Alain QUENNOUËLLE1929 - 2003
- Status : Prêtre
- Identifier : 4040
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Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Japan
- Mission area :
- 1956 - 1958 (Tokyo)
- 1978 - 1980 (Tokyo)
- 1958 - 1976 (Hakodate)
- 1976 - 1978 (Osaka)
- 1980 - 2003 (Osaka)
Biography
[4040] QUENNOUËLLE Alain est né le 1er novembre 1929 à Paris.
Ordonné prêtre le 22 avril 1956, il part le 28 septembre 1956 pour Sapporo (Japon).
Il étudie d’abord le japonais à Tokyo, puis il est affecté dans les paroisses de Hakodate Miyamaecho (1958-1966) et de Yakumo (1967), puis à la maison locale des MEP à Hakodate (1969-1975). Il est ensuite chargé des postes d’Eniwa (1975-1976) et de Nakayamate à Kobé (1976-1978). De 1978 à 1980, il est au couvent de l'Assomption à Mino, puis, à partir de 1980, il est au foyer de charité d’Osaka.
Il meurt à Osaka le 17 mars 2003.
Obituary
[4040] QUENNOUËLLE Alain (1929-2003)
Notice nécrologique
L'enfant est le père de l'homme, dit un proverbe japonais. Dès sa petite enfance Alain Quennouëlle a été profondément marqué par la foi de ses parents, qui étaient l'un et l'autre de fervents chrétiens, et par la suite, dans son âge mûr, il ne s'est jamais départi de la foi simple qu'il avait héritée d'eux. Comme tout un chacun mais peut-être plus que d'autres, il gardait les traces de l'éducation reçue dans sa famille. Né dans un milieu privilégié à bien des égards, milieu bourgeois fortuné dans lequel on n'a pas d'ordinaire beaucoup de sympathie pour les idées révolutionnaires, Alain Quennouëlle ne reniait pas ses origines. Il n'aimait pas la contestation dans l'Église et n'était pas toujours très tolérant pour ceux qui n'avaient pas la même façon que lui de concevoir l'orthodoxie. Son désir d'être fidèle en tout à l'enseignement de l'Église et son incompréhension pour les critiques fondées ou non dont celle-ci est souvent la cible aujourd'hui étaient dus sans doute pour une bonne part aux influences reçues dans sa jeunesse, passée dans le 16ème arrondissement à Paris. Mais, à l'école de ses parents il avait aussi appris à respecter autrui, et que les dons reçus à la naissance créent des obligations. Son père et sa mère étaient tertiaires franciscains et savaient donner avec générosité. Ils eurent neuf enfants, sept garçons et deux filles, Alain étant l'avant dernier. Un de ses frères devint moine bénédictin, à l'abbaye de Fontgombault, un autre missionnaire d'Afrique. Alain était très attaché à eux, en particulier à son frère Père blanc en mission au Congo, avec lequel il correspondait fréquemment.
Est-ce seulement pour se distinguer de ses frères qu'Alain demanda son admission aux Missions étrangères de Paris ? Il semble en tout cas que son choix n'était pas encore fait quand il entra au séminaire. Après avoir terminé ses études secondaires à l'école Sainte-Marie de Monceau, et après avoir fait son service militaire, au lieu d'entrer au séminaire de Paris, il s'inscrivit en première année de philosophie au séminaire français de Rome, sans doute pour se donner le temps de voir plus clairement quelle était sa vocation. Il n'a pas fait de confidences sur ce point. Toujours est-il que c'est à Rome qu'il entra en relations avec un petit groupe d'aspirants et de prêtres étudiants des Missions Étrangères, dont le futur évêque d'Andong, René Dupont, et le futur vicaire apostolique de Phnom Penh, Yves Ramousse. À leur contact il apprit à connaître la Société, et c'est de Rome qu'il écrivit au supérieur général pour demander à être reçu lui-même comme aspirant. Il fut alors décidé qu'il irait continuer ses études de théologie au séminaire de la rue du Bac, où il entra le 20 septembre 1953. Plus tard il devait parler volontiers de ses années romaines mais davantage pour évoquer les beautés de la Ville éternelle ou le souvenir des amis rencontrés au séminaire que par nostalgie de études à l'université grégorienne. Les cours magistraux en latin dispensés à la Grégorienne pas plus que les manuels dans la même langue alors utilisés n'étaient faits pour rendre attrayants les rudiments de philosophie scolastique qu'il fallait ingurgiter pour se présenter aux examens. Alain Quennouëlle, qui avait par ailleurs beaucoup de qualités, n'était pas particulièrement doué pour ce genre d'études. Il fut probablement heureux de la proposition qu'on lui fit de regagner Paris pour poursuivre sa formation au séminaire de la rue du Bac. C'est à Paris qu'après avoir reçu de Mgr Lemaire sa destination pour le Japon il fut ordonné prêtre, le 22 avril 1956, et c'est de là qu'il partit le 28 septembre de la même année pour prendre à Marseille le bateau des Messageries maritimes, et arriver le 30 octobre à Yokohama.
