Jean-Marie GOARZIN1865 - 1912
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2665
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Inde
- Région missionnaire :
- 1903 - 1912 (Pondichéry)
Biographie
[2665] GOARZIN Jean-Marie naît le 12 mars 1865 à Locmaria-Plouzané dans le Finistère. Il est d'abord domestique de ferme. A 21 ans seulement, il entre au Petit séminaire de Pont-Croix, puis au Grand séminaire de Quimper. Il est ordonné prêtre le 25 juillet 1894. D’abord vicaire à Plouzé pendant quatre ans, il l’est ensuite à la paroisse de l'île d'Ouessant. Dans ces deux postes, il se fait remarquer par sa douceur et par sa prudence. On le nomme en 1898 trésorier du bateau de sauvetage de Lampaul.
Vocation missionnaire tardive
Il se présente au Séminaire des MEP le 20 décembre 1901 et part le 12 novembre 1902 pour la mission de Pondichéry.
Apostolat et dévouement écourtés par le choléra
Il se forme à la vie apostolique à Chepet (1) sous la direction d'un missionnaire éminent, le P. J.-F. Darras. Au bout de huit à neuf mois, il reçoit la direction du district de Polur (1) où vivent plus de cinq mille Chrétiens dispersés dans une cinquantaine de villages. Il construit plusieurs petites chapelles et multiplie ses visites dans les stations catholiques. Étant allé administrer les sacrements à des fidèles atteints du choléra, il est à son tour saisi par le fléau et meurt à Polur (North-Arcot), le 1er février 1912.
1 – Au nord-ouest de Pondichéry. Le North-Arcot est un district administratif des Indes britanniques dépendant de la province de Madras.
Nécrologie
M. GOARZIN
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE PONDICHÉRY
Né le 12 mars 1865
Parti le 12 novembre 1902
Mort le 1er février 1912
Jean-Marie Goarzin naquit en 1865, à Loc-Maria-Plouzané (diocèse de Quimper), de parents pauvres des biens de la terre. Rien dans son enfance ne faisait soupçonner qu’il dût prendre place dans l’Eglise au milieu des chefs et des apôtres. Il fut placé, de bonne heure, comme domestique dans une ferme ; acharné au travail, docile et pieux, il gagna vite la confiance et l’affection de ses maîtres. A 19 ans, une attaque de fièvre typhoïde le conduisit aux portes du tombeau ; dès lors, sa vie semble s’orienter plus nettement : il veut devenir prêtre et missionnaire. En 1886, à l’âge de 21 ans, il s’en va trouver le recteur de la paroisse, M. l’abbé Nicolas, et lui dit sans autre préambule : « Monsieur le Recteur, je veux être prêtre ! » Celui-ci, paraît-il, éconduit assez froidement M. Goarzin, qui, timide — il le sera toute sa vie — ne sut que répondre et s’en retourna aux travaux des champs. Ce premier échec ne le découragea pas. Il trouva en M. de Kervardou, maire de la commune, un protecteur puissant autant que dévoué, qui obtint son admission au Petit Séminaire de Pont-Croix.
Jean Goarzin apporta aux nouvelles occupations de la vie de séminaire l’ardeur et la persévérance auxquelles l’avait habitué le travail des champs, et la ténacité de ses efforts triompha des difficultés plus grandes que lui causa son âge déjà avancé. Il avait bonne mémoire, et, par suite, aimait les matières de Géographie et d’Histoire. « En con¬versation, raconte un de ses condisciples, il tombait souvent dans quelque mer ou quelque lac qui nous étaient inconnus ; pour l’en sortir, il fallait — et cela suffisait, heureusement — qu’on se fachât tout rouge. Un jour de composition, il cita 21 lacs de Suisse. »
Son supérieur, M. Branquet, a rendu de lui ce témoignage flatteur : « Je n’ai jamais connu d’élève aussi sérieux ni aussi doux ; tous, maîtres et élèves, aimaient le « Goarzin Coz ».
M. Goarzin fut ordonné prêtre en 1894, et envoyé comme vicaire dans la paroisse de Plouyé où, pendant 4 ans, il fit preuve d’un grand dévouement.
En 1898, il reçût son changement pour la paroisse de l’Ile-d’Ouessant. Rien de saillant dans cette vie de vicaire : il y fut l’homo Dei, le prêtre exemplaire qu’il sera toujours. Il n’avait pas reçu le don de l’éloquence ; mais son accueil affable, ses conseils d’ami, donnés à propos, et le plus souvent au cours de ses promenades, lui valurent bien vite l’estime et l’affection de ses nouvelles ouailles. Son départ pour les Missions, et, après dix ans, la nouvelle de sa mort, firent voir combien ces sentiments étaient profonds et durables.
Le bon, le doux M. Goarzin savait se montrer sévère quand il le fallait. Peu après son arrivée à Ouessant, un bataillon de l’armée coloniale fut installé dans l’Ile. Le zélé prêtre craignit pour son peuple, aux mœurs simples et pures, le contact des nouveaux venus : il prit le parti d’être impitoyable pour les jeunes personnes dont les fréquentations seraient dangereuses. Sa sévérité lui valut même un jour, de la part d’un militaire, une lettre contenant des menaces de mort.
