Philippe GIRE1859 - 1937
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1698
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1887 - 1933 (Yibin [Suifu])
Biographie
Philippe GIRE naquit le 8 juillet 1859, au hameau de Chanalès, paroisse de Saint Julien Chapteuil, diocèse du Puy-en-Velay, département de la Haute Loire. Il fit ses études primaires à Saint Julien. Son curé, ayant remarqué en lui une intelligence et une mémoire étonnantes avait résolu de le diriger vers le petit séminaire, lorsque le P. Batut, jésuite, chargé de fonder l'Ecole Apostolique de Bordeaux, arriva au Puy et visita diverses paroisses. Philippe Gire lui fut présenté par son curé. Après un bref examen, le P. Batut emmena l'enfant à Bordeaux, où il reçut, à l'Ecole Apostolique, une solide formation intellectuelle, et une bonne instruction musicale.
Le 7 septembre 1880, M.Philippe Gire entra laïque, au séminaire des Missions Etrangères où il reçut la tonsure, le 24 septembre 1881, et les ordres mineurs, le 23 septembre 1882. Tombé malade, et les médecins ayant déclaré qu'il ne pourrait jamais aller en pays de mission, M. Delpech le dirigea vers le grand séminaire d'Angoulême, le 5 décembre 1883. En 1884, M.Gire devint surveillant de la division des grands au collège écclésiastique de cette ville. Ordonné prêtre le 20 décembre 1884 par Mgr.Sebaux, il fut nommé vicaire à Saint-Léger de Cognac. Trois mois après, arriva comme second vicaire à Saint Léger, M. Armand qui, pour raison de santé,.avait dû quitter les Missions Etrangères.
Revenu au Séminaire des Missions Etrangères le 10 septembre 1886, M. Philippe Gire reçut sa destination pour le vicariat apostolique du Se-tchoan Méridional (Sui-fu) qu'il partit rejoindre le 3 novembre 1886.
Arrivé à Sui-fu, au début de l'année 1887, M. Philippe Gire fut placé dans une famille chrétienne chinoise de la ville, où, Pierre Li, alors sous-diacre, l'initia à la langue chinoise. Puis, de là, il fut envoyé à Kuin-lien avec un latiniste. A la fin de l'année 1887, il partit pour le Kien-tchang. Après un mois de voyage, il arriva dans la ville de Mien-lin où il parfit sa formation missionnaire sous la direction de M.Gourdin, provicaire, homme qui parlait sur un ton de commandement. Ce dernier, à partir de son livre Explication du Catéchisme du Se-tchoan" fit passer un examen de langue au nouvel arrivant, et il resta fort étonné de ses connaissances en lecture et écriture des caractères chinois.
Au début de 1890, M. Philippe Gire, ne pouvant rester au Kien-tchang, à cause d'une infirmité qui le faisait passer pour un lépreux, alla prêter main-forte à M.de Guébriant qui construisait résidence et église à Kuin-lien. Pendant plusieurs mois, il y jouit de la présence de son frère Jacques nouvellement arrivé en mission et qui mourut au Kien-tchang, en 1897. Vers la fin de 1890, Philippe fut nommé à Yuin-lin et peu après à Kia-ngan à l'est de Sui-fu, sur le cours inférieur du Fleuve Bleu.
En 1896, après la persécution de l'année précédente, M.Philippe Gire reconstruisit le séminaire de la mission, à Ho-ti-keou. Le dimanche 3 octobre 1897, la chapelle dédiée à N.D. du Rosaire, fut bénite par Mgr.Chatagnon, et la maison fut joyeusement inaugurée. M.Philippe Gire en devint le supérieur; il renforça la discipline et releva le niveau des études. Au temps des Boxeurs, il laissa croire que le séminaire était fort bien armé, ce qui tint à distance les brigands.
En 1901, M. Philippe Gire fut envoyé à Ya-tcheou, chef lieu de la province de même nom. En 1903, il organisa une chrétienté dans cette ville et prit pied dans la ville de Yuin-kin-hien située à une journée plus loin sur la route du Thibet où il entra en contact avec les "montagnards" de la région. En 1905, il y ajouta le service des stations missionnaires des sous-préfecture de Lou-chan et de Min-chan, territoire immense et d'un parcours difficile.
