Laurent POUGET1849 - 1911
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1187
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1874 - 1891 (Malacca)
- 1904 - 1911 (Malacca)
Biographie
[1187]. POUGET, Laurent-François, était né le 10 février 1849 à Issoire (Puy-de-Dôme) ; mais sa famille étant allée demeurer dans le diocèse de Lyon, il fit ses études aux petits séminaires de Montbrison et de Saint-Jodard, passa quelque temps au grand séminaire de Lyon, et fut incorporé à ce diocèse. Entré tonsuré au Séminaire des M.-E. le 30 août 1871, il reçut l'onction sacerdotale le 20 décembre 1873, et le 28 janvier 1874 il partit pour la mission de la Presqu'île de Malacca. Après un court séjour à Singapore, il fut envoyé à Serangong où il commença l'étude du chinois ; en 1875, à Ayer Salak où il apprit le malais ; et en 1877 à Malacca. Nommé vicaire de la cathédrale à Singapore vers la fin de 1879, il conserva ces fonctions jusqu'en 1885.
Il reprit alors sa vie apostolique à l'intérieur du pays, et se dévoua à la chrétienté de Taïping. Atteint de la fièvre, il partit pour Hong-kong en août 1889, et pendant son séjour au sanatorium, il surveilla la réimpression du Kabaktian, livre de prières en malais.
Retourné à la cathédrale à Singapore, il ne tarda pas à retomber malade, et en 1891, il revint en France. En novembre 1904, il rentra dans sa mission, et tant que ses forces le lui permirent, il remplit le ministère de vicaire à la cathédrale. Il s'éteignit le 11 mars 1911 à l'hôpital de Singapore.
Nécrologie
M. POUGET
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE MALACCA
Né le 10 février 1849
Parti le 28 janvier 1874
Mort le 11 mars 1911
Laurent-François Pouget était originaire d’Issoire, au diocèse de Clermont ; mais il passa de bonne heure dans le diocèse de Lyon. Le 14 mars 1861, il faisait sa première communion, dans l’église d’Ainay, à Lyon ; puis il entra au Petit Séminaire de Montbrison, et enfin à celui de Saint-Jodard au commencement de 1871. Il reçut la première tonsure des mains de Mgr Ginoulhiac le 2 juin de la même année, et, quelques jours après, le 20 juin, M. Delpech, supérieur du Séminaire de Paris, lui annonçait que, « sur les bons renseignements de son vénéré Supérieur, il était admis aux Missions-Etran¬gères
Cette lettre d’admission, qu’il conserva toujours pieusement, était accompagnée de la Circulaire envoyée, à la même époque, aux Aspirants rendus à leurs familles pendant la guerre de 1870 et la Commune de Paris, pour les inviter à revenir au Séminaire dans les premiers jours de septembre.
Le 20 décembre 1873, M. Pouget fut ordonné prêtre par Mgr Verrolles, vicaire apostolique de la Mandchourie, et partit aussitôt faire ses adieux à sa famille. C’est là que M. Péan lui fit connaître sa destination, dans une lettre où il lui disait : « Les liens qui nous unissaient jusqu’à présent vont encore se resserrer. Je suis devenu votre Procureur, puisque c’est en Malaisie que le bon Dieu vous envoie exercer votre zèle et vous dépenser pour sa gloire. Vous accueillerez, j’en suis bien sûr, avec paix et joie en Notre-Seigneur, la décision de vos directeurs. Je vous donnerai, à votre retour, tous les renseignements qu’il vous est utile de connaître sur votre chère Mission. Il suffit, quant à présent, de vous assurer que vous y trouverez un excellent Vicaire apostolique et de vertueux Confrères, dans l’affection et l’expérience desquels vous puiserez un puissant secours à votre début. Et si vous ne rencontrez pas, au milieu des Malais, l’occasion tant désirée de vous laisser couper le cou pour Notre-Seigneur, vous serez son témoin, son martyr, chaque jour, par votre zèle, votre patience, votre constance et toutes les autres vertus de l’homme apostolique. »
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Le jeune missionnaire s’embarqua le 28 janvier 1874, et, à son arrivée dans sa nouvelle patrie, il fut mis avec le vénéré Père Paris, l’apôtre des Chinois à Singapore.