À cette époque les missionnaires nouvellement arrivés au Japon étudiaient le japonais à Tôkyô. Ils étaient les hôtes du Père Flaujac, dans une maison de l'œuvre de Béthanie fondée par ce dernier, qu'il avait mise à la disposition de la Société. C'est là qu'Alain Quennouëlle résida d'abord pendant trois mois avec un groupe d'une dizaine de confrères. Ensuite, en janvier 1957, il fut possible d'emménager dans une nouvelle maison plus spacieuse et plus confortable que le supérieur régional, le P. Delbos, venait de faire construire à Oimatsuchô. Les étudiants devaient passer là en principe deux ans, sous la houlette du P. Deyrat, venu de Kobé pour leur servir de Mentor. Ils se rendaient tous les jours à l'école de Roppongi, tenue par les pères franciscains, où des professeurs compétents les initiaient aux mystères de la langue. Alain Quennouëlle était destiné à la mission de Hakodaté, dans le Hokkaidô, où les besoins en personnel étaient particulièrement urgents. Le P. Maugenre, curé de la paroisse centrale de la ville de Hakodaté, Miyamaechô, étant tombé malade, n'était plus en mesure d'assurer le service de la paroisse. Il fallait quelqu'un pour lui venir en aide. Alain Quennouëlle fut désigné pour ce faire et se trouva ainsi obligé d'écourter son stage d'étude de langue à Tôkyô, qui ne dura guère plus d'un an et quelques mois. Plus tard il devait regretter de n'avoir pu consacrer davantage de temps à l'étude des caractères et il souffrit de ne pas pouvoir lire facilement le japonais écrit. Très vite il fut accaparé par son travail au service des chrétiens de Miyamaechô et, dès qu'il en fut capable, par l'enseignement qu'il fallait donner aux catéchumènes, alors encore relativement nombreux. C'est à Miyamaechô, sur le terrain, bien plus qu'à Roppongi qu'il fit peu à peu l'apprentissage du japonais.