Il construisit une grande et belle église destinée à devenir la cathédrale de la préfecture apostolique de Ya-tcheou. M. Ouvrard de la mission de Tatsienlu vint se former en architecture auprès de lui. M.Gire bâtit aussi une spacieuse résidence, car, à l'époque des retraites tous les confrères du Kien-tchang arrivaient à Ya-tcheou après un mois de voyage à travers les hautes montagnes, et ils étaient accueillis avec très grande amabilité. Des explorateurs venant du Thibet, de Lolotie ou du Kien-tchang trouvèrent chez lui hospitalité et réconfort. Pour ces motifs, le Dr.Legendre fit décorer M. Gire des palmes académiques.
Très habile pour tirer au clair les affaires les plus embrouillées, M.Gire entretint des relations amicales avec les mandarins qui appréciaient sa sagesse et son esprit de justice. Lors des désordres occasionnés par divers évènements politiques, il réussit à sauver la vie à bien du monde; grâce à lui, le Commissaire Impérial, gouverneur de Ya-tcheou que les révolutionnaires voulaient massacrer, échappa à la mort. A Ya-tcheou, M. Gire fut un grand semeur.
En novembre 1924, M. Gire fut nommé à Sui-fu, à la tête de la paroisse du Si-Men située dans le faubourg de l'ouest, et dont le premier titulaire fut M.Moutot, en 1884. Là étaient établis l'hôpital et le couvent des Franciscaines Missionnaires de Marie. Il reçut aussi la charge de directeur des écoles d'enseignement moderne. Le 27 mars 1932, il accueillit dans sa paroisse Mgr.de Guébriant. Le 14 avril 1932, officier d'Académie, il composa un "Hommage Respectueux" à l'occasion du soixantième anniversaire de la naissance de Mgr.Renault. Mais ses forces déclinant, marchant difficilement, souffrant de la gorge, il garda la direction générale de sa paroisse jusqu'à la fin de 1932.
Vers la mi-mars 1933, M.Gire s'embarqua à Hong-Kong à destination de la France, afin d'y refaire sa santé. Retiré à Montbeton, il y fêta le cinquantième anniversaire de son ordination sacerdotale, le 29 décembre 1934. Après avoir passé quelques temps dans sa famille, et voyant son état de santé s'aggraver, il rejoignit en septembre 1937, la communauté missionnaire de Montbeton. C'est là qu'il décéda le 10 octobre 1937.
Nécrologie
M. GIRE
MISSIONNAIRE DE SUIFU
M. GIRE (Philippe), né le 8 juillet 1859, à Saint-Julien-Chapteuil (Haute-Loire), diocèse du Puy. Entré laïque au Séminaire des Missions-Étrangères le 7 septembre 1880. Prêtre le 20 décembre 1884. Parti pour le Setchoan Mé¬ridional le 3 novembre 1886. Mort à Montbeton le 10 octobre 1937.
M. Philippe Gire naquit à Saint-Julien-¬Chapteuil, au diocèse du Puy, le 8 juillet 1859. Ses parents très chrétiens lui inspirèrent de bonne heure un grand amour pour Notre-Seigneur et la Très Sainte Vierge. Encore enfant, il savait parfaitement son caté¬chisme et servait la messe avec une piété remarquable, un sérieux imperturbable, faisant l’édification de la paroisse. Son curé, remar¬quant en ce jeune paroissien une ferveur angélique, jointe à une intelligence et une mémoire étonnantes, avait résolu de l’envoyer au séminaire. Il venait de faire sa première communion quand le R. P. Batut, Jésuite chargé de fonder l’École Apostolique de Bordeaux, arriva au Puy pour recruter des élèves missionnaires. Il se mit à parcourir le pays et à visiter les diverses paroisses. A Saint-Julien-Chapteuil, le curé lui présente le petit Gire comme l’enfant le plus pieux et le plus intelligent de tous. Le R. P. Jésuite pour intimider l’enfant, prit son air de croquemitaine et lui dit : « Faites-moi un abrégé de la doctrine chrétienne. » Le petit Phi¬lippe fit le signe de la Croix. « Eh bien ! après ? » interrogea le Père sur un ton sévère. « Mais, mon Père, le signe de la Croix est l’abrégé de la religion catholique. » — C’est parfait, voilà une leçon pour moi ; on fera quelque chose de toi. » Le R. P. Batut emmena l’enfant à Bordeaux et n’eut pas à s’en repentir, car il fut en tout un modèle ; il reçut là une solide formation. Son curé lui avait donné quelques leçons de musique, le R. P. Laborde, alors sous-directeur de I’École Apostolique, eut vite complété son instruction musicale et lui fit accompagner sur l’harmonium les cantiques chantés chaque matin à la messe.
