Jean-Baptiste POIRIER1843 - 1881
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 0915
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Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Japon
- Région missionnaire :
- 1867 - 1870 (Nagasaki)
- 1872 - 1881 (Nagasaki)
- 1870 - 1872 (Osaka)
Biographie
[915]. POIRIER, Jean-Baptiste-François-Marie, naquit le 27 mai 1843 à Saint-Philbert-en-Mauges (Maine-et-Loire). Ses études faites au collège de Combrée, il entra laïque au Séminaire des M.-E. le 1er septembre 1863, et reçut le sacerdoce le 26 mai 1866. Il fut envoyé au Japon le 15 juillet suivant, et commença ses travaux apostoliques à Urakami, où il aida Laucaigne. Il devint, vers 1870, l'auxiliaire de Mounicou, à Hiogo, et passa en 1871 à Kobé. En 1872 il fut chargé de Nagasaki, Urakami et Omura, qui comptaient ensemble environ 1 500 chrétiens demeurés fermes dans la foi, à ce moment où la persécution battait son plein.
En 1876, lors de la division du Japon en deux vicariats apostoliques, il appartint au Japon méridional. En 1877 il était chargé de la seule paroisse d'Urakami, qui possédait 3 750 catholiques, et environ 200 familles de séparés (descendants d'anciens chrétiens qui refusaient d'accepter les missionnaires). Il fonda des écoles, développa l'œuvre des catéchistes, organisa une institution de vierges indigènes, et bâtit une église. Il mourut à Nagasaki le 5 février 1881. Son corps fut inhumé près de l'église des Vingt-six Martyrs japonais, dans la propriété de la Mission. C'était un esprit judicieux et un excellent guide spirituel.
Nécrologie
M. POIRIER
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU JAPON MÉRIDIONAL
M. Jean-Baptiste-François-Marie Poirier était né à Saint-Philibert¬-en-Mauge (diocèse d’Angers). Après avoir achevé ses humanités et sa philosophie au Collège de Combrée, il entra au Séminaire des Missions Étrangères, le 1er septembre 1863. Ordonné prêtre le 26 mai 1866, il partit pour le Japon le 15 juillet de la même année.
Cette Mission était alors le théâtre d’événements aussi merveilleux que consolants. L’Église du Japon, qu’après deux siècles de la plus cruelle persécution on avait pu croire anéantie, sortait de son tom¬beau ; les Missionnaires travaillaient dans le silence à recueillir ces chères épaves, échappées à la tempête. Arrivé à Nagasaki dans ces circonstances, M. Poirier avait hâte de partager les labeurs et les consolations de ses Confrères plus anciens ; il se mit avec ardeur à l’étude de la langue et devint bientôt capable de remplir le saint ministère. Il l’exerçait depuis quelques mois seulement, lorsque la persécution éclata de nouveau. Il eut alors sa large part des solli¬citudes, des anxiétés et des douleurs communes. Ne pouvant plus donner libre cours à son zèle, il attendit dans la prière et l’étude le moment de reprendre l’exercice de son ministère.
Enfin l’épreuve finit en 1873, les édits deroscriprombèen t,ptonti et les exilés pour la foi revinrent dans leur patrie. M. Poirier se remit à l’œuvre avec ses Confrères. Chargé successivement de plu¬sieurs chrétientés importantes, il en fut constamment l’apôtre dévoué. « Il était, lisons-nous dans le Rising Sun and Nagasaki Express, infatigable au travail : jour et nuit à la disposition de ses ouailles, malgré les ardeurs du soleil et les furies de la tempête, sur mer ou à travers les montagnes, il était constamment prêt à prodiguer ses soins et ses consolations aux malades et aux malheureux, et son dévouement lui avait gagné l’estime et la reconnaissance des pauvres gens de la campagne, qui l’aimaient comme un père. »
Dieu bénit son ministère, et c’est par milliers qu’il faut compter les âmes qu’il a ramenées à la foi et à la religion de leurs ancêtres. Dans les derniers temps de sa vie il fut chargé de la belle chrétienté d’Ouracami, où il était connu et aimé. Il y multiplia les écoles, établit des Confréries pour stimuler la ferveur des fidèles, développa l’œuvre des catéchistes, dirigea une institution naissante de pieuses vierges qui se consacrent au soin des malades, à la direction des écoles et des orphelinats, et à l’instruction des personnes de leur sexe. Dieu lui accorda la consolation de planter la croix et de l’offrir à la vénération publique, dans le lieu où, de longues années durant, elle avait été profanée, et d’ériger un autel sur un sol que tant de fois le sang des chrétiens avait arrosé. Il dirigea les travaux avec autant de succès que de zèle et, grâce à son habileté et à la géné¬rosité de ses chrétiens, il éleva, en quelques semaines, un vaste sanctuaire au centre de la vallée d’Ouracami.