Quelques mois après, toujours sous la tutelle du Père Paris, il était mis en résidence à Sarangong, à sept milles de la ville, pour y faire ses premiers essais dans le saint ministère. Il s’appliquait de tout son cœur à l’étude du chinois ; et ce lui fut un grand sacrifice quand, l’année suivante, Mgr Le Turdu fut obligé de le retirer de ce poste pour l’envoyer chez les Mantras d’Ayer Salak, dans le Territoire de Malacca.
Les Mantras parlaient le malais. M. Pouget se mit donc, sans retard, à l’étude de cette langue et il fit de tels progrès qu’il a toujours été regardé comme un de ceux qui l’ont possédée plus à fond et l’ont parlée avec grande distinction.
Il ne sera pas hors de propos de faire remarquer ici le grand changement qui s’est opéré, depuis une trentaine d’années, par rapport à l’usage de la langue malaise dans l’exercice du ministère. Jadis, à l’exception des postes purement chinois et indiens, la prédication se faisait presque partout en malais. Maintenant, bien rares sont les églises où les missionnaires ont encore à prêcher dans cette langue. La multiplication des écoles lui a substitué l’anglais. Sa connaissance reste cependant nécessaire à beaucoup de nos Confrères pour l’administration des sacrements, et utile à tous pour les relations journalières : c’est la lingua franca de ces pays-ci. Elle est, d’ailleurs, d’une simplicité et d’une clarté surprenantes.
Le séjour de M. Pouget parmi les Mantras ne fut pas heureux. Les instincts nomades de ces pauvres sauvages reprenaient le dessus, et le Missionnaire fut le témoin désolé de la débandade de cette chrétienté, fondée au prix de tant de sacrifices et d’efforts persévérants. Il fit part de sa tristesse à Mgr Le Turdu, qui lui répondit, à la date du 21 février 1877 : « Ce que vous m’écrivez ne m’étonne point du tout ; je m’y attendais de jour en jour. Ces pauvres Mantras se sont fermés volontairement la porte des Cieux. On a dépensé pour eux argent et santé : deux missionnaires sont morts à la peine. Malgré cela, il a été impossible de faire vivre cette chrétienté. Donc, j’approuve votre détermination d’avoir mis à Malacca le reste de votre orphelinat de filles. Celles-ci, au moins, seront sauvées. » Peu de temps après, M. Pouget était en charge du poste de Malacca, tout en continuant de s’occuper des restes de la chrétienté d’Ayer Salak.
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Vers la fin de 1879, Mgr Gasnier l’appela à Singapore comme vicaire de la cathédrale, où il restera pendant cinq ans et demi. Dans cette nouvelle situation, sa connaissance du malais, du portugais et de l’anglais, lui fut d’un grand secours. Il ne put cependant jamais vaincre sa timidité naturelle pour prêcher dans cette dernière langue ; mais il excellait à faire le catéchisme aux petits enfants qu’il affectionnait tout particulièrement, et nombreux étaient les pénitents qui se pressaient autour de son confessionnal.
En 1885, il supplia Mgr Gasnier de lui permettre d’essayer de nouveau la vie de mission proprement dite, en lui confiant un poste de l’intérieur. Il fut donc envoyé à Taiping, dans l’Etat de Pérak. Là, il se remit courageusement à l’étude du chinois, quoique cela fût loin de lui être aussi facile qu’aux débuts de sa carrière apostolique. Mais il était écrit que le pauvre Père devait aller d’épreuve en épreuve. Peu après son arrivée à Taiping, la fièvre commença à lui faire de fréquentes visites, et ses assauts répétés n’eurent pas de peine à battre en brèche une constitution qui n’avait jamais été bien robuste,
Cependant, M. Pouget luttait avec énergie. De temps en temps, il allait se faire soigner à Pinang, et aussitôt qu’il avait repris un peu de force, il revenait au poste de combat. Lorsque quelque Confrère pouvait aller lui faire une petite visite, il était joyeux comme un enfant.. En même temps, il travaillait à compléter l’installation de cette chrétienté et nombreuses sont les améliorations qu’il y a laissées comme souvenirs de son passage. Toutefois, au bout de quatre années de lutte continuelle, la malaria avait fini par l’épuiser complètement : il dut quitter la place, et, au mois d’août 1889, il partit pour le Sanatorium de Hong-Kong.