Après la mort du P. Maugenre, survenue peu de temps après, il devint à son tour curé de la paroisse. Parmi les paroissiens, les plus anciens gardaient le souvenir des missionnaires du début du siècle dont ils avaient admiré le zèle. Ils attendaient du jeune curé dont ils avaient hérité qu'il se montre digne de ses devanciers en faisant preuve du même dévouement à l'apostolat. Curieuse coïncidence, il se trouvait qu'un parent d'Alain Quennouëlle, un oncle ou un grand oncle, missionnaire franciscain, avait autrefois prêché l'évangile dans le Hokkaidô, non loin de là. Alain Quennouëlle aimait dire qu'il voyait là un signe donné par la Providence, comme une invitation à se donner sans compter à son travail. Il se sentait bien un peu surveillé par certains, membres de la vieille garde désireuse avant tout de préserver l'héritage, mais il appréciait aussi la bienveillance dont il était l'objet et l'indulgence que tous lui témoignaient quand par inexpérience il se trompait. Il s'attacha bientôt aux paroissiens de Miyamaechô, dont il vantait les qualités encore longtemps après les avoir quittés, et il garda jusqu'à la fin de sa vie des relations avec certains d'entre eux. Plus tard il devait répéter souvent que c'étaient les chrétiens, et plus particulièrement les vieilles femmes dont il avait admiré la foi ardente qui lui avaient fait comprendre ce que devait être son ministère de prêtre. Il fit son possible pour répondre aux besoins : prédication, administration des sacrements, visites aux malades, animation des différents groupes, JOC, Légion de Marie, etc... Et il dut bientôt s'atteler à une tâche qu'il n'avait pas prévue au départ. Les bâtiments, tant le presbytère que l'église, étaient en mauvais état, L'église surtout était devenue trop petite. Il fallut songer à reconstruire. Les paroissiens étaient disposés à se cotiser mais on ne pourrait rien faire sans l'appoint d'une aide extérieure. Alain Quennouëlle dut se transformer en quémandeur. Il se rendit en France à plusieurs reprises, en 1960, 1966 et 1967, pour recueillir des fonds. Grâce à la générosité de sa famille et de ses relations, il parvint à collecter la somme nécessaire pour commencer les travaux, une somme considérable pour l'époque. Il tint à confier la réalisation du projet de construction à un architecte qui ne copierait pas servilement les modèles importés d'occident. Alain Quennouëlle était fier à juste titre de l'église que ce dernier réalisa, selon la tradition japonaise, amie du dépouillement et de la simplicité, sans utiliser d'autre matériau que le bois, matériau noble par excellence, sans autre ornement que la couleur de ce bois, dans le goût des anciens sanctuaires des religions du pays. Le but recherché était atteint puisque les gens qui visitaient cette église se sentaient invités à la prière. Le P. Quennouëlle n'était pas à homme à disserter savamment en faisant des théories sur l'inculturation, mais il la pratiquait à sa manière. Dans la suite il eut à plusieurs reprises à s'occuper de constructions. On sentait qu'en ce domaine les choix qu'il faisait étaient inspirés par le respect qu'il éprouvait pour la sensibilité esthétique des Japonais.
En 1967, au retour d'un congé en France, pris après neuf ans de ministère à Miyamaechô, Alain Quennouëlle fut nommé au poste de Yakumo, petite ville à quelque soixante kilomètres de Hakodaté. Il trouvait là une paroisse bien différente de celle qu'il quittait. Alors qu'à Miyamaechô les chrétiens étaient plusieurs centaines. La communauté catholique de Yakumo ne comptait que quelques dizaines de membres, et il y avait peu d'espoir de la voir se développer rapidement. Le milieu ambiant, prisonnier des traditions du bouddhisme, semblait particulièrement imperméable. Les rares conversions au christianisme étaient le plus souvent le fait de gens venus d'ailleurs, qui ne restaient que peu de temps sur place. Le P. Quennouëlle fit comme les missionnaires qui l'avaient précédé dans le poste, essayant d'entrer en contact avec les habitants et de leur rendre service grâce à des jardins d'enfants, établis en ville et dans les environs, mais les résultats visibles de ce travail étaient bien minces. Pas question en tout cas de les évaluer en nombre de baptêmes administrés.