Après de brillantes études chez les RR. PP. Jésuites, M. Gire entra en 1880 au Séminaire des Missions-Étrangères. Tel il avait été à Bordeaux, tel il fut à Paris, où il se fit remarquer par sa vive intelligence et sa fidélité au règlement. Mais sa trop grande ardeur à l’étude finit par lui jouer un mauvais tour. Au bout de trois ans, il tomba malade et les médecins déclarèrent que sa santé ne lui permettrait jamais d’aller dans un pays de mission. Sur la recommandation de M. Delpech, il fut agrégé au diocèse d’An¬goulême où il fut nommé, en 1884, surveillant de la division des grands élèves du collège ecclésiastique, qu’on venait de fonder en cette ville sur le modèle de ceux des RR. PP. Jésuites récem¬ment fermés. Le 20 décembre, M. Gire était ordonné prêtre par Mgr Sebaux, qui le nomma vicaire à Saint-Léger de Cognac. Trois mois après arrivait un second vicaire, l’Abbé Armand qui, lui aussi, avait dû quitter les Missions-Étrangères pour raison de santé. Leur curé, vénérable archiprêtre, disait avec satisfaction n’avoir jamais rencontré une intimité aussi profonde que celle qui existait entre ses deux vicaires. M. Gire passa deux années dans cette belle paroisse, demandant chaque jour à la Très Sainte Vierge et aux Martyrs des Missions-Étrangères de lui obtenir du bon Dieu sa guérison, pour qu’il puisse aller travailler à étendre le royaume de Notre-Seigneur sur les terres lointaines. Ses prières furent exaucées. Le 9 septembre 1886, en effet, il quittait Cognac pour rentrer à Paris.
Le 3 novembre 1886, il s’embarquait à Marseille pour se rendre au Setchoan méridional. Au début de l’année 1887, il arrivait à Suifu. C’étaient alors les temps héroïques ; la Mission de Suifu, tou¬jours pauvre d’ailleurs, n’avait ni résidences ni églises. Les mis¬sionnaires vivotaient comme ils pouvaient dans les maisons des familles catholiques du pays. C’est ainsi que M. Gire fut placé dans une famille Tchang de la ville de Suifu, où M. Pierre Li, alors sous-diacre, fut chargé de lui apprendre la langue chinoise. De là, il fut envoyé dans la ville de Kuinlien avec un latiniste. Il apprit la langue avec une facilité étonnante, et partit à la fin de l’année pour le lointain Kientchang. Après un mois de voyage, il arriva dans la ville de Mienlin, où il fut initié à la rude vie de missionnaire à travers les montagnes par M. Gourdin, un vétéran de l’apostolat à la forte poigne, et qui ne parlait que sur un ton de commandement. Dès son arrivée, il fit passer à son nouveau confrère un examen et fut étonné de ce qu’il savait déjà lire et écrire tous les caractères chinois de l’explication du catéchisme, livre composé par M. Gourdin lui-même, et qui a rendu tant de services à tous les missionnaires. Au bout de deux ans passés sous la férule de son curé, M. Gire était bien formé et pouvait être chargé de n’importe quel poste. Au début de 1890, son Supé¬rieur l’envoya prêter main-forte à M. de Guébriant qui construisait résidence et église à Kuinlien. Pendant plusieurs mois, il y jouit de la présence de son frère Jacques qui venait d’arriver en mission, mais qui malheureusement devait mourir tout jeune au Kientchang.
Vers la fin de 1890, M. Gire fut nommé curé de Yunlin et peu après curé de Kiangan. Dans ces deux postes, il montra un zèle et un savoir-faire peu ordinaires. A Kiangan, il eut une forte fièvre typhoïde qui faillit l’emporter. Il se tira d’affaire, mais dans la lutte contre la mort, il perdit barbe et cheveux.
