Noël GHIER1882 - 1946
- Status : Prêtre
- Identifier : 2931
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Burma
- Mission area :
- 1907 - 1946 (Mandalay)
Biography
[2931] Noël, Julien, Léonce GHIER naquit le 25 décembre 1882, à Eperlecques, diocèse d'Arras, département du Pas-de-Calais.
Il fit ses études primaires à l'école des Frères dans son village natal. Elève studieux, très intelligent, brillant, il obtint son certificat d'études à l'âge de neuf ans. Un de ses oncles prêtre l'initia aux rudiments de la langue latine et l'envoya au petit séminaire d'Arras. Il en sortit bachelier. Il reçut la tonsure le 23 mars 1902.
Le 14 janvier 1904, M. Ghier entra au séminaire des Missions Etrangères. Minoré le 26 février 1905, sous-diacre le 10 mars 1906, diacre le 22 septembre 1906, il partit, le 6 décembre 1906, continuer ses études théologiques au Collège Général de Penang, pour éviter un rappel sous les drapeaux, car la Loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat venait de supprimer l'exemption du service militaire en faveur des clercs. Ordonné prêtre à Penang, le 10 mars 1907, il reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Birmanie Septentrionale, (Mandalay), qu'il partit rejoindre le 14 avril 1907.
M.Ghier passa quelques mois à Mandalay et à Maymyo, pour apprendre l'anglais; en novembre 1908, les besoins des différents postes exigeant quelques changements, il s'installa à demeure à Bhamo, chrétienté éloignée desservie à tour de rôle, par MM. Roche et Faucheux. Il n'y passa qu'une année environ, car, souffrant de l'asthme, il n'aurait pas résisté longtemps au climat de Bhamo.
En 1910, il fut envoyé à Shwebo, comme vicaire de M.Jean Herr. Celui-ci lui confia, avec l'aide du P. Tobias, l'administration des quatre villages du sud de son district. M. Ghier se mit à l'étude de la langue birmane, et se fixa à Payan, village entièrement birman dont il s'efforça de faire une paroisse modèle. .. Je me suis improvisé professeur de plain-chant , écrit il dans son compte-rendu de 1910; nous avons messe chantée et Salut du St.Sacrement, chaque dimanche..."
M.Michel Giraud étant décédé à Mandalay le 26 mars 1911, M. Ghier lui succéda comme procureur de la Mission, aumônier du couvent des orphelines et auxiliaire de M.Darne, à la cathédrale.
Le 26 janvier 1928, sur ordre de la Faculté, M.Ghier rentra en France. Alors qu'il se soignait à Montbeton. il eût la visite inopinée de deux gendarmes qui le conduisirent à Toulouse, où il fut mis en liberté surveillée, parce que ses papiers militaires n'étaient pas en règle. Pendant la guerre, en effet, un Anglais qui faisait fonction de consul de France à Rangoon, n'avait pas pris les mesures administratives requises par l'autorité militaire. Mgr. de Guébriant et M. Bernat firent pour lui les démarches nécessaires pour qu'il ne soit plus inquiété.
Le 10 janvier 1931, à Mandalay, jour de la clôture de la retraite des missionnaires, Mgr.Falière confirma M. Ghier dans sa charge de procureur et en fit son provicaire. Le dimanche 20 novembre 1933, M. Ghier fêta solennellement à la cathédrale de Mandalay, ses vingt cinq ans de sacerdoce.
Le 3 octobre 1935, M.Jean Herr décéda; M.Ghier qui, en 1910, avait été son vicaire, présida à ses funérailles. En 1936, le jour du vendredi saint, une forte et sérieuse crise d'asthme le conduisit à l'hôpital , et l'obligea à prendre du repos en Inde, chez son compatriote, M. Capelle, de la mission de Salem. Cela lui donna l'occasion de visiter presque toutes les missions de la Société, en Inde. Le 13 novembre 1936, il reprit le bâteau pour Rangoon.
Vers juin 1940, en raison de sa santé déficiente, M.Ghier quitta son travail à la procure et demanda sa retraite. Mais, M. Jarre étant décédé le 31 mai 1940, il accepta, avec l'aide des professeurs du petit séminaire, d'aller le remplacer à la paroisse du Sacré-Cur à Maymyo, et de s'occuper du Couvent des Surs de Saint Joseph.
Au début de 1943, les japonais étant devenus maitres du pays, réquisitionnèrent les bâtiments de la mission à Maymyo; ils regroupèrent missionnaires et religieuses à Mandalay. A la fin de janvier 1943, M. Ghier fut donc obligé de quitter Maymyo. A la libération, il aurait voulu regagner son poste, mais sa résidence avait été pillée et était à moitié détruite. Il resta donc à la Léproserie en attendant une remise en état. Sa santé se détériora rapidement et à deux reprises, il dût être hospitalisé d'urgence.