En 1968, après un an passé à Yakumo, Alain Quennouëlle il fut nommé supérieur local, responsable de la communauté des confrères MEP travaillant dans le district de Hakodaté. Il choisit alors d'aller résider dans la maison achetée par la Société près de Goryôkaku dans la ville de Hakodate. Il demeura là jusqu'au terme de son mandat en 1974, avec la charge de coordonner les activités dans le district et de transmettre les directives de l'évêque. Mgr Tomizawa n'abusait pas du droit qu'il avait de donner des consignes. Il faisait confiance aux missionnaires et était toujours prêt à soutenir leurs initiatives. En ces années post-conciliaires, on s'efforçait à pratiquer l'aggiornamento voulu par Vatican II. Une des fonctions du supérieur local est d'animer la réflexion commune. Alain Quennouëlle fit de son mieux pour promouvoir les échanges entre confrères sur leur activité pastorale. Outre les communautés religieuses et les écoles catholiques de la ville, école de garçons et école de filles, dans la marche desquelles le responsable de groupe n'avait pas à intervenir, et outre les cinq paroisses, il y avait plusieurs jardins d'enfants et aussi une œuvre fondée dans l'immédiat après-guerre dans un quartier populaire de Motomachi pour recueillir des enfants handicapés ou de famille en difficulté. Le supérieur local devait contrôler le fonctionnement de cet ensemble. Il était aussi régulièrement invité à donner des causeries aux parents et aux professeurs, dont beaucoup n'étaient pas chrétiens, et devait courir pour ce faire aux quatre coins du district. Alain Quennouëlle était souvent sur les routes au volant de sa voiture. Par ailleurs, en ces années-là, les finances et la comptabilité n'étaient encore pas partout parfaitement en ordre. Il fallait parfois discuter pour obtenir des améliorations et une harmonisation des pratiques. Bien que n'ayant pas de responsabilité paroissiale directe pendant toute cette période, le responsable du groupe ne manquait pas de travail.
Après un congé pris en France en 1974, Alain Quennouëlle fut nommé, en 1975, curé d'une paroisse en fondation dans la banlieue de Sapporo, à Eniwa. Depuis leur retour au Hokkaidô dans les années qui suivirent la fin de la guerre, après une longue absence, les missionnaires MEP n'avaient pas travaillé hors du district de Hakodaté. Cette nomination à Sapporo marquait un changement de la pratique récente. Elle répondait à un désir des responsables de la Société, et d'abord de l'intéressé, qui souhaitaient multiplier les occasions de contact et de travail en commun avec les prêtres japonais, pour la plupart en activité dans la ville épiscopale. Alain Quennouëlle fut donc heureux de se rendre à Eniwa. Et il fut heureux aussi d'avoir son mot à dire pour l'aménagement intérieur et la décoration de la petite église où il allait rassembler les paroissiens pour célébrer la liturgie. Là encore il sut imprimer sa marque et obtenir qu'on respecte les canons de l'esthétique_ japonaise en réglant l'éclairage donné par les fenêtres et en choisissant les statues et le mobilier. En y entrant on était saisi par l'atmosphère de recueillement qui régnait dans cette église.
En réalité, Alain Quennouëlle ne pensait pas pouvoir rester longtemps à Eniwa. En 1974, pendant son congé en France, il avait fait une rencontre qui devait avoir une influence déterminante sur la suite de son ministère. Sur le conseil d'un ami il avait fait au mois d'août de cette année une retraite au foyer de charité de Châteauneuf de Galaure au cours de laquelle il eut plusieurs entrevues avec Marthe Robin. Profondément impressionné par le message de Châteauneuf et les encouragements que lui donna Marthe Robin, il se sentit appelé à se consacrer lui-même à l'apostolat des retraites spirituelles dans le cadre des foyers de charité. Il devait parler par la suite de la certitude qu'il éprouva alors que Dieu l'appelait comme d'une nouvelle vocation à l'intérieur de sa vocation missionnaire, à laquelle il n'avait pas le droit de résister. Dès ce moment il résolut de tout faire pour parvenir à fonder un foyer au Japon, et d'entreprendre les démarches nécessaires auprès de ses supérieurs pour être autorisé à mener ce projet à bien. A Châteauneuf, il avait fait la connaissance d'une Japonaise, Mademoiselle Murakami, venue là tout exprès du Japon pour faire retraite, attirée par la réputation de Marthe Robin. Mademoiselle Murakami lui avait promis sa collaboration pour mettre en route et animer un foyer dès que lui-même pourrait se libérer pour en construire un au Japon.
