Joseph PONS1847 - 1924
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1132
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1872 - 1924 (Chongqing [Chungking])
Biographie
[1132] Joseph François Pons est né le 27 septembre 1847 à Heyrieux, diocèse de Grenoble, Isère. En fait il appartenait au diocèse de Lyon, parce que son père est venu s’établir à Lyon pour sn métier, et ceste là que Joseph Pons fit ses études. Il termina ses études littéraires au Petit Séminaire de l’Argentière. Il entra ensuite au Grand Séminaire Saint-Irénée de Lyon. Il fut ordonné prêtre le 3 juin 1871, et entra aux Missions Étrangères le 18 septembre 1871. Il partit le 18 juillet 1872 pour la Mission du Sichuan, en Chine.
Mgr Desflèches, premier vicaire apostolique du Sichuan oriental, ne tarda pas à envoyer le jeune missionnaire apprendre la langue chinoise dans une famille chrétienne à la campagne. Il y resta peu de temps. Il fut envoyé ensuite à Kouyfou, vicaire de M. Eyraud, devenu vieux et malade. Il le remplaça pendant plusieurs mois, puis fut envoyé à Kienkang, où le Père Huc venait d’être massacré. Il échappa de justesse aux brigands. Il fut alors envoyé à Kiangtsin, et au bout de deux ans, à Tatsiou. Il fixa sa résidence dans le gros bourg de Longchouytchen, où il y avait une chrétienté florissante.
Peu de temps après son arrivée, éclata une dispute entre païens et chrétiens, qui dégénéra en émeute, et les païens pillèrent et brûlèrent tout. Une vingtaine de chrétiens furent massacrés et le Père Pons dut s’enfuir.
Mgr Chouvellon jugea plus prudent de lui donner alors un poste plus tranquille à Eulangtan. Il y resta huit ans jusqu’en 1902. Enfin il fut nommé curé de la grande paroisse de Tchongking (Tien Cheou Tang). Il y resta treize ans, exerçant un ministère des plus fructueux. Il embellit soin église, bâtit deux hôpitaux pour les pauvres. Il construisit même un clocher, dans lequel il plaça trois cloches. Il dirigea de nombreuses œuvres paroissiales.
Les années s’écoulaient et arrivait la vieillesse. Il commença à souffrir de douloureux rhumatismes, il devint sourd, au point de ne pouvoir entendre les confessions. Alors il se retira du ministère actif. En 1916, il alla à l’hôpital catholique de Jengattang, où les religieuses franciscaines le soignèrent bien. En 1922, il célébra son 50ème anniversaire de sacerdoce et de mission chinoise.
En février 1924, la paralysie du bras droit augmenta, ses souffrances aussi, et il ne put plus dire la messe. Le dimanche 27 juillet 1924, son état s’aggrava, il reçut le sacrement des malades des mains de son provicaire et expira paisiblement. Dès le lendemain, on le transporta dans son ancienne paroisse de Tien Cheou Tang, où il fut inhumé au cimetière où reposent déjà tant de vaillants confrères.
Cinquante-trois ans de mission, dix années de souffrances offertes à Dieu pour la rédemption du monde ; toute une vie de prières et de messes à l’intention de ses chers Chinois, voilà une vie missionnaire bien remplie dans ce coin de Chine qu’il a tant aimé.
Nécrologie
M. PONS
MISSIONNAIRE DU SUTCHUEN ORIENTAL.
M. PONS (Joseph-François), né à Heyrieux (Grenoble, Isère), le 22 septembre 1847. Prêtre le 3 juin 1871. Entré au Séminaire des Missions-Étrangères, le 18 septembre 1871. Parti pour le Sutchuen Oriental, le 17 juillet 1872. Mort à Tchongkin, le 27 juillet 1924.
François-Joseph Pons naquit à Heyrieux diocèse de Grenoble, le 22 septembre 1847 ; mais il appartenait au diocèse de Lyon par ses études et ses ordinations, car quelques années après sa naissance ses parents allèrent s’établir à Lyon, où son père était teinturier en soieries. Sa pieuse mère, Marguerite Valette l’éleva avec un soin jaloux et lui donna l’empreinte de sa piété et de ses vertus. Il aimait à raconter qu’elle le mena un jours à Ars voir le saint curé Jean Vianney ; il n’avait alors que cinq ou six ans. Il se souvenait que le saint prêtre, parlant à sa mère, le tenait par la main. Le lendemain il entendit sa messe pendant laquelle un aveugle fut guéri au moment de la communion. Tous les assistants témoins du miracle entonnèrent le Magnificat tandis que le futur Bienheureux, sans s’émouvoir, continuait de distribuer la communion et terminait la messe.