C'est à l'hôpital de Mandalay que M. Ghier décéda, le 24 avril 1946, après de longues et cruelles souffrances, supportées avec la plus grande patience et résignation.
Obituary
M. GHIER
MISSIONNAIRE DE MANDALAY
M. GHIER (Noël-Léonce) né le 25 décembre 1882 à Eperlecques, diocèse d’Arras (Pas-de-Calais). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 14 janvier 1904. Prêtre le 10 mars 1907. Parti pour la Birmanie septentrionale le 14 avril 1907. Mort à Mandalay le 24 avril 1946.
M. Julien-Noël-Léonce Ghier naquit à Eperlecques, au diocèse d’Arras, le 25 décembre 1882. Nous avons peu de détails sur sa jeunesse. Nous savons seulement que, studieux et très intelligent, il fut un brillant élève. A l’école du village natal, il manifesta la précocité de son esprit et passa son certificat d’études à l’âge de neuf ans. Un de ses oncles, prêtre, l’initia aux premiers rudiments de la langue latine et l’envoya au petit séminaire où il acquit la réputation d’un bon séminariste et se fit remarquer par ses succès aux examens. Il en sortit bachelier et entra directement au Séminaire de la rue du Bac.
Il n’avait pas encore terminé ses études théologiques, que fut votée la loi de séparation et que les exemptions du service militaire en faveur des clercs furent supprimées. Pour éviter un rappel sous les drapeaux, il partit pour Penang en 1906. C’est là qu’il fut ordonné prêtre le 10 mars 1907 et le 14 août, il reçut sa destination pour la Mission de Birmanie septentrionale. Après avoir passé quelques mois à Mandalay et à Maymyo pour apprendre l’anglais, il fut envoyé à Shwebo, vicaire de M. Herr. Il dut se mettre à l’étude de la langue birmane, et pour en acquérir une connaissance plus rapide, il se fixa à Payan, village entièrement birman.
Un an après, il était capable de travailler à l’évangélisation des âmes. La direction du poste de Bhamo lui fut confiée, mais il n’y resta que peu de temps, car à cette époque M. Giraud, procureur, tomba gravement malade et M. Ghier lui succéda à la procure. C’est donc à Mandalay qu’il devait résider presque toute sa vie de missionnaire. Tout en tenant les comptes de la Mission et en procurant à ses confrères ce dont ils pouvaient avoir besoin, il remplit par surcroît les fonctions d’aumônier des deux couvents de Saint-Joseph et aida le curé de la cathédrale dans le ministère de la confession et de la prédication. C’était le poste qui lui convenait, car notre confrère était asthmatique et, avec les ans, les crises devinrent très pénibles pour lui. S’il ne put travailler dans la brousse à la conversion des païens, il fut toutefois pour tous ses confrères un excellent exemple de charité et de patience dans la souffrance. Il fut aussi et surtout un homme de bon conseil. Sa piété solide et simple, soutenue par une théologie sûre et un jugement droit, se manifestait surtout par une fidélité exemplaire aux exercices spirituels. A le voir agir, on devinait en lui un haut degré intérieur que l’amour de Dieu seul pouvait inspirer.
Dans ses rapports avec les missionnaires et les chrétiens, il se montrait très charitable. Ennemi de toute critique, on peut lui adresser cet éloge fait à un saint : « Ni sa bouche, ni ses oreilles n’ont été ouvertes à la médisance, parce que la sincérité de son cœur chassait toute jalousie secrète qui envenime presque tous les hommes contre leurs semblables. » Il avait, au contraire, un grand esprit de conciliation. D’un calme imperturbable, il avait le talent de mettre la paix entre ceux qui lui soumettaient leurs différends.
D’un extérieur froid et sévère, il intimidait d’abord les personnes qui l’approchaient, mais bien vite elles avaient pour lui une grande estime. Il devenait alors l’ami sûr de ceux qui étaient dans les épreuves ou dans le doute ; en quelques mots, il savait consoler les uns et éclairer les autres. La porte de sa chambre était toujours ouverte à ceux qui avaient besoin de ses services. Il consacrait son temps au travail de procure, à la préparation de ses sermons et à l’enseignement du catéchisme qu’il donnait régulièrement aux élè¬ves des couvents.