À Eniwa, et plus généralement dans le diocèse de Sapporo, les conditions ne se prêtaient guère à une fondation de ce genre. Très vite Alain Quennouëlle se rendit compte que pour une première implantation. ll avait besoin de l'appui d’un évêque et d’un diocèse où la population chrétienne soit plus nombreuse qu'à Sapporo. Aussi fut-il heureux quand l'occasion se présenta d’aller dans le centre du Japon en acceptant la proposition que lui fit le supérieur régional d’aller rendre service au diocèse d'Osaka et de devenir curé de la paroisse de Nakayamaté à Kobé. Là il se trouverait en position favorable pour prospecter. C'est apparemment sans hésitation qu'il quitta le Hokkaidô où il avait travaillé pendant vingt ans et où il avait beaucoup de relations pour se rendre à Kobé.
Il devait rester curé de Nakayamaté pendant deux ans, d'avril 1976 à Pâques 1978. Là, sans négliger pour autant les devoirs de sa charge de curé, il se consacra sans relâche aux préparatifs de ce qui allait être la grande œuvre de sa vie. Et d'abord, soucieux d'avoir l'appui de l'archevêque d'Osaka, il conduisit le cardinal Taguchi à Châteauneuf pour qu'il se rende compte de visu de ce qu'est un foyer de charité. Ce dernier fut, semble-t-il, bien impressionné. Il encouragea Alain Quennouëlle à aller de l'avant et le mit en contact avec des personnes susceptibles de lui venir en aide. Ces encouragements étaient précieux mais ils ne supprimaient pas les difficultés qui étaient en travers de la route. Il fallait recruter et former des personnes qui deviendraient membres du foyer et accueilleraient les retraitants, il fallait trouver un emplacement convenable, il fallait collecter les fonds nécessaires à l'achat d'un terrain et à la construction d'une maison. Alain Quennouëlle ne se laissa pas impressionner par le scepticisme de quelques-uns qui ne voyaient pas dès l'abord la nécessité de l'entreprise. Convaincu de faire l'œuvre de Dieu, il fit face avec détermination à toutes ces difficultés et parvint à les surmonter une à une. Très vite, avant même d'avoir résolu toutes les questions en suspens, il commença à prêcher des retraites, au Japon et à Châteauneuf, où il conduisit à plusieurs reprises des groupes de Japonais. Puis vint le temps où il ne lui fut plus possible de mener de front ses activités à Nakayamaté et les préparatifs immédiats de la fondation du foyer. À l'automne 1978, relevé de sa charge de curé, il alla prendre pension chez les sœurs de l'Assomption à Mino, non loin de Sendaiji, le lieu où il avait l'intention de construire.
Le choix de Sendaiji, à quelques kilomètres du centre d'Osaka, avait été favorisé par tout un concours de circonstances auquel Alain Quennouëlle attachait beaucoup d'importance. Le foyer serait bâti au milieu d'un village dont les habitants étaient des descendants de chrétiens contraints à l'exil et réfugiés là à l'époque des persécutions. On trouve encore dans les environs des objets ayant appartenu à ces chrétiens et des souvenirs attestant leur présence. Le fondateur du foyer voyait là un signe : les retraitants se sentiraient appelés à retrouver la ferveur du temps des martyrs. Il s'agissait pour lui de faire œuvre d'Église et cette œuvre devait être un chaînon dans l'histoire de l'évangélisation au Japon, C’est pourquoi aussi dès le début il chercha à nouer des liens avec le diocèse de Nagasaki par où le christianisme a pénétré au Japon au temps de saint François Xavier. Et il caressa longtemps le rêve de pouvoir plus tard faire une autre fondation à Nagasaki même.