Pendant son séjour au Sanatorium, il fut très heureux de pouvoir encore rendre service à sa Mission en aidant à la réimpression du Kabaktian ou Livre de prières en malais. Mgr Gasnier lui écrivait à ce sujet : « Je vous remercie, non seulement en mon nom, mais encore au nom de tous les Confrères, auxquels vous rendez un véritable service en surveillant la correction et l’impression du Kabaktian. Vous savez qu’il y a encore bon nombre de nos chrétiens qui se servent de ce livre, et que son absence rend très malheureux, parce qu’ils ne peuvent pas encore faire usage des livres anglais. »
Notre Confrère était loin d’être bien rétabli quand il quitta Hong-Kong, après y être resté huit mois. Aussi Mgr Gasnier se garda bien de le laisser retourner à Taiping et l’attacha de nouveau au service de la cathédrale, dans l’espoir qu’une vie plus tranquille et une nourriture plus confortable finiraient par le guérir. Non seulement cet espoir ne fut pas réalisé, mais encore on ne tarda pas à s’apercevoir que le physique réagissait sur le moral : car, à plusieurs reprises, le pauvre Père donna des signes évidents de ce qu’on appelle la maladie de la persécution. Il devenait urgent d’empêcher le mal de s’aggraver, et, vers le milieu de 1891, M. Pouget retournait en France. Il y resta jusqu’en 1904.
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Cette année-là, Mgr Barillon, élu évêque de Malacca, lui demanda s’il ne serait pas heureux de retourner en Malaisie. Le bon Missionnaire répondit que son état de santé était toujours bien précaire, mais qu’il serait au comble du bonheur de consacrer au ministère apostolique les quelques années qui lui restaient à vivre, et de pouvoir mourir dans sa chère Mission. En conséquence, le 30 octobre 1904, il reprenait la route de l’Extrême-Orient et le 21 no¬vembre il rentrait à Singapore.
Le bon Dieu récompensa son grand attachement à sa vocation par un véritable regain de vie. Après ses longues années d’exil, il se sentait rajeuni par l’atmosphère des Missions, et il ne cessait d’exprimer sa joie de se retrouver au milieu de tant de figures familières. Attaché, comme jadis, au service de la cathédrale, ce lui fut une grande consolation de se remettre à catéchiser les petits enfants, de les former à la pratique de la confession, et d’être à la disposition de tous pour l’administration des sacrements. Chaque dimanche, il faisait aussi une instruction en malais aux orphelines du couvent, s’étudiant à rendre son langage aussi simple que pos¬sible afin de se mettre à leur portée.
Telles furent ses occupations pendant cinq ou six ans. Mais en 1910, et surtout au commencement de 1911, ses forces l’abandonnèrent. Son estomac fatigué refusait souvent toute nourriture ; son corps exténué devint d’une maigreur épouvantable ; il pouvait à peine se traîner. C’était une anémie complète. Souvent nous lui conseillâmes de se faire transporter à l’hôpital pour y recevoir les soins tout particuliers dont il avait tant besoin. Il répondait que ce n’était pas la peine. Il consentit cependant à y rentrer à la fin de janvier. Mais, hélas ! les médecins ne tardèrent pas à constater qu’il n’y avait guère d’espoir de guérison, parce que le malade était dans un état d’épuisement trop avancé. Lui, d’ailleurs, ne se faisait pas d’illusion et se préparait à la mort tranquillement et pieusement, comme il avait vécu. Il garda sa connaissance jusqu’à ses derniers moments, reçut avec grand esprit de foi les derniers secours de la religion, et s’endormit dans le Seigneur le 11 mars 1911.
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Références
[1187] POUGET Laurent (1849-1911)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1884, p. 126 ; 1885, p. 111 ; 1886, p. 114 ; 1911, p. 195. - A. M.-E., 1914, p. 73. - Le Tour du Monde, 1884, 1er sem., p. 101.
Notice nécrologique. - C.-R., 1911, p. 332.
Bibliographie:
POUGET François (1849-1911)
Petite grammaire malaise ou notes diverses sur la langue malaise / recueillies à Malacca par F. L. Pouget, missionnaire apostolique. - [n.d.]. - 39 p. ; 27 cm. Manuscrit relié. AMEP vol.1158.5