Jean-Marie BOSC1929 - 2017
- Status : Prêtre
- Identifier : 4003
- Bibliography : Consult the catalog
Identity
Birth
Death
Status
Missions
- Country :
- Malaysia - Singapore
- Mission area :
- 1956 - 1974 (Penang)
Biography
[4003] Jean-Marie Louis BOSC est né le 16 septembre 1929 à La Fouillade, une commune rurale peu peuplée de l’Aveyron, située à moins de 20 kms au sud de Villefranche de Rouergue. Il est le fils aîné de Augustin Bosc et Agnès Loupias, agriculteurs, qui ont eu 2 garçons. Il fut baptisé en l’église de La Fouillade le lendemain de sa naissance et confirmé à Najac, village médiéval voisin, le 11 avril 1940. C’est dans cette commune rurale de l’ouest de l’Aveyron que Jean-Marie a passé sa petite enfance et qu’il fut scolarisé en primaire. Il fit ses études secondaires au petit séminaire de Graves à Villefranche-de-Rouergue de 1941 à juin 1947 et entra au Grand Séminaire de Rodez en septembre 1947. Puis il fit son service militaire de décembre 1949 à janvier 1951 : il fut d’abord envoyé à Idar-Oberstein en Allemagne, puis à l’école militaire de Coblence de mai à octobre 1950 et termina son service comme lieutenant de réserve.
Ce n’est donc qu’après avoir effectué le Premier Cycle de philosophie à Rodez que Jean-Marie va entrer au Séminaire des Missions Etrangères, à Bièvres, à son retour du service militaire, le 24 Février 1951. Il ne restera à Bièvres que quelque mois, jusqu’en juin 1951, puis il passera un an à la Rue du Bac, d’où il sera envoyé poursuivre ses études à Rome à partir de septembre 1952. Il sera ordonné prêtre le 18 septembre 1954 à Rodez et recevra sa destination pour le Séminaire Régional de Malaisie, à Penang, le 16 janvier 1955. Il termine ses études à Rome en juin 1955. Puis, à sa demande, il est envoyé pour un an à Londres afin d’étudier l’anglais. Le grand départ pour la Malaisie s’effectue le 28 septembre 1956.
Arrivé en Malaisie, il va d’abord passer une petite année à l’étude du chinois à Kuala Lumpur. Puis, à partir de la rentrée scolaire de 1957, il sera au Séminaire de Penang comme professeur de Philosophie jusqu’en 1965. A partir de 1964, pendant un an, il enseignera aussi la Morale. Il fera ensuite un Doctorat de Théologie à l’Université Grégorienne. Il ne pourra terminer ses études, car en février 1966 il est nommé Supérieur du Séminaire de Penang, fonction qu’il assumera jusqu’en 1971 quand il est nommé Supérieur du Séminaire de Bièvres, malgré quelques petits problèmes de santé et une extinction de voix. Il sera Supérieur de Bièvres jusqu’en 1974.
Il fait ensuite une formation de journalisme à Lille. Et à partir de 1976, il commence une longue collaboration avec la revue « Peuple du Monde », collaboration qui ne se terminera guère qu’en 2008. Il publie aussi des articles dans d’autres revues ou journaux comme « Le Pèlerin » ou « La Croix ». En 1984, il publie un livre : « L’Asie des grandes religions ». Son livre rencontrera un écho positif dans la revue de l’Université de Louvain : « [L’ouvrage de J.-M. Bosc] repose à la fois sur une connaissance solide des religions et sur une approche respectueuse de tous les croyants qui en vivent… [Cet ouvrage] est un voyage et une invitation. Il nous aide de façon efficace et agréable, à vivre davantage au rythme de l’humanité, dépassant l’horizon parfois un peu court de nos habitudes de voir, de penser et de vivre. » (R. Smet)
A partir du 1er janvier 1989, jusqu’en octobre 2004, il sera en même temps Directeur de la revue : « Les Echos de la Rue du Bac » qui deviendront par la suite « La Revue des Missions Etrangères ».
A partir du 25 novembre 1980, et jusqu’en 2008, il collabore aussi officiellement avec le diocèse de Nanterre, d’abord comme vicaire à la paroisse Sainte Geneviève - Saint Jean-Marie Vianney de Nanterre (1980-1992), puis comme collaborateur au travail de l’équipe pastorale du Doyenné de Puteaux.
Après de nombreux ennuis de santé, le 4 septembre 2008, le Père Jean-Marie Bosc se retire à Montbeton où il s’éteint le 2 octobre 2017.
Jean-Marie a toujours vécu très simplement, sans se plaindre. Il a aussi toujours tenu à maintenir un ministère pastoral pour accompagner une activité plus profane, son travail de journaliste.
