Joseph GARRA1909 - 1999
- Status : Prêtre
- Identifier : 3555
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Identity
Birth
Death
Biography
[3555] GARRA Joseph est né le 30 juin 1909 à Mendionde (Pyrénées Atlantiques).
Il entre aux MEP en 1934. Ordonné prêtre le 21 décembre 1935, il part le 14 avril 1936 pour la mission de Hanoi (Vietnam).
Après avoir étudié le vietnamien à Kê-so, il est professeur au petit séminaire de Hoàng-nguyên (1938-1945), puis il est envoyé à Hanoi pour s’occuper des réfugiés. En 1951, il est à Nam-dinh, et en 1952, il est curé de Thuong-lâm, mais rapidement il doit revenir à Hanoi, d’où il est expulsé en 1960.
Il part alors pour le Cambodge, où il est nommé successivement à Krau-Chmar et à Chrui-Changvar.
En 1970, il est chassé du Cambodge et se réfugie au Viêtnam avec les chrétiens vietnamiens, qu’il regroupe à Tân-huong.
Expulsé du Vietnam en 1975, il devient aumônier des Sœurs de Notre-Dame de Sion à Osteys (Pyrénées Atlantiques).
Il meurt le 22 juin 1999 à Bayonne.
Obituary
[ 3555 ] GARRA Joseph, Martin
Missionnaire
Hanoï – Phnompenh – Saïgon
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Joseph, Martin GARRA, fils de Lucien et Véronique Lorda, cultivateurs naquit le 30 juin 1909, à Mendionde, département des Pyrénées Atlantiques (64), ex- Basses Pyrénées, diocèse de Bayonne. Il fut baptisé le lendemain de sa naissance, en l'église paroissiale de ce lieu. La famille dont la foi chrétienne était très profonde, comptait deux garçons. Après ses études primaires à Mendionde et à Hasparren, il suivit le cycle des cours de l'enseignement du second degré au Collège d'Hasparren d'octobre 1922 à juillet 1924, puis à Bel-loc d'octobre 1924 à juillet 1926, enfin à Ustaritz d'octobre 1926 à juillet 1929. En octobre 1929, il se dirigea vers le grand séminaire de Bayonne; il y fit trois ans de théologie, et, après avoir satisfait à ses obligations militaires, il reçut les ordres mineurs.
Le 13 juillet 1934, M. Joseph Garra adressait sa demande d'admission au Supérieur Général des Missions Etrangères, en ces termes:..."Je suis un inconnu pour vous, et pourtant un peu de la famille, puisque votre Idéal missionnaire est aussi le mien. Vous avez bien voulu recevoir deux séminaristes de Bayonne l'an dernier ; un troisième vient, Monseigneur, vous demander aujourd'hui, de vouloir bien l'admettre dans votre séminaire...." Le 18 juillet 1934, une réponse positive était donnée à ce courrier ; le 14 septembre 1934, M. Joseph Garra entra au séminaire de la rue du Bac, à Paris. Sous-diacre le 21 septembre 1935, diacre en décembre 1935, il fut ordonné prêtre le samedi 21 décembre 1935, par Mgr. Louis Tournier, évêque de Coimbatore. Le 13 février 1936, il reçut sa destination pour le service du vicariat apostolique de Hanoï. La cérémonie du "Départ" des nouveaux missionnaires eût lieu le 14 avril 1936, et fut présidée par S.E. le Cardinal Baudrillart, recteur de l'Institut Catholique de Paris.
Arrivé à Hanoï à la veille de la Pentecôte 1936, M.Garra fut accueilli par Mgr. François Chaize qui le confia à la Communauté missionnaire de Kê-So afin qu'il s'initie aux variétés des tons de la langue viêtnamienne dans laquelle il fit de rapides progrès. En effet, le 13 janvier 1937, suite aux épreuves d'un examen en théologie et en langue viêtnamienne dont il se tira fort bien, Mgr.Chaize l'envoya chez M.Jean Binet, curé de la paroisse de Cô-liêu, afin que, sous sa direction, il fasse sa formation pastorale missionnaire, tout en complétant ses connaissances en langue et en culture viêtnamiennes.