Il est probable que le petit Joseph commença ses classes de latin dans quelqu’une des nombreuses manécanteries des paroisses de Lyon, sources abondantes de prêtres et de missionnaires. Sa mère si pieuse ne mit point opposition à sa vocation naissante, bien qu’il fût son fils unique, et il alla terminer ses études littéraires au Petit Séminaire de L’Argentière. Là il se trouva dans le même cours avec celui qui devait être pendant trente-deux ans son Vicaire Apostolique et ne le précéda que de deux mois dans la tombe, Mgr Félix Chouvellon.
M. Pons avait gardé bon souvenir de son Séminaire et aimait à fredonner une chanson où revenait le refrain : « L’Argentière mes amours ». Mgr Chouvellon et lui avaient fait leur rhétorique, et ils aimaient ce souvenir, sous la direction du vénérable Mgr Morel, fondateur et directeur des Missions Catholiques, un des grands bienfaiteurs de toutes les Missions du monde.
Ordonné prêtre le 3 juin 1871, il entra deux mois après au Séminaire des Missions-Étrangères. Il en partit le 13 juillet 1872, ayant sa destination pour le Sutchuen Oriental, en compagnie de MM. Podechard et Langlais. A Lyon, le père, la mère, un groupe nombreux de parents et d’amis attendaient le missionnaire. Il y eut du mouvement, ce matin-là, à la gare de Lyon. Chacun voulait lui parler, lui faire une recommandation dernière ; le nom de Joseph courait de bouche en bouche : Joseph, ne nous oublie pas ! Joseph, écris-nous souvent ! Joseph, donne mon nom à la première petite chinoise que tu baptiseras ! La pauvre mère l’embrassait en pleurant, le père cachait ses larmes… Enfin, il fallut remonter en voiture et le bruit de la vapeur étouffa les cris du sacrifice de ce fils unique et les derniers appels à Joseph.
Mgr Desflèches, Evêque de Sinite et premier Vicaire Apostolique du Sutchuen Oriental, envoya le jeune missionnaire, dès son arrivée en mission, apprendre la langue dans une famille chrétienne à la campagne. Il y resta peu de temps. Il fut envoyé ensuite à Kouyfou, comme vicaire de M. Eyraud, devenu vieux et malade. M. Eyraud, affligé d’une hydropisie dut descendre à Sanghai où il mourut ; M. Pons le remplaça plusieurs mois, continuant l’étude de la langue chinoise dans laquelle il fit de rapides progrès. De Kouyfou, il fut envoyé à Kienkiang où le P. Hue venait d’être massacré. C’est en compagnie de M. Langlais, qui retournait à Yeou Yang, qu’il alla occuper son nouveau poste. Il fut bien près d’être arrêté et pillé par une bande de brigands ; les ayant aperçus à temps, il piqua des deux et put leur échapper. Nommé ensuite à Kiangtsin, puis, au bout de deux ans, à Tatsiou, il se trouva là dans son élément, parmi des chinois plus civilisés que ceux des montagnes de Yeou Yang, et ayant là un bon noyau de vieux chrétiens. Mgr Trenchant avait travaillé là et avait converti un certain nombre de païens, entre autres les Lieou de Mapaotchang. Le gros bourg de Longchouytchen comptait de nombreux chrétiens presque tous fondeurs en cuivre ; ils avaient coulé en ce métal une cloche chinoise sans battant que l’on frappait avec un marteau de bois ; ils en étaient fiers. La résidence du Père et leur pauvre oratoire étant devenus trop étroits, M. Artif leur avait construit une église et une école de style chinois.
L’état florissant de cette chrétienté excita la haine de l’enfer et l’envie des païens : M. Pons y travaillait depuis peu de temps, lorsque soudain, à propos d’une dispute, les païens s’ameutèrent, pillèrent et brûlèrent tout. Le missionnaire se fit rendre justice et rebâtit plus grandes et plus belles résidence et église. La fureur des païens s’en accrut encore, et dans un nouvel accès, ils massacrèrent une vingtaine de chrétiens ; M. Pons n’eût pas été lui-même épargné s’il ne se fût enfui.
Le Préfet de Tchongkin, délégué pour estimer les dégâts et établir une enquête, fut gagné par l’argent des persécuteurs ; il jeta tous les torts sur le missionnaire qu’on accusait de tous les crimes. On fit sur lui une complainte qu’on vendait à vil prix et qu’on colporta et chanta dans toute la Province.
Ne pouvant obtenir justice au Sutchuen, M. Pons porta sa cause à Pékin où, avec l’aide de notre ambassadeur, il lui fut facile de réfuter toutes les accusations fausses et ridicules dont il était victime. Il en profita pour prendre un peu de repos et aller voir quelques-uns de ses amis au Japon et en Corée.