Obituary
[4003] BOSC JEAN MARIE (1929-2017)
NOTICE NÉCROLOGIQUE
« Lui au moins, il ne s’en croit pas », comme on dirait en langue d’oc, sa langue maternelle qu’il aime parler. De taille moyenne, bien campé sur ses jambes, il arrive à Bièvres après son service militaire, lieutenant de réserve, ce qui lui vaut d’être chargé de la préparation militaire.
Il est vite à l’aise dans ce séminaire bien différent de celui qu’il a connu à Rodez, même s’il s’étonne de l’approche exégétique du père Paroissin, assez éloignée de celle que lui avaient donnée ses maîtres sulpiciens. Simple et chaleureux dans son abord, il prend facilement part à la conversation et avec lui on ne s’ennuie pas pendant les longues promenades du mercredi. Bien vite, tout le monde l’appelle Jean-Marie. Précis, bien organisé, il n’est pas l’homme des fantaisies. Il regarde, réfléchit et va de l’avant, heureux de découvrir du nouveau, de l’inédit, même s’il le fait avec un certain retard sur les autres. « Eh ! Jean-Marie, tu as manqué le train ! », le taquinons-nous. « Oh ! Je prendrai le suivant ! ».
Durant toutes ses années à Penang, il n’aura qu’une mobylette, alors que d’autres ont de grosses motos ou des autos. Simple, patient et pratique, il n’hésite pas à faire Penang-Singapour et retour sur son teuf-teuf. Deux fois 800 kilomètres, deux jours aller et retour, huit heures de route, avec arrêt pour la nuit à Kuala Lumpur. On s’étonne et il explique : « Comme ça, à Singapour, je peux me déplacer pour visiter les familles des séminaristes. » Il ajoute avec un sourire : « En route, j’admire le paysage ! » Et il revient heureux, mission accomplie.
Oui, Jean-Marie Bosc, le dernier recteur des Missions Etrangères du Collège Général, originaire du pays ruthène, un homme avec qui il était facile de s’entendre et de collaborer. Il disait ce qu’il avait à dire sans s’exciter et s’il s’indignait parfois, il n’avait rien de coléreux.
Famille et jeunesse
Né au hameau de Lalande, La Fouillade, le 16 septembre 1929, il est l’aîné de deux garçons, fils d’un couple d’agriculteurs, Augustin Bosc et Agnès Loupias. Dès le lendemain de sa naissance, il est baptisé par son oncle, l’abbé Rémy Bosc, dans l’église paroissiale et sera confirmé à Najac en 1940, village médiéval voisin. Il parlera souvent du château de Najac. Il est scolarisé dans sa commune et était fier de son certificat d’étude brillamment obtenu, malgré un échec complet à l’épreuve de chant.
Il fait ses études secondaires au petit séminaire de Graves à Villefranche-de-Rouergue de 1941 à 1947. Ayant obtenu son bacca lauréat de philosophie, il étudie pour deux ans au grand séminaire de Rodez. Il a sans doute déjà l’idée d’entrer aux Missions Etrangères. Dès qu’il termine son service militaire – quelques mois à Oran en Algérie, puis en Allemagne à l’école d’officier à Coblence – il rejoint Bièvres en février 1951. Il y suit pour un semestre quelques cours qu’il n’avait pas faits à Rodez.
Un an à Paris et les supérieurs l’envoient à Rome pour une licence en théologie. Il s’y trouve avec d’autres confrères qui étudient à l’université grégorienne et à l’institut biblique : Y. Ramousse, R. Dupont, M. Trimaille, R. Rossignol, M. Arro, M. Solvignon, J. Didier, J. Landru, J.-P. Bayzelon. Trois années d’études avec d’excellents résultats. Le supérieur de Graves, comme celui de Paris écrivent « très intelligent, travailleur », avec cette mention : « apte à faire des études supérieures ». Jean-Marie est le séminariste bien dans sa peau, qui ne se pose pas de questions sur son identité et va son chemin avec fidélité et paix. Il ne parle pas ou guère de ses états d’âme. Il se donne pleinement dans la routine de la for mation. Qu’est-ce qui l’a orienté vers les missions ? Il ne l’a jamais dit. Cela semblait couler de source.
Ordonné prêtre à Rodez le 16 septembre 1954, il reçoit sa des tination le 16 janvier 1955 : professeur au Collège général de Penang. Beaucoup se sentiraient déçus : enseignant à vie dans une institution dont les débuts remontent à 1665… Non, il accepte ce que le Seigneur lui donne et, à sa demande, va passer un an à Londres pour avoir une bonne maîtrise de l’anglais qu’il parlera fort bien. Mais pour les premières années, jusqu’à la fin de Vatican II, la langue académique aussi bien que domestique est toujours le latin. Les séminaristes viennent de différents pays et il faut avoir un idiome commun. Il part pour la Malaisie le 29 septembre 1956.