Vers août 1938, M. Garra quitta la résidence de Cô-liêu, pour aller renforcer le corps enseignant du petit séminaire de Hoàng-nguyên, situé à cinq ou six cents mètres du centre paroissial. Après avoir accompli à Hanoï, vers juillet-août 1939, une période d'instruction militaire pour réservistes, il fut peu après rappelé sous les drapeaux, se conformant à l'ordre de mobilisation partielle lancé sur tout le territoire de l'Union Indochinoise, le lendemain de la déclaration de guerre à l'Allemagne. Cependant, vers novembre 1939, des ordres supérieurs ayant renvoyé dans leur poste respectif, les missionnaires mobilisés, M. Garra reprit ses cours au petit séminaire. Mais cela ne dura pas longtemps.
Remobilisé en fin janvier 1940, il fut versé dans l'artillerie au Tonkin. Vers mai 1940, il renonça à la proposition qui lui avait été faite de suivre le peloton, préférant rester artilleur de 2ème ou de 1ère classe. Mis en congé renouvelable à la fin août 1940, il reprit ses cours au petit séminaire, à la satisfaction de tous, et à la joie plus grande encore de son supérieur M. Petrus Buttin. Aussitôt connue la défaite française en juin 1940, le Japon s'attaqua à l'Indochine. La lutte fut de courte durée. L'armée d'Indochine étant peu nombreuse et mal équipée, en septembre 1940, les troupes japonaises entrèrent au Tonkin.
En janvier 1941, la Thailande ouvrit les hostilités contre l'Indochine. Une médiation japonaise y mit fin, en mars de la même année, contraignant le gouvernement français à la cession de certains territoires du Cambodge et du Laos. C'est pourquoi, au début de l'année 1941, M.Garra, mobilisé une fois de plus, "était en villégiature" dans la région frontière, quelque part vers la Chine. Il put cependant participer jusqu'à la fin, à la retraite annuelle des missionnaires, mais le lendemain, il rejoignit à la gare de Hanoï, son groupe d'artillerie dirigé vers le Sud.
En mars 1941, après la conclusion de l'armistice mettant fin aux hostilités avec la Thailande, il se trouvait dans la région de Sisophon au Cambodge. En juin 1941, mis en congé sans solde, il regagna le petit séminaire où il fut nommé professeur de rhétorique.
En 1943 et 1944, les avions américains apparurent dans le ciel du Tonkin, au point qu'il n'était pas rare d'avoir plusieurs alertes dans la même journée. En particulier, trois bombardements massifs firent plusieurs milliers de victimes dans la population civile. Le Nord de l'Indochine se trouva coupé du Sud; les moyens de transport pris à partie par l'aviation américaine, se raréfièrent ; les réquisitions de l'armée japonaise et le blocus des alliés rendirent chères ou introuvables bien des denrées. Une terrible famine qui fit plus d'un million de victimes, frappa le Tonkin surpeuplé.
Malgré les nouvelles de victoire en France, l'année 1945 fut terrible. Se succédèrent le coup de force japonais du 9 mars 1945, la capitulation des forces militaires nippones, le 15 août, la proclamation de l'indépendance du Viêtnam et la prise du pouvoir par les "Viêtminh", accompagnées de nombreuses et bruyantes manifestations xénophobes, de menaces de mort, de vengeances et de quelques assassinats, en septembre 1945 ; tout travail missionnaire devint impossible. De ce fait, MM. Petrus Buttin, supérieur du petit séminaire et Garra furent obligés de quitter cette maison de Hoàng-nguyên où la vie était devenue insupportable pour eux ; ils rentrèrent à Hanoi.
En coopération avec M. Paul Seitz, vicaire à la cathédrale , M.Garra s'occupa des fidèles européens ou assimilés, des réfugiés venant de l'intérieur du pays, les réconfortant après les jours tragiques qu'ils venaient de vivre. Il vint en aide aux mal lotis, aux sans travail, et autres malchanceux. Il se tint à la disposition de chacun, et nombreux étaient ceux qui se présentaient, pour recevoir le sacrement de la réconciliation. Le Compte-Rendu des Travaux de la Société de 1950 nous dit que :" Le P. Garra s'est spécialisé dans le ministère de la consolation apportant aux prisonniers de guerre et de droit commun le réconfort de la charité sacerdotale. Combien d'espoirs il a fait naitre, que de larmes il a séchées ! En outre, il a instruit de nombreux catéchumènes et a contribué par ses conseils et son action discrète à maintenir la ferveur du Carmel.."