En 1896, il fut chargé de reconstruire le séminaire de Hotikeou, et fit preuve en cette occasion d’un vrai talent d’architecte. Dans le courant de l’année, il fut nommé supérieur du séminaire. D’une main ferme, il renforça la discipline et releva le niveau des études, renvoyant sans pitié tous les élèves qui ne donnaient pas satis¬faction à la fois par leur piété, leur science et leur santé. A l’époque des Boxers, des bandes de brigands rôdaient dans le pays, pillant de tous côtés. M. Gire arma tous ses élèves de vieux fusils et les exerça à se servir d’antiques canons de fer rouillés qui faisaient un bruit épouvantable, lançant leurs boulets au petit bonheur. Un de ces boulets, passant par-dessus une colline, traversa le toit d’une pauvre chaumière et tomba dans la marmite sous les yeux horrifiés d’une bonne vieille qui préparait le repas pour la famille. Aussitôt le bruit se répandit que le séminaire avait une artillerie formidable. Les Boxers, intimidés, se tinrent à distance, renonçant à l’attaquer. En 1901, M. Gire fut nommé curé de Yachow, ville importante gouvernée par un mandarin haut gradé.
En 1901, il n’y avait à Yachow que quelques catholiques, et une masure servait de résidence et de chapelle. M. Gire devait s’occu¬per aussi des sous-préfectures de Min-chan, Louchan et Tsinkihien. Dans ce poste il donna toute sa mesure et déploya un zèle incom-parable pour convertir les païens dans toute la région qui lui était confiée. Connaissant à fond toutes les roueries chinoises, il était d’une habileté remarquable pour tirer au clair les affaires les plus embrouillées. Les divers mandarins qui se succédèrent à Yachow apprécièrent beaucoup sa sagesse et son esprit de justice. Aussi M. Gire était-il toujours reçu en ami au prétoire. Il rendit bien des services à de nombreuses familles païennes qui, il faut bien l’avouer, ne lui en furent guère reconnaissantes. Certaines d’entre elles tirent même semblant de se convertir et une fois leurs affaires arrangées on ne les revit plus. Cependant, notre confrère était si serviable qu’il finit par voir un beau jour plus de deux cents catéchumènes s’entasser dans sa cour, sans pouvoir trouver place dans sa minuscule chapelle. Ils paraissaient assez fervents. Alors M. Gire, déployant tous ses talents d’architecte, construisit, plein d’espoir dans l’avenir, une grande et belle église qu’il dédia à Notre-Dame de France, dont il plaça la statue au fronton de la façade. Il bâtit aussi une spacieuse résidence, car, à l’époque des retraites, tous les confrères du Kientchang arrivaient fatigués après un mois de voyage à travers les hautes montagnes et étaient heureux de pouvoir se reposer quelques jours à Yachow.
Chez M. Gire, on était sûr d’être toujours reçu à bras ouverts. En temps ordinaire, il avait devant ses chrétiens un air plutôt sévère qui en imposait et on le craignait un peu. Mais il recevait les confrères avec une amabilité extraordinaire, se mettant en quatre pour leur faire plaisir. Les missionnaires, ses voisins, trou¬vaient toujours auprès de lui aide et réconfort ; il leur rendait tous les services qui étaient en son pouvoir. Chrétiens ou païens ne s’adressaient jamais à lui en vain. Que d’explorateurs, arrivant exténués du Thibet, du Kientchang et de Lolotie, furent heureux de pouvoir reprendre des forces à Yachow grâce à sa généreuse hospitalité et à ses bons soins. Aussi l’un d’entre eux, M. le Dr Legendre, bien connu par ses ouvrages très intéressants sur la Chine, pour lui témoigner sa reconnaissance, le fit décorer des palmes académiques. Ce fut pour nous tous une belle occasion de fêter et de remercier notre confrère.