Le Collège général : Penang, 1956-1971
Après quelques mois au Collège, il va étudier le chinois mandarin dans une école de langue pour adultes à Kuala Lumpur. Il y passe un an, logeant à l’école du Rosaire auprès des pères E. Giraud, P. Decroocq, A. Pallier, de l’église de tradition chinoise, alors en pleine croissance avec de nombreux baptêmes d’adultes. Cours de langue de 8 h à 13 h six jours par semaine, et de trois à quatre heures de travail personnel l’après-midi. Il n’est pas facile d’apprendre et de retenir dix ou douze nouveaux caractères chaque jour, avec des dictées qui assurent le progrès. Jean-Marie s’y donne fidèle ment, découvrant en même temps le milieu chinois et la réalité du pays qui vient d’accéder à l’indépendance.
Retour à Penang, et, de 1958 à 1965, le voilà professeur de philo sophie scolastique. Il succède au père A. Volle. Le corps profes soral rajeunit avec la venue des pères. M. Arro, B. Blais, J. L’Hour, F. Félix-Faure, J. Dantonel sont au service d’une communauté de 80 à 100 séminaristes. Le père F. Le Dû, un ancien de Chine, nommé recteur en juillet 1960, s’efforce de rajeunir les bâtiments et les facilités. Le Collège devient très accueillant pour l’Église de Penang. C’est le temps du Concile vécu dans l’enthousiasme. Parti pour une année sabbatique à Rome, Jean-Marie y suit des cours en vue d’un doctorat en théologie. Mais il est nommé recteur en février 1966 et est de retour en août, encourageant l’aggiorna mento de l’institution, le passage du latin à l’anglais et la venue des prêtres asiatiques comme membres du staff. La Thaïlande ouvrant alors son séminaire près de Bangkok, le Collège devient séminaire régional pour la Malaisie et Singapour.
Le père Bosc se donne à plein avec patience, méthode et persévé rance, en bonne entente avec les professeurs, apprécié des élèves. Accueillant, sachant écouter, capable de calmer les tensions, il va de l’avant, simple et faisant confiance.
En même temps, il se veut présent à l’église locale ; et durant les week-ends, seconde le père Decroix à la cathédrale. Volontiers, il donne des causeries sur le Concile et ses orientations. Il sait aussi se détendre et profiter de la mer pour un après-midi au soleil.
Les visiteurs du Collège sont les bienvenus et de nombreuses réunions pour le clergé et les laïcs y prennent place. C’est là que le père Grégoire Yong sera ordonné évêque de Penang en juin 1968.
Mais voilà qu’en 1970, lui solide et bien équilibré, il doit faire face à des problèmes de santé. Il éprouve des difficultés pour parler et doit, après un temps, s’abstenir de parler en public. C’est une question de respiration et il a besoin de rééducation. Cela le prend par surprise et il traverse alors une période de dépression. Les difficultés pour communiquer sont difficiles à accepter. On lui conseille de rentrer en France pour des soins mieux adaptés. Il quitte le Collège en 1971. Un prêtre du clergé local lui succède.
En France, 1971-2017
De retour en France, il est nommé supérieur du séminaire de Bièvres, malgré quelques petits problèmes de santé et une extinction de voix. Il sera supérieur de Bièvres jusqu’en 1974. Passer directement d’un séminaire asiatique à un séminaire en France en cette période contestatrice n’est pas chose aisée. Il aura des difficultés à s’ajuster à son nouvel auditoire.
Il fait ensuite une formation de journalisme à Lille. Et à partir de 1976, il commence une longue collaboration avec la revue « Peuple du Monde », collaboration qui ne se terminera guère qu’en 2008. Il publie aussi des articles dans d’autres revues ou journaux comme Le Pèlerin ou La Croix. En 1984, il publie un livre, L’Asie des grandes religions, qui rencontrera un écho positif dans la revue de l’Univer sité de Louvain : « [L’ouvrage de J.-M. Bosc) repose à la fois sur une connaissance solide des religions et sur une approche respectueuse de tous les croyants qui en vivent… [Cet ouvrage] est un voyage et une invitation. Il nous aide de façon efficace et agréable, à vivre davantage au rythme de l’humanité, dépassant l’horizon parfois un peu court de nos habitudes de voir, de penser et de vivre. » (R. Smet)
À partir du 1er janvier 1989, jusqu’en octobre 2004, il sera en même temps directeur de la revue, Les Échos de la rue du Bac, qui devien dra par la suite, La Revue des Missions Etrangères.