Le 22 février 1949, Mgr.François Chaize, vicaire apostolique de Hanoi, décéda dans sa ville épiscopale. Pour lui succéder, le Saint Siège fit choix d'un prêtre viêtnamien, le P.Trinh-nhu-Khuê, de la mission de Hanoi. Celui-ci, nommé vicaire apostolique de Hanoi, le 18 avril 1950, prit possession de son siège, le 2 juillet 1950, et reçut la consécration épiscopale dans son église pro-cathédrale, le 15 août 1950, des mains de Mgr. Lê-huu-Tu, vicaire apostolique de Phat-diêm. Mgr.Trinh-nhu-Khuê insista auprès de Mgr. Charles Lemaire, Supérieur Général de la Société des Missions Etrangères, pour que les missionnaires continuent à travailler dans son vicariat en lien avec le clergé viêtnamien.
Le 1er août 1950, s'ouvrit à Bièvres l'Assemblée Générale de la Société des Missions Etrangères. Pour représenter les missions du Tonkin à cette Assemblée, les confrères portèrent leur choix sur M. Garra qui prit l'avion pour Paris où il arriva le 10 juin 1950. Après la clôture de l'Assemblée, et à la fin de son congé, il s'envola vers Hanoi, le 7 février 1951. A son retour, il se vit spécialement chargé des affaires européennes au secrétariat de Mgr. Trinh-nhu-Khuê, son vicaire apostolique. Mais un peu plus tard, la paroisse de Nam-Dinh au sud du vicariat, ayant besoin d'un missionnaire zélé et expérimenté, il y rendit comme vicaire. Il s'occupa des Français et des prisonniers, de l'hôpital et des Religieuses, sans parler du ministère paroissial.
Nommé Supérieur local de la communauté missionnaire de Hanoi, le 8 août 1952, M.Garra quitta le très important centre de Nam-Dinh et en septembre, il prit en charge, comme curé, la paroisse de Thuong-Lâm où reposent les dépouilles mortelles de MM. Lepage et Hébrard. C'était aussi, au pied des montagnes, le centre de ce district du nord-ouest que le vicaire apostolique venait de confier aux Missions Etrangères, dans la nouvelle organisation de son vicariat.
En 1953, les guerilleros "viêtminh" très mobiles harcelaient les postes militaires franco-viêtnamiens établis dans le secteur de Thuong-Lâm : "le jour aux Français, la nuit au viêtminh, la route aux Français, les villages aux viêtminh".Ceux-ci se montraient très actifs, car leur désir était que la population demeure au village, au moins jusqu'aux temps de la moisson et des récoltes ; dans leur propagande, ils ne tarissaient pas d'éloges auprès des paroissiens de M. Garra, car tant que celui-ci serait présent, la population resterait également. Cela lui valut de se trouver plus ou moins en position d'accusé auprès des chefs de poste militaires franco-viêtnamiens, qui laissaient entendre qu'il était de connivence avec l'ennemi. Mais lui-même se montrait moins enthousiaste que ses naïfs paroissiens. Messager de l''Evangile avant tout, il ne nourrissait aucune illusion ; il savait fort bien que l'attitude des viêtminh et leur comportement pouvaient être diamétralement opposés au même moment et en deux endroits différents.