L'inauguration du foyer put enfin avoir lieu le 22 août 1980. Désormais le Père Quennouëlle pouvait prêcher dans ses murs. Il le fit pendant vingt-deux ans au rythme de cinq retraites de six jours par an et en donnant presque chaque fin de semaine des récollections ou des sessions de préparation au mariage. Il tenait beaucoup à ces récollections pour les fiancés, dont beaucoup étaient des non-chrétiens désirant se marier à l'église catholique. Et il disait son admiration pour l'écoute attentive de ces fiancés dont c'était souvent le premier contact avec l'Église. Il cherchait à rester proche des non-chrétiens et des catéchumènes. Il disait souvent être particulièrement heureux de pouvoir ainsi par le ministère des récollections participer à l'initiation des catéchumènes. Après sa mort les membres du foyer ont reçu de retraitants venus au foyer plusieurs témoignages attestant l'influence que sa prédication et les conseils reçus de lui ont eu sur leur cheminement et sur leur décision de demander le baptême.
Alain Quennouëlle ne se contenta pas de son ministère à Sendaiji, déjà très prenant. Il prêcha aussi à plusieurs reprises à la demande des évêques des retraites de prêtres, en 1981 à Nagasaki, puis en 1982 à Osaka même. Brûlant du désir de faire connaître et de développer l'oeuvre des foyers, en 1981, il se rendit à Taiwan sur l'invitation de Mgr Kia, archevêque de Taïpeï pour y donner plusieurs causeries, posant ainsi les jalons d'une fondation qui fut réalisée plus tard. En 1984, il fit un voyage à Hongkong et à Macao pour y rencontrer les évêques et étudier avec eux la possibilité d'une fondation. Élu membre du conseil central des foyers de charité en 1989, il dut se rendre chaque année en France pour prendre part aux assemblées générales. Et on sentait qu'il portait dans son cœur le souci de tous les foyers implantés un peu partout dans le monde.
Alain Quennouëlle était exigeant pour lui-même comme pour les autres, et intransigeant en matière de doctrine, mais il voulait avant tout être le témoin de l'Amour miséricordieux. Fervent adepte de la consécration mariale selon saint Louis Grignion de Montfort, il avait une grande dévotion envers la Sainte Vierge qu'il cherchait à faire partager à tous. Il aura consacré toutes ses forces à la prédication du Règne de Dieu avec une constance que tous admiraient, rêvant d'un avenir lumineux pour l'Église du Japon et voyant déjà les grands temples bouddhistes de Kyôto transformés en églises où le Saint Sacrement serait adoré en permanence. Ses confrères souriaient parfois de cet optimisme mais ils appréciaient le caractère revigorant des conversations avec lui, parce qu'on le savait homme de prière habité par le désir de faire connaître Jésus.
Malgré les conseils de son entourage, il ne prenait pas suffisamment soin de sa santé. Il ne se plaignait pas mais depuis un an ou deux il paraissait parfois fatigué. Au mois de février 2003 la fatigue devint soudain accablante, et il s'interrogeait sur les causes de cette aggravation quand le médecin diagnostiqua un cancer du foie en phase terminale et lui annonça qu'il n'avait plus que quelques semaines à peine à vivre. Hospitalisé d'urgence le 5 mars à l'hôpital Gratia de Mino, alors qu'il était complètement épuisé, il trouva encore la force d'évangéliser les infirmières et le médecin qui le soignaient. Ce dernier devait dire plus tard que l'attitude du Père Quennouëlle devant la mort et sa sereine acceptation l'ont conduit à remettre en cause les préjugés qu'il avait contre le christianisme et à réorienter sa vie. Au responsable de l'ensemble des foyers, le P. Michon, accouru d'urgence depuis Châteauneuf pour être à son chevet, le malade put redire qu'il faisait offrande se sa vie et de sa mort pour l'œuvre des foyers, et il trouva la force de parler avec lui des mesures à prendre pour assurer la survie de celui de Sendaiji. Il devait décéder le 17 mars, après quarante-sept ans de vie missionnaire au Japon, dont vingt-sept ans dans le diocèse d'Osaka. La très nombreuse assistance qui se pressait à la cathédrale le surlendemain pour ses obsèques, certaines personnes étant venues du lointain Hokkaidô, a montré, s'il en était besoin, combien son ministère a été estimé et ressenti comme une grâce par ceux et celles qui en ont bénéficié.