Il était heureux au milieu de ses chers néophytes qu’il aimait et dont il était aimé. Peu de temps avant sa mort, il écrivait à un de ses amis : « Ce que ne pourra vous dire ma lettre, c’est « le vrai bon¬heur dont jouit votre pauvre ami dans sa chère vallée d’Ouracami. Quel « purgatoire je ferai, je l’ai toujours dit ! » Ce bonheur cepen¬dant était acheté au prix de mille travaux, de fatigues continuelles, de sacrifices de tous les instants. Mais le Missionnaire n’est heureux que lorsqu’il peut se dépenser corps et âme à la gloire de Dieu et au salut du prochain.
A ce zèle, à ce dévouement, M. Poirier joignait toutes les autres qualités qui conviennent aux hommes apostoliques. Sa foi vive, son ardente piété, son esprit de mortification se révélaient en toutes circonstances ; sa régularité était proverbiale, les seules nécessités du ministère et les condescendances de la charité étaient capables de déranger l’ordre toujours prévu et déterminé de ses exercices et de ses actions de chaque jour ; son caractère était plein de franchise et ignorait les moindres détours, il eût été quelque peu rude, si la charité n’en eût modéré les aspérités naturelles. C’était un homme de bon conseil : dans l’exercice du saint ministère il avait acquis une grande expérience des âmes. Ses connaissances étaient variées et profondes ; grâce à des aptitudes spéciales, il avait pu s’improviser architecte et rendre ainsi d’importants services à sa Mission.
C’est au moment où son existence paraissait être le plus néces¬saire, que Dieu l’a appelé à la récompense. Voici les détails que Mgr Petitjean nous a transmis sur les derniers moments de notre Confrère :
« C’est l’âme brisée par la douleur que je vous adresse ces lignes. Le vénéré M. Poirier nous a quittés pour un monde meilleur, hier, fête de nos saints martyrs.
« Ce cher défunt a été emporté par une fièvre typhoïde que tout d’abord nous croyions très bénigne. Jeudi 3 février, le docteur me prévint que notre pauvre malade était en danger. Lui, au contraire, ne soupçonnait pas la gravité de son état, et ce fut par obéissance qu’il se mit aussitôt à se préparer aux derniers sacrements. Il avait eu déjà la consolation, durant le cours de sa maladie, de communier souvent au milieu de la nuit. Le jeudi, à cinq heures du soir, avec toute sa connaissance et avec les plus vifs sentiments de foi et de piété, il reçut en viatique Notre-Seigneur, puis l’Extrême-Onction et l’indulgence plénière. Nos Confrères de Nagasaki, nos Sémi¬naristes et tout le personnel de la résidence assistaient à cette touchante cérémonie.
« Le lendemain, la journée fut mauvaise ; l’état du malade devint désespéré. Que de prières furent faites par ses nombreux chrétiens que sa mort rend aujourd’hui inconsolables ! Mais le bon Dieu voulait récompenser son fidèle ouvrier.
« L’agonie commença le samedi 5, à trois heures du matin, et à neuf heures et demie il rendait son âme à Dieu. A peine fut-il mort que la nouvelle s’en répandit dans nos chrétientés avec la plus grande rapidité, et depuis ce moment on accourt de tous côtés pour le voir sur son lit funèbre. »
Ses obsèques ont eu lieu le 8 février, au milieu des larmes d’un peuple immense venu pour rendre les derniers devoirs à un père bien-aimé et prier sur sa tombe. Par autorisation spéciale du gouver¬nement japonais, les restes mortels du défunt reposent près de l’église des martyrs japonais à Nagasaki.
Références
[0915] POIRIER Jean-Baptiste (1843-1881)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1879, p. 14 ; 1881, p. 22. - M. C., v, 1873, p. 449 ; xiii, 1881, pp. 51, 178. - Sem. rel. Angers, 1868, p. 408 ; 1881, p. 327. - Sem. rel. Paris, 1881, p. 949. - Œuv. Prop. Foi, Angers, comp.-rend., 1875, p. 54 ; 1876, p. 41 ; 1877, p. 11 ; 1878-80, p. viii.
La Rel. de Jésus, i, pp. 566, 581, 620 ; ii, pp. 8, 107 et suiv., 122 et suiv., 133, 194, 196, 202, 212, 234 et suiv., 328, 427 et suiv.
Notice nécrologique. - C.-R., 1881, p. 115.