Quand il revint au Sutchuen, il aurait bien voulu retourner à Longchouytchen où il avait souffert si honorablement. Mgr Chouvellon jugea plus prudent de lui donner un district tranquille et un peu caché. Il alla donc s’installer dans la solitude de Eullangtan, à Leangchang.
Cependant cela ne convenait guère à son tempérament ; aussi, peu de temps après, Monseigneur l’envoya à Foutcheou, sur le grand fleuve. Là, notre confrère se trouva de nouveau dans son élément durant sept ou huit années. Il garda la résidence même aux plus fortes chaleurs et malgré les invitations amicales du Supérieur du Séminaire de Tientche, où il aurait pu aller facilement jouir d’un peu de fraîcheur.
Enfin, en 1902, il était nommé curé de la grande paroisse de Tchongkin, le Tien Tcheou tang. Il y travailla treize ans, faisant partie du conseil épiscopal et dirigeant une foule d’œuvres. Il embellit son église ; bâtit les deux hôpitaux des pauvres, puis un clocher qu’il munit de trois cloches ; il acheta tous les personnages d’une crèche de Noël qui, tous les ans, fait l’admiration des enfants.
Mais les années s’écoulaient et arrivait la vieillesse ; un bain par trop froid lui causa de douloureux rhumatismes et lui paralysa presque le bras droit. Néanmoins, il pouvait encore célébrer la messe. Mais il devint dur d’oreilles et bientôt il ne put plus entendre les confessions. Il dut alors renoncer au saint ministère et se retira en 1915 à l’hôpital catholique du Jengaitang où les bons soins de nos Sœurs Franciscaines adoucirent ses souffrances.
En 1922 il célébra son cinquantième anniversaire de sacerdoce et de mission. Sur ses dernières années il avait encore la grande consolation de pouvoir célébrer le saint Sacrifice. Il n’était plus que l’ombre de lui-même et nous ne reconnaissions plus celui que jadis nous saluions d’un titre qui répondait à son tempérament et rappelait ses exploits : le Colonel Pons !
Cette année 1924, au mois de février, la paralysie du bras droit ayant augmenté, et les souffrances aussi, la célébration de la sainte Messe lui devint impossible. Le bon et charitable aumônier de l’hôpital, M. Décomps, lui portait tous les matins la sainte communion et, dans la soirée, appuyé au bras de son domestique, il allait clopin-clopant à la tribune de la chapelle assister au salut du Saint Sacrement. Les confrères le visitaient le plus souvent possible, à sa grande joie ; et quand il se plaignait de son inutilité et de ses douleurs, ils le consolaient en lui faisant entrevoir leur prix et les joies célestes qui approchaient.
Le dimanche 27 juillet, à l’entrée de la nuit, l’état de notre cher confrère s’aggrava. Avertis à temps, M. Claval, provicaire, et M. Jantzen, procureur, accoururent au plus vite. M. Pons, qui le matin avait encore reçu la sainte Communion, était étendu sur sa chaise longue, presque sans connaissance. Il reçut l’Extrême-Onction et expira aux premières prières de la recommandation de l’âme.
Dès le lendemain, placé dans son cercueil, on le transporta au Tien Tchou tang, son ancienne paroisse, où ses chers chrétiens, jour et nuit, prièrent pour lui et l’accompagnèrent à Tsienkiagay où reposent déjà tant de vaillants confrères.
Cinquante-trois ans de Mission, une vie apostolique bien remplie, dix ans d’infirmité patiemment supportées lui auront valu la récompense promise par le divin Maître à ceux qui ont tout quitté pour le suivre.
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Références
[1132] PONS Joseph (1847-1924)
Références biographiques.
Annales des Missions Etrangères.- 1891 p. 337.338.409-421 ; 1892 p. 456.470.505.518 ; 1914 p. 252 ; 1999 p. 147 ; 1910 p. 258.265.268.269 314.320.323 ; 1924 p. 197+ Compte Rendu : 72 p. 53 ; 1883 p. 61; 1884 p. 52; 1887p.75; 1888 p. 68.69 ; 1889 p. 65 ; 1890 p. 65 ; 1891 p. 78.81.87 ; 1894 p. 362 ; 1896 p. 112; 1897 p. 85.86; 1899 p. 102.103 ; 1901 p. 94 ; 1903 p. 88 ; 1904 p. 97 ; 1905 p. 64 ; 1906 p. 79 ; 1908 p. 81.83 ; 1909 p. 91.92 ; 1908/11 p. 78.79 ; 1912 p. 112 ; 1916 p. 65 ; 1917 p. 42 ; 1924 p. 41.214 ; 1925 p. 187. Bulletin des Missions Etrangères. ; 1922 p. 27.62 ; 1924 p. 615.618+
Echos de la rue du Bac : 68+