Vers septembre 1953, M. Levrey de la mission de Thanh-Hoa, mis au service du vicariat de Hanoi, - il rentrait de six ans de captivité à Vinh- fut envoyé à Thuong-Lâm pour prêter main forte à M.Garra, dont le projet était de former des laïcs muongs en vue de préparer une future installation chez eux. Mais quelques semaines plus tard, malgré la proximité du petit poste militaire de Dongmit, Thuong-Lâm était au pouvoir des Viêtminh ; ceux-ci, feignant d'ignorer la présence des Pères, et sachant que le départ des missionnaires provoquerait un mouvement de panique dans la population, évitèrent de se présenter à leur résidence. En raison de cette situation, et pour ne pas se remettre dans la gueule du loup, après Noël, M. Levrey fut prié de regagner Hanoi ; Quant à M. Garra, il resta seul, mais il put participer à la retraite annuelle des Missionnaires, qui débuta le 10 janvier 1954, à Hanoi. Celle-ci terminée, il rejoignit Thuong-Lâm ; à son arrivée, les habitants lui firent une chaleureuse ovation :"Nous étions morts. Vous êtes revenu; c'est la résurrection !". Un groupe viêtminh vint même lui présenter les voeux de nouvel an et le remercier de tout le bien qu'il faisait au peuple.
Un peu plus tard, M. Garra alla prêcher la retraite en viêtnamien, aux religieuses de Phat-diêm. Presque au terme des vingt instructions qu'il leur assura, il se sentit épuisé. Mais laissons la parole au chroniqueur de la mission de Hanoi :.... "Une piqûre lui fut faite afin de le remonter. Cette intervention faillit effectivement le "remonter" jusqu'au ciel, car il en resta plusieurs heures dans un état quasi-comateux. Notre doux supérieur local put sans doute se rendre compte qu'il arrive que l'auditoire soit plus redoutable que l'orateur. Et peut-être évoqua-t-il ce jour où , rue du Bac, dans la netteté de son surplis bien plissé d'aspirant modèle, et l'émotion de son premier sermon, après s'être gravement signé, il commençait, à la joie d'un auditoire pas beaucoup moins redoutable que celui des bonnes Soeurs, par cette suave citation : "Ne craignez pas, c'est MOI !.."
Le 26 avril 1954, s'ouvrit à Genève une conférence internationale sur la Corée et l'Indochine ; il s'agissait de trouver une solution à l'imbroglio coréen, et de provoquer une suspension des hostilités en Indochine. Le 8 mai 1954, le camp retranché de Dien-bien-Phu tombait entre les mains des forces populaires du Nord Viêtnam . Cette défaite française accéléra le cours des négociations de Genève.
En ce qui concernait la situation au Viêtnam, l'une des clauses des conventions militaires signées dans la nuit du 20 au 21 juillet 1954, fixait les dates d'application d'un "cessez-le-feu" entre les belligérants. Un second point plus délicat divisait le Viêtnam en deux zones à la hauteur du 17ème parallèle, laissant à chacun la possibilité de choisir entre rester sur place ou partir au Sud Viêtnam; la conséquence fut un exode massif des chrétientés du Nord Viêtnam vers le Sud ; les dix vicariats apostoliques qui allaient passer sous régime communiste se trouvaient devant une situation nouvelle. Pour la Région Nord Indochine dont le centre était à Hanoi, il fut alors décidé que les missionnaires ayant charge d'âmes, ou étant actuellement en fonction, resteraient sur place, les autres suivraient l'exode. Qu'en fut-il pour M. Garra ?
Dans le N°73 d'octobre 1954 du Bulletin de la Société des Missions Etrangères, le chroniqueur de Hanoi écrit :.."Quand le Père Garra regagna Thuong-Lâm, après avoir pris quelque repos, il y fut bien reçu, mais sans les transports de joie qui avaient marqué son retour, lors de la retraite, au début de l'année. Le lendemain, assistance à la messe normale ; le surlendemain, église vide. Le P. Garra réalisa que son "temps dialectique" était terminé, et qu'il avait cessé d'être utile aux viêtminh. L'après-midi de ce jour, il devait faire un mariage dans une chrétienté située en zone franco-viêtnamienne. Il eut de la peine à franchir le no man's land, et fut à 5 ou 6 reprises longuement questionné par des viêtminh : une fois par des gamins armés, une fois par un officier. Il comprit alors qu'il ne pourrait plus retourner à Thuong-Lâm ou qu'il serait mis dans l'impossibilité d'y exercer son ministère ; il regagna de nouveau Hanoi, en attendant les évènements. Quelques temps après, Mgr. Khuê, ayant décidé d'évacuer ses séminaires sur le Sud, le P. Garra fut chargé d'aller y réorganiser le petit séminaire.."