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Depuis bien des années, il caressait le projet de se consacrer à l’évangélisation des païens ; toutefois, ce ne fut qu’en 1901, à l’âge de 36 ans, qu’il put le mettre à exécution en entrant au Séminaire des Missions-Étrangères.
Ici, comme à Pont-Croix, il fut un modèle de piété et de régularité. Ses confrères admiraient le « curé Breton », qui, après 8 ans de ministère, se pliait avec tant de simplicité aux points les plus minutieux de la règle.
L’année suivante, en novembre 1902, M. Goarzin s’embarquait pour la Mission de Pondichéry. Il y fit ses premières armes sous la direction du vénéré M. Darras, à Chetput.
Au bout de 8 ou 9 mois, il fut placé à la tête du vaste district de Polur qui, à part quelques blanchisseurs, se compose uniquement de nouveaux chrétiens. Plus de 5.000 néophytes, dispersés dans près de 50 villages, quel immense champ ouvert au zèle dévorant du nouvel apôtre ! Plusieurs de ses prédécesseurs avaient succombé à la tâche. Cela n’effrayait nullement M. Goarzin. Il parcourait sans cesse ses chrétientés ; régulièrement, chaque année, il passait deux ou trois mois sous la tente, se riant des désagréments inhérents à cette vie nomade. Les chapelles qu’il bâtit ou rebâtit, lui donnaient un surcroît de besogne. Pasteur vigilant et zélé, il n’hésitait pas à multiplier ses visites, lorsqu’il fallait défendre une partie de son troupeau contre les attaques plus opiniâtres de l’hérésie, et il s’estimait trop heureux d’endurer les plus grands travaux pour conserver intègre la foi de ses enfants.
Sa santé, d’apparence robuste, ne put résister longtemps à tant de fatigues. Deux fois, un congé de quelques semaines s’imposa ; à plusieurs reprises, se sentant dévoré par la fièvre, ou atteint de quelque mauvais rhume, il alla se reposer à Arni, district voisin, où les soins dévoués et intelligents des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny le remettaient vite. M. Goarzin ne pendait point sa gaieté au milieu de ses souffrances ; jamais il ne s’en fit une raison pour se dispenser de ses exercices de piété.
Constatant l’impuissance du bon Père à soutenir plus longtemps une tâche trop au-dessus de ses forces, Mgr Gandy lui adjoignit des aides. Sa Grandeur savait, d’ailleurs, qu’aux côtés de ce saint et zélé Missionnaire, les jeunes Confrères seraient formés à bonne école. La vue seule de M. Goarzin leur était le meilleur des directoires. Jamais il ne demeura inactif : le temps libre que lui laissaient les visites de ses chrétiens, était employé aux exercices spirituels, à l’étude de la théologie et du tamoul. Cette dernière branche de son programme lui demanda de grands efforts : s’il est, en effet, toujours laborieux de s’assimiler une langue étrangère, combien ne l’est-il pas davantage, lorsque l’âge a rendu l’oreille moins souple et la mémoire plus ingrate !
D’autre part, la douceur de son caractère, son accueil toujours affable et prévenant lui conquirent très vite la sympathie de ses Confrères qui l’appelaient « le bon Père Goarzin ». Ceux-ci aimaient, dans leurs difficultés et leurs peines, à venir se consoler près de lui ; ils s’en retournaient invariablement fortifiés. Sans se soucier de son droit d’aînesse, il aimait à se faire le plus petit de tous, prévenant leurs désirs, toujours prêt à rendre service. Aux fêtes patronales où plusieurs Confrères se trouvaient réunis, il entrait le premier au confessionnal pour en sortir le dernier.
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Vers la mi-janvier 1912, au retour de la retraite commune, M. Goarzin commença à rassembler des matériaux pour la construction d’un nouveau presbytère ; car l’ancien tombait en ruine.
Le choléra régnait alors aux environs de Polur. Notre Confrère avait administré les derniers sacrements à quelques chrétiens atteints de la redoutable maladie. Subitement, le 1er février, à 11 heures du matin, il se sentit indisposé. A midi, il voulut prendre son repas, comme à l’ordinaire ; mais à peine eut-il commencé qu’il fut obligé de sortir. Des vomissements, la dysenterie, puis des crampes douloureuses aux bras et aux jambes ne laissèrent bientôt plus de doute sur la nature du mal. On s’empressa de télégraphier à Arni la triste nouvelle.
M. Dequidt arrivait de suite à Polur. Le cher malade était étendu sur son lit : il semblait moins souffrir, et conservait toute sa lucidité d’esprit. Vers 8 heures du soir, le pouls devint imperceptible. M. Dequidt proposa les derniers sacrements au cher mourant qui les reçut avec de profonds sentiments de foi. On commença la récitation des prières des agonisants, et quelques instants après, à 10 h. ½ , M. Goarzin s’éteignait sans agonie. Le lendemain, dix Missionnaires, venus pour donner à leur regretté Confrère une dernière marque d’affection, accompagnaient au cimetière sa dépouille mortelle. Il repose à côté de M. Verchery, un des premiers missionnaires de Polur, mort lui aussi du choléra, en 1896.
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Références
[2665] GOARZIN Jean (1865-1912)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1904, p. 253 ; 1905, p. 247 ; 1909, p. 228. - Sem. rel. Quimper, 1898, p. 792.
Notice nécrologique. - C.-R., 1912, p. 411.