L’asthme et la toux ne lui rendaient pas cette tâche toujours facile. Parfois, sujet à de longs et douloureux accès, il dut interrompre son enseignement. En 1928, Mgr Foulquier l’envoya en France espérant qu’il y trouverait, sinon guérison complète, du moins un remède efficace. Il alla donc au Mont-Dore faire une cure thermale qui produisit une grande amélioration à son état de santé. Les docteurs lui conseillèrent d’y retourner l’année suivante, mais M. Ghier préféra rejoindre son poste au plus tôt et se remettre au travail. Les crises d’étouffement avaient complètement disparu, faisant place à de terribles quintes de toux qui, jour et nuit, le fatiguaient énormément. Les lépreux eux-mêmes, qui durant son séjour à l’Asile Saint-Jean avaient été témoins de ces accès aussi pénibles, remerciaient Dieu de leur avoir envoyé la lèpre, préférant leur malheureux sort. « Au moins, disaient-ils, nous pouvons dormir la nuit et vivre en paix le jour. » Malgré tout, régulièrement levé à 3 heures, il gardait toujours une humeur égale et personne ne l’a jamais entendu se plaindre.
Lorsqu’en 1930, Mgr Falière fut évêque, il nomma M. Ghier Provicaire parce qu’il avait trouvé en son missionnaire un homme de bon conseil. Son Excellence n’entreprit jamais rien d’important sans au préalable lui demander son avis. En 1940, M. Ghier étant dans l’impossibilité de continuer son travail de procureur, il demanda sa retraite. Sur ces entre-faites, M. Jarre décédé, il consentit à aller le remplacer à Maymyo. Aidé par les professeurs du petit séminaire, il put s’occuper de la paroisse du Sacré-Cœur et du Couvent des Sœurs de Saint-Joseph jusqu’au jour où, par suite d’une malencontreuse chute, il se cassa une jambe, ce qui lui valut un séjour de près de trois mois à l’hôpital. Il y était bien connu des docteurs et du personnel ; tous l’aimaient pour sa patience et sa bonne humeur. A la sortie de l’infirmerie, il dut se servir de béquilles puis d’une canne pour circuler, et il lui était pénible de se tenir debout longtemps. Il obtint l’autorisation de célébrer assis la sainte messe.
Au début de 1943, les Japonais, maîtres du pays, occupèrent plusieurs établissements de la Mission. La présence d’Européens à Maymyo leur était suspecte et le Couvent de Saint-Joseph, le séminaire, les résidences et les églises pouvaient rendre de grands services à une armée d’occupation. Les autorités japonaises envoyèrent missionnaires et religieuses à Mandalay et réquisitionnèrent tous les bâtiments de la Mission. M. Ghier quitta Maymyo à la fin de janvier 1943 pour ne plus y revenir. Lors de la libération, il aurait voulu regagner son poste, mais sa maison était pillée et à moitié détruite. Il resta donc à la léproserie, espérant toujours retourner à Maymyo dès que sa résidence serait remise en état. Le Bon Dieu en jugea autrement. Vers le mois d’août, la maladie fit des progrès. Le cœur terriblement secoué par une toux continuelle, était depuis longtemps très fatigué et M. Ghier dut rentrer à l’hôpital de Mandalay pour un long séjour. Suffisamment rétabli, il retourna à la léproserie, où il continua à édifier tout le monde par son admirable patience. Il ne pouvait plus célébrer la sainte messe, mais la divine Providence lui donna la consolation de pouvoir encore se traîner à la chapelle pour recevoir la sainte communion et y faire de longues visites au Saint-Sacrement. Enfin, au début d’avril 1946, il revint pour la dernière fois à l’hôpital. Les médecins, malgré les soins qui lui furent prodigués, ne purent le soulager. La chaleur torride ne fit qu’augmenter ses souffrances qui durèrent près d’un mois. Il reçut les derniers sacrements en pleine connaissance et répondit lui-même à toutes les prières. Il expira le mercredi après Pâques, le 24 avril, si paisiblement, que les Sœurs qui le veillaient s’aperçurent à peine de son trépas.
M. Ghier ne sera pas oublié de longtemps dans la Mission de Mandalay. Il restera pour ses confrères un bel exemple de l’homme de Dieu et du devoir ; dans leurs épreuves ils trouveront en lui un modèle à imiter.
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References
[2931] GHIER Noël (1882-1946)
Réf. biographiques. - AME 1907 p. 380. - CR 1907 p. 325. 1909 p. 215-17. 1910 p. 204-5. 1911 p. 222. 1919 p. 104. 1923 p. 249. 1947 p. 334. - BME 1924 p. 723-43. 1928 p. 183-85, 511, 763. 1931 p. 537. 1933 p. 143-44. 1935 p. 290, 373. 1936 p. 459, 532, 604-78-82, 919. 1937 p. 69, 146, 537, 602. 1938 p. 305. 1939 p. 441. 1940 p. 217, 434, 633. 1948 p. 250-51. 1949 p. 150. - PH 1927 p. 193. 1931 p. 536. 1932 p. 68. 1933 p. 100. - EC1 n° 149, 154-56-58-68, 445.