Le 14 juillet 1954, accompagné de M. Henri Fontaine, il s'embarqua à destination de Saïgon avec un groupe de 60 élèves petits séminaristes. Après les avoir installés à Cholon, il remonta au Nord Viêtnam. Stoppé à Haiphong, jusqu'à l'entrée des viêtminh dans cette ville, le 13 mai 1955, il profita de ce contre-temps pour exercer son ministère sacerdotal dans ce grand port et sa banlieue ; en effet, beaucoup de prêtres avaient suivi leurs chrétiens dans leur exode vers le Sud. Puis, à la demande de Mgr. Khuê, son évêque, il regagna Hanoi pour le service de la paroisse de Hàm-Long.
Le 6 août 1955 puis le 30 avril 1957, M. Garra fut reconduit dans sa fonction de supérieur local . Nommé conseiller régional le 3 juillet 1953, son mandat lui fut renouvelé le 30 avril 1957 et s'y ajouta la charge de vice-supérieur régional.
Vers février 1960, il fut prié de quitter le territoire de la République Démocratique du Viêtnam. Rentré en congé en France, il arriva par avion à Paris, le 2 avril 1960. En septembre 1960, affecté temporairement au vicariat apostolique de Phnompenh, il s'embarqua à Marseille, le 18 novembre 1960, à bord du paquebot "Laos" pour rejoindre sa nouvelle mission.
A la fin de 1960, M. Garra fut envoyé à Krauchmar, à quelques 200 kms au nord est de Phnompenh, sur les bords du Mékong; il s'initia à la langue et aux us et coutumes du peuple kmer et remplaça comme curé du lieu M. René Martin sur le point de partir en congé.
En 1962, Mgr. Gustave Raballand ayant donné sa démission de vicaire apostolique de Phnompenh, le Saint Siège lui donna comme successeur, le 12 novembre 1962, M. Yves Ramousse, professeur au séminaire de Bièvres. Celui-ci reçut la consécration épiscopale des mains de Mgr. Raballand, en la chapelle des Missions Etrangères à Paris, le 24 février 1963, et prit possession canonique de son vicariat le 7 avril 1963.
A Krauchmar, M; Garra établit en 1962, un praesidium de la Légion de Marie ; l'année suivante, dans cette communauté chrétienne de 2.788 membres, il avait en charge et responsabilité une école de catéchisme où étudiaient 406 enfants, sous la direction de deux religieuses. En 1964, succédant à M. Georges Poirson qui partait en congé en France, il fut nommé curé de la paroisse de Chrui-Changvar dont il estimait à 3.575 le nombre total des chrétiens répartis en trois centres : la paroisse proprement dite située sur la rive du Tonlé-Sap et deux annexes sur les bords du Mékong, à 30 et 40 kms au nord de la ville. Il développa les divers mouvements d'action catholique tels que la Croisade Eucharistique, Coeurs Vaillants-Ames vaillantes, Enfants de Marie. Il fut aussi membre du Comité pastoral pour la ville de Phnompenh.
Le 3 janvier 1967, Le Supérieur Général de la Société des Missions Etrangères détacha de la Région Sud Indochine la communauté missionnaire du vicariat apostolique de Phnompenh et l'érigea en Région du Cambodge. M. François Claudel en fut le premier supérieur. En 1968, la division du vicariat apostolique de Phnompenh donna naissance à deux préfectures apostoliques : l'une à Kompong-cham confiée à Mgr. André Lesouëf, l'autre à Battambang dont le premier préfet apostolique fut Mgr.Paul Tep-Im-Sotha. M. Garra fit partie du personnel missionnaire du vicariat de Phnompenh, et du 26 mai 1969 au 20 novembre 1969, il prit un congé en France.
