut annoncée au malade par M. Morel, vicaire géné¬ral. Aussitôt il m’écrivit : « Mon cher ami, je ne partirai pas pour la France. Oh ! ce n’est pas à dire que je « sois absolument guéri ; non. Toutefois, je sais mieux, depuis quelques jours ; il est vrai, je « ne puis plus célébrer la sainte messe, je suis trop faible. La toux, la diarrhée, les « vomissements continuent ; malgré tout, je crois que les forces commencent à revenir. A la « volonté de Dieu, priez pour moi. »
La crise passée, M. Pouliquen quitta Bangalore, vers le 15 août, et rentra à Notre-Dame des Anges à Pondichéry. Là, il reçut les soins de M. Borey et des autres confrères. Le cher malade continua à souf¬frir courageusement, sans soupçonner le danger de son état jusqu’au 29 août. Ce jour-là, se sentant plus mal, il prit ses dernières disposi¬tions. Dès qu’il me vit arriver auprès de lui, le mercredi 31 août : « Merci d’être venu me voir une dernière fois, me dit-il, « mes jambes sont enflées, et j’ai des crampes d’estomac depuis deux jours. Com¬ment me « trouvez-vous ? dites-le moi franchement. » Je n’hésitai pas à lui annoncer la gravité de son état et lui proposai de recevoir les derniers sacrements, ce qu’il accepta volontiers : « Dites à « M. Borey que je désire l’extrême-onction. En attendant qu’il vienne m’admi¬nistrer, je vais « écrire à mes parents ; ce sera probablement la der¬nière lettre qu’ils recevront de moi. » Cependant le malade ne fut administré que le 2 septembre. Je retournai le voir ce jour-là. Il avait communié et venait de finir son action de grâces. « Ah ! me dit-il, la sainte communion ! « voilà qui me fait plus de bien que toutes les médecines...; sans compter que la sainte Vierge « peut bien encore me guérir. » M. Pouliquen avait toujours eu une grande dévotion à la Reine des cieux : « Ce matin, ajouta-il, j’ai fait le sacrifice de ma vie pour la mission de Pondichéry, « mes parents et mes amis. Main¬tenant, à la volonté de Dieu ! Je suis content de mourir, car « cette mort qui, bientôt, finira ma vie, m’apparaît comme un rayon de gloire. Consolez-vous, « cher ami, mais priez pour mon âme. Adieu, adieu ; au ciel ! »
Après avoir reçu l’extrême-onction le 2 septembre, le malade employa, à se préparer à la mort, les vingt-huit jours qui lui restaient encore à vivre. Il garda jusqu’au dernier moment sa sérénité habituelle, donnant à tous les plus beaux exemples de foi, de résignation et d’abandon à la volonté divine. Si parfois la nature semblait réclamer ses droits, ce n’était que pour un moment. Le vendredi 30 septembre, veille de sa mort, M. Pinel lui disant : «Vous devez être « heureux de vous voir appelé par le bon Dieu. » Il répondit : « Le grand désir de mon cœur « était pourtant de célébrer la sainte messe le jour de la fête du Saint-Rosaire. » Le samedi matin, après s’être confessé à M. Borey, il lui dit : « Maintenant, je suis prêt ; que le bon Dieu « m’appelle ce matin ou ce soir ; à sa volonté. » Puis regardant son confesseur fixe¬ment : « Je dirai la messe demain », ajouta-t-il. Et comme M. Borey semblait étonné : « Vous ne « comprenez donc pas ; je vous dis que je dirai la messe demain au ciel. » — La matinée fut très calme ; la vie s’en allait peu à peu, mais la connaissance demeurait entière. Vers une heure et demie, ceux qui le gardaient le virent faire des signes. Un confrère s’approcha de lui et entendit ces mots pronon¬cés d’une voix très faible : « Si vous commenciez les prières des « agonisants. » Aussitôt, les confrères qui étaient là se mirent à genoux et récitèrent ces prières. Le moribond remuait les lèvres comme pour répondre. Les prières étaient à peine terminées que notre bien-aimé confrère rendait sa belle âme à Dieu.
Les obsèques eurent lieu le dimanche matin. Après une messe solennelle, chantée par M. Faure, supérieur du grand séminaire de Pondichéry, avec diacre et sous-diacre, nous conduisîmes le corps de notre confrère à sa dernière demeure. Il repose dans le cimetière des missionnaires, à côté de la cathédrale.
Le sacrifice de sa vie, que ce jeune prêtre de vingt-cinq ans a fait à Dieu, pèsera dans la balance divine ; il nous vaudra à nous, ses frères d’armes, des grâces de force ; aux pauvres païens de la mission de Pondichéry, des grâces de salut.
Consummatus in brevi, explevit tempora multa.
~~~~~~~