Pendant plus de 20 ans, on le vit parcourir en tous sens et par tous les temps son vaste district. Il déploya un zèle qui, uni à une piété exemplaire, à une science remarquable de la langue chinoise, à une habileté consommée en toutes choses, aurait dû obtenir des résultats merveilleux. Il avait rêvé de voir sa belle église remplie de fervents chrétiens. Hélas ! comme la plupart des missionnaires du Setchoan, il ne fut qu’un grand semeur ; sur ce sol ingrat, l’heure de la moisson n’a pas encore sonné. Il eut tout de même la joie de glaner par-ci par-là quelques épis et de commencer à former une jolie petite station dans la ville pitto-resque de Louchan. En ville de Yachow, le beau mouvement de conversions du début ne fut qu’un feu de paille. Tout marchait bien, quand vinrent les tristes jours de la révolution qui mit tout sens dessus dessous ; les esprits qui semblèrent un moment vouloir se tourner vers la religion firent soudain volte-face et prirent une autre direction. Un vent d’indépendance et de rébellion fit tourner toutes les têtes ; même l’esprit des vieux chrétiens changea complètement. Au milieu de la tourmente, M. Gire ne perdit pas son sang-froid et réussit à sauver la vie à bien du monde, même au gouverneur de Yachow que les révolutionnaires voulaient massacrer. Le pauvre homme, abandonné de tous, se réfugia chez le missionnaire qui le déguisa en vieille femme, et en risquant sa propre tête l’embarqua sur un radeau, l’accompagnant jusqu’à ce qu’il fût hors de danger. Innombrables furent les personnes à qui il rendit service ; mais rares furent celles qui lui en furent recon¬naissantes. Je le vois encore quitter cette ville ingrate à laquelle il avait consacré toutes ses forces et donné tout son cœur, par une matinée froide et pluvieuse. Toutes les routes étaient cou¬vertes de soldats en déroute, hâves et déguenillés. Ils venaient se battre dans les montagnes au milieu de la neige et n’avaient rien mangé depuis trois jours. Ils se traînaient tout boueux, muets et farouches, courbant le dos sous la pluie, et parfois se couchaient harassés de fatigue au bord du chemin. Au milieu de ce désordre, M. Gire n’était accompagné que de quelques fidèles, plus morts que vifs, car les soldats à bout de force racolaient n’importe qui pour faire porter leurs armes. C’était navrant. Adieu les belles chevauchées d’antan, adieu la fumée des pétards. Qu’ils étaient loin les beaux jours des grandes fêtes de jadis où drapeaux et oriflammes claquaient à la brise au grand soleil.
Notre confrère quittait Yachow pour se rendre à Suifu où il venait d’être nommé curé du Si-men et directeur des écoles d’enseignement moderne. Mais ses forces baissaient avec l’âge ; ses jambes étaient enflées et il marchait difficilement ; il souffrait aussi de la gorge et ne pouvait plus prêcher. Il ne garda bientôt que la direction générale de la paroisse. Son état ne faisant qu’em¬pirer, il fut obligé en 1932 d’abandonner le champ de bataille et de prendre un congé en France. Quand nous le vîmes partir tout courbé, se traînant appuyé sur sa canne, nous lui dîmes au revoir tout émus, comprenant bien que c’était un adieu définitif jusqu’au jour où on se retrouverait en Paradis.
Pendant son séjour en France, tantôt de Montbeton où il aimait la compagnie des vieux vétérans de son âge, tantôt de Bordeaux où il eut la joie de voir son neveu ordonné prêtre et de retrouver un de ses anciens compagnons de jeunesse, le P. Duroy, directeur de l’École Apostolique, il nous écrivait des lettres, fort intéres¬santes, pleines de gaîté et d’esprit. Il était taillé pour vivre encore longtemps. Malheureusement, son mal de gorge prit une mauvaise tournure. Il consulta des spécialistes qui ne lui cachèrent pas la gravité de son cas. En entrant dans une clinique du Puy, il nous écrivit des lettres pleines de résignation nous annonçant qu’il allait se préparer à la mort, en nous donnant rendez-vous au ciel. En effet, quelque temps après un télégramme du 10 octobre 1937 nous annonçait qu’il s’était endormi dans le Seigneur.
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Références
[1698] GIRE Philippe (1859-1937)
Références biographiques
AME 1903 p. 354. 1909 p. 34. 36. 1912 p. 137. 1919-20 p. 134. 1938 p. 47. CR 1886 p. 153. 1889 p. 73. 74. 1890 p. 68. 1892 p. 96. 1894 p. 126. 1896 p. 116. 1897 p. 91. 320. 1898 p. 89. 1899 p. 118. 1902 p. 106. 1903 p. 95. 1905 p. 71. 72. 1906 p. 91. 1911 p. 348. 1912 p. 107. 484. 1917 p. 46. 1919 p. 44. 1922 p. 48. 1923 p. 63. 64. 1924 p. 44. 1931 p. 304. 1932 p. 87. 351. 1935 p. 248. 1937 p. 232. 234. 298. BME 1925 p. 46. 430. 1927 p. 61. 1931 p. 145. 268. 322. 1932 p. 322. 455. 534. 535. 1933 p. 236. 340. 502. 532. 569. 691. 1935 p. 213. 1936 p. 225. 323. 1937 p. 641. 719. 818. 862. 1938 p. 108. 109. EC1 N° 119. 266. 267. 279. 303. 327. 364. 366.
Mémorial GIRE Philippe page 3