À partir du 25 novembre 1980, et jusqu’en 2008, il coopère aussi officiellement avec le diocèse de Nanterre, d’abord comme vicaire à la paroisse Sainte-Geneviève – Saint-Jean-Marie-Vianney de Nanterre (1980-1992), puis comme collaborateur au travail de l’équipe pastorale du doyenné de Puteaux.
Après de nombreux ennuis de santé, le 4 septembre 2008, le père Jean-Marie Bosc se retire à Montbeton où il s’éteint le 2 octobre 2017.
Jean-Marie a toujours vécu très simplement, sans se plaindre. Il a aussi toujours tenu à maintenir un ministère pastoral pour accompagner une activité plus profane, son travail de journaliste.
L’ami Jean-Marie
Nous nous donnions mutuellement le titre de « mon meilleur ami » et ce jusqu’en 2015, quand je le revis pour la dernière fois à Montbeton.
Avec lui, on cause, on partage en toute simplicité, on sent qu’il s’in téresse à ce qu’on lui dit. Pas de langue de bois !
Il aime les choses claires et les horaires précis : se lever, se coucher, regarder la télévision à heure régulière. Il est l’homme de la précision, du sillon profond et bien droit. Il se donne à plein dans ce qu’il fait.
Certains le trouvent lent… par son expérience de terrien, il sait que la graine a besoin de temps pour germer et grandir. Pas de solution hâtive ou brusquée. Réflexion, sagesse et persévérance. Les tourbillons de 1968 ne sont pas pour lui.
Il connaît ses limites et sait travailler avec les autres. Avec doigté, il aide le Collège, établissement commun de la Société, à devenir le séminaire régional de Malaisie-Singapour confié à la conférence épiscopale. Régulièrement, les évêques rencontrent les membres du staff et ensemble décident des orientations.
La routine ne le gêne pas. Il est surpris lorsque le père Volle suggère d’aller prendre un repas, de temps en temps, au bord de mer. Sa réaction est d’abord : « Mais la nourriture est bonne au séminaire. Pourquoi sortir ? » Puis il accepte qu’on ait besoin d’inédit et se joint volontiers aux agapes sur la plage.
Il a un humour bien à lui. À Rome, certains étaient très pointilleux sur le décorum et portaient le « ferraiolo », ce manteau de soie noire, pour aller à l’Université. Cela n’était guère à son goût. Un jour, il décida : « Moi aussi je peux en faire autant ! » Il alla chercher de vieux oripeaux plutôt minables qui dormaient au fond de la malle MEP et descend, ainsi attifé, pour le petit déjeuner. Étonnement et sourires. « Eh ! Jean-Marie tu vas à une audience ? » « Oh ! non, il fallait aérer cette vieille fripe. Alors je fais comme d’autres ! »
À Paris, il voyage volontiers à vélo. Mais où attacher sa machine ? Il trouve pratique de l’attacher aux grosses poubelles qui traînent sur les trottoirs. Malin ! Jusqu’au jour où il vit le voleur partir sur sa bicyclette, avec la poubelle attachée sur le porte-bagages. Il n’en revint pas et raconta son histoire Rue du Bac pour la joie des confrères qui le taquinèrent : « Jean-Marie, n’oublie pas la poubelle ! »
Il reste très attaché à sa famille et à La Fouillade. « Je garde ma voiture pour aller chez moi en vacances, autrement je ne peux pas circuler ! » Il est fier de son Aveyron, du Cardinal Marty. « Après tout, on n’est pas si attardé ! »
Mais ce qui est une priorité, c’est la participation à la vie des paroisses : la cathédrale de Penang, le diocèse de Nanterre où il sert pendant plus de 20 ans. Il part vers sa communauté le vendredi après-midi, y passe tout le week-end : préparation au baptême, au mariage, accompagnement spirituel, liturgie dominicale. Il en revient heu reux, détendu. Lui, homme d’institution et de bureau, professeur, éditeur, a besoin de ce contact humain ; et ceux qui l’approchent se sentent acceptés et compris. Il sait écouter et ses homélies simples, données d’une voix chaude sont appréciées.
Personne en responsabilité, il fait confiance. Je ne l’ai vu qu’une fois faire appel à son autorité. Deux professeurs du Collège avaient décidé de faire le tour de l’île de Penang à la rame sur une barque chinoise, et ce, sans aucune expérience. Là, il fut très ferme : « Si vous ne donnez pas signe de vie dans les 48 heures, j’avertirai la police ! » De fait, nos deux « matelots » allèrent emprunter un téléphone pour avertir que bien qu’en retard sur leur horaire, ils allaient bien.
Jean-Marie a su faire fleurir là où il avait semé. Humble, vivant le don de lui-même dans la paix, il s’est donné pleinement et a été pour beaucoup un ami fidèle et tonifiant.
Adiou, ami.
Père Michel Arro