Au Cambodge, les troubles politiques de mars 1970, occasionnés par le coup d'Etat du Général Lon-Nol, donnèrent lieu à de violentes et sanglantes manifestations anti-viêtnamiennes dans un premier temps, puis très vite dirigées contre les chrétientés viêtnamiennes installées en pays kmer. Chez M. Garra, ce fut l'horreur. Ainsi, dans la nuit du 12 au 13 avril 1970, l'armée nationale kmer arrêta quelques 600 hommes viêtnamiens, presque tous catholiques de Chrui-Changvar qu'on ne revit plus..! Ces graves évènements entrainèrent la fermeture des écoles, la dislocation et même la disparition de plusieurs chrétientés, ainsi que le regroupement des communautés viêtnamiennes de la capitale et des environs dans différents camps improvisés. Avec le concours des prêtres disponibles, de laïcs dévoués, Mgr. Ramousse organisa les secours matériels et spirituels pour cette foule de réfugiés.
Suite à ces dramatiques évènements, les viêtnamiens du Cambodge dont le nombre était estimé à environ 200.000, furent rapatriés au Sud Viêtnam. On évaluait approximativement à 55.000 la population catholique viêtnamienne vivant au Cambodge. Entre mai et octobre 1970, 40 à 50.000 d'entre eux s'étaient réfugiés au Sud Viêtnam ; ils avaient tout abandonné : maison, cheptel, instruments de travail. Certains n'avaient pu emporter ni leur argent ni leurs vêtements. A la demande de la Délégation Apostolique à Saïgon, un comité de liaison avait été fondé pour leur venir en aide. Il fut ainsi possible de les implanter dans une quinzaine de centres au Sud Viêtnam.
M. Garra suivit ses chrétiens dans l'épreuve ; à Tân-Phu, (Gia-Dinh) en banlieue saigonnaise, il regroupa, dans la paroisse de Tân-Huong dont il était le curé, plus de mille familles et de nombreuses veuves venues du Cambodge. En 1974, la construction des écoles, de la résidence des Soeurs et du Père étaient terminées. L'église attendait la finition des murs latéraux, et des puits avaient été creusés.
A partir de mars 1975, la situation militaire s'aggrava de jour en jour au Sud Viêtnam. Tandis que l'armée nationale battait en retraite, une partie de la population apeurée et démoralisée encombrait les routes. Un fort vent de panique souffla sur Saïgon. Le 30 avril 1975, la capitale du Sud Viêtnam tomba aux mains des forces communistes du Nord Viêtnam. Sous ce régime qu'il connaissait bien, M. Garra resta à son poste, jusqu'au jour de juillet 1976, où le nouveau pouvoir en place le pria de s'éloigner du Viêtnam.
Rentré en France, il prit un temps de repos chez son frère, au pays basque. En décembre 1976, il écrivait à son supérieur :...." J'ai contacté le vicaire général (de Bayonne) ... Il m'a dit qu'il trouvera une place pour moi . J'aurai aimé, bien sûr, repartir..., mais à 68 ans, j'ai craint d'être un encombrement plutôt qu'autre chose. Aussi, malgré les difficultés que cela peut présenter, j'ai jugé qu'il vaut mieux travailler quelques années sur place.. " Au début du mois de mars 1977, il fut nommé aumônier chez les religieuses de N.D. de Sion, à Osteys, Bayonne St. Esprit. Il prit contact avec quelques familles viêtnamiennes installées autour de Bayonne, en 1954, et quelques familles cambodgiennes réfugiées dans cette région.
En décembre 1985, M. Garra fêta le cinquantième anniversaire de son ordination sacerdotale. Dans sa lettre du 26 décembre 1985, adressée au Supérieur Général de la Société pour le remercier de ses voeux, il donnait un bref aperçu de son travail : "...Je continue à exercer mon ministère auprès de religieuses, de personnes agées, de la vie montante de la paroisse.." et en conclusion :.." mais, je n'oublie pas que je suis Missions Etrangères. J'aide aussi quelque peu les familles dont j'ai été le curé au Viêtnam, car j'ai été curé "des veuves du Cambodge"..
Quand il ne fut plus en état de continuer son ministère auprès des religieuses de Sion, ce fut chez elles que M. Garra préféra se retirer. Le 15 août 1998, il fut hospitalisé en soins intensifs. Remis, il put revenir à Osteys, où il fut entouré de soins jusqu'au terme de sa vie. De fréquents malaises lui interdisaient de s'éloigner de la maison. C'est là qu'il décéda le 22 juin 1999